Le brigadier général Dan Gapfizi meurt dans un accident de voiture
Le commandant de la Force de réserve dans la Région du Sud du Rwanda, le brigadier général Dan Gapfizi est décédé dans un accident de route qui a eu lieu ce soir du 25 Mai 2013. L’accident a été confirmé par le porte-parole des Forces de défense du Rwanda, le brigadier Général Joseph Nzabamwita, par un communiqué laconique : « Les RDF sont attristées par la nouvelle de la tragique disparition du général Gapfizi. Il était un vaillant officier »
Selon Nzabamwita, l’accident s’est produit au long de la route Kagitumba–Kayonza à Nyagatare. Le commandant de la Force de réserve dans la région du Sud a succombé suite à une hémorragie quelques minutes après avoir été transporté dans un hélicoptère militaire à l’hôpital Roi Fayçal. Il ajoute: « Le Rwanda a perdu un brave officier« .Nzabamwita n’a cependant pas révélé les circonstances de la survenance de l’accident.
Gapfizi était parmi les combattants du FPR qui ont combattu dans la guerre qui a renversé le régime de Juvénal Habyarimana en 1994, grâce à l’appui logistique et technique de la CIA et de l’Ouganda. D’autres sources renseignent son rôle important joué auprès du RCD-Goma entre 199 9- 2000 dans les exactions commises à Minembwe et à Fizi. Il était alors colonel.
Des sources bien renseignées signalent que le défunt général faisait partie des personnalités militaires rwandaises listées comme criminels à rechercher dans un document secret de l’Interpol. Il y a lieu de rappeler également que le général Dan Gapfizi était également co-inculpé par un juge espagnol, avec le général James Kabarebe, le colonel Kayumba Nyamwasa (actuellement en exil en Afrique du Sud où il a été victime d’une tentative d’assassinat par les services secrets rwandais) ainsi que d’autres officiers généraux et supérieurs de la RDF, pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et de génocide commis au Rwanda et en République démocratique du Congo.
Son décès survient après le récent remaniement militaire opéré à la tête de l’armée rwandaise dominée par la minorité Tutsi. Depuis 3 ans, on constate des fissures au sein l’establishment oligarchique Tutsi au pouvoir au Rwanda. Un régime confronté à ses propres contradictions et à des dissensions intraethniques internes. Les défections de Kayumba et Karegeya en sont des indices marquants. Le système Kagame s’essouffle et souvent dans pareils cas, c’est par des règlements de compte, des éliminations et autres formes de neutralisation que les dictateurs pensent gérer la déliquescence de leurs régimes. Sur le plan sociopolitique, ces événements surviennent au moment où la question de de pérennisation ou de succession de Kagame au pouvoir alimente les débats politiques et que le régime rwandais essuie une vague déferlante des critiques sur son rôle négatif dans le maintien de l’insécurité chez son grand voisin au pieds d’argile, la RDC.
A propos des récents changements survenus à la tête de l’armée rwandais, l‘on est en mesure de penser que le maintien de James Kabarebe – le seul véritable bras droit, alter ego et frère siamois de Kagame -, dans ses fonctions de ministre de la Défense, une fonction plus politique que militaire , témoigne de la volonté de Kagame de préparer davantage son (futur probable) dauphin à la maîtrise de l’exercice de la fonction politique outre ses compétences dans l’art de la guerre. En effet, la guerre, écrivait Von Clausewitz, « est une simple continuation de la politique par d’autres moyens. La guerre n’est pas seulement un acte politique, mais un véritable instrument politique, une poursuite des relations (ou transactions) politiques, une réalisation de celles-ci par d’autres moyens ». Pour mieux conduire la guerre, il faut être également un bon stratège politique, bref être un fin politicien. Une dimension que doit encore apprendre James Kabarebe aux côtés de Kagame dans une perspective de la formule « Poutine-Medvedev » qui semblerait faire bientôt une émulation négative en Afrique.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu