Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 18-02-2018 09:30
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Vaches de Troie au Bandundu : droit et devoir de dire la vérité pour sauver la nation – JB Kongolo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Vaches de Troie au Bandundu : droit et devoir de dire la vérité pour sauver la nation

Par Jean-Bosco Kongolo M.

Sous les titres « Des éleveurs de vaches « banyamulenge » ou l’application du stratagème du cheval de Troie à l’ouest de la RDC? »[1] et « Des vaches de l’Est en pâturage au Bandundu : un nomadisme suspect »[2], DESC a mis à la disposition de l’opinion publique congolaise des informations fouillées et authentiques qui permettent de faire la lumière sur les enjeux réels entourant la présence des vaches « zébus » dans le Bandundu, en provenance de l’Est.

Dans la première analyse, J.J. Wondo remonte à la mythologie de l’antiquité grecque pour expliquer à ceux qui ne le savaient pas et rappeler à ceux qui ont oublié, comment des guerriers grecs avaient utilisé un gros cheval en bois (avec soldats dedans), offert par ruse à leurs adversaires pour infiltrer la ville de Troie, qui fut conquise grâce à cette stratégie. Mettant en garde les Congolais contre la stratégie d’infiltration et d’encerclement, il démontre que l’armée de Paul Kagame l’a déjà utilisée lors des agressions qui ont endeuillé la nation congolaise par le passé.

Nous y sommes revenu avec des cas concrets dont celui des « Banyaviura », que nous avions personnellement vécu comme acteur judiciaire, en 1990, dans l’ancienne Sous-région du Tanganyika. Sur le plan politique, la descente sur les lieux d’Adolphe Muzito a permis de couper l’herbe sous les pieds des menteurs attitrés du régime illégitime grâce aux preuves visuelles que personne ne saurait renverser, surtout en ce qui concerne l’illicéité de la présence de ces vaches dans le Bandundu.

Grâce aux deux analyses précitées, des langues se sont suffisamment délié les unes pour nous féliciter d’éclairer objectivement l’opinion, les autres pour contribuer, par leurs témoignages, à nous fournir des renseignements qui n’auraient jamais été révélés si nous nous n’avions pas eu le courage d’éveiller les consciences. De nos contacts tant à Kalemie qu’à Kinshasa, nous avons obtenu des renseignements sur les exactions innommables que des « éleveurs » Tutsi, frauduleusement appelés « Banyaviura » avaient infligées aux populations Taabwa du territoire de Moba (Tanganyika) avant le démantèlement définitif de la Cité de Viura[3]. Toutefois, une mise au point est nécessaire pour que des malins esprits ne surgissent pour confondre le droit et le devoir d’informer avec une quelconque haine contre une communauté.

1. Nul n’a le droit de priver les Congolais du droit à l’information

Loin et près de nous, nous observons et apprenons que les Juifs et les Rwandais continuent de traquer respectivement, jusque dans leur dernier retranchement, des criminels nazis et tous ceux[4] sur qui pèse le moindre soupçon de génocide de 1994. De nombreux pays, dont l’Israël et le Rwanda, ont par conséquent adopté des lois sanctionnant sévèrement le négationnisme tandis que l’ONU a même voté en janvier 2007 une résolution condamnant « la négation du génocide des Juifs par le régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. »[5]

Au Congo-Kinshasa, où les organismes sérieux des droits de l’homme chiffrent à plus ou moins 8 millions les victimes directes et collatérales depuis l’agression de ce pays par ses voisins instrumentalisés par des puissances extérieurs pour le pillage de nos ressources naturelles, dire la vérité en vue d’éclairer le commun des mortels sur les enjeux géopolitiques et géostratégiques est susceptible d’être assimilé à la haine raciale ou ethnique. Cette campagne d’intimidation et de dissuasion est menée sous plusieurs formes tant au pays que dans la communauté internationale.

Sur le plan national, cette campagne de dissuasion s’accompagne sournoisement du le silence coupable des autorités politiques sur tous ces massacres déjà perpétrés et d’autres  en cours de perpétration de la part aussi bien des agresseurs extérieurs que des fils et filles du pays, policiers et militaires, exécutant des ordres manifestement illégaux.[6] Tel est le cas de ces vaches et de leurs accompagnateurs qui ont traversé plusieurs  provinces, d’Est en Ouest, sans aucun document d’autorisation, selon la lettre d’Adolphe Muzito adressée  au « Premier Ministre » Bruno Tshibala, complètement aphone sur ce sujet.

Au plan international, il est même révoltant d’entendre des officiels occidentaux conseiller au peuple congolais de tourner la page de toutes ces atrocités pour ne regarder que vers l’avenir. Le choc est encore strident dans les oreilles et les blessures encore saignantes dans les cœurs des Congolais d’avoir entendu Hilary Clinton, Secrétaire d’État sous le mandat de Barack Obama dire : « Nous allons travailler avec des gens pour un avenir meilleur et non des gens qui se réfèrent au passé. »[7] Elle s’exprimait ainsi le 09 août 2009 lors de sa visite à Goma, en tournée dans les pays des Grands Lacs et ce, malgré les pleurs des femmes endommagées par la barbarie humaine et prises en charge par le Docteur Dénis Mukwege. Peut-on envisager un seul instant un ministre congolais des affaires étrangères ou de n’importe quel pays de la planète demander aux Américains d’oublier les attentats du 11 septembre 2001 et aux Juifs d’oublier l’holocauste?

De ce qui précède, nous estimons que notre droit d’informer objectivement nos compatriotes et de leur ouvrir les yeux sur la stratégie des vaches de Troie[8] n’offense personne et ne trouble en rien l’ordre public. Bien au contraire, il met à nu la complicité de ceux qui veulent nous imposer le silence ou qui, par leur silence, veulent voir se réaliser « à huis clos » tous les complots d’infiltration, d’occupation et de balkanisation de notre pays.

Dans la Constitution congolaise, plusieurs dispositions sont d’ailleurs réservées à la liberté d’expression, qui implique le droit d’être informé. Nous en reproduisons deux, que voici.

Article 23

Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit implique la liberté d’exprimer ses opinions ou ses convictions, notamment par la parole, l’écrit et l’image, sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes mœurs.

Article 24

Toute personne a droit à l’information. La liberté de la presse, la liberté d’information et d’émission par la radio et la télévision, la presse écrite ou tout autre moyen de communication sont garanties sous réserve du respect de l’ordre public, des bonnes mœurs et des droits d’autrui.

2. Des éléments complémentaires à notre témoignage sur Viura

Dans notre témoignage sur ce que nous avions vécu à Viura il y a vingt-huit, nous avons fait état des cases en ruines et des villages désertés par les populations Tabwa sur le chemin menant vers cette cité située à mi-chemin entre la ville de Kalemie et la Cité de Moba. Limitée par l’objet de notre mission dont l’unique destination était Viura, notre délégation n’avait pas pu disposer de temps pour rencontrer d’interlocuteurs autochtones pouvant nous dire pourquoi ils avaient déserté leurs villages. Nous avions néanmoins compris qu’ils s’étaient délocalisés un peu plus loin de là d’une part pour ne pas se mêler à ses étrangers réputés méchants, hermétiques et surtout moins enclins au métissage culturel. Grâce à notre article publié il y a à peine quelques jours, des langues longtemps frustrées se sont déliées pour chercher à nous informer correctement sur l’ampleur des exactions subies par ces populations autochtones pendant tout le temps (plus de dix ans) qu’a duré le siège de Viura.

« Les Tutsi qui s’y étaient établis de leur gré étant presqu’exclusivement éleveurs, ils recrutaient des autochtones pour cultiver pour eux les aliments de leur choix, particulièrement le haricot et la patate douce. Lorsque les cultures arrivaient à maturation, l’ouvrier agricole et son patron se rendaient ensemble au champ pour voir le travail réalisé. Là, loin et à l’insu des siens, le pauvre cultivateur était bonnement assassiné et enterré, sans possibilité pour les membres de sa famille en vue de le retrouver. D’autant plus qu’en ces années-là, il n’existait pas de moyens de communications comme aujourd’hui. Des disparitions de ce genre se multiplièrent suscitant des interrogations et des inquiétudes au sein de la population autochtone jusqu’à ce que certains villageois tabwa surprennent les éleveurs en train d’exécuter un des leurs. Dans leur fuite pour se mettre à l’abri de ces exactions, plusieurs d’entre eux se refugièrent en Zambie et en Tanzanie tandis que ceux qui ne pouvaient pas aller si loin, trouvèrent leur refuge dans la cité de Moba.

Ce n’est que plus tard, après la conquête de l’AFDL, que tout autour de Viura, des tombes furent découvertes dans lesquelles les victimes étaient enterrées, à coté de nombreuses fausses tombes (le tout faisant un cimetière) constituant des cachettes d’armes livrées par de petits porteurs qui atterrissaient discrètement sur une petite piste en terre aménagée non loin de la cité. Révoltés par le bris de confiance et d’hospitalité qu’ils avaient candidement accordée à ces éleveurs étrangers, les Batabwa s’abstinrent de consulter leurs politiciens et décidèrent de passer outre les considérations démobilisatrices des activistes des droits de l’homme pour démanteler la maudite cité de Viura. Depuis lors, on n’a plus parlé de « Banyaviura. »

3. Quelle leçon tirer de ce récit pour le Bandundu et pour la nation congolaise ?

Comme on peut le constater, « les vaches de Troie » sont une vieille stratégie d’infiltration et d’occupation (peuplement) utilisée par les voisins dont a si bien parlé le Révérend pasteur Ekofo dans son homélie lors du culte commémoratif de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Ainsi que nous l’avons expliqué dans notre précédente publication, la guerre d’agression déclenchée par les « Banyamulenge » en octobre 1996 à l’Est du pays, avant de devenir celle de l’AFDL, procède d’un lointain complot d’occupation et/ou de balkanisation de notre pays suivant un plan maintes fois réajusté ou mis à jour.

Loin d’être considérée comme une affaire des « Ngwashi »[9] seuls, la présence insolite de ces zébus et de leurs accompagnateurs aux portes de la capitale devrait non seulement préoccuper tous les Congolais mais aussi renforcer le sentiment de solidarité et de cohésion nationale pour éviter que l’on se retrouve devant un fait accompli comme jadis à l’Est du pays. Face au silence assourdissant de ceux qui détiennent illégitimement l’imperium, une hypothèse encore plus plausible avance que ces vaches et un bataillon de soldats convertis en éleveurs auraient été convoyés par un avion et débarqués en brousse dans l’ex-province de Bandundu. Le gros du bataillon serait en ce moment caché en forêt pendant qu’un petit groupe d’éleveurs a été envoyé avec quelques vaches pour distraire les Congolais. L’on parle de 252 familles déjà présentes sur terrain pour s’occuper de cet élevage. Cette hypothèse est confortée par le porte-parole des prétendus éleveurs qui a été formellement identifié comme un soldat de l’armée rwandais.

Cet éleveur a été identifié par DESC au nom d’Alexis Kahira – Ancien combattant dans du RCD-Goma et du CNDP. Il est le cousin du Gen général tutsi Muhizi Padiri

Toutefois, la voix la plus autorisée du mensonge national ne s’étant pas encore exprimée sur le sujet, il n’est pas exclu que dans les jours à venir, la télévision nationale présente à l’opinion tant nationale qu’internationale quelques bouviers tutsis, pris comme boucs émissaires, à qui seuls il sera fait porter le chapeau d’atteinte à la sûreté nationale. Dans tous les cas de figure, le péril est dans la demeure et la vigilance doit rester de mise. En outre, à l’exception d’Adolphe Muzito, qui a fait la différence et grâce à qui les images témoignent de l’inexistence de l’État, le silence de l’exécutif provincial et national, jusqu’au plus haut sommet de l’État, constitue un motif suffisant pour le peuple congolais de se prendre en charge conformément aux dispositions de l’article 63 de la Constitution ainsi libellé : « Tout Congolais a le droit et le devoir sacré de défendre le pays et son intégrité territoriale face à une menace ou à une agression extérieure.

Un service militaire obligatoire peut être instauré dans les conditions fixées par la loi. Toute autorité nationale, provinciale, locale et coutumière a le devoir de sauvegarder l’unité de la République et l’intégrité de son territoire, sous peine de haute trahison. »

L’heure étant grave, attendre encore longtemps pour agir, c’est permettre à l’ennemi de passer aux étapes suivantes de son plan.

Conclusion

Les Congolaises et les Congolais de partout où ils se trouvent ont appris et vu les images des cheptels de vaches qui ont traversé d’Est en Ouest le territoire national avec pour destination apparente, le marché de viande à Kinshasa. A travers ces images, il est facile de constater que par ignorance, la majorité de la population s’est contentée d’admirer naïvement ces impressionnants bétails sans se poser la moindre question sur l’identité de leurs accompagnateurs, sur le lieu de leur provenance et sur l’illicéité de ce commerce, en ce moment où toutes les autorités politiques du pays exercent leurs fonctions en toute illégalité et en toute illégitimité.

Pour éviter que notre pays subisse à nouveau les évènements qu’on aurait pu prévenir, DESC encourage tous ceux qui s’efforcent de faciliter la compréhension des enjeux et se fait le devoir de dire sa part de vérité en invitant tous les compatriotes à comprendre que sous les apparences d’un commerce de viande de vaches, c’est un plan d’infiltration et d’occupation qui est en cours d’exécution. Les exemples fournis dans ces analyses devraient servir d’alerte pour sauver la nation. A la suite d’Adolphe Muzito, qui a fait sa part, l’heure de vérité a sonné pour les politiciens, toutes tendances confondues et particulièrement ceux de Bandundu, de se positionner sans ambigüité par rapport à cette question : faire front commun pour défendre l’intégrité territoriale du pays ou trahir la nation. Le peuple vous observe et surveille les gestes et comportements de chacun.

Cartes de la localisation des implantations des troupeaux tutsis dans l’ex-province du Bandundu

 

 

 

 

 

Par Jean-Bosco Kongolo M.

Juriste &Criminologue

Références

[1] JJ Wondo, In http://afridesk.org/fr/eleveurs-de-vaches-banyamulenges-lapplication-stratageme-cheval-de-troie-a-louest-de-rdc-jj-wondo-2/

[2] Kongolo, JB. In http://afridesk.org/fr/vaches-de-lest-paturage-bandundu-nomadisme-suspect-j-b-kongolo/

[3] Les Batabwa constituent la tribu majoritaire du territoire de Moba, aux côtés des Luba et des Twa, minoritaires. Le premier abbé du Congo, Kaozé de même que les regrettés Mwando Simba et le professeur Samba Kaputo, pour ne citer que ceux-là sont issus de cette communauté.

[4] Uniquement des Hutu

[5] La Toupie, In http://www.toupie.org/Dictionnaire/Negationnisme.htm.

[6] Article 28 de la Constitution: Nul n’est tenu d’exécuter un ordre manifestement illégal. Tout individu, tout agent de l’État est délié du devoir d’obéissance, lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte manifeste au respect des droits de l’homme et des libertés publiques et des bonnes mœurs.

La preuve de l’illégalité manifeste de l’ordre incombe à la personne qui refuse de l’exécuter.

[7] Benilubero.com, In http://benilubero.com/la-phrase-dhilary-clinton-qui-choque-les-congolais/.

[8] L’expression est de notre ami Boniface Musavuli, coordonateur de DESC, faisant référence au cheval de Troie.

[9] Ngwashi en kikongo signifie oncle maternel. C’est ainsi qu’on appelle globalement les originaires de Bandundu.

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One Comment “Vaches de Troie au Bandundu : droit et devoir de dire la vérité pour sauver la nation – JB Kongolo”

  • Timothée TSHAOMBO SHUTSHA

    says:

    Un très bel article complétant savamment le précédent. Et j’ajoute que l’occupation rwandaises est déjà en cours. Pour les vaches c’est à chaque habitant de bandundu de se fixer l’objectif de tuer une vache et ça en est fini…nous nous occupons de leurs accompagnateurs par la suite.

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