Tentative de coup d’État en cours au Zimbabwe et panique chez Kabila à Kingakati ?
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
L’armée monte au front et menace d’appliquer la doctrine de la nécessité
Cette mise en garde intervient alors qu’Emmerson Mnangagwa, Vice-Président du Zimbabwe, longtemps pressenti comme dauphin du président Robert Mugabe dont il est un des anciens fidèles, a été humilié et démis de ses fonctions de vice-président la semaine dernière, après un bras de fer avec l’épouse de Mugabe, Grace Mugabe.
« La purge actuelle qui vise clairement les membres du parti qui ont été engagés dans la guerre d’indépendance doit cesser immédiatement », a martelé le lundi 13 novembre le chef d’état-major de l’armée zimbabwéenne, le général Constantino Chiwenga en lisant un communiqué devant la presse au quartier général de l’armée, dans une déclaration particulièrement forte en présence d’environ 90 hauts responsables de l’armée.
« Nous devons rappeler à ceux qui sont derrière ces dangereuses manigances que lorsqu’il s’agit de protéger notre révolution, l’armée n’hésitera pas à intervenir », a-t-il menacé.
Ce départ forcé d’un des lieutenants de Robert Mugabe a fait éclater au grand jour les rivalités au sein du parti présidentiel, la Zanu-PF, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980.
Selon la BBC, le chef de l’armée zimbabwéenne a dénoncé lundi l’éviction du Vice-président du pays, Emmerson Mnangagwa : « Nous devons rappeler à ceux qui sont derrière ces dangereuses manigances que lorsqu’il s’agit de protéger notre révolution, l’armée n’hésitera pas à intervenir », a-t-il lancé.
Cette déclaration intervient alors qu’Emmerson Mnangagwa, 75 ans, a fui le Zimbabwe pour l’Afrique du Sud, selon ses proches.
Le chef des armées a encore renchéri: « Sur le plan sécuritaire, nous devons tirer les leçons des expériences négatives des pays comme la Somalie, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine et tant d’autres de notre région où les différends politiques mineurs ont dégénéré en conflits majeurs qui ont affecté la situation politique et socio-économique du citoyen ordinaire ».
Chars de l’armée zimbabwéenne à Harare
Ce mardi après-midi, des chars ont été aperçus en direction de la capitale du Zimbabwe, Harare. Des témoins ont déclaré que des véhicules militaires bloquaient également des routes importantes en dehors de la ville. Les médias locaux ont également rapporté que des militaires lourdement armés avaient bouclé la chaîne de télévision d’État ZBC.
Cette situation survient au milieu des tensions croissantes entre l’armée zimbabwéenne et le parti au pouvoir Zanu-PF, dirigé par le président Robert Mugabe – le seul dirigeant que le Zimbabwe a connu en 37 ans d’indépendance.
Selon cette doctrine, la force armée d’un pays a une obligation indépendante d’intervenir dans les affaires intérieures lorsque les dirigeants militaires déterminent que cela est dans l’intérêt suprême de la nation. Cette doctrine a été invoquée avec succès en Amérique latine et en Asie. Elle fait désormais jurisprudence en Afrique subsaharienne. Le Zimbabwe est en passe d’expérimenter cette jurisprudence du rôle républicain de l’armée de préserver la nation en cas de péril et de porter intérêt à la stabilité de l’État, en décidant de s’engager et d’agir pour la sauvegarde des valeurs républicaines.
L’ancien Vice-président, qui a reçu le soutien des anciens combattants de la guerre d’indépendance, entretient des liens étroits avec les militaires.
Robert Mugabe devrait s’inspirer de l’exemple de son homologue angolais, Eduardo Dos Santos, qui a évité le piège d’une succession dynastique en choisissant le Général Joao Lourenço, un compagnon de lutte et de pouvoir de longue date pour lui succéder à la tête du pays, tout en gardant le contrôle du MPLA, devenu une sorte de parti-Etat. Ils ont mené ensemble le combat pour l’indépendance du pays qu’ils ont finalement obtenue en 1975 du Portugal, ex-puissance coloniale. Depuis, ils se sont redistribué les rôles au sein du pouvoir conquis de haute lutte.
Kabila et son cercle militaire suit la situation de très près et convoque une réunion de crise à Kingakati
Selon des informations parvenues à DESC, Joseph Kabila a convoqué une réunion sécuritaire d’urgence à Kingakati pour suivre de près la situation très tendue au Zimbabwe où une partie de l’armée, fidèle au Vice-Président Emmerson Mnangagwa s’est mutinée et se dirige vers Harare pour chasser le vieux Bob (Robert Mugabe) ou le neutraliser.
La réunion rassemble les généraux: Didier Etumba (CEMG des FARDC), François Olenga (CEM particulier de JK et chef de sa Maison militaire), Celestin Mbala Musense (CEMG Adjoint FARDC chargé de l’Administration & Logistique), Damas Kabulo (Sécrétaire Général du Ministère de la Défense Natioanl), Jean-Claude Yav (Adjoint du Gen Olenga à la Maison militaire, Nr 1 des renseignements militaires), Delphin Kahimbi (CEM des renseignements militaires). L’ambassadeur de la RDC à Pretoria, Bob Bene Mpoko, est associé à cette réunion. Les chefs de l’Etat de la région sont également en contacts téléphoniques permanents.
Pour rappel: Mugabe est le mentor de Kabila et son soutien régional inconditionnel. Peu avant l’assassinat de Laurent-Désira Kabila, Joseph Kabila, en conflit avec ce dernier pour sa trahison dans la chute de la ville de Pweto au Katanga, y a séjourné avec François Beya et d’autres sécurocrates impliqués dans l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, mais non autrement inquiétés ni entendus dans le procès de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila qui s’en est suivi.
Une éventuelle chute de Mugabe serait un coup dur pour le régime de Joseph Kabila dont la vingtaine de ses gardes du corps sont zimbabwéens, de l’ethnie Shona de Mugabe, en plus de la fourniture d’armes zimbabwéennes aux FARDC.
Cette situation inédite au Zimbabwe semble inquiéter sérieusement Joseph Kabila, en mauvaise posture politique et diplomatique actuellement et depuis la fin de son mandat constitutionnel le 19 décembre 2016. La société civile et la majorité des partis de l’opposition souhaitent son départ le 31 décembre 2017. On signale aussi la sensibilisation des militaires et des soldats congolais à défendre les valeurs constitutionnelles et à s’abstenir des actes illégaux de répression de la population. Les Nations Unies ont mis en garde les autorités congolaises et les forces de l’ordre contre toute violation des droits humains.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Exclusivité DESC
Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Analyste des questions sociopolitiques, sécuritaires et militaires.
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