Visite de Kerry et Kikwete à Luanda : hasard ou simple coïcidence ?
Kléber Kungu
Tous les chemins mènent à Luanda. John Kerry, secrétaire d’Etat américain est passé par là, après son séjour de deux jours à Kinshasa. Après lui, le président tanzanien, Jakaya Kikwete, a emprunté le même itinéraire. Qu’est-ce qui se trame dans la capitale angolaise ? La question taraude les esprits. Président en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, l’Angola prend, de plus en plus, de l’ascendant et consolide ainsi son leadership régional.
Fort de la présidence de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) qu’il a héritée de l’Ouganda, l’Angola passe pour la clé de la stabilisation de la région. Deux événements majeurs ont marqué la grande influence de Luanda dans la région. Il s’agit d’un ballet diplomatique qui porte les griffes américaine et tanzanienne.
C’est à Luanda que John Kerry, secrétaire d’Etat américain, a bouclé son premier voyage en Afrique, après une escale à Kinshasa. Quelques jours plus tard, le président tanzanien, Jakaya Kikwete, a emprunté le même parcours. Il est allé, à l’instar de l’émissaire de Barack Obama, rencontrer le président angolais, José Eduardo dos Santos, après un bref séjour à Kinshasa.
Qu’est-ce à dire ? Coïncidence de calendrier ou simple hasard ? Difficile à dire. Toujours est-il que de nombreux observateurs sont d’avis que ces visites pourraient tenir à un schéma préalablement conçu à l’échelle internationale. Selon ces derniers, la RDC a été tour à tour au centre des entretiens à Luanda, entre Dos Santos et John Kerry puis, entre Dos Santos et Jakaya Kikwete. Toutes ces visites effectuées l’une après l’autre en un temps record est loin d’être une coïncidence de calendrier ou un simple fait du hasard, concluent bien des observateurs. Qui pensent qu’elles procèdent d’un schéma préalablement conçu à l’échelle internationale. Sans plus de précision.
La seule précision est que, ajoutent-ils, la RDC de Joseph Kabila a été tour à tour au centre des entretiens, à Luanda, entre Dos Santos et John Kerry puis, entre Dos Santos et Jakaya Kikwete. Sur quoi ont porté ces entretiens ? Mystère. C’est la partie cachée de l’iceberg.
Ascendance sur la région
Qu’est-ce qui explique donc ce regain d’influence de Luanda ? A première vue, c’est en raison de la présidence de la CIRGL qu’il assume actuellement. De ce point de vue, Luanda passe pour le centre des opérations pour toute initiative de stabilisation de la région des Grands Lacs.
Mais, au-delà de cet aspect, il y a bien entendu la place ultra stratégique qu’occupe l’Angola en Afrique centrale. Première puissance économique et militaire indéniable, l’Angola a tous les atouts pour jouer véritablement le rôle de gendarme dans la région. D’où, son influence grandissante dans tous les dossiers brûlants de la région, particulièrement le dossier de la RDC, toujours en proie à une instabilité chronique dans sa partie orientale. Par ailleurs, la proximité de l’Angola avec la RDC, avec laquelle il partage plus de 2 000 km de frontières, rend Luanda de plus en plus incontournable dans l’épineuse crise de la RDC.
Quant au président angolais, José Eduardo dos Santos, son pays ne cesse de prendre de l’ascendant sur la sous-région en assumant la présidence tournante de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, assumant et consolidant ainsi son leadership régional de manière évidente. Tout ce regain d’influence de Luanda peut donc s’expliquer à première vue par la présidence de la CIRGL qu’il assume actuellement. De ce point de vue, Luanda passe pour le centre des opérations pour toute initiative de stabilisation de la région des Grands Lacs.
Fort de tous ces atouts, l’Angola, dont la grande influence dans la région n’est plus à démontrer, passe pour la clé de voûte de la stabilisation de la région. C’est à Luanda que John Kerry, a bouclé son premier voyage en Afrique, après une escale de 48 heures à Kinshasa. Quelques jours plus tard, le président tanzanien, Jakaya Kikwete, a emprunté le même parcours. Il est allé, à l’instar de l’émissaire de Barack Obama, rencontrer le président angolais, José Eduardo dos Santos, après s’être entretenu à Kinshasa avec Joseph Kabila.
Ce n’est donc par hasard que John Kerry autant que Jakaya Kikwete ont choisi de faire un crochet à Luanda, juste après leur passage à Kinshasa. Il y a certainement quelque chose qui se trame à Luanda, des zones d’ombre qu’il reste à éclaircir, notamment en ce qui concerne la place de la RDC dans le nouveau puzzle qui se dessine au niveau de la région. En effet, le double passage américano-tanzanien dans la capitale angolaise n’est pas fortuit. Il tient à un schéma bien précis, dont les contours ne devraient pas tarder à paraître au grand jour.
Est-ce à dire que l’Angola commence à prendre la place qu’occupait jadis l’Afrique du Sud ? Quoiqu’il en soit, tout porte à croire qu’il existe quelque chose – sans nom – qui fait courir autant de dirigeants sur l’axe Kinshasa-Luanda et que Luanda est devenu un partenaire important dans la stabilisation de la région des Grands Lacs.
Apparemment, la communauté internationale, spécialement les Etats-Unis, s’est d’ores et déjà fixée sur la voie à suivre dans la région des Grands Lacs. Et cette voie passe inévitablement par Luanda, sans lequel aucune initiative de paix ne peut se développer dans la région.
Peu avant de quitter Luanda, Jakaya Kikwete l’a d’ailleurs redit à la presse qui l’interrogeait à l’aéroport de la capitale angolaise. Outre la revitalisation des relations politiques et diplomatiques entre les deux pays, il a dit avoir également discuté avec le président angolais d’autres questions d’intérêt bilatéral, ainsi que des aspects liés à la pacification de la région des Grands Lacs, en particulier au Congo démocratique.
Sur les traces de Kerry
Voilà qui peut expliquer que tous les chemins mènent désormais à Luanda en passant par Kinshasa et que devaient suivre John Kerry et Jakaya Kikwete pour un objectif précis. Barack Obama avait-il un message à transmettre à Joseph Kabila et à José Eduardo dos Santos par l’entremise de Jakaya Kikwete ? s’interrogent-ils, perspicaces. Ou qu’il avait fait transmettre par son ministre des Affaires étrangères et sur lequel il devait insister en envoyant le Tanzanien Jakaya Kikwete ? ajoutent-ils.
Un Jakaya Kikwete dont le rôle et l’aura politico-stratégique dans la région sont évidents. Pour rappel, au plus fort de la crise en RDC confrontée avec la rébellion de fabrication rwandaise, Jakaya Kikwete a pris position de manière responsable et d’un ton ferme en faveur de la RDC en demandant au Rwanda, réfractaire au dialogue avec les génocidaires présumés de 1994, notamment les rebelles des FDLR, de dialoguer avec eux. Et face à la désinvolture de Paul Kagamé, Jakaya Kikwete n’a pas manqué de brandir l’arme de la menace.
En plus, la Tanzanie est l’un des pays contributeurs en contingents de la Brigade d’intervention rapide de l’Onu qui appuient militairement les FARDC dans leur traque des groupes armés dans l’Est de la RDC.
Le parcours emprunté par Jakaya Kikwete a suscité bien des commentaires dans certains milieux politiques. Nombre d’analystes ont fait directement le lien avec le dernier passage à Kinshasa du secrétaire américain John Kerry. L’on se rappelle qu’à Kinshasa, le chef de la diplomatie américaine n’a pas eu des mots tendres envers Kinshasa à qui il a expressément demandé d’éviter toute perturbation du processus démocratique en tentant, notamment, d’apporter des modifications à la Constitution actuelle.
Après Kinshasa, c’est à Luanda, auprès de José Eduardo dos Santos, est allé boucler sa première visite en terre africaine. Et, comme Kerry, le président tanzanien a choisi le même itinéraire. Juste après Kinshasa, c’est à Luanda, exactement comme Kerry, que Kikwete a continué son périple dans la région des Grands Lacs. Qu’est-ce qui peut bien faire courir autant de dirigeants à Luanda ?
C’est la preuve que Luanda est devenu un maillon important dans la stabilisation de la région des Grands Lacs. De jour en jour, Luanda confirme son leadership dans la région.
Kléber Kungu
One Comment “Visite de Kerry et Kikwete à Luanda : hasard ou simple coïcidence ? – Kléber Kungu”
Kassongo
says:Pourriez-vous faire lire les textes par au moins 2 personnes avant de les publier ? Il y a eu des redites à profusion. Elles amènent une déconcentration, une inattention,…
Néanmoins, nous observerons la suite des événements car il n’y a pas de hasard comme vous l’avez bien souligner.