Initialement publié dans afrique.lalibre.be
La perspective de possibles opérations militaires conjointes impliquant la République démocratique du Congo(RDC), le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi et la Tanzanie contre les nombreux groupes armés actifs dans l’est congolais suscite de vives inquiétudes parmi les parlementaires congolais siégeant à Kinshasa.
« Le Sénat congolais se penchera sur la question d’une éventuelle intervention des armées rwandaise, burundaise et ougandaise dans l’est de la RDC », a indiqué mardi son président, Alexis Thambwe Mwamba, en réponse à la question d’un sénateur, selon la presse kinoise.
Lundi, le député Juvénal Munubo Mubi avait transmis au bureau de l’Assemblée nationale sa question orale avec débat adressée au ministre de la Défense et des Anciens combattants, Aimé Ngoy Mukena, sur ce dossier.
« Une bêtise qu’il faudra absolument éviter est celle d’autoriser l’entrée des troupes rwandaises, ougandaises et burundaises en RDC. L’apport de nos voisins doit se limiter à l’échange des renseignements pour combattre les rebelles FDLR, ADF et FNL. Et pas des opérations conjointes« , avait affirmé dès dimanche ce député, élu de la province troublée du Nord-Kivu.
Le lancement d’éventuelles opérations conjointes menées en territoire congolais par les Forces armées de la RDC (FARDC, l’armée gouvernementale) avec la coopération de quatre pays voisins est évoquée depuis une dizaine de jours à la suite de la publication sur des réseaux sociaux de documents attribués au chef d’état-major des FARDC, le général Célestin Mbala Munsense.
Un document de cinq pages a été relayé par un analyste des questions militaires Jean-Jacques Wondo Omanyundu – un ex-officier des Forces armées zaïroises (FAZ) diplômé de l’Ecole royale militaire (ERM) à Bruxelles – présentant les contours d’un état-major intégré, réunissant les armées congolaises, burundaises, rwandaises, ougandaises. Ces armées pourraient, selon le document, fournir des forces spéciales – avec une collaboration de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco) et de l’Africom (le commandement de l’armée américaine pour l’Afrique) sur certains aspects.
L’objectif, selon le document, serait de mener une grande offensive conjointe contre les groupes armés présents dans les deux Kivu entre novembre – en trois phases, dont la première débuterait dès le 15, a précisé M. Wondo à l’agence Belga – et mai 2020.
Cet expert a ajouté ne pas douter de l’authenticité de ce document.
Mais la mise en place d’une telle initiative soulève questions et réticences, en raison de l’histoire de la présence d’armées étrangères dans la région.
La RDC a en effet connu deux guerres au cours des dernières décennies à la suite d’ingérences de ses voisins.
La première (1996-1997) avait conduit au départ du président zaïrois Mobutu Sese Seko, chassé du pouvoir par des rebelles soutenus par le Rwanda, l’Angola et l’Ouganda, et à l’arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila. Ce dernier s’était ensuite brouillé avec ses parrains, qui avaient en riposte soutenu des groupes rebelles, plongeant le pays dans un conflit qui a impliqué, entre août 1998 et la fin 2002, neuf pays africains, parfois qualifié de « première guerre mondiale africaine« .
En 2009, du 20 janvier à fin février, les FARDC avaient mené une opération conjointe sans précédent avec les militaires rwandais, baptisée « Umoja Wetu » (« Notre unité », en swahili), pour pourchasser au Nord-Kivu les rebelles hutus des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), dont certains avaient été impliqués dans le génocide de 1994 au Rwanda.
2 Comments on “RDC : Les opérations militaires dans l’est avec les armées voisines divisent – Belga”
Tshitoko Malenge
says:Très édifiant ce desk
GHOST
says:DIVERSIONS ET CONFUSIONS
Quand le général des FARDC « porte parole » affirme qu´il ya « mitualisation » des ressources pour des opérations militaires au Congo, qui ne concernent que la sécurité des congolais.. les faits démontrent que ce général ne fait qu´une diversion pour cacher les termes des accords qui accordent aux armées rwandaises et ougandaises le droit de participer dans une opération militaire au Kivu.
https://www.politico.cd/actualite/la-une/2019/10/27/operation-conjointe-en-rdc-la-reunion-des-etats-majors-des-grands-lacs-se-termine-en-quais-de-poisson-a-goma.html
Selon ces informations, seul le Rwanda semble soutenir cette option d´une participation aux opérations militaires au Kivu tandis que l´Ouganda et le Burundi s´y opposent.
Faut-il ajouter combien la MONUSCO est assez explicite quand ses responsables disent tout le temps qu´une opération militaire conjointe avec des armées étrangères au Kivu ne figure pas dans le mandat de l´ONU?
DIVERSIONS
Il se cache quelque chose dans cette histoire des opérations militaires quand l´actuel premier ministre annonce un plan des réformes de l´armée. Le bilan du concept SOKOLA étant un echec, Felix doit devenir assez lucide: les FARDC ne doivent plus jamais s´associer avec l´armée rwandaise, pays agresseur et source de l´instabilité au Congo