Les Congolais misent sur le président de la République comme autorité ultime pour régler les défis qui les tiennent à cœur. Le président issu des élections est considéré comme étant le représentant du peuple mobilisé en masse d’électeurs. Il a une forme de mandat impératif de satisfaire les besoins du peuple politiquement mobilisé, en application de ses promesses de campagne. Un regard objectif sur la situation du Congo fait ressortir plusieurs défis qui attendent le président dans la relation de confiance dont il peut bénéficier de la part du peuple congolais : sécurité, développement, diplomatie, justice…
Défense et sécurité
Le pays est confronté à une crise sécuritaire de longue durée marquée par les interventions militaires du Rwanda sur le sol congolais sous le masque de groupes armés, et la résistance des populations congolaises derrière des groupes armés d’autodéfense. La conséquence humanitaire est que plus de 6 millions de Congolais sont en situation de déplacés de guerre en interne en plus des centaines de milliers exilés dans les pays étrangers. Un président doit s’occuper personnellement des crises graves de cette nature. Ces affrontements ont jusqu’à présent été gérés de façon catastrophique par des négociations aboutissant à des mécanismes de brassage et de mixage des forces ennemies à l’intérieur des appareils d’État, entraînant, de fait, la paralysie des services de l’Etat face à l’activisme des mouvements armés, nationaux et étrangers.
Le président doit s’engager publiquement à ne plus accepter des négociations avec les groupes armés, ce que le parlement congolais a déjà recommandé dans une résolution. L’armée, la police et les services de renseignement doivent être purgés d’éléments désastreux et bénéficier de recrutements puisés dans la jeunesse patriotique avec des idéaux du devoir de résultats sur le terrain.
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Développement
La situation économique du pays est celle d’un vaste chantier que le président doit aborder avec hauteur. Le Congo a des ressources naturelles immenses qui doivent être mises en contribution pour la construction des infrastructures : routes, écoles, hôpitaux. Le pays a l’avantage d’avoir une population majoritairement jeune et active que le président doit envoyer de façon motivée sur des chantiers innombrables dont le pays a besoin : les routes entre les provinces, les chantiers des écoles, les hôpitaux, les lignes électriques, l’assainissement des circuits du commerce…
Justice et cohésion nationale
Un Congo en paix dans la durée exige du président qu’il fasse débattre du rapport Mapping au parlement et dans l’opinion nationale pour que la nation soit purgée des salissures des années de guerre. Pour rappel, le Mapping report (ou rapport Mapping) est un document publié en 2010 par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Il documente les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre 1993 et 2003 en République démocratique du Congo (RDC). Il présente des preuves concrètes de violations massives et systématiques des droits de l’homme, notamment des exécutions sommaires, des viols et autres formes de violences sexuelles, des actes de torture, des disparitions forcées, ainsi que des pillages et des destructions. Le rapport Mapping est un document historique important. Il a eu un impact significatif sur la reconnaissance de la gravité des crimes commis au Congo. Il sert actuellement de base aux poursuites judiciaires internationales, comme dans l’affaire Roger Lumbala poursuivi devant la justice en France. Un tribunal international sur les crimes documentés dans le rapport Mapping purgerait le pays de ces années sombres et placerait la gouvernance sur des bases saines.
Diplomatie
La stabilité du Congo, à long terme, doit s’appuyer sur la coopération avec les pays stables de la SADC dans la perspective d’une intégration dans le camp des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Les relations traditionnelles avec les partenaires occidentaux doivent être maintenues chaque fois qu’il y va des intérêts stratégiques du Congo. Mais à long terme, le Congo doit se mettre en chantier vers une dynamique de souveraineté du Sud global en renforçant ses liens entre le pouvoir de Kinshasa et le peuple, en interne, et en s’alliant avec des partenaires stratégiques opposés à la domination impérialiste occidentale.
