“Les menaces sont limpides”, explique Jean-Jacques Wondo, joint ce vendredi par la Libre. “Ils me disent qu’ils savent où j’habite et qu’ils veulent en finir une bonne fois pour toutes”.Jean-Jacques Wondo, belge d’origine congolaise, diplômé de l’École royale militaire (ERM), est un des meilleurs spécialistes des questions militaires en Afrique centrale. Au début de l’année 2024, il avait accepté de travailler à Kinshasa pour les services de renseignement congolais, dirigés alors par le colonel-médecin Lusadisu, lui aussi diplômé de l’ERM.

Quelques mois plus tard, au mois de mai, il est arrêté par les renseignements militaires (Demiap) suite à un coup d’État raté. Emprisonné, il est désigné comme le “cerveau” de ce putsch d’opérette.

Après des mois de mauvais traitements dans les geôles de la Demiap, il a été condamné à mort par une cour militaire sur base de charges inexistantes. Une condamnation confirmée en appel. En janvier dernier, Jean-Jacques Wondo a finalement été remis en liberté et rapatrié en Belgique. Il n’est pourtant ni gracié, ni innocenté, il a été libéré par le bon vouloir du président Félix Tshisekedi dont un des frères est pointé du doigt dans le montage grossier qui a amené à l’arrestation de Jean-Jacques Wondo.

Depuis son retour en Belgique, l’expert militaire s’est fait particulièrement discret. “Je vais mieux mais j’ai vraiment souffert en prison. Je vivais dans des conditions très précaires et les accusations qui ont été portées contre moi m’ont transformé en ennemi public n°1 jusque dans la cellule où nous étions entassés avec mes codétenus. Une situation que je ne souhaite à personne”, explique-t-il.

Violence importée en Belgique

Depuis plusieurs semaines, les menaces se succèdent, notamment suite à un article publié sur son site afridesk.org en hommage au général à la retraite Sikatenda Shabani, mort à 83 ans à l’hôpital militaire du camp Tshashi où il avait été transféré après huit mois de détention dans la même prison que Jean-Jacques Wondo. L’octogénaire, ancien proche de Laurent-Désiré Kabila, avait été laissé sans soins lors de son passage à la prison de Ndolo. Plusieurs témoignages de détenus ou de militaires de faction dans cette prison ont régulièrement dénoncé ses conditions de détention.

Les commentaires publiés en dessous de cet article accusent Jean-Jacques Wondo d’être proche du mouvement rebelle AFC/M23 et de “vouloir l’assassinat du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi”.

Au début de cette semaine, un autre “commentaire” prévient “Nous allons vous réserver le sort de Pero Luwara (journaliste congolais violemment agressé à Tirlemont le 27 août, NdlR)… Cette fois, ce sera fatal…”

“La police a pris cette menace au sérieux. Elle sait que j’ai été condamné à mort à Kinshasa, elle sait désormais que ces gens peuvent frapper ici, en Belgique”, explique encore M. Wondo.

Après l’agression contre le journaliste Pero Luwara, dont la tête avait été mise à prix pour 4 millions de dollars par l’ex-ministre congolais de la Justice, les autorités belges ne peuvent ignorer qu’il y a désormais en Belgique une importation de la violence politique qui sévit en RDC. Une violence qui a contraint de nombreux opposants ou des membres de la société civile à demander et à obtenir asile en Belgique. “Il faut tout faire pour éviter que la Belgique devienne un terrain où ces gens peuvent agir en toute impunité. Les autorités belges doivent réagir sous peine de dérives mortelles”