Ce matin, le journaliste Litsani Choukran de politico.cd, a publié un tweet annonçant que le Général Mbala Munsense a remis l’étendard du commandement au Chef d’état-major des forces terrestres. Malheureusement, plusieurs personnes profanes et ignorantes des traditions militaires l’ont interprété comme un acte de révocation du Général Célestin Mbala par le président.

Sur les réseaux sociaux, cette information mal comprise par plusieurs partisans de Tshisekedi  qui l’ont interprété comme une révocation du général Mbala. La rumeur est devenue virale en ces termes : « Sans tambour battant, FATSHI vient de démettre le chef d’état-major général, Mbala Musense. Motif : refus de participer à la prestation de serment des juges de la haute cour. Demain, parade de remise de tablier ».

DESC tient à préciser qu’en juillet 2020, le président de la République a effectué un remaniement au sein du Haut commandement militaire et des grandes unités des FARDC. C’est ainsi que le lieutenant-général Sikabwe Asinda Fall, qui commandait la 3^ème zone de défense, a été étonnement promu et nommé au poste de chef d’état-major de la force terrestre après avoir été rappelé à Kinshasa et avoir fait l’objet d’une enquête disciplinaire pour soupçons de détournements de primes des militaires au front[1].

En réalité, comme l’a rectifié et précisé le journaliste Litsani Choukran : « Il se tient ce mercredi 28 octobre une grande parade militaire au centre logistique des FARDC dit camp Kokolo dans la commune de Bandalungwa. Au cours de cette parade, le Chef d’état-major, le Général Célestin Mbala Munsense remettra officiellement l’étendard de commandement au Chef d’état-major de la force aérienne« [2].

Selon les traditions militaires, lorsqu’un officier est nommé à un haut poste de commandement, pour entrer officiellement en fonction, on organise une parade militaire de remise de son étendard de fonction. Pour le cas d’espèce, cette cérémonie de prise de fonction est présidée par le chef d’état-major général des FARDC, le général Célestin Mbala. Ce dernier remet symboliquement au nouveau promu un étendard de commandement. Il ne s’agit nullement d’une démission du Général d’armée Mbala, laquelle démission ne peut intervenir que par le strict respect de l’article 81 de la Constitution qui stipule :

« Sans  préjudice des autres dispositions de la Constitution, le Président de la République nomme, relève de leurs fonctions et, le cas échéant, révoque, sur proposition du Gouvernement délibérée en Conseil des ministres :

1. les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires ;
2. les officiers généraux et supérieurs des forces armées et de la police nationale, le Conseil supérieur de la défense entendu ;
3. le chef d’état-major général, les chefs d’état-major et les commandants des grandes unités des forces armées, le Conseil supérieur de la défense entendu ;
4. les hauts fonctionnaires de l’administration publique ;
5. les responsables des services et établissements publics ;
6. les mandataires de l’Etat dans les entreprises et organismes publics, excepté les commissaires aux comptes.

Les ordonnances du Président de la République intervenues en la matière sont contresignées par le Premier Ministre. »

En bref, le Président Tshisekedi ne peut le révoquer unilatéralement le Général Mbala. Il ne peut le démettre que sur proposition du Gouvernement délibéré en Conseil des ministres. Or celui-ci est actuellement suspendu en vue des consultations décidées par le Président Tshisekedi.

Pour rappel, en date du 22 octobre 2020, le Président Tshisekedi avait présidé la cérémonie de prestation des trois nouveaux juges de la Cour constitutionnelle au Palais du Peuple. Une cérémonie boudée par une majorité des députés et des sénateurs. On signalait aussi l’absence du général d’armée Célestin Mbala Munsense, le chef d’état-major général de l’armée congolaise, qui était en mission de service à Lubumbashi.

La RDC traverse une grave crise sécuritaire qui pourrait amener l’armée à intervenir en cas de graves dérapages politiques. Il serait de bon aloi à ceux qui conseillent le Président de la République d’éviter de le pousser irrationnellement à continuer de massacrer la Constitution de la RDC dont il est le premier garant de son inviolabilité. Il ne faut surtout pas oublier que selon l’article 91 la Constitution de la RDC :

« La défense, la sécurité et les affaires étrangères sont des domaines de collaboration entre le Président de la République et le Gouvernement. 

Le Gouvernement dispose de l’administration publique, des Forces armées, de la Police nationale et des services de sécurité. »

Dans le cadre de la coalition FCC-CACH, jusqu’à preuve du contraire, le Gouvernement reste dominé par le FCC qui détient dans ses attributions du partage de pouvoir le ministère de la Défense assuré par Aimé Ngoy Mukena, un kabilste pur et dur.

Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Analyste et expert des questions militaires, sécuritaires et politiques de la RDC et de l’Afrique médiane

Références

[1] https://afridesk.org/remaniement-du-commandement-des-fardc-par-felix-tshisekedi-attentes-et-desillusions-jj-wondo/. http://afrikarabia.com/wordpress/rdc-qui-a-detourne-la-prime-des-fardc-au-kivu/.

[2] https://www.politico.cd/encontinu/2020/10/28/le-general-mbala-musense-remet-letendard-du-commandement-au-chef-detat-major-des-forces-aeriennes-ce-mercredi.html/71341/.