RD Congo : Entre l’impasse politique et le décollage
Synopsis du séminaire de formation tenu en Italie
Ce jour de samedi 28 mai 2016 est entré dans les annales de l’histoire congolaise grâce à la tenue d’un séminaire de formation dans le Nord d’Italie sur le thème général : « Rd Congo : entre l’impasse politique et le décollage » et animé par de brillants orateurs, en l’occurrence le professeur Fweley Diangituka, Jean-Jacques Wondo, Claude Mwangelu, Germain Nzinga Makitu, Fortuna Ekutsu Mambulu et Micheline Mwendike de la Lucha.
Balisé d’entrée de jeu par un discours d’ouverture prononcé par la coordination de la Dynamique de la diaspora congolaise en Emilia Romagna, l’ensemble de conférences approfondies interactivement par la suite dans des travaux d’atelier très animés a essayé de scruter l’horizon des échéances électorales de décembre 2016 et de relever , chaque conférence dans son domaine de recherche, autant les failles de la classe politique congolaise et de ses administrés que les propositions concrètes pour booster un État de droit dans ce vaste pays habitué à vivre dans une crise permanente depuis son existence.
Ce travail de synthèse procédera méthodologiquement de la manière suivante : dresser le tableau général des ressorts relevés par tous les conférenciers et qui sont à la base de l’impasse politique en Rd Congo puis énumérer les propositions concrètes qui ont été mises sur table pour guérir le grand Congo malade de sa mauvaise gestion aux fins de booster son redécollage.
Sur le volet politique et géopolitique sur le sous-thème « Les différents scénarios politiques prévisibles aux échéances électorales en Rd Congo en 2016 », le professeur Fweley Diangituka, parlant avec l’autorité reconnue à tout véritable maitre penseur, a suspendu tout l’auditoire à ses lèvres par la maitrise de sa communication. Partant du questionnement fondamental « d’où l’on vient, où l’on est et vers où l’on va ? », ce brillant politologue a cherché d’entrée de jeu à faire une évaluation rapide de la situation politique, de 1960 jusqu’aujourd’hui, avant de conclure à cet amer constat de l’échec des congolais sur tous les plans pour faire de leur pays une nation viable et respectée.
Parmi les échecs qui expliquent cette impasse congolaise, il a entre autres énuméré :
L’échec de l’appellation même du pays « République Démocratique du Congo ». La démocratie étant un idéal vers lequel chaque pays marche, aucun pays ne peut se déclarer démocratique à cent pour cent. A chaque avancée, se présentent de nouvelles exigences appelant les citoyens à inventer de nouvelles solutions. Et une république étant d’essence démocratique dans la mesure où elle réclame l’indépendance de ses trois piliers l’exécutif, le parlementaire et la judiciaire, parler d’une république DÉMOCRATIQUE est une répétition qui cache autre chose, une redondance qui à l’instar de la RDR (la république Démocratique de l’Allemagne de triste mémoire à l’époque de la guerre froide) masque difficilement une volonté totalitaire de la part des dirigeants.
Le fait même que depuis 1960, notre pays se livre à des changements constants de noms démontre l’existence d’un sérieux problème de mise en pratique du principe de la continuité de l’État.
Le vote est injustement réservé à une minorité dans la mesure où seuls sont élus ceux qui détiennent des moyens financiers. Ce vote sélectif, réservé aux riches (pouvant payer la somme de 50.000 $) crée des inégalités inacceptables dans le processus d’un cycle électoral voulu libre, transparent et démocratique, réservant à TOUT citoyen de se faire élire.
Cette discrimination procédurale des candidats va plus loin jusqu’à toucher aux droits inaliénables des électeurs eux-mêmes. Depuis les deux premiers scrutins (2006 et 2011), les congolaises et les congolaises qui étaient alors considérées comme mineurs mais qui entretemps sont devenus majeurs ne sont toujours pas insérés dans les listes électorales.
Par ailleurs, les autres congolaises et congolais de la diaspora comptés en millions de personnes n’ont pas eu le droit de voter pour des raisons inavouées. Au même moment, tout le monde voit des centaines de milliers des populations allogènes traverser des frontières à l’Est pour venir élire en faveur d’un candidat bien identifié. Et quand dans le prochain scrutin, la CENI cherche à prendre finalement la mesure d’intégrer la diaspora dans le processus électoral, il est fort à craindre que les organisateurs ne veuillent se servir en fin de compte de la même diaspora comme outil de FRAUDE via des représentations diplomatiques.
L’échec du respect de la constitution révisée plusieurs fois sur de nombreux aspects, entre autres modifications : a) l’âge du candidat aux présidentielles congolaises qui était fixé à 40 ans dans la constitution de 2006 a été réduit à trente ans ; le débat public médiatisé qui devrait sanctionner les deux candidats du second tour a été purement et simplement supprimé ; c)L’élection présidentielle elle-même prévue à deux tours a été unilatéralement réduite à un seul tour ; d) L’on est frauduleusement passé du suffrage direct au suffrage indirect avec un président national désormais élu par le seul parlement. Ce faisant, l’on a cherché à imiter faussement ce vote indirect se pratiquant dans des États fédéraux. Dans un État UNITAIRE comme la Rd Congo, un chef de l’état élu doit être POPULAIRE, à entendre par là accepté par les différentes couches sociales et représentant la diversité qui caractérise ce pays-continent.
La volonté délibérée de votes électroniques à l’aide de nouvelles technologies informatiques pour favoriser les fraudes massives parce que difficilement contrôlables ;
Depuis 1965, cette culture politique des hommes forts ou des hommes violents qui s’emparent du pouvoir en Rd Congo, instaurant du coup la logique renversante des hommes intelligents et compétents qui se mettent au service des violents et des anarchiques. D’où la triste situation de manque de passation pacifique de pouvoir entre le chef d’État sortant et celui entrant.
La déception occasionnée par le pouvoir judiciaire congolais, caporalisé depuis par l’exécutif et sabordant en même temps le principe démocratique de la séparation des pouvoirs. C’est le cas de la Cour Constitutionnelle interprétant tout récemment les articles de la Loi fondamentale pour cautionner le glissement électoral de manière à ce que tous ceux qui sont actuellement au pouvoir s’arrangent à ne jamais organiser les élections pour prolonger leur maintien illicite et illégal au pouvoir.
A ce propos, il est urgent de noter que l’article 70 stipule que trois mois avant la fin du mandat, le gouvernement doit préparer les élections. Trois mois avant signifie le 19 septembre 2016. Dépassée cette date, le peuple le souverain primaire dira clairement : « On ne vous fait plus confiance ».
Dans la suite de sa communication, le professeur Fweley Diangituka a posé une seconde interrogation de fond :
« Que faire pour que notre pays cesse d’échouer ? »
Il propose à cet effet trois pistes de solution :
PISTE n°1 : Respecter impérativement le cadre légal et stabiliser les institutions.
Il s’avère que les mandataires de l’État actuellement au pouvoir ne le respectent pas. Ils témoignent tous une volonté politique délibérée de saboter les élections de 2016 pour perdurer frauduleusement au pouvoir.
A titre d’exemple, la non-élection des députés et sénateurs en 2011 fut le premier test pour préparer la fraude de 2016 ; L’ouvrage du prof. Evariste Boshab (Entre la révision de la Constitution et l’inanition de la nation) voulant justifier l’injustifiable et nommée par après Vice-Premier Ministre de l’Intérieur, ce ministère même chargé de parrainer la CENI et ce, malgré la réaction musclée du professeur Mbata le 19 juin 2013; la marche pacifique des congolais en janvier 2015 réprimée dans le sang et suivie des fosses communes à Maluku et de la ridicule théorie gouvernementale des mort-nés ; le dialogue convoqué et hors délai et enfin l’arrivée d’un facilitateur jouant le jeu du pouvoir pour faire tirer les choses sen longueur etc.
PISTE n°2 : Constituer un FRONT COMMUN des forces de changement
Des analystes pointus observent que si le PPRD n’aligne pas Joseph Kabila, il présentera un autre candidat qu’il a déjà identifié mais dont il tait le nom. Entretemps le PPRD s’organise pour infiltrer l’opposition et la diviser. D’où l’urgence d’un FRONT COMMUN qui se choisirait une tête de proue pour se coaliser contre ce projet de grande fraude électorale en cours. L’urgence également de dresser un portrait robot de ce représentant du FC. Son profil doit être établi avec des critères clairs et son choix partira non du populisme mais de cette grille.
PISTE n° 3 : Imposer une période transitoire
La stratégie du régime au pouvoir consiste à faire pourrir la situation politique pour à la fin surprendre une opposition divisée et mal organisée, ayant accumulé beaucoup de retard et privée périlleusement d’une stratégie globale. Pour parer à toute désagréable surprise, l’illustre orateur propose que les forces du changement et le peuple congolais imposent dès la fin du deuxième et dernier mandant de Joseph Kabila, une période transitoire.
Celle-ci peut durer un à trois ans. Elle doit avoir un cahier de charges et rendre compte au peuple en toute transparence de la gestion de ladite transition portant à des élections véritablement démocratiques . Elle doit être animée par de nouvelles autorités n’ayant rien à avoir avec la mal gouvernance des anciens barons PPRD. Point n’est besoin d’ajouter que cette période transitoire ne sera possible qu’à la seule condition que Joseph Kabila ne soit plus à la tête de l’État, le considérant ainsi non seulement comme président sortant mais aussi comme président partant.
Concernant le volet des enjeux sécuritaires et militaires pour un Congo nouveau dès 2017, l’analyste Jean-Jacques Wondo a tenu vive l’attention de son auditoire, lui expliquant dès le départ la raison pour laquelle l’armée est à la base de la construction d’une nation et par conséquent l’importance stratégique du rôle sociopolitique de l’armée dans la construction de l’État dans des pays en quête de stabilité.
Il s’est employé méthodiquement à faire un parcours panoramique sur le contexte général de l’armée congolaise avant 1960, démontrant comment la force publique (et non l’armée) a participé au système d’exploitation colonial dur et paternaliste reposant sur la triple alliance : État- Église- Entreprise. Depuis le décret de Léopold II en 1885, la Force publique est restée une gendarmerie appelée à maintenir l’ordre plutôt qu’à défendre le territoire national.
Aux heures des indépendances en 1960, une armée nommée ANC naitra par césarienne, sans préparation des officiers et avec la grande négligence des nouveaux leaders congolais qui iront discuter de la politique et de l’économie à la Table Ronde sans aucune allusion à l’armée qui est pourtant un des symboles majeurs de la souveraineté d’une nation. Dés le début de son existence, l’Armée Nationale Congolaise sera une armée des mutins, commandée par des officiers étrangers, belges, et bien hélas habituée depuis à fonctionner jusqu’à ce jour (Cf MONUSCO) sous assistanat de la communauté internationale.
En effectuant une radioscopie de la Force Publique jusqu’à la FARDC, il est observé un manque criant de la continuité de l’État dans ce sens que chaque régime au pouvoir tient à se donner sa propre armée. D’où la panoplie des dénominations : la Force Publique (1885-1960) ; ANC (1960-1971) ; FAZ (1971-1997) ; FAC (1997-2003) et FARDC (depuis 2003 à nos jours) toutes caractérisées par une perversion, intraversion, interversion et subversion notoires.
Au déficit de continuité de l’État, il faut ajouter à l’actif de la même armée son incapacité à anticiper et sa massive infiltration via des opérations de brassage et de mixage ; le dédoublement volontaire des structures des FARDC au profit de CNDP jusqu’au point où la haute hiérarchie militaire est elle-même mise en cause dans le revers subi par la FARDC à Goma. Désorganisation totale dans la chaine de commandement; des nombreuses trahisons de la part des officiers ; interventions récidivées des ordres de trêve et cessez-le-feu à chaque fois que les troupes amies sont en position avantageuse etc. font de l’armée congolaise la risée du monde.
Il va sans dire que le nerf de cette guerre qui se déroule sur le territoire congolais et les massives infiltrations dans les forces armées nationales partagent l’unique et même objectif commun qu’est la prédation des matières premières congolaises. Et à noter à ce point précis combien le Rwanda est la plaque tournante de ce commerce illicite de matières précieuses congolaises, avec bien entendu la complaisance et la complicité de la communauté internationale.
Tout ce qui précède démontre à quel point le Congo est sous la « télégouvernance » à partir de l’Occident sans jamais négliger le rôle très important de la piteuse complicité des congolais eux-mêmes. Parmi ceux-ci, il faudra dénoncer des actes politiques irresponsables qui font peser une grave menace sur l’avenir du Congo. Parmi ces actes, il sied d’énumérer les décisions telles les nominations politico-ethnico-régionales en vue de la période électorale ; l’incertitude grandissante sur les prochaines élections et l’avenir politique du pays faisant le lit d’un énième coup d’état ; le surarmement de la garde républicaine ; le risque élevé des mutineries ou d’un soulèvement populaire dans un clash avec l’armée ou la police.
Devant ce tableau sombre, que faire ? Pour répondre à cette question, l’orateur a remis sur table l’urgence de respect de deux principes en vue de refonder une armée nationale et républicaine :
RESPECT DU PRINCIPE n° 1 :
La création d’une armée républicaine et la sécurisation de la RDC exigent un leadership patriotique et compétent, une vision et une volonté politiques intérieures fortes des acteurs congolais + Ownership d’autant plus que Le besoin et la demande pour la Réforme de l’armée émanent des acteurs extérieurs, non des Congolais.
RESPECT DU PRINCIPE n° 2 :
Changer de paradigme : « L’armée républicaine est avant tout une affaire des Congolais » Les Congolais doivent redevenir maîtres de leur destin. Comment? L’auteur propose quelques mesures, non exhaustives :
L’Armée doit devenir une institution: le pilier de l’ordre politique, qui assure l’intégration du système polit.
Créer une vision d’une Armée Républicaine dont la mission doit se baser sur la projection de forces : (Forward Defense) : Aller intercepter les menaces en amont, au-delà de nos frontières
Concevoir et envisager un modèle d’armée ayant des capacités de haute intensité qui présente un meilleur ratio coût/efficacité – Budget/Effectif
Former une Armée capable d’être déployée et de se faire respecter sur l’ensemble du continent, voire dans les autres zones brûlantes de la planète.
Eléborer Plan National de la Sécurité Intégrale doté d’un fonds spécial pour la restauration et le maintien de la sécurité
Mécanisme de prélèvement des taxes additionnelles en vue de la contribution aux efforts de paix
Amélioration des unités opérationnelles et chaînes de Commandement : Accroître l’autorité et l’autonomie Ops du CEMG
Augmenter les salaires – Améliorer des conditions de travail
Inculquer et renforcer les capacités de gestion administrative, financière et logistique
Reformer la justice militaire / Notions de droits de l’homme / Combattre l’impunité
Concernant le volet Penser et agir en réseaux, nous avons eu l’insigne honneur d’accueillir de Paris un brillant esprit et un digne fils congolais qui nous a porté au colloque un nouveau et enrichissant son de cloche qui a édifié tout l’auditoire. Claude MWANGELU venant représenter l’ONG dénommée ElikHia part d’un constat essentiellement à prendre en compte dans les nouveaux paradigmes qui règlent la gouvernance des peuples dans ce 21e siècle. Nous informe-t-il : « La vraie richesse d’un pays, ce n’est pas la richesse matérielle mais l’intelligence de ses fils ».
Ceci dit, réunir des cerveaux congolais devient la priorité des priorités pour nous donner une nouvelle vision de notre société et reconstruire ainsi l’architecture, à savoir une idéologie politique qui devient la balise de toutes les forces de progrès. Jusque là le ralliement de tel opposant à tel leader est le signe manifeste de déficit idéologique dans le chef des opérateurs politiques congolais.
Le réseautage des divers cerveaux congolais dans un THINK TANK visera avant tout à influencer un courant de pensée et d’action, bref une nouvelle dynamique qui cherchant le changement radical, appellera au respect de la constitution. Ce, déjouant les pièges de acteurs du statu quo ayant travaillé pour l’absence des cartes d’identité aux citoyens congolais, pour le vote en 2011 par fichier électoral pour favoriser la fraude sacrifiant ainsi depuis 1997 toute une génération avec des répercussions incalculables sur l’avenir du pays.
Parlant au nom ELIKHIA, Claude Mwangelu précise d’emblée que ce concept lingala traduisible comme espoir est une plate-forme collaborative offrant à chaque congolais de participer à ce travail interactif par ses analyses et productions intellectuelles en vue de produire des solutions innovantes et opérationnelles pour notre pays.
Ce Think Tank n’est pas un club d’experts. Au contraire, il appelle de tous ses vœux la contribution de toutes les congolaises et les congolais pour élaborer un nouveau projet de société.
ElikHia (remarquez le H majuscule) comme espoir d’un Congo nouveau, d’un État de droit et comme symbole de l’aspiration du peuple congolais pour le changement prône ainsi vise cet idéal : H comme l’Homme congolais au centre de nos préoccupations ; H comme rupture avec nos Habitudes, ruptures avec les anti-valeurs ; H comme valeurs Humanistes.
Tout ce nouvel idéal repose sur quatre valeurs fondamentales :
l’Amour du Congo qui nous pousse au dépassement de soi, passant de la logique de « Moi Je » à celle de l’intérêt général
la Probité pour lutter contre les injustices contre les anti-valeurs ;
le Respect des textes, des lois, des institutions, des engagements pris, de soi et d’autrui ;
le Travail pour mobiliser les énergies de tous et initier le changement.
Dans la IIe Partie du Séminaire de Formation sur l’alternance démocratique qui a été organisée dans les après-midi du même samedi 28 mai 2016 à la lumière du même thème général « Rd Congo : Impasse politique et décollage”, il a été question d’aborder la dimension sociale de cette impasse et la quête interactive des pistes de solution via les travaux d’atelier sanctionnant le débat d’idées.
La première intervention aura été animée par Germain Nzinga Makitu sur le sous-thème « La bataille de l’information dans la reconquête de la souveraineté nationale ». D’entrée de jeu, l’orateur a fait une importante mise au point sur les deux agendas diamétralement opposés qui régissent présentement la vie politico-sociale en Rd Congo. Pendant que le peuple continue de rêver une éventuelle tenue des élections libres, transparentes et démocratiques comme s’il se trouvait encore en temps de paix normale, le pouvoir en place, lui, a entrepris depuis deux ans à aller à rebours des dispositions constitutionnelles et à imposer sa volonté de se maintenir coûte que coûte au pouvoir.
Pour ce faire, il a entrepris de mener une guerre atypique consistant à distiller des informations fausses pour manipuler le peuple et prendre de l’avance sur lui pour le surprendre au jour J. On est ni plus ni moins en présence d’une rude bataille dite guerre de l’information qui fait également l’objet de notre présente étude.
Qu’est-ce donc la bataille de l’information ? Dans cette société postindustrielle dont la richesse n’est plus matérielle mais bien plus les connaissances immatérielles ou l’information, la guerre de l’information, ce sont ainsi toutes ces méthodes et actions visant à s’acquérir le maximum d’informations augmentant sa supériorité informationnelle tout en altérant l’information de l’adversaire, ses possibilités d’action et de réaction pour défendre ses propres systèmes.
Cette bataille dispose aussi de ses armes propres dites médiarmes parmi lesquelles l’orateur a énuméré entre autres: les symboles, les images, les électrons, les réseaux, la caméra, les rotatives de l’écran, des souris, des vecteurs, des capteurs, des satellites, un code, une clef qui vous donne le sens véritable d’un cryptogramme ou encore un mot de passe protégeant des zones de cybermonde, un virus capable de pervertir le système informationnel de l’adversaire etc.
Après avoir fixé son auditoire sur l’environnement conceptuel de la bataille de la guerre, Germain Nzinga a procédé à dresser le portrait robot des antagonistes de la bataille de l’information telle que celle-ci se déroule au Congo-Kinshasa et les stratégies de communication de chaque camp.
Le premier protagoniste de cette bataille est bien le régime Kabila auquel il faille adjoindre les actions souterraines des stratèges soit Tutsis soit katangais qui en forment la ceinture la plus rapprochée. Ce camp monopolisent les médias de l’Etat procède par de multiples manœuvres dilatoires aux fins d’embrigader l’opinion congolaise avec, à la clé, ses plans de prolonger illégalement le deuxième et dernier mandat présidentiel censé finir le 19 septembre 2016.
Ces loups garous reçoivent une aide appréciable d’un autre allié constitué des multinationales et des puissances occidentales dont les médias dominants exercent un blackout sur les vrais ressorts de la crise congolaise et tiennent à réserver leur tribune uniquement à des faux opposants jugés par eux et pour des raisons évidentes de leurs intérêts géostratégiques et géoéconomiques comme meilleurs candidats présidentiables mais qui sont en réalité leurs cartes de réserve dans le cas où leur laquais au pouvoir arrivait à partir ou à quitter par la pression de la rue.
Le deuxième protagoniste de cette bataille qui s’inscrit en faux contre le statu quo possède un triple visage :
Les forces intelligentes pro-alternance parmi lesquelles il sied d’énumérer les animateurs dans la blogosphère et les sites web ; les auteurs des ouvrages ou autres publications scientifiques remettant en cause toute l’architecture de mensonges de l’ennemi ; les animateurs des images dans la vidéosphère et les nombreux commentaires circulant entre internautes sur des réseaux sociaux.
Les Forces de résistance communément appelées « les combattants » en majorité vivant en diaspora mais aussi de plus en plus présentes sur le terrain et qui se sont rendues célèbres à travers des protestations sur des places publiques, parfois avec des séquestrations provisoires des officiels d’ambassades congolaises ou le cabotage du cortège présidentiel etc. Le tout avec le large support médiatique des images prises sur le vif pour déstabiliser l’adversaire.
La fougue imprévisible des masses populaires congolaises qui gonflent les agglomérations urbaines et dont l’impatience, l’irritabilité, la mobilité et les nombreuses frustrations deviennent de plus en plus une bombe à retardement pour le pouvoir en place.
Après la description du profil des antagonistes de la bataille en question, l’orateur a avantageusement défini le mode opératoire de deux camps. Si le camp du pouvoir procède tour à tour par l’art de faire croire, la stratégie du secret, par l’art d’infiltrer l’adversaire sous le mode de chauve-souris, par la saturation de flux informationnels en vue de l’asphyxier, le camp adverse quant à lui réagit par des stratégies des commandements polycentriques via des médias alternatifs, décidé en même temps de révéler au grand jour toutes les manœuvres du pouvoir cherchant à mentir le peuple ou à le désinformer.
A ces diverses stratégies, l’orateur a mis le doigt dans la plaie béante des forces pro-alternance démocratique, laquelle plaie constitue bel et bien leur talon d’Achille et les empêche de prendre de l’avantage sur leur coriace adversaire. Parmi ces faiblesses, il a listé leur ignorance quasi-totale de l’adversaire ; leur ignorance quasi-totale d’elles-mêmes ; le vide stratégique de forces de résistance qui les contraignent à naviguer à vue ; leur manque criant d’anticipation qui les fait subir à tout moment des actions de l’adversaire au lieu de pouvoir le « semer » ; leur incapacité à travailler sur la durée ; leur non diversification des moyens de cyber dissidence ; leur discours plus indicatif que subjonctif qui se limite sur le court terme au lieu d’ouvrir des horizons inexplorés et enfin la position incapacitante de la plupart des leaders de la résistance vivant loin des zones opérationnelles et n’étant plus comme des poissons dans l’eau, se privant par là de la meilleure connaissance du terrain et de l’action plus propice à s’adapter en temps réel aux nouvelles situations et à leur trouver des solutions plus efficaces.
Devant toutes ces limites du camp du faible, l’orateur propose quatre pistes de solution pour espérer reconquérir la souveraineté nationale :
La piste de prise de conscience vive du changement d’ère passée à la société postindustrielle et de nouveaux moyens y afférents pour comprendre quelles sont à présent les nouvelles frontières territoriales imposées par la société postindustrielle et quelles sont les nouvelles armes pour défendre leur intangibilité.
D’où pour s’y faire, l’urgence de mettre en place des brigades ou des bataillons de l’Information qui auront précisément comme tache de faire des reconnaissances dans les réseaux du monde, de les cartographier et d’y chercher des failles. Ces brigades à elles seules sont censées détenir l’immense pouvoir de paralyser un Etat ou un régime, de le rendre ingouvernable, d’annihiler la volonté adverse de riposte sans coup férir.
L’urgence et la nécessité vitale et stratégique pour les forces pro-alternance démocratique de se doter à la fois de la maîtrise de nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC) et la capacité de travailler en réseau coordonné et en travail interactif entre les masses populaires et ces brigades ou des bataillons vue d’espérer pourvoir gagner cette guerre de l’information.
L’urgence d’appliquer au profit des masses populaires congolaises le plan nommé « Springfiled Plan » qui est un plan de contre-propagande évitant au peuple congolais de penser et d’agir selon la volonté manipulatrice du pouvoir via la transfusion ou la contagion informationnelles tout en le dotant d’une grande capacité sélective vis-à-vis des informations lui fournies par les mass-média.
L’important en toutes ces dispositions stratégiques, c’est de renforcer la capacité d’accumulation des informations de la part des forces pro-alternance démocratique, de savoir les traiter en vue d’en tirer des décisions justes qui ouvrent à des actions efficaces et décidément libératrices.
A l’horizon des échéances électorales de novembre 2016 qui signeront soit la persistance de l’impasse soit l’avènement d’un nouveau décollage politique pour reconquérir ou non la souveraineté de la Rd Congo, le seul camp qui peut espérer gagner cette bataille sera celui qui aura maîtrisé les arcanes de la guerre de communication, affaiblissant derechef le système de l’autre tout en prenant un énorme avantage sur lui pour lui imposer son mode opératoire, son idéal politique et son rêve social.
La deuxième intervention animée par Fortuna Ekutsu Mambulu et planchant sur le sous-thème « La culture panafricaine comme réponse aux guerres dans la région des Grands Lacs » entre en syntonie avec la précédente en valorisant justement la dimension géoculturelle qui n’est rien d’autre qu’une seconde arme tout autant importante à côté des considérations politiques, sécuritaires et militaires. C’est comme pour dire en d’autres termes que la Rd Congo n’est pas une entité politique isolée et que la résolution de ses problèmes politiques et sécuritaires doit s’intégrer dans une vision régionale et continentale plus large.
Le panafricanisme qui est à la fois une vision sociale, culturelle et politique d’émancipation des Africains et un mouvement visant à unifier les Africains du continent et de la diaspora africaine en une communauté africaine globale devient ainsi une grande opportunité pour juguler les conflits qui déchirent l’Afrique.
Le cœur même de son principe est la croyance que les peuples d’Afrique et de la diaspora partagent une histoire et une destinée commune et que leur progrès social, économique et politique est lié à leur unité. Son objectif ultime est la réalisation d’une organisation politique intégrée de toutes les nations et peuples d’Afrique.
Et que par conséquent, l’essence de la pensée panafricaniste est l’idée selon laquelle la solidarité entre les africains, en Afrique ou dans la diaspora, soit l’unique issue qu’ont ces derniers pour lutter contre les différentes adversités auxquelles ils font face. Ce n’est donc qu’ensemble que les africains peuvent sortir de la situation de faiblesse structurelle que caractérise leurs différentes sociétés aujourd’hui sous l’emprise de la domination étrangère. Une domination, qui, trouve même dans la division des africains le moyen de sa propre pérennisation.
Ayant légué aux nouvelles générations, une riche historiographie, des institutions panafricaines puis un patrimoine intellectuel et culturel, des nombreuses batailles telle celle contre la traite des esclaves, le panafricanisme a plutôt entretenu une relation amère avec la République Démocratique du Congo qui s’est vu refuser l’aide militaire des pays africains aux premières heures de son indépendance ou qui s’est vu dès 1996 à nos jours, attaquée par de nombreuses armées africaines
L’histoire récente de la Rd Congo faite des conflits entre armées africaines sur le sol congolais exprime l’échec de la fraternité africaine, du panafricanisme dans son essence même de solidarité panafricaine, en ce qui concerne son rapport avec les conflits en RDC. Pour être plus concret, la situation qui prévaut à Béni en ce moment indique l’échec même du dernier accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la Région des Grands Lacs, signé en février 2013 à Addis-Abeba, capitale éthiopienne et siège de l’Union africaine.
Mai qu’à cela ne tienne, l’on ne doit aucunement désespérer de l’avenir. L’on doit utiliser à bon escient la culture panafricaniste pour refaire du Congo le centre névralgique de la croissance et de la stabilité de la sous-région Des Grands Lacs.
L’orateur a porté son auditoire à une vision pragmatique considérant le panafricanisme et la « Renaissance africaine » comme une des voies pour instaurer la paix en RDC et dans la Région des grands lacs. Mais il avertit quiconque parle du paradigme du développement africain d’opérer un état de lieu, une certaine remise sen question de certains concepts abusivement employés et qui ont conduit beaucoup à réduire le développement à une simple question de rattraper le niveau économique et politique des pays dits riches.
Ce, avec les conséquences que nous savons en termes de naissance de des pouvoirs centraux trop forts ou dictature, d’un système éducatif hétérocentré parce que dispensé dans une langue étrangère, une économie extravertie basée sur la vente des matières premières ou encore actuellement bradant pour quasi un siècle, des hectares des terres aux multinationales.
Pour se libérer de cette mimétique de la culture politique et économique occidentale, les africains n’ont pas d’autre choix que se doter la culture du panafricanisme et de la renaissance africaine.
S’inspirant des travaux de José Do Nascimento, l’orateur a appliqué sur la renaissance les quatre acceptions : religieuse, politique et volontariste, culturaliste et diopienne. Une grande insistance a été faite par l’orateur sur les travaux de Cheikh Anta Diop, relevant leur importance fondamentale dans le sens qu’elles ont prouvé l’historicité des africains voire leur capacité, dans le temps et l’espace, de créer par eux-mêmes, comme a été le cas en Egypte antique ou au Royaume du Mali, les conditions matérielles et immatérielles de leur existence.
A la grande question : comment faire émerger encore une fois les capacités des africains à produire par soi-même les conditions matérielles et immatérielles de son existence ? La réponse de l’orateur a été sans ambages : penser et vivre la renaissance africaine comme idée politique prônant le retour des africains sur la scène de l’initiative historique, en activant un ensemble de leviers considérés comme ressorts de l’historicité et dont la perte de contrôle occasionne inexorablement un déclin historique. Il devra en être ainsi du système politique et de l’appareil de l’Etat, du système économique et du système éducatif et de recherche avec ce maitre-mot : l’exploitation des ressources sous l’angle de la rentabilité interne.
Ce changement de paradigme n’est possible qu’avec un accent particulier qui devra être mis sur la recherche scientifique décidée cette fois-ci d’aller puiser et diffuser à travers le système éducatif, les savoirs anciens, à utiliser comme nouveaux points de référence dans la quête de la modernité. Menée de cette manière, la recherche engendrera dans le chef des africains la récupération de la conscience historique qui selon l’égyptologue Théophile Obenga, aide à acquérir une conscience de plus en plus aigue de la profondeur historique du monde tel qu’il a vécu et aussi, corrélativement, à se doter d’une conscience de participer à l’histoire, de faire l’histoire.
Ce grand projet continental n’est pas une chimère. Les congolaises et les congolais peuvent s’inspirer avantageusement de l’exemple d’Ujama de la Tanzanie voisine ayant pris le courage d’expérimenter une politique progressiste et originale inspirée du socialisme et des valeurs de solidarité africaines, rompant ainsi avec un modèle de progrès extraverti.
L’orateur conclut par un vibrant appel à la RD Congo de devenir le leader de la Renaissance africaine et du panafricanisme des peuples. Quitte aux congolais eux-mêmes de se décider de travailler dans la liberté et de faire du Congo si pas le centre de rayonnement de l’Afrique tout entière du moins le nouveau protagonisme positif de la renaissance africaine. Cooptant en même temps la souveraineté intellectuelle qui elle et elle seule engendre la souveraineté politique et l’indépendance économique.
Ce projet ambitieux pour une nouvelle RD Congo doit avoir un centre moteur qui booste tout le pays. L’orateur propose de le trouver dans la synergie des forces d’une jeunesse bien encadrée, d’une diaspora congolaise bien mobilisée autour d’une société trust et des forces spirituelles mettant en jeu leurs logistiques pour l’éveil de la conscience qui met tout congolais au diapason de travailler pour la renaissance du continent noir dans la double fierté d’être congolais et panafricain.
La troisième intervention dans l’après-midi a été scandée en deux moments. D’abord la projection d’un documentaire qui nous a expliqué le travail de terrain effectué par la Lucha et ensuite la lecture de la communication de Micheline planchant sur le sous-thème « L’impact des mouvements citoyens dans l’éducation des masses populaires congolaises (Cas de Lucha) »
La Lutte pour le Changement (LUCHA) est un mouvement citoyen qui, à l’instar de Ballai citoyen (Burkina Faso) ou de Y en a marre (Sénégal) s’est investi depuis un moment dans l’éducation des masses populaires congolaises par des formations et des actes concrets tels que la propreté d’une place publique ; le dégagement d’un caniveau bouché en vue de l’appropriation par la base des droits et des devoirs d’un citoyen responsable et libre.
La méthodologie utilisée par Micheline, c’est celle de se poser des bonnes questions pour acquérir de bonnes réponses. Pour ce faire, elle a formulé trois principes de base aux fins de pouvoir voir éclore la renaissance de la Rd Congo.
PRINCIPE N° 1 : L’avènement d’un Congo nouveau surgira de l’intérieur même du Congo.
Les congolais feraient toujours fausse route s’ils continuent à vivre avec cette triste mentalité de chercher un sauveur, un libérateur, un Messie qui viendra les libérer ou viendrait leur porter des solutions miracle. La croissance et la bonne gouvernance d’un peuple n’est pas le fait d’un chef charismatique mais de toutes les énergies communes du travail bien fait des citoyens. C’est le fruit d’une nouvelle mentalité qui, passant de la conception verticale à celle horizontale du pouvoir, met en valeur les ressources de chaque congolais pour promouvoir ce pays à sa prospérité et sa puissance jusque là potentielle.
Ce principe interdit également aux congolais de continuer à chercher des bouc-émissaires quand les choses ne vont pas dans leur pays. Que l’on explique tout par l’action des oppresseurs venus d’ailleurs, par d’éternels complots ourdis contre notre peuple ne nous dédouane pas de notre grave responsabilité dans la faillite actuelle de la Rd Congo. Au contraire, cette non prise de conscience de nos propres responsabilités nous condamne à ne jamais rebondir parce qu’ignorant une bonne partie des véritables causes du déclin de notre pays.
Pour cette raison, la Lucha a opté d’orienter toute son action à la formation de notre peuple, à lui faire prendre conscience de ses responsabilités dans la grave crise actuelle mais aussi en lui révélant quelle sont ses potentialités pour se libérer de cette pesanteur mortifère.
Pour la Lucha, la formation va de pair avec l’information. Notre pays n’étant point isolé de la planète, il subit, comme tous les autres pays, les pressions de la mondialisation, du capitalisme néolibéral ou du réchauffement climatique. Nous devons considérer tous ces aspects pour arriver à sortir de notre misère chronique et aussi continuer à interagir et continuer à être connectés avec le monde. Cela se résume en la célèbre sagesse : Penser Globalement, Agir localement.
PRINCIPE n° 2 : Face à la crise actuelle de notre pays, il n’y a pas de réponse unique ni des solutions univoques.
Pour l’oratrice, réussir c’est ouvrir son esprit. Les problèmes sont complexes et multiples. Ceci devient un défi grand pour notre jeune nation qui n’a que 50 années après son indépendance.
Ceci dit, chaque Congolais, où qu’il soit, doit réfléchir et ensuite AGIR pour apporter ses compétences au profit de l’amélioration de son pays. Ils doivent aussi tous être capables d’opter pour la nouvelle mentalité de pouvoir partager leurs réflexions pour les ajourner mutuellement.
Faire circuler entre congolais des informations efficaces et réfléchies les rend capables de se faire grandir comme personne et comme peuple et d’écrire ensemble une nouvelle page de leur histoire. Une véritable histoire de dignité et de prospérité et non le triste brouillon qu’ils ont échafaudé depuis les indépendances.
Il faut que les générations futures qui vendront après nous découvrent la vraie histoire de dignité de notre pays et s’aperçoivent que la diaspora congolaise y a contribué énormément comme moteur du changement. Ce sont nos noms et nos actions à nous tous qui devront figurer sur cette nouvelle page d’histoire. Ni moi, ni le mouvement LUCHA dans lequel milite l’oratrice ne détiennent le monopole de la vérité. C’est dans l’interactivité que TOUS les congolais doivent devenir forts. C’est dans un front commun pour le changement que la Rd Congo reprendra son visage de puissance continentale qui compte. Les congolais doivent prendre conscience d’assumer collectivement cette grave responsabilité.
PRINCIPE n° 3 : L’union fait la force. Cherchons à être unis plutôt divisés.
L’oratrice affirme avoir dit et redit que les congolais dans l’ensemble ont été éduqués dans un mauvais schéma relationnel qui n’établit que deux possibilités : ou bien nous sommes amis, ou bien nous sommes ennemis. Ce schéma nous enferme dans nos radicalisations, dans d’inutiles divisions même dans les situations dans lesquelles nous pouvons avoir à partager les mêmes objectifs ou encore le même idéal, ou encore des points communs. La lutte pour le changement (LUCHA) fonctionne sur cette idée en or : aller au-delà des divisions c’est déjà avancer.
Raison pour laquelle chaque congolais doit savoir aller au-delà de ce qui nous sépare (diversité d’opinion et de pensée) pour tenir ensemble à l’essentiel qui les unit et les oriente vers l’objectif commun de voir leur pays enfin émerger aux prochaines échéances électorales et redresser son front longtemps courbé.
La IIIe Partie du Séminaire de formation a consisté en un débat interactif fort animé ayant fait suite aux exposés et ayant continué au cours des travaux d’atelier. L’impasse profonde de la Rd Congo est une réalité incontestable dont nous congolais portons la grande part de responsabilité. L’urgent à présent, c’est de tirer parti de nos erreurs pour rebondir et urger un décollage politique de tout notre pays. Pour ce faire, les idées-forces ci-après s’avèrent essentielles à être prises en considération.
Sortir de l’affectif pour analyser froidement les événements et nous rendre capables de nous prendre en charge. Prendre nos responsabilités vis-à-vis de nos erreurs et de la vision d’avenir que nous entendons nous donner comme peuple organisé et créatif. Et pour cela, opter impérativement pour le respect irrévocable du cadre légal fixé par la Loi fondamentale et, dès le 19 septembre 2016, pour une période de transition dirigée par une personnalité politique autre que le président actuel qui sortant et partant.
Le Congo étant une création de la communauté internationale dont le royaume de Belgique était un simple gendarme devant veiller qu’aucune autre puissance ne s’appropriât ce qui leur appartenait à tous, le Roi Léopold II fut coopté pour affaiblir le Congo et permettre l’accès occidental aux richesses de ce pays. L’urgent maintenant relève des congolais appelés à redéfinir les intérêts politiques, géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques de leur peuple et à les défendre bec et ongle dans les instances régionales, continentales et internationales.
Cette démarche est possible en nous projetant dès à présent à la fin du second et dernier mandat de Joseph Kabila et de ne plus nous laisser surprendre par des manœuvres dilatoires destinées à imposer des hommes forts ou des chevaux de Troie à la tête du pays. L’urgent ici relève de l’élite congolaise appelée à dresser les critères indiscutables du bon CANDIDAT PRESIDENTIEL qui permettront de pointer un parmi les meilleurs qui pourra être soutenu par tout le Front Commun de l’alternance démocratique. Ce, pour ne plus cautionner des leaders fabriqués pour servir des intérêts étrangers.
La priorité des priorités de ce nouveau leadership politique sera de réinstaurer l’institution publique que sont les Forces Armées de la Rd Congo (FARDC) capables d’assurer les conditions sécuritaires des citoyens et de défendre l’intangibilité sacrée des frontières nationales. Pour sortir le Congo de la crise actuelle, il faut gagner de prime abord la guerre d’instaurer une bonne politique nationale qui entraine automatiquement la restauration des forces armées selon l’équation : « Fais-moi une bonne politique et je te ferai une bonne armée».
Le pouvoir actuel dépendant des forces immatérielles des idées, la création de nombreux Think Tank comme espaces de réflexion libre et indépendant, rassemblant de nombreux représentants de la société civile (intellectuels, universitaires, experts, responsables d’entreprises, personnalités qualifiées etc.) travaillant en réseaux, mettant en commun leurs compétences et prenant le soin de se renseigner à la bonne source pour se doter en temps réel des informations correctes capables de produire des décisions et des actions efficaces pour instaurer un nouvel Ordre Politique Congolais.
Entrer de pleins pieds dans la nouvelle Ere informationnelle où les connaissances immatérielles et/ou les informations deviennent la véritable richesse à acquérir impérativement pour se donner une supériorité sur les adversaires avec cette capacité d’anticiper des actions au lieu de les subir et d’affaiblir sinon d’annihiler la nocivité ou la destructivité adverses. D’où l’urgence de lever des Brigades ou des Bataillons pour la bataille de l’information capables de maitriser des technologies de l’information et de communication pour des motifs tout autant défensifs qu’offensifs pour la sauvegarde des intérêts nationaux.
Prendre conscience du paramètre d’après lequel aucune élite politique, ni aucune armée si forte soit-elle n’a jamais pu s’imposer sur l’échelon national, sous-régional ou international si elle n’a pas eu d’abord à impliquer ses masses populaires qui les rendent fortes en l’accompagnant vers la victoire. Ces masses populaires constituent le cœur de toute souveraineté nationale parce qu’elles forment justement le souverain primaire. L’avènement d’un Congo nouveau surgira de l’intérieur même du Congo, à partir d’un peuple qui se réorganise, se décide de transcender ses clivages tribaux pour avancer au-delà de ses divisions vers son idéal de devenir un Etat de droit et une puissance politique qui compte dans le concert des Nations.
Pendant que les congolais se battent pour reconquérir cette souveraineté et cette grandeur nationales, ils ne peuvent perdre de vue que le pays n’est point un ilot. Il doivent ainsi s’imprégner de la culture panafricaine et de celle de la renaissance africaine, renforçant inévitablement toutes deux la conscience historique des femmes et des hommes du continent noir allant puiser à la source ancienne de leur histoire pour repositionner la Rd Congo dans sa posture géostratégique centrale, rendant du coup forte et respectable cette Afrique à la forme du revolver africain dont le Congo de Lumumba détient à lui seul la gâchette.