Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 27-04-2020 09:45
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Restructuration du commandement de la Garde républicaine : qui gagne, qui perd entre Tshisekedi et Kabila ? – JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Le président Tshisekedi a restructuré le commandement de la Garde républicaine (GR) dans une série d’ordonnances publiées le 22 avril 2020 en nommant un nouveau commandant de cette unité et ses collaborateurs directs. Élevé au grade de général major (deux étoiles), Christian Tshiwewe Songesa devient le nouveau Commandant de la GR. Il remplace le général Gaston Hughes Kampete qui occupait ce poste stratégique depuis 2014. Tshiwewe est assisté de deux adjoints, à savoir le général de brigade Jérôme Chico Tshitambwe, commandant adjoint chargé des opérations et renseignements et le général de brigade Jules Banza Mwilambwe, commandant adjoint en charge de l’administration et de la logistique. Le général de brigade Ephraim Kabi Kiriza est nommé chef d’état-major de la GR.

Cette analyse énumère les principales missions de la GR ainsi que la composition de son commandement. Elle établit également les portraits des généraux promus, tout en tentant de décrypter les logiques sous-jacentes qui ont motivé ces nominations. Elle essaye aussi de voir si ces nominations constituent une amorce de contrôle de l’armée par le président Tshisekedi de son émancipation sécuritaire vis-à-vis de Kabila. L’analyse se base principalement sur des entretiens semi-directifs[1] que l’auteur a réalisés avec une dizaine de militaires de la GR et plusieurs militaires FARDC.

Missions, structures et fonctionnement de la Garde républicaine

Les missions de la Garde républicaine sont définies dans loi organique 11-012 du 11 août 2011 portant organisation et fonctionnement des Forces armées, spécialement en ses articles 114 et 116 :

Art. 114.  La garde républicaine est une unité des Forces armées ayant pour mission d’assurer: – la garde, la protection du président de la République et les hôtes de marque de la République; – la sécurité des installations présidentielles; – les escortes et les honneurs à l’échelon de la présidence de la République. La garde républicaine est d’échelon division.

Art. 115.  La garde républicaine est commandée par un officier général portant le titre de commandant de la garde républicaine. Il est assisté de deux commandants adjoints, officiers généraux ou supérieurs dont l’un est chargé des opérations et renseignements, l’autre de l’administration et de la logistique.

Art. 116.  Conformément à l’article 81 de la Constitution, le commandant de la garde républicaine et ses adjoints sont nommés, le cas échéant, relevés ou révoqués de leurs fonctions par ordonnance du président de la République sur proposition du Gouvernement, délibérée en Conseil des ministres, le Conseil supérieur de la défense entendu.

L’ordonnance n° 13-063 du 17 juin 2013 portant organisation et fonctionnement de la garde républicaine fixe l’organisation et le fonctionnement de la garde républicaine. La garde républicaine est l’unité des Forces armées détachée auprès du président de la République et commandant suprême des Forces armées de la République démocratique du Congo. Elle est d’échelon division (article 2). Elle comprend un commandement, un état-major, une unité quartier général et des unités combattantes (article 5).   Le commandement de la garde républicaine est constitué d’un commandant avec un état-major personnel[2], de deux commandants adjoints, l’un chargé des opérations et du renseignement, l’autre de l’administration et de la logistique[3] (article 6). Les unités combattantes comprennent des unités de sécurité, des unités spéciales de défense ainsi que des unités d’appui (article 9). C’est donc le commandant de la GR, le général major Tshiwewe, qui est le chef de cette unité et non le chef d’état-major, le général de brigade Kabi Kiriza qui est sous les ordres du premier.

Sur le plan des opérations, le commandant de la garde républicaine relève du président de la République. Sur le plan de l’administration et de la logistique, il relève du chef d’État-major général des FARDC (article 10).

La GR dispose d’un effectif théorique de 18 700 hommes et correspond à une « division » d’armée[4].

Des nominations dans un double esprit de partage du pouvoir constitutionnel et politique dicté par le deal Kabila – Tshisekedi

Le caractère nouveau de ces nominations réside dans le fait qu’il s’agit d’un premier changement significatif, opéré par président Tshisekedi, dans la hiérarchie militaire qui jusque-là était exclusivement tenue par les officiers nommés par son prédécesseur Joseph Kabila en juillet 2018.

Ce partage répond d’abord à l’esprit de la Constitution dont l’article 91 dispose que : « Le Gouvernement définit, en concertation avec le Président de la République, la politique de la Nation et en assume la responsabilité. Le Gouvernement conduit la politique de la Nation. La défense, la sécurité et les affaires étrangères sont des domaines de collaboration entre le Président de la République et le Gouvernement. Le Gouvernement dispose de l’administration publique, des Forces armées, de la Police nationale et des services de sécurité. » Or il se fait que le Gouvernement congolais est actuellement dominé par le FCC dont Joseph Kabila est « l’autorité morale » ou le chef de file. Il se fait donc que les nominations au sein de l’armée, fussent-elles au sein de la garde présidentielle, ne peuvent se faire unilatéralement par le président sans se concerter avec le Gouvernement.

C’est ce qui explique la rencontre entre Tshisekedi et Kabila qui s’est tenue le 21 avril 2020, la veille de la publication des nominations en présence du conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité, François Beya. Une rencontre pour s’accorder en définitive sur la publication des nominations, conformément à l’esprit de la Constitution et du deal qu’ils ont conclu pour cogérer ensemble le pays et les institutions de la République. Ce, malgré que les ordonnances de nominations soient datées du 16 avril 2020.

Portraits de nouveaux commandants de la GR

Le général Major Christian Tshiwewe Songesa, commandant de la GR

Christian Tshiwewe Songesa est un Songye de Lubao dans Province de Lomami issu du démembrement du Kasaï-Oriental. Sa mère est une Tchokwe de Dilolo (Province du Lualaba). Elle s’est remariée à un katangais après le décès du père de Tshiwewe et c’est son beau-père katangais qui l’a élevé. Tshiwewe garde donc des liens sociologiques très étroits avec le Katanga. Cela lui a valu une certaine ascension professionnelle fulgurante au sein de la GR. « C’est sous l’identité katangaise que Tshiwewe se présentait au sein de la GR pour gagner la confiance et les faveurs de nos chefs militaires katangais, nous précise le capitaine Pascal Kalonda, ancien garde du corps de Joseph Kabila, en exil en Belgique. Selon le capitaine Pascal Kalonda et une autre source de la Démiap, Christian Tshiwewe a intégré l’armée en 1998. Il a suivi une formation militaire en toutes armes à la SMA (Sudanese military academy) de Khartoum[5]. Cette formation a été mise en cause par les instructeurs Nord-coréens qui formaient à la même période les premiers éléments de la GSSP (Groupe Spécial de Sécurité Présidentielle) sous Laurent-Désiré Kabila à Mura dans le Katanga. Tshiwewe a ensuite commandé la 10ème brigade des FAC[6]. Il a également été le commandant de brigade dans le secteur opérationnel Grand Equateur contre le MLC lors de la « deuxième guerre du Congo ».

Avant sa nomination, Tshiwewe occupait le poste de commandant adjoint de la GR chargé des opérations et renseignements. A ce titre, on peut dire qu’il s’agit d’un changement sans provoquer vraiment une rupture. En effet, en tant que responsable des opérations et des renseignements de la GR, Tshiwewe a été le planificateur et superviseur des opérations de répression sanglante des manifestants pacifiques en janvier 2015 et le 20 septembre 2016[7] en tirant à balles réelles sur les foules de manifestants[8]. Cela avait valu à l’époque des sanctions internationales de l’Union européenne et des Etats-Unis d’Amérique contre Ilunga Kampete, en tant que Commandant de la GR.

Le général Tshiwewe est globalement bien apprécié par les troupes de la GR. Un de ses collègues de formation le décrit comme un « bon chef militaire, très humain, courtois, discipliné et professionnel ».

La nomination de Tshiwewe s’explique également par la détérioration des relations entre le président Tshisekedi et l’ancien commandant de sa garde, le général major Gaston Ilunga Kampete. Les deux hommes ne se fréquentaient plus depuis plusieurs mois.

Le général de brigade Jérôme Chico Tshitambwe, Commandant adjoint chargé des opérations et renseignements

D’ethnie Luba, originaire de Miabi dans le Kasaï-Oriental, province d’origine du président Tshisekedi, le général Jérôme Chico Tshitambwe était commandant 32ème brigade de réaction rapide des FARDC basée à Beni dans le Nord-Kivu et formée par les chinois à Kamina[9].

Chico Tshitambwe commandait les opérations Sukola 1 contre les présumés rebelles des ADF dans l’axe nord qui comprend les localités de Kamango, Mbau, Mangurejipa, Oicha, la vallée de la rivière Semuliki. Son état-major était basé à Matombo (OÏcha). Un document vidéo monté par le service de communication des FARDC pour rassurer la population au moment où les opérations s’enlisaient à Beni lui attribuerait la conquête du quartier général (Madina) des présumés ADF quand bien même il n’avait pas directement participé à ces combats. Le bastion aurait été repris par son adjoint, le colonel Kisembo, nous confie un sous-officier de la 32ème brigade. Le général Tshitambwe sera rappelé par la hiérarchie militaire à Kinshasa en février 2020 à la suite d’un conflit qui l’opposait au général major Fall Sikabwe, le commandant de la troisième zone de défense (qui couvre toute la partie orientale de la RDC).

Selon le colonel Tonny Katembo Kombi, ancien commandant du 3308ème régiment FARDC à Beni-Mbau, actuellement en exil après avoir échappé à une embuscade militaire des FARDC à Beni en décembre 2019, « Tshitambwe est un ancien officier de la rébellion pro-rwandaise du RCD-Goma. Il est très proche du général Gabriel Amisi Tango Four dont il assurait l’escorte. Ce dernier a renforcé la présence des anciens officiers RCD-Goma qui lui sont fidèles à Beni et en Ituri. Tshitambwe était très proche du feu général Delphin Kahimbi qui l’a propulsé en grade« .

Tsitambwe est un technicien d’état-major breveté du Centre supérieur militaire en 2016. Il a également effectué un stage à l’école des commandants de bataillon en Chine. On peut avancer que c’est le président Tshisekedi qui a imposé son choix. Les deux hommes se sont connu à en décembre 2018 lorsque le général Tshitambwe avait déjoué une embuscade planifiée par les maï-maï contre le cortège de Tshisekedi et Kamerhe, en campagne électorale à Beni, sur le tronçon Beni-Butembo. « A chaque fois que le président Tshisekedi arrivait à Beni, il passait la nuit chez le général Chico », nous dit notre source militaire à Beni qui le décrit comme « un chef à l’écoute de sa troupe, disponible et qui reçoit tous ses subalternes en cas de problème sans faire acception de leurs grades ». Selon un autre officier de la même brigade : « l’histoire de l’embuscade mayi-mayi était un montage de Chico pour attirer la sympathie et avoir la confiance de Tshisekedi. Un autre officier supérieur qui l’a côtoyé déclare : « Chicko est patriote et un bon combattant. C’est également un ami, malgré les critiques sur origines Luba ou  ». Selon une autre source militaire : « Tshitambwe est un opportuniste qui a profité du show de la prise de Madina pour se mettre en évidence. Il n’était pas sur la ligne de front, mais voulait exploiter à son profit la prise de Madina. C’est un officier qui a longtemps collaboré étroitement avec des officiers supérieurs et généraux FARDC impliqués dans le soutien aux ADF. Il exécutait parfois les ordres d’opérations du commandement parallèle des officiers proches des ADF afin de ne pas déployer des unités au moment des massacres. Il doit tout à Kabila et à Kahimbi. Aurait-il changé de position après le décès de Kahimbi ou c’est juste un stratagème savamment mis en place par Kabila pour mieux contrôler les activités du Président ? ».

Les soldats de la GR recrutés dans l’UDPS formant le bataillon « Kabeya Kamwanga »

Selon un officier supérieur des renseignements militaires à Goma : « Le général Shiko est l’homme qui était à Bukavu en 2012. Son régiment est venu à Goma pour soi-disant attaquer le M23 sur ordre de Tango Four. Curieusement, son unité a ouvert le feu sur les militaires FARDC pour les chasser de Goma et permettre à deux pelotons de 70 rebelles de Makenga India Kwin Baudouin d’entrer sans résistance à Goma. Et à Beni, c’est toujours le général Shiko qui était le point focal de tueurs de Beni. Comme toujours, les généraux qui éliminent leurs frères d’armes sont gratifiés en grade et en fonction ».

Le nom de Tshitambwe est cité dans un rapport du Groupe d’experts des Nations unis comme un homme de confiance de Joseph Kabila. On peut y lire : « De hauts responsables militaires FARDC ayant participé aux opérations Kimia II ont fait savoir au Groupe que le colonel Tshitambwe était considéré par le Président Kabila comme l’un de ses plus importants chefs militaires. L’un d’eux a laissé entendre que le colonel Tshitambwe avait des intérêts économiques particuliers dans la région des Hauts Plateaux… Selon des rapports de la MONUC, le commandant adjoint du colonel Tshitambwe dans la zone des opérations au Sud-Kivu est depuis septembre 2009 le major Joseph Mitabo, un ancien officier FRF qui a récemment intégré les FARDC »[10]. Les FRF (Forces républicaines fédéralistes) sont un groupe armé des Banyamulenge alliés autrefois au CNDP et dirigés par Venant Bisogo, qui se livre au trafic d’or dans le Sud Kivu avec des connexions dans l’armée congolaise.

La particularité du général Tshitambwe est de n’avoir pas évolué au sein de la GR composée majoritairement de soldats katangais qui font encore allégeance à Joseph Kabila. Cependant, dans le courant de 2019, quelques centaines de jeunes, majoritairement Luba, recrutés au sein de l’UDPS et dans le Kasaï-Oriental, ont été formés par des instructeurs israéliens et égyptiens à Kibomango et dans les pays environnants la RDC. Ils ont intégré le 124ème bataillon de la GR surnommé « Promotion Kabeya Kamwanga » du nom du village d’origine du président Tshisekedi.

Le général de brigade Jules Banza Mwilambwe commandant adjoint chargé de l’administration et de la logistique

Jules Banza Mwilambwe un Mulubakat très proche de John Numbi qui maintient son influence au sein de la GR. John Numbi avait joué un très grand rôle dans la création du GSSP. L’actuel noyau des officiers qui composent le fer de lance de la GR sont tous pour la plupart des anciens du GSSP. Ils ont été formés au centre d’instruction militaire de Mura au Katanga par une formation commando dispensée par les Nord-coréens. La plupart de ces jeunes sont des Balubakat. Depuis, c’est ce noyau d’officiers et sous-officiers qui est aux commandes des actuelles troupes de la GR[11].

Jules Banza est artilleur de formation. C’est un ancien officier du 13ème régiment blindé de la GR commandé à l’époque par Ilunga Kampete dont il a assuré le commandement par la suite. On peut interpréter sa nomination comme une façon pour ce dernier de garder une influence dans l’armée et de ne pas provoquer une rupture dans l’allégeance envers Joseph Kabila. Un sous-officier de la GR le décrit comme étant un officier peu intègre, complaisant et tribaliste contre les non katangais.

 

Le général de brigade Ephraim Kabi Kiriza, Chef d’état-major de la GR

Le général Kabi Kiriza est un Mushi du Sud-Kivu. Kiriza a commandé le 12ème régiment d’infanterie de la GR stationné en face de l’aéroport international de Ndjili à Kinshasa.

C’est ce régiment qui est chargé d’assurer la sécurité de l’aéroport et de contrôler les mouvements des opposants sous Joseph Kabila. Sa nomination répond également à la logique de maintenir un certain équilibre politique et surtout régional proportionnel au sein de la GR où les ressortissants du Kivu constituent la deuxième composante sociologique majoritaire. Une source de la GR dit qu’il est très proche de Vital Kamerhe qui l’a proposé à ce poste.

Conclusion 

Les changements intervenus dans le commandement de la GR sont les premiers actes significatifs posés par le président Félix Tshisekedi en tant que commandant suprême des forces armées depuis son arrivée au pouvoir. Cela rentre dans ses prérogatives constitutionnelles. Il nous semble aussi logique qu’il restructure en premier lieu la Garde républicaine, l’unité chargée de sa protection et sécurité personnelle d’autant que ses rapports avec l’ancien commandant de cette unité n’étaient pas bons.

Outre son conflit avec le Président, mentionné plus haut, le départ du général Ilunga Kampete répond aussi à la pression américaine sur Tshisekedi. Les Etats-Unis, par la voix de Peter Pham, l’ancien Envoyé spécial des Etats Unis d’Amérique dans les Grands Lacs, avaient exigé de Tshisekedi de se débarrasser des généraux sanctionnés par la communauté internationale pour violations graves des droits humains. Le général Ilunga Kampete en fait partie. On peut avancer que les généraux John Numbi et Gabriel Amisi Tango Four devraient logiquement être écartés du haut commandement de l’armée quand bien même qu’ils y garderaient leur influence via des généraux liges qui les remplaceront.

L’analyse minutieuse de ces nominations renseigne qu’il s’agit en quelque sorte d’un faux exercice d’équilibrisme que l’on peut considérer comme un jeu de dupes à somme positive[12] entre Tshisekedi et Kabila. Chacun essaie de ne pas perdre la face en apparence dans une sorte de dialectique des jeux coopératifs gagnant-gagnant de façade et à faible compétition entre Kabila et Tshisekedi. Les deux parties connaissent leurs lignes de démarcation respectives délimitées et imposées par leur « deal » et la ligne rouge à ne pas franchir. L’équilibrisme se constate et se limite uniquement dans les profils sociologiques de nouveaux élus. Ils sont originaires soit du Grand Kasaï, base régionale de Tshisekedi ou du Grand Katanga, espace régional de Kabila, voire du Grand Kivu, le fief régional de Vital Kamerhe, un des facilitateurs du rapprochement entre Kabila et Tshisekedi. Il est donc clair que le régionalisme tribal semble être le paramètre le plus apparent qui a prévalu dans ces nominations.

Cependant, au-delà de l’aspect socio-régional des profils des promus, la subtilité et l’intrigue se trouvent plutôt au niveau de leurs parcours dans l’armée. Et on est en droit d’admettre que sous la fausse impression de vouloir partager les domaines régaliens avec son successeur, Joseph Kabila vient de démontrer, avec finesse, qu’il tient absolument à garder la main et le contrôle de l’armée et des services de sécurité. Il est bien conscient qu’en perdant le contrôle de ces domaines stratégiques, ce sera sa disparition politique.

Le passé katangaphile de Tshiwewe, qui ne pouvait être le numéro deux de la GR sous Kabila sans lui être très loyal ; la carrière militaire nébuleuse et rebelle pro-rwandaise (RCD-Goma) de Tshitambwe très appréciée par Kabila ou la proximité ethno-militaire entre Jules Banza Mwilambwe et John Numbi ainsi que les liens ethniques entre Kiriza et Kamerhe, désormais en conflit avec Tshisekedi, sont des indices qui ne démontrent pas que le président Tshisekedi amorce le processus de son émancipation sécuritaire vis-à-vis de Kabila, malgré quelques initiatives que Kabila essaie de lui laisser. Par ailleurs, on ne peut pas non plus dire que Kabila contrôle hermétiquement les forces armées même s’il y conserve encore une grande influence et une forte capacité de nuisance, à ne pas sous-estimer, via de solides réseaux qu’il y a établis. Il faudrait voir comment les prochaines nominations vont s’effectuer pour tirer des conclusions plus générales. On reste finalement dans une logique collaborative de changement sans rupture entre le président Tshisekedi et Joseph Kabila, profitable au président sortant, jusqu’à preuve du contraire.

Jean-Jacques Wondo Omanyundu/Exclusivité DESC
Références

[1] En sciences sociales, un entretien semi directif est une technique qualitative qui permet de centrer le discours des personnes interrogées autour de différents thèmes définis au préalable par les enquêteurs et consignés dans un guide d’entretien.

[2] L’état-major du commandant de la Gr est constitué d’un assistant, un secrétaire particulier et un aide de camp.

[3] Chacun avec un assistant, un secrétaire particulier et un aide de camp.

[4] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, L’Essentiel de la sociologie politique militaire africaine. Cas des régimes prétoriens au Congo-Kinshasa,  Amazon, 2019, p.320.

[5] Nous avions malheureusement reçu une information erronée faisant croire qu’il est un ancien officier des FAZ.

[6] Forces armées congolaises.

[7] JJ Wondo Omanyundu, Septembre rouge en RDC : Joseph Kabila dévoile son ADN politique sanguinaire. DESC, 22 septembre 2016. http://afridesk.org/septembre-rouge-en-rdc-joseph-kabila-devoile-son-adn-politique-sanguinaire-jj-wondo/.

[8] https://www.hrw.org/fr/news/2016/12/16/rd-congo-qui-sont-les-9-individus-sanctionnes-par-lue-et-les-etats-unis.

[9] Pour rappel, cette brigade, baptisée Kwata (brutal en lingala ou saisir en tshiluba), avait achevé sa formation de 18 mois à la base militaire de Kamina, dispensée par des instructeurs chinois et congolais, grâce à la coopération militaire sino-congolaise conclue en 2008JJ Wondo Omanyundu, Joseph Kabila continue à suréquiper militairement son régime en vue des échéances politiques à venir. DESC, 8 avril 2018. http://afridesk.org/joseph-kabila-continue-a-surequiper-militairement-son-regime-en-vue-des-echeances-politiques-a-venir-jj-wondo/.

[10] Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo, S/2009/603, du 9 novembre 2009.

[11] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, L’Essentiel de la sociologie politique militaire africaine. Cas des régimes prétoriens au Congo-Kinshasa,  Amazon, 2019, p.289.

[12] Un jeu à somme positive est un jeu dans lequel chacune des parties gagne quelque chose.

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One Comment “Restructuration du commandement de la Garde républicaine : qui gagne, qui perd entre Tshisekedi et Kabila ? – JJ Wondo”

  • Lidjo Makutu

    says:

    Merci pour cette analyse, Monsieur Wondo.

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