L’expert belge, condamné à mort à Kinshasa, a besoin de soins. Le directeur de la prison les lui refuse;
La Belgique ne pouvait plus se taire
Tous deux constatent une dégradation de la santé de Jean-Jacques Wondo et l’incapacité de lui conférer les soins nécessaires dans les installations de la prison. “Jusqu’ici, le directeur n’a pas encore réagi”, poursuit l’avocat qui compte, lors de ce procès en appel, sur les déclarations d’un expert du conseil national de la cybercriminalité pour battre en brèche le jugement de première instance.
Dans une interview largement diffusée sur les réseaux sociaux, cet expert, arrivé rapidement sur les lieux de la “tentative de coup d’État” aux abords du palais de la Nation, a pu s’entretenir avec le fils de Christian Malanga, l’homme qui s’est présenté comme le chef de cette bande bigarrée qui a semé la panique dans certains quartiers huppés de Kinshasa le 19 mai dernier. Pour la justice congolaise, Jean-Jacques Wondo, expert en question de défense reconnu et formé à l’École royale militaire de Bruxelles, serait le “cerveau” de cette étrange tentative de putsch.
RDC : La Belgique convoque l’ambassadeur congolais après la condamnation à mort de Jean-Jacques Wondo
Téléphone et PC envolés
Dans cet entretien, l’expert explique que le fils Malanga lui a dit qu’il avait jeté aux abords du palais de la nation le téléphone et l’ordinateur utilisés pour transmettre en direct sur les réseaux sociaux les images des “putschistes” triomphants et descendant les couleurs de la RDC pour hisser celles du Zaïre. Des appareils que l’expert, flanqué d’un colonel de l’armée congolaise, a récupérés quelques minutes plus tard avant de les confier à son supérieur, le coordonnateur du Conseil national de la Cyberdéfense, Jean-Claude Bukasa. “Or ces pièces, cruciales pour comprendre le déroulé de cette action, pour découvrir quels étaient les vrais contacts de M. Malanga, n’ont jamais été versées au dossier”, s’étonne Me Ngwapitshi qui explique encore que ce témoin privilégié, “affirme dans cet entretien qu’il n’y a aucune preuve numérique contre Jean-Jacques Wondo”.
Un autre agent des services de sécurité, contacté par La Libre confirme cette information. “Le matériel était dans un petit sac à dos. Plusieurs personnes l’ont vu mais personne ne sait ce que sont devenues ces pièces », explique-t-il avant de poursuivre : “personne ne semble se soucier de savoir comment Christian Malanga a été tué au palais de la Nation. Qui l’a abattu et pourquoi ? Tous les hommes se sont rendus sans chercher à combattre mais le personnage central a été abattu…”
Ce téléphone et cet ordinateur sont des pièces essentielles quand on sait que Jean-Jacques Wondo a notamment été condamné sur base des échanges contenus dans son téléphone et qu’il aurait effacés. “M. Wondo nie ce fait et les experts ont reconnu lors des audiences qu’ils ont été incapables de reconstituer ces éventuels messages tout en les qualifiant, de manière surréaliste, de subversifs”, poursuit l’avocat.
Manif à Bruxelles
Ce vendredi, un sit-in a été organisé par les proches de Jean-Jacques Wondo devant l’ambassade de la République démocratique du Congo à Bruxelles pour réclamer la vérité dans ce dossier et la réclamer l’accès aux soins pour l’expert militaire.