Sans surprise, les Concertations nationales vont-elles droit dans le mur ?
Concertations : prolongations !
Le Phare, 23 septembre 2013
A en croire une source proche du Secrétariat technique, les Concertations nationales, initialement prévues pour 15 jours au maximum, pourraient se prolonger jusqu’au samedi 28 septembre 2013. Le désordre constaté au départ dans la confection des listes, les problèmes logistiques, l’abondance des matières à traiter mais surtout les divergences de vue entre membres de différents Etats généraux ont sérieusement perturbé le calendrier des travaux.
Toutefois, le Secrétariat technique reste optimiste et pense que d’ici à la fin de la semaine en cours, les rapports finaux pourraient être adoptés en plénière et transmis au chef de l’Etat, initiateur de ce forum national.
Adoption des textes sans débat
De nombreux concertateurs déplorent, depuis le début effectif des travaux des Etats généraux, l’absence des débats de fond et contradictoires dans le processus d’adoption des résolutions et recommandations. Chaque fois qu’apparaissent des velléités de remise en question des textes apprêtés par les « experts » ayant œuvré dans la commission préparatoire appelée « Groupe de Contact », une majorité mécanique se dégage rapidement pour opérer un passage en force.
En dépit des retraits en cascade de nombreux « Concertateurs » déçus par cette méthodologie de travail et des menaces de boycott exprimées par ceux qui ont accepté de continuer à siéger, rien n’a changé.
Au bout du compte, plusieurs forces politiques et sociales ont vu les cahiers des charges qu’elles avaient apprêtés dans le souci d’enrichir les débats ou de défendre leur propre chapelle ont dû déchanter et les ranger dans les tiroirs. Certaines individualités qui ont tenté de recadrer des thématiques à travers des exposés à caractère politique, juridique, économique, social ou culturel ont rencontré une résistance telle qu’elles ont dû battre en retraite.
Il a été constaté aussi des cas de règlements des comptes personnels entre « Concertateurs » en chômage et ceux exerçant des charges publiques, sur fond de repositionnement politique futur. Finalement, d’aucuns pressentent un atterrissage planifié des Concertations nationales, avec des résolutions et recommandations ayant tout l’air des « prêt-à-porter » à faire endosser aux participants.
Cohésion nationale hypothéquée
Dans un forum où l’on n’a pu engager des débats de fond sur des matières qui fâchent, la cohésion nationale semble hypothéquée.
Beaucoup de participants sont restés sur leur soif dans le traitement des questions liées à la guerre de l’Est, à la réforme de l’armée, de la police nationale et des services de renseignement, aux injustices sociales, aux violations massives des droits de l’homme, à la corruption, à la mauvaise gouvernance, à l’impunité des détourneurs des deniers publics, à la clochardisation des masses laborieuses, à l’enclavement des provinces, au chômage, au mauvais partage du revenu national, à la déliquescence des systèmes éducatifs et sanitaires, au déficit de production industrielle et agricole intérieure, à la modicité du budget national, à l’évasion des recettes publiques, etc.
Est-il possible de réaliser la cohésion nationale dans un pays où certains territoires échappent à l’autorité de l’Etat, où des milliers de citoyens sont privés de paix et du minimum vital, où de nombreux citoyens n’ont pas droit à la parole, où la chasse à l’homme s’exerce contre des innocents résidents à plus de 2.000 Km de Rutshuru, Bunagana, Kiwanja et Goma, où les vrais criminels et traîtres à la patrie partagent la table des négociations à Kampala avec les hommesau pouvoir… ?
Kimp
RDC: des opposants dénoncent le projet d’une transition sous le schéma 1+2
Okapi, 23 septembre, 2013
La Coalition pour le vrai dialogue (CVD), qui regroupe des partis d’opposition, a dénoncé samedi 21 septembre l’existence d’un «schéma de partage de pouvoir selon la formule 1+2», c’est-a-dire un président de la République et deux vice-présidents. Ce schéma devant être proposé aux Concertations nationales, d’après la même source, aurait été décidé au cours d’une réunion secrète tenue par un groupe d’individus non loin de Kinshasa. La majorité a démenti «ce genre de schéma surréaliste».
Dans une déclaration rendue publique samedi à Kinshasa, la CVD estime que cette démarche aurait des conséquences fâcheuses pour le pays.
Elle entrainerait «la violation de la constitution du 18 février 2006 issue du consensus de Sun city [lors du Dialogue intercongolais] et du référendum populaire, avec comme conséquence son abrogation de fait», a indiqué la coalition dans cette déclaration lue par son porte-parole, le député Steve Mbikayi, président du Parti travailliste (PT).
«Cette nouvelle machination politique va à coup sûr rompre le consensus national déjà fragile», a poursuivi la même source, redoutant notamment «la dissolution de l’Assemblée nationale, du Sénat et des assemblées provinciales actuelles et l’instauration d’une période de transition qui met fin à la démocratie».
Dans ses recommandations, la Coalition pour le vrai dialogue exige notamment la suspension des Concertation nationales, ouvertes par Joseph Kabila le samedi 7 septembre, et la convocation de «vraies» concertations.
“Le peuple est fatigué avec les transitions”
En réaction, la Majorité présidentielle (MP) a démenti l’existence d’un tel schéma. «Penser à ce genre de schémas surréalistes, c’est d’abord violer gravement l’ordonnance que le chef de l’État avait signé comme acte fondateur des concertations nationales. C’est en même temps tricher avec le peuple, qui est fatigué avec les transitons qui ont émaillé la vie politique congolaise depuis 90», a soutenu le député Henry Thomas Lokondo.
Il a par ailleurs rejeté l’idée d’une nouvelle transition en RDC, insistant sur le fait que les participants aux concertations nationales visent plutôt «le renforcement de la volonté politique quant à l’application de la constitution, des lois de la République et d’autres décisions pour une meilleure gouvernance de l’État.»
Pour ce député de la majorité, ces assises sont appelées à faire les états des lieux et proposer des solutions pour la requalification de la gestion générale de l’État.
«Et d’ailleurs, ces états des lieux et les solutions que nous préconisons se recoupent avec tout ce que nous avons déjà fait à la Conférence nationale souveraine (CNS), lors des concertations du Palais de la Nation et même à Sun City. On n’invente pas la roue», a-t-il poursuivi.
La Coalition pour le vrai dialogue, créée le jeudi 12 septembre, regroupe certaines formations politiques de l’opposition comme l’UNC de Vital Kamerhe, le RCD-KML de Mbusa Nyamwisi, le PT de Steve Mbikayi, l’UPC de Thomas Lubanga et l’Udemo de Nzanga Mobutu.