Laurent-Désiré Kabila : un patriotisme en question – B. MUSAVULI
Le 16 janvier est un jour particulier en République Démocratique du Congo. C’est le jour où le président Laurent-Désiré Kabila a été assassiné dans son palais présidentiel, à Kinshasa, en 2001. Un mausolée dans la capitale et des statues ont été construits en son honneur à travers le pays. Pour le régime actuel (Joseph Kabila), Laurent-Désiré Kabila est le père du patriotisme congolais dans la ligné de Patrice Lumumba. Il est honnête de reconnaître l’esprit patriotique de l’homme, mais ses erreurs politiques doivent être rappelées pour la progéniture.
Le patriote lumumbiste
Le petit Laurent-Désiré Kabila vient au monde un jour indéterminé[1] entre le 27 novembre 1939 et le 27 novembre 1941 à Jadotville (l’actuelle ville de Likasi), en province du Haut-Katanga. Il est de père Lubakat et de mère Lunda. Il accomplit ses études secondaires à l’institut Saint-Boniface d’Élisabethville, l’actuelle ville de Lubumbashi, capitale économique du Congo. Il entre rapidement dans les luttes de Lumumba pour l’indépendance, mais va subir la désillusion de l’après-indépendance avec la sécession katangaise. Il est rapidement identifié par Jason Sendwe, chef des Balubakat qui luttait pour briser la sécession katangaise que des puissances occidentales orchestraient derrière la Belgique et la puissante Union minière du Haut-Katanga.
Il crée, en 1963, le Comité national de libération (C.N.L.), formation politique et militaire qui revendique l’héritage de Patrice Lumumba, assassiné deux ans auparavant. Il rencontrera dans ses maquis au Kivu Ernesto Che Guevara, l’emblème des luttes sud-américaines contre le capitalisme occidental, en pleine période de la Guerre froide. Mais les luttes de Kabila n’aboutirent pas.
La marionnette de Kagame et Museveni
Laurent-Désiré Kabila finit son parcours en Tanzanie en tant que « commerçant ordinaire ». Le Zaïre/Congo était tombé entre les mains du capitalisme occidental avec en chef d’orchestre Mobutu Sese Seko, son ennemi juré qu’il rencontrera pour la première fois sur le navire sud-africain Outeniqua, le 4 mai 1997. Kabila est donc sorti soudainement de l’ombre en septembre 1996 lorsqu’il devint tête d’affiche du mouvement AFDL qui mènera à la chute du président Mobutu. Kabila rentre dans l’histoire le 17 mai 1997 lorsqu’il se proclame « Président de la République Démocratique du Congo » dans une déclaration depuis Lubumbashi[2]. Mais les Congolais découvrent rapidement que le Mzee (surnom de déférence chez les personnes d’expression swahili) n’avait pas la maîtrise des enjeux. La guerre contre Mobutu était avant tout une entreprise de l’administration Clinton, et des présidents Museveni (Ouganda) et Kagame (Rwanda). Les Congolais sont scandalisés en découvrant la composition de l’État-major de leur nouvelle armée nationale à la tête de laquelle va apparaître le général rwandais James Kabarebe, l’actuel ministre rwandais de la Défense. Depuis, le Congo semble avoir été plongé dans une sorte d’occupation géostratégique du Rwanda de Kagame et de l’Ouganda de Museveni, les deux parrains de Laurent-Désiré Kabila, il y a vingt ans. Affaire à suivre.
Un héritage catastrophique
Le principal héritier politique de Laurent-Désiré Kabila est évidemment le président actuel, Joseph Kabila. La situation dans laquelle se trouve le Congo peut être considérée comme l’aboutissement des luttes d’un homme. Le Congo, vingt ans après la « Guerre de l’AFDL », est toujours un des pays les plus pauvres du monde, selon les classements du PNUD, le programme des Nation unies pour le développement[3]. En gros, si un homme a mené des luttes politiques et militaires depuis les années 1960, et que son peuple se retrouve, 56 ans plus tard, dans le lot des peuples les plus pauvres du monde, c’est que « les pauvres » se sont lourdement trompés de leader.
Longtemps après les promesses répandues dans les guerres de Kabila, des engagements tardèrent à être pris, et ceux qui le furent, n’aboutirent pas. Les « cinq chantiers » promis par Joseph Kabila, son principal héritier politique, étaient supposés produire des résultats sur la pauvreté dès l’horizon 2011. Il n’en est rien.
En tout cas, d’autres leaders comme Vladimir Poutine, Charles de Gaulles, Evo Morales, Mao Tsé-toung, Hugo Chavez et même Barack Obama ont obtenu des résultats visibles sur leurs populations en quelques années seulement qu’ils ont eu à paraître au clair du soleil. Les Congolais ne se sont-ils pas trompée sur LD Kabila ? A Suivre…
Boniface MUSAVULI
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent-D%C3%A9sir%C3%A9_Kabila
[2] http://www1.rfi.fr/actufr/articles/079/article_44913.asp
[3] Rapport du PNUD sur le développement humain 2013, p. 172. Cf. http://hdr.undp.org. Dans le rapport 2015, le Congo se place à la 176ème place. Cf. http://hdr.undp.org/en/countries/profiles/COD
4 Comments on “RD Congo – 16 janvier – Laurent-Désiré Kabila : un patriotisme en question – Boniface MUSAVULI”
Mzaliwa Mkungilwa
says:Afdl=Rcd Goma avec ses ramifications=Cndp=M23=Adf Nalu=Lra=Fdlr=Agressions Ruando-Ougandaises en RdCongo=Infiltrations massives des étrangers dans la Fardc-Police-Douane=Massacres sur massacres et tueries à la machette entrainant villages abandonnés et plus des 6 000 000 des morts et biens RdCongolais pillés…
Lomandja Alain -Joseph
says:Que L.D. Kabila ait commis des erreurs stratégiques est incontestable. Que les alliances de fait avec avec les pays voisins soient discutables, ne pose pas de problème, encore qu’il faille se demander s’il serait arrivé au pouvoir autrement… Mais le leadership réside aussi dans cette capacité de comprendre les aspirations profondes de son peuple et de s’y conformer… Et, sur ce point, je suis d’avis que le maquisard a beaucoup appris de son Peuple dans un environnement international qui lui était totalement hostile. Sur le plan économique, je note la force et la stabilité initiale de son Franc Congolais ainsi que les premières améliorations de salaires sans l’aide de la » communauté internationale « . Tout compte fait, c’est aussi à partir de ses erreurs et des leçons qu’il a su en tirer ou non, que L.D. Kabila reste pour moi un grand homme d’Etat.
Jerome
says:Kabila est venu coiffer ou rentrer dans un jeu dont il ne connaissait ni les objectifs ni la finalité. Trouvant une occasion historique dans l’invasion rwando-ougandaise pour réaliser ses rêves, accéder au pouvoir en chassant Mobutu. Assoiffé du pouvoir, n’étant pas du tout préparé à en assumer, car il ne disposait plus des troupes, des moyens et des soutiens depuis belle lurette. Quoiqu’en disent ses propagandistes, cela faisait des années qu’il errait en Tanzanie. Sans illusion et ironie de l’histoire celui qui se disait révolutionnaire, est revenu au Congo, comme porteur de valise des impérialistes qu’il combattait.
Au départ, il était porte-parole de l’afdl, cette association hétéroclite dont, lui-même, quelques années plus tard le considérera comme étant un « conglomérat d’aventuriers ». Cette avidité du pouvoir va le conduire à commettre la première erreur visible de sa conquête, était de comploter avec ses alliés rwandais pour assassiner NGANDU KASESE, considéré par ces derniers comme étant nationaliste. En fait, Ngandu voulait « zairianiser » cette lutte armée ce qui n’était pas du goût de Kagame et Museveni, qui avaient comme objectif la conquête du territoire Zaïrois et comme finalité mettre une marionnette à la tête de ce pays.
Toutefois, sa plus grosse erreur fut de s’allier avec les étrangers pour venir tuer les Congolais. De ce fait, il a divisé son peuple, en faisant couler le sang d’une partie. Cet acte sera fatal pour lui, car, un chef de l’état qui ne parvient pas à réunir son peuple devient une cible facile pour n’importe quelle agression ou n’importe quel complot. Car, le premier protecteur d’un chef est l’amour de son peuple à son égard. Dans le domaine de la défense, au lieu de reprendre les FAZ, expurgées de ses éléments politisés ou de leurs chefs. N’écoutant que les conseils des rwandais, il les a déportés à la base de Kitona, devenue un véritable camp de concentration où les maladies et les mauvais traitements les ont tué décimés. Leur salut ne viendra qu’en 1998 lorsque les rwandais attaqueront à nouveau le Congo, qu’il se réconcilia avec certains éléments au nom de l’intérêt supérieur de la nation et du patriotisme.
Donc, le premier traitre est M’zee Kabila, l’épitaphe inscrite devant son mausolée « ne jamais trahir le Congo » est incompréhensible, lorsqu’on sait que c’est Kabila qui a amené cette racaille au Congo et que les congolais subissent encore les conséquences de cette catastrophe 20 ans après. JUSTE POUR LE POUVOIR, alors que Mobutu miné par la maladie était dans l’incapacité de diriger.
DESC-Wondo.org
says:Depuis 2013, en analysant les actes posés par Mzee Laurent-Désiré Kabila sur le plan sécuritaire, je suis tenté de lui consacrer un petit ouvrage dont le titre pourrait être : La vision de la politique de défense nationale de Laurent-Désiré Kabila. J’avais déjà commencé à collectionner quelques informations sur ce sujet et à griffonner les premières parties, mais je me suis buter à la difficulté de disposer des sources pertinentes pour poursuivre ce projet que d’aucuns pourraient qualifier d’absurde, mais au fond qui pourrait être très instructif dans le cadre de la définition de la doctrine militaire de la RDC de demain. C’est une autre face, surprenante, d’un LD Kabila cohérent et voire visionnaire sur la politique de défense que j’ai découverte et qui mérite d’être développée et mise à profit du Congo. D’où mon appel à témoins et aux personnes disposant des sources qui pourraient m’aider à poursuivre ce projet. Me contacter +32495922259. JJ Wondo.