Dans le cadre du Deuxième Congrès international d’études angolaises qui se tiendra à la Bibliothèque nationale du Portugal à Lisbonne, je suis invité à décrypter les enjeux et les perspectives des relations entre l’Angola et la RDC. Deux pays voisins qui entretiennent des relations diplomatiques et sécuritaires en dents de scie depuis plus de quatre décennies.
Notre exposé présentera une revue panoptique des enjeux et perspectives des relations diplomatiques, sécuritaires et économiques entre ces deux pays qui partagent une frontière commune de plus de 2600 km. Aussi, ces deux pays ont un pan d’histoire commune autour du royaume du Kongo qui remonte depuis le 14ème Siècle, dont la capitale se trouvait à Mbanza Kongo (située dans l’actuel Angola).
Sur le plan régional, l’Angola et la RDC sont deux Etats membres de la SADC, de la CEEAC et de la CIRGL, l’Angola développe depuis près de 20 ans une intense coopération militaire avec la RDC.
L’Angola et la RDC sont deux pays qui ont connu des relations très polarisées au vingtième siècle, à cause de la guerre froide. Les relations entre les deux pays se sont détendues à la prise du pouvoir de Laurent-Désiré Kabila, après la chute de Mobutu. Sous Joseph Kabila, l’Angola s’est activement investi dans la réforme de l’armée et de la police congolaises, tout en menant une diplomatie prudente par rapport à la situation sécuritaire à l’Est du Congo. En effet, l’Angola est le pays africain qui a le plus contribué à la formation des éléments de l’armée et de la police congolaise. Mais l’Angola, devenu entre temps une puissance tutélaire régionale incontestable et incontournable, revêt parfois une posture agressive à l’égard de son voisin fragile du nord.
L’Angola a joué un rôle diplomatique et militaire très déterminant dans les changements politiques majeurs qui ont eu lieu en RDC depuis 1997. L’Angola développe également depuis près de 20 ans une intense coopération militaire avec la RDC. Cependant, malgré cette embellie diplomatique, les rapports entre les anciens présidents Eduardo Dos Santos et Joseph Kabila étaient marqués par une certaine méfiance réciproque et des signes de crispation sur des dossiers sécuritaires et économiques. Il s’agit notamment des incursions militaires de l’armée angolaise en RDC et du litige concernant l’exploitation de nombreux gisements de pétrole dans la partie maritime du bloc offshore Atlantique de la Zone d’intérêt commun délimitée entre l’Angola et la RDC en 2007.
Les deux pays ont récemment connu des changements respectifs au sommet de l’Etat, avec l’arrivée au pouvoir de Joao Lourenço en 2017 et de Félix Tshisekedi en 2019. Les premières alternances au pouvoir de leurs histoires respectives. En effet, depuis l’élection de Joâo Lourenço en 2017, l’Angola s’est très activement impliqué sur le plan diplomatique dans les changements qui se sont opérés en RDC, en affichant une fermeté à l’égard de Joseph Kabila qui tentait de briguer un troisième mandat.
Depuis, on constate une nette amélioration des relations diplomatiques, sécuritaires et économiques entre les deux pays. Les deux présidents veulent désormais imprimer une nouvelle dynamique positive dans les rapports entre leurs pays. Ils manifestent également une volonté de convergence diplomatique dans la résolution des crises qui secouent la région des Grands-Lacs et de l’Afrique centrale, tout en faisant de la lutte contre la corruption leur cheval de bataille dans leurs pays respectifs. Parviendront-ils à poser des jalons solides d’un raffermissement pérenne des relations structurelles entre les deux pays ou s’agit-il d’une normalisation diplomatique opportuniste et conjoncturelle ?
Cependant, les contextes préélectoraux très tendus actuellement dans leurs pays respectifs ne permettent pas d’établir une projection claire sur l’évolution des rapports entre ces deux pays, très riches en ressources naturelles, qui ont tout à gagner à mutualiser leur partenariat qui leur permettrait de devenir le moteur de développement de l’Afrique médiane, à l’instar du couple franco-allemand dans l’UE. En effet, les présidents Lourenço et Tshisekedi peinent encore à mettre en place un cadre de coopération stratégique structurelle pérenne permettant de consolider les relations entre les deux pays sur les plans multisectoriels.
Telle est la substance de la présentation qui sera faite lors de cette grande messe scientifique sur l’Angola à la Bibliothèque Nationale de Lisboa, avec la participation des scientifiques et des experts de renom venus de tous horizons, sous l’organisation de Angola Research Network (ARN – https://www.angolaresearchnetwork.org/), en collaboration avec CEDESA (Centre d’études stratégiques sur l’Angola). Un think tank que préside le professeur Rui Verde de l’Université d’Oxford.
Initialement prévu le 17 décembre 2021, le IIème Congrès International d’’études angolaises a été reporté au 17 juin 2022 à cause du Covid. Il réunira plusieurs experts de renommée internationale, qui débattront du thème « Continuités et changements », abordant un vaste domaine lié aux continuités et discontinuités qui se sont produits dans la politique et la société angolaises.
L’accent est mis sur les études dont l’agenda ou la méthodologie combine harmonieusement des éléments de domaines traditionnellement autonomes tels que l’histoire, la sociologie, l’anthropologie, le droit, les sciences humaines, l’économie, ou varie librement entre eux.
Les travaux seront répartis dans les panels de discussion suivants :
- Droit et politique
- Histoire et religion
- Patrimoine, arts et éducation
- Table ronde : « Espoirs et frustrations pour les élections de 2022 »
Les communications présentées au Congrès seront rassemblées dans un livre, suivant le modèle du volume déjà publié pour le Ier Congrès (2019).
Organisateurs : Réseau de recherche angolais (Angola Research Network : ARN) – CEDESA
L’Angola Research Network (ARN) est un forum de débat qui vise à construire un réseau efficace entre universitaires et chercheurs, affiliés à des institutions ou indépendants, qui développent leurs travaux sur l’Angola dans une perspective internationale. L’ARN a ses origines dans un groupe de chercheurs de l’Université d’Oxford et de l’Universidade Nova de Lisboa. Il rassemble actuellement des chercheurs, universitaires et indépendants, du Royaume-Uni et du Portugal, mais aussi d’Angola, du Brésil et des États-Unis, entre autres pays, et est ouvert à l’accueil de nouveaux membres de toutes provenances.
Pour plus d’nformations : https://www.angolaresearchnetwork.org/.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Vous trouverez ci-dessous le programme détaillé de cette journée d’étude stratégique de haut niveau avec des intervenants de renommée internationale.
