Une libre tribune de Jean-Jacques Wondo Omanyundu
En ce jour électoral en RDC, je me permets de partager cette libre réflexion décrivant la manière dont je conçois personnellement le rôle et la fonction d’un Chef de l’Etat.
Être Président de la République, selon moi, c’est une vocation, un sacerdoce qui oblige la personne élue à la tête des institutions de l’Etat à sacrifier l’essentiel de sa vie privée et personnelle pour se consacrer pleinement à la vie de la Nation dont elle est appelée à assurer la destinée. C’est être au service de la nation et de sa population en tous temps et à tout moment. C’est un état d’esprit qui doit habiter en permanence le Président, une consécration patriotique.
La fonction de chef de l’Etat n’est pas un privilège, mais bien une responsabilité. L’autorité du président n’est pas une dictature, mais la charge lui confiée par la Nation, de conduire les destinées du pays par le contrat social et républicain qui le lie à la population au moyen d’une légitimité obtenue en principe par la voie des urnes.
L’article 69 de la Constitution est là pour le rappeler : « Le Président de la République est le Chef de l’Etat. Il représente la nation et il est le symbole de l’unité nationale. Il veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des Institutions ainsi que la continuité de l’Etat. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, de la souveraineté nationale et du respect des traités et accords internationaux ».
Dans une démocratie, un président n’est pas placé à la tête des institutions, non seulement pour s’emparer du pouvoir à son profit personnel ni au profit de son cercle d’amis ou son clan familial en usant abusivement d’un poids de supériorité et de domination abjectes, condescendantes et écrasant sur ses concitoyens, ni pour exercer un pouvoir égocentrique, népotique ou patrimonial. Le Président, père de la nation, est appelé à gérer son pays en bon père de famille, à l’instar d’un bon père de famille s’active à tout faire pour satisfaire pleinement les besoins de sa famille. Il en est de même pour un chef de l’Etat dont la mission, le sacerdoce, est de rechercher le bien-être intégral de son peuple, en plus d’être constitutionnellement le bon garant du bon fonctionnement des institutions. C’est-à-dire être au-dessus de la mêlée et non un président partisan, sectaire et clivant, mais bien un arbitre dont la mission est de bien diriger et gérer le pays et de veiller à la cohésion nationale et sociale.
Dès lors, dans l’exercice de sa fonction présidentielle, il cesse d’appartenir à un camp politique, religieux, régional ou ethnique, pour devenir le président de TOUS les Congolais, sans exclusive, de tous les politiciens, du pouvoir comme de l’opposition. C’est sur la base de son rôle d’arbitre et de chef de l’Etat que lui sont conférés également et durant l’exercice de son mandat, les titres de commandant suprême des forces armées et du magistrat suprême.
Par ailleurs, la fonction de commandant suprême des forces armées et de police est une fonction politique. Elle ne lui octroie pas de pouvoir opérationnel sur l’armée, mais un pouvoir stratégique, dans le cadre de sa collaboration avec le Gouvernement comme le précise l’exposé des motifs de la Constitution : « Bien plus, les affaires étrangères, la défense et la sécurité, autrefois domaines réservés du Chef de l’Etat, sont devenus des domaines de collaboration. Cependant, le Gouvernement, sous l’impulsion du Premier ministre, demeure le maître de la conduite de la politique de la Nation qu’il définit en concertation avec le Président de la République. » La fonction de commandant suprême n’est donc pas conférée pour en abuser de manière tyrannique, autocratique, autoritaire et inique, mais bien pour assurer la paix sociale et veiller à la sécurité de tous, à la régulation de l’ordre sociale et de la justice.
Ainsi, l’autorité du président sera un service de la recherche de la sécurité et du bien-être de ses concitoyens et du développement de son pays. Dans cet objectif, pour réussir son mandat, il doit bannir toutes sortes de compromissions, de clientélisme et d’anti valeurs. Il devra absolument s’entourer de collaborateurs compétents, patriotes et intègres envers qui il doit prêter l’oreille quotidiennement.
En tant que père de la nation, en bon chef de la famille, il prendra des décisions bien réfléchies en amont qui visent l’intérêt général et l’intérêt national.
Le chef de l’Etat a donc l’obligation constitutionnelle de garantir le bon fonctionnement des institutions censées assurer la bonne marche de la nation. Il devrait tout faire et ne ménager aucun effort pour garantir le bien-être de ses concitoyens. Il ne devra ménager aucun effort pour éviter que les troubles, de quelles que natures que ce soient, ne viennent troubler la sécurité et la paix de ses concitoyens et la bonne marche du pays. En bon berger de sa population, il veillera constamment à ce que tous aient droit au bon pâturage, c’est-à-dire à un bon logement, à de bonnes conditions d’enseignement et de formation, aux emplois et à un pouvoir d’achat dignes, aux soins de santé décents, etc.
Le président doit être enfin un rassembleur qui doit continuellement veiller à l’unité de son pays. Il doit éviter des discours clivants et des comportements suscitant des divisions et la haine.
Bref, être Président de la République est une grosse responsabilité ! C’est un engagement patriotique sacré. Selon le dictionnaire CNRTL, le patriotisme, du bas latin « compatriote » désigne « l’attachement profond et le dévouement à la patrie ». Tout y est dit !
Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Analyste politique