Qui est le général ex-rebelle Jacques Itshalingoza Nduru[1], le nouveau commandant des opérations Sukola 1 à Béni ?
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Pratiquement cinq ans jour pour jour après le début des massacres sans fin dans la région de Beni au Nord Kivu, le nouveau président Félix Tshisekedi vient de poser un premier acte en nommant le général de brigade Jacques Itshialingoza Nduru au poste de Commandant des Opérations militaires Sukola 1 qui traquent les rebelles « ADF » depuis le début de 2014 à Beni. Le général Nduru remplace à ce poste le général major Marcel Mbangu Mashita, dont l’action à la tête de cette opération, malgré sa bonne foi affichée de prendre à bras le corps sa mission, reste mitigée du fait des interférences multiples dont il a été victime. En octobre 2017, le convoi militaire du général Mbangu, en patrouille avec les unités de réaction rapide, a été violemment attaqué sur la route Mbau-Kamango par de « présumés combattants ADF ». Un militaire a été tué et plusieurs autres ont été blessés après un échange de tirs[2].
Deux mois plus tard, en décembre 2017, au moins 15 casques bleus tanzaniens et cinq soldats congolais ont été tués à Semuliki lors d’une attaque d’une extrême violence, œuvre probablement de militaires aguerris et connaissant bien leur cible, suivant un procédé tactique qui ressemble à une force armée classique, et non à la tactique traditionnelle des ADF originelles.
Le général-major Marcel Mbangu avait pris le commandement de ces opérations en juillet 2015 en remplacement du général Akili Muhindo, dit Mundos. Le nom de ce dernier est régulièrement cité par plusieurs rapports d’experts internationaux et analyses de DESC suite aux témoignages de plusieurs sources militaires et civiles comme étant impliqué dans la perpétration de ces massacres. En effet, en avril 2015, la radio Okapi, qui relaie généralement les informations des services de renseignement de la MONUSCO, avait déclaré que des officiers des FARDC pourvoiraient les présumés ADF en armes, munitions et rations de combat, renforçant ainsi les soupçons de complicité de la hiérarchie militaire avec les réseaux des ADF.
Le général Mundos était le commandant du bataillon détaché de la 31ème Brigade de la Force de défense principale (FDP), qui est dirigé par le colonel Tipi Ziri Zoro. Les éléments de la 31ème Brigade de la FDP disposent de leur propre commandement et de leur logistique distincts du commandement opérationnel Sukola 1. Ils obéissent rarement aux ordres du chef d’état-major du Secteur opérationnel Sukola 1. Jusqu’à présent, les opérations menées par cette unité échappent au contrôle du Commandant de l’Opération Sukola 1.
Avant de prendre ses fonctions à Beni, le général de Brigade Jacques Itshalingoza Nduru était le commandant des opérations Sukola 2 qui traque sans succès les rebelles rwandais des FDLR dans le petit nord de la province du Nord Kivu.
La présente analyse tente de réaliser le portrait militaire du nouveau commandant du secteur opérationnel Sukola 1 et les implications de son retour dans une zone opérationnelle sensible et volatile où il a sévi comme un ancien commandant rebelle de l’UPC de Thomas Lubanga et Bosco Ntanganda.

Un passé noir d’ex-chef rebelle de l’UPC aux côtés de Thomas Lubanga et Bosco Ntaganda
Selon une source militaire qui a opéré sous son commandement à Kitona, Jacques Itshialonga Nduru est un Hema, originaire de la province de l’Ituri. C’est un ancien rebelle du RCD-K/ML, puis de l’Union des patriotes congolais (UPC) et de sa branche militaire, les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), dirigée par Thomas Lubanga.
Jacques Nduru a d’abord servi au sein de l’armée du RCD-K/ML, l’Armée populaire congolaise (APC), dirigée à l’époque par Ernest Wamba dia Wamba.
Le RCD-K/ML n’a jamais été un mouvement cohérent en interne, tout comme la plupart des rébellions congolaises, il était déchiré par des querelles intestines, une ingérence venue de l’extérieur et un manque de consensus sur ses objectifs. Peu après son arrivée à Bunia, l’autorité de Wamba fut remise en cause par le commissaire général de son parti, Antipas Mbusa Nyamwisi, et par l’adjoint de ce dernier, John Tibasima. Originaire de la province du Bas-Congo, Wamba était considéré comme un étranger en Ituri. Mbusa, un Nande du Nord-Kivu, et Tibasima, un Hema local, n’eurent donc guère de mal à l’évincer. Les deux communautés hema et nande représentaient sur le plan économique les deux groupes ethniques les plus influents de la zone placée sous le contrôle du RCD-K/ML. Les trois protagonistes offraient un contraste frappant : un professeur d’histoire gauchiste qui avait passé une grande partie de sa vie aux États- Unis et en Tanzanie, face à deux hommes d’affaires locaux proches de personnalités influentes. Tibasima, qui était responsable des portefeuilles budgétaire, financier et minier, avait précédemment été PDG de la compagnie minière d’État, l’Office des Mines d’Or de Kilo-Moto (OKIMO), tandis que Mbusa était d’une famille influente sur le plan politique et avait été l’un des membres fondateurs du RCD-Goma en 1998[3].
Dès la fin de 1999, les rivaux de Wamba se mirent à poser les jalons de leurs zones d’influence. Tibasima commença par recruter des jeunes en vue d’une formation militaire au camp de Rwampara, près de Bunia, et Mbusa en fit autant au camp de Nyaleke, près de Beni. Les deux hommes recrutèrent essentiellement en fonction de facteurs ethniques, même si les soldats de Mbusa se composaient principalement de Nande et de Lendu[4]. Dans les deux camps, les recrues furent entraînées par des officiers de l’UPDF. Tout comme Lotsove, Mbusa et Tibasima obtinrent le soutien de l’Ouganda en nouant des relations d’affaires avec le brigadier Kazini et le général Salim Saleh, demi-frère influent du Président ougandais Yoweri Museveni. Ils les aidaient en échange à bénéficier des ressources naturelles du Congo[5].
En Juillet 2000, des commandants Hema de l’APC lancèrent une mutinerie pour protester contre ce qu’ils percevaient comme la position pro-Lendu de Wamba, prenant alors le nom de Force mobile Chui («léopard ») (FMC). Wamba s’empressa d’attribuer cette révolte à Tibasima. Etant donné que, non seulement la FMC était le précurseur de l’UPC, mais surtout qu’elle amena Thomas Lubanga sur le devant de la scène, des explications supplémentaires semblent nécessaires[6]. Le commandant Bagonza fut le premier à se mutiner avec ses troupes, attaquant les postes de l’APC à Nyankunde et à Marabo. D’autres commandants Hema, dont Tchaligonza Nduru et Floribert Kisembo, rejoignirent Bagonza dans son maquis, de même que plusieurs commandants Tutsi de l’APC, notamment Bosco Ntaganda. Ils collaborèrent avec Yves Kahwa, chef coutumier de la chefferie de Bahema-Banywagi en territoire de Djugu. C’est à Mandro, chef-lieu de cette chefferie que la FMC établit son état-major. Ce lieu devint plus tard le principal centre d’entraînement de l’UPC[7].
Jacques Nduru sera incorporé dans les FARDC à la suite du processus de brassage opéré entre les éléments de l’armée loyaliste, les forces rebelles et les groupes armés. Il avait suivi une formation militaire élémentaire en Ouganda par l’UPDF, l’armée ougandaise, mais après sa défection du RCD-K/ML, il sera en contact avec les rebelles hema et tutsi de l’UPC, soutenus par le Rwanda. Jacques Nduru a exercé les fonctions de chef d’état-major de la rébellion UPC dirigée par le chef et criminel de guerre Thomas Lubanga condamné par la CPI en juillet 2012. L’UPF était une rébellion armée quasiment monoethnique constituée de ressortissants de l’ethni Hema, appuyée par l’armée ougandaise où a évolué également un autre chef de guerre Bosco Ntaganda, communément connu sous le pseudonyme de « Terminator ».
Selon les documents de condamnation de Bosco Ntaganda à la CPI : « A la fin de l’année 1999 et au début de l’année 2000, Bosco Ntaganda a fondé un groupe armé appelé la « Chui Mobile Force », composé principalement de dissidents de la branche militaire du RCD-K/ML, dénommée l’APC. Outre Bosco Ntaganda, qui en était le chef, la Chui Mobile Force comprenait des hommes tels que Floribert Kisembo et Nduru Tchaligonza, qui sont devenus plus tard des membres des FPLC, future branche militaire de l’UPC. Les membres de la Chui Mobile Force étaient principalement hema et tutsi. Ils avaient quitté l’APC car ils estimaient que ce groupe armé se rangeait du côté des Lendu et faisait preuve de discrimination envers les Hema[8].
Après le brassage des FARDC, par ordonnance présidentielle du 15 juin 2007, le président Joseph Kabila nomme le général de brigade Jacques Nduru au poste de commandant de la base militaire de Kitona[9]. Il occupera cette fonction jusqu’en 2013 avant de devenir le chef d’état-major de la Première Zone de défense jusqu’en 2017. Pour rappel, une Zone de Défense est une entité territoriale inter-forces dans laquelle des unités Terrestres, Aériennes et Navales opèrent sous un commandement unique. La Première Zone de Défense englobe la ville de Kinshasa et les anciennes provinces administratives de Bandundu, de Bas-Congo et de l’Equateur[10]. De 2017 à 2018, il va exercer les fonctions de Commandant adjoint chargé des opérations et renseignements de la Troisième Zone de Défense qui englobe les provinces administratives du Maniema, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’ancienne Province Orientale[11].
Vers le mois de mai 2002, les FPLC, nouvelle branche militaire de l’UPC, avaient commencé à recruter activement et à former des recrues au camp d’entraînement de Mandro. En juillet 2002, elles s’étaient procurés suffisamment d’armes, livrées par voie aérienne depuis le Rwanda, pour armer l’ensemble des 1.800 à 2.000 recrues présentes à cette époque à Mandro. Au début du mois de septembre 2002, le Président de l’UPC, Thomas Lubanga, a officiellement établi les FPLC comme branche armée de l’UPC. Thomas Lubanga était lui-même le commandant en chef des FPLC. Il a nommé Floribert Kisembo au poste de chef d’état-major général, et Bosco Ntaganda au poste, directement en dessous, de chef d’état-major adjoint chargé des opérations et de l’organisation. L’accusé a occupé ce poste jusqu’au 8 décembre 2003, date à laquelle Thomas Lubanga a limogé Floribert Kisembo et nommé Bosco Ntaganda chef d’état-major à sa place[12].
La structure organisationnelle des FPLC s’apparentait à celle d’une armée conventionnelle, se caractérisant par une subdivision géographique et une répartition en brigades et bataillons, ainsi qu’en unités plus petites. Les FPLC utilisaient des systèmes de communication divers et les ordres étaient communiqués par radio et consignés dans des registres[13].
Dans les centres d’entraînement, les recrues de l’UPC/FPLC étaient formées au maniement des armes tant lourdes que légères. S’agissant des armes lourdes, les recrues et les soldats de l’UPC/FPLC ont aussi été formés au Rwanda. À la fin de leur formation, les recrues recevaient une arme individuelle.
Dans ses conclusions, la Chambre de première instance VI de la CPI a conclu que Bosco Ntaganda et d’autres chefs militaires de l’UPC/FPLC, notamment Jacques Nduru, Thomas Lubanga et Floribert Kisembo, ont travaillé ensemble et ont convenu d’un plan commun visant à chasser tous les Lendu des localités ciblées pendant leur campagne militaire contre le RCD-K/ML.
Depuis 2018 jusqu’à sa nomination à la tête du commandement des opérations Sukola 1, le général Jacques Nduru a exercé les fonctions de commandant des opérations du secteur Sukola 2, avec son poste de commandement basé à Rutshuru. Comme Commandant du secteur opérationnel Sukola 1, son QG est installé à Bunia, une zone qu’il connait bien pour y a voir évolué en tant que rebelle. Le général Nduru est longtemps resté au grade de général de brigade (une étoile) depuis 2007.

Conclusion : Le retour de Nduru annonce-t-il une escalade des conflits ethniques en Ituri et des massacres à Beni ?
Notre source militaire qui a évolué sous son commandement évalue son efficacité sur terrain et ses capacités de commandement de quasi nulles. Il pense qu’il doit ce poste suite à une recommandation de l’Ouganda. Néanmoins, son passé rebelle UPC dont la collusion avec le Rwanda, avérée par le jugement de la CPI contre Ntaganda, indique aussi que le Rwanda, qui lorgne sur le Nord-Kivu, aurait également influencé cette nomination.
Notre crainte est que le retour du général Nduru dans cette partie du territoire amplifie les conflits interethniques en cours entre les Hema et les Lendu en étant à la fois juge et partie, au vu de son passé rebelle. Par ailleurs, les affinités passées du général Nduru avec le Rwanda qui lorgne sur le Kivu et dont il est indiqué qu’il pourrait être derrière les massacres dans la région de Beni via des unités FARDC ex-rebelles pro-rwandaises incorporées dans l’armée, puisse avoir plutôt une réponse contraire à ce qu’attendent les populations du Nord-Kivu. C’est-à-dire, intensifier les massacres dans cette région.
Comme le dit notre source, « l’insécurité à l’Est de la RDC a persisté à cause du double jeu de nos hautes autorités politiques et militaires et de l’hypocrisie des dirigeants des Etats voisins du Congo et de la sous-région) envers nous. Maintenant qu’ils commencent à imposer au président Tshisekedi leurs pions, il y a crainte d’un embrasement de la situation sécuritaire, déjà très volatile dans les deux Kivu ».
Par ailleurs, alors que les autorités congolaises semblent attribuer les récentes attaques à Beni aux ADF ayant fait allégeance à l’Etat islamique, notre source militaire reste formelle : « la thèse de l’État islamique à Beni est un montage de Kabila pour désorienter l’opinion congolaise et la communauté internationale. Ces groupes islamisés sont recrutés par des officiers qui dépendent directement de Joseph Kabila pour faire diversion sur les vrais commanditaires de ces attaques. Parmi ces assaillants, il y a beaucoup de rwandophones qui maîtrisent bien le dialecte Nande. Ils portent même des noms kinande pour tromper la vigilance des populations locales. Même s’il semble prématuré de juger l’action du général Nduru, rien ne changera sur le terrain. Attendons-nous probablement au pire dans les prochains mois. »
Au-delà des aspects purement militaires, il y a lieu surtout de se questionner sur les mobiles politiques internes et géopolitiques latents qui sous-tendent la persistance de l’insécurité à Beni.
Cette nouvelle nomination d’un général au passé très peu flatteur est un indice de plus qui laisse transparaître le contrôle du dispositif militaire congolais par l’ancien président Kabila qui fut très proche de Bosco Ntaganda qu’il a refusé de livrer à la CPI. Cela démontre également la méconnaissance dont fait preuve le président Tshisekedi de ce secteur stratégique pour la réussite de son mandat. Pourtant, il aurait dû, avec un peu plus d’intelligence stratégique, consulter habilement des experts indépendants, non inféodés à Kabila, pour se renseigner davantage avant de donner son aval sur des nominations aussi sensibles que celle du commandant du secteur opérationnel Sukola 1 (Nord-Kivu, Grand Nord), à Beni, où plus de 2.000 civils ont été tués.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC
Références
[1] Il existe plusieurs orthographes du nom de l’officier. Dans le jugement de la CPI contre Bosco Ntaganda (https://www.icc-cpi.int/CourtRecords/CR2019_03568.PDF), l’orthographe retenue est « Tchaligonza » (Nduru Tchaligonza). Dans un article de KST, on note que son nom est orthographié Chaligonza ou Ichaligonza. La CPI a aussi noté que l’officier se faisait appeler « Kyaligonza« , mais qu’il s’agit de la même personne.
[2] http://afridesk.org/les-tueries-a-beni-le-general-marcel-mbangu-connaitra-t-il-le-meme-sort-que-mamadou-ndala-lucien-bahuma/.
[3] Henning Tamm, L’UPC en Ituri – Militarisation externe de la politique locale dans le nord-est du Congo. Usalama de l’Institut de la Vallée du Rift, 2013. Lire aussi : HRW, « Le fléau de l’or: République démocratique du Congo », 2 juin 2005, p. 14; Jean Omasombo et Erik Kennes, République démocratique du Congo: Biographies des acteurs de la Transition (juin 2003-juin 2006) (Tervuren: Musée royal de l’Afrique centrale, 2006), p. 153–154, 237–238 et 250–251.
[4] HRW, « Uganda in Eastern DRC », p. 16, 44.
[5] Henning Tamm, L’UPC en Ituri – Militarisation externe de la politique locale dans le nord-est du Congo. Usalama de l’Institut de la Vallée du Rift, 2013.
[6] Henning Tamm, L’UPC en Ituri – Militarisation externe de la politique locale dans le nord-est du Congo. Usalama de l’Institut de la Vallée du Rift, 2013.
[7] Ibid.
[8] CPI, Résumé du jugement rendu par la Chambre de première instance VI le 8 juillet 2019 dans l’affaire Le Procureur contre Bosco Ntaganda. https://www.google.be/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&ved=2ahUKEwiN4_LqqLTkAhXHaVAKHXfxD3MQFjABegQIARAC&url=https%3A%2F%2Fwww.icc-cpi.int%2FitemsDocuments%2F20190708-ntaganda-judgment-summary-fra.pdf&usg=AOvVaw2y5i66SIhm8SqlMezCqc0S.
[9] http://cdfafrique.afrikblog.com/archives/2007/06/15/5316165.html.
[10] http://afridesk.org/le-plan-de-reforme-revise-2013-2025-des-fardc-base-pour-la-creation-dune-armee-professionnelle-jj-wondo/.
[11] Ibid. Pour rappel, la 2ème Zone de Défense comprend les anciennes provinces administratives du Kasaï-Occidental, du Kasaï-Oriental et du Katanga. Elle est commandée par le Général major Philémon Yav.
[12] CPI, Résumé du jugement rendu par la Chambre de première instance VI le 8 juillet 2019 dans l’affaire Le Procureur contre Bosco Ntaganda.
[13] Ibid.
4 Comments on “Qui est l’ex-rebelle UPC et général Jacques Itshalingoza Nduru, le nouveau commandant de Sokola 1 à Béni ? – JJ Wondo”
GHOST
says:SOKOLA, L´ECHEC D´UN CONCEPT
Un débat technique ?
Quand on fait l´évaluation de Sokola 1 et Sokola 2, deux opérations militaires qui démontrent explicitement non seulement une insuffisance de capacité de planification, mais aussi une carence dans l´analyse du « RETEX » (retour d´expérience) des opérations militaires des FARDC depuis plus de 10 ans. Nous nous souvenons tous des mésaventures des officiers des FAZ qui étaient entrain de demander l´aide de l´UNITA sans être capables de lire une carte militaire. L´évaluation de Sokola confirme explicitement que nous n´avons pas fait de progrès dans le domaine de la planification des opérations militaires. Voici un exemple des FAPLA (armée nationale angolaise) dont les généraux avaient fait venir des mercenaires d´Executive Outcomes pour vaincre l´UNITA.
Jim Hooper. BLOOD SONG: First-hand accounts of a modern private army in action. Pages 71-72
“Operational Planning. We began joint intelligence and operational planning in Luanda with the Angolan high command. We started off very much in the dark. There were no details available regarding enemy strengths, location or capabilities, no order of battle, no intelligence assessments. Not even details of FAA´s own forces were immediately to hand. We really had to squeeze everything we could out of the generals to bring everything together and come up with a workable plan. In order to have a solid foundation from which to work, the South Africans spent long days putting together an armed strategic appreciation, complete with maps, graphs, intelligence summaries, level of threat and a list of priority counter-measures. The astonished generals admitted it was the first time they fully understood the problems they faced not even their former Soviet or Cuban advisors had come close to giving them a similar assessment of the war”.
En lisant avec lucidité cette référence, nous pouvons certainement retrouver les mêmes tares dans la planification opérationnelle des FARDC. Le “RETEX” (retour experience) du concept Sokola, démontre aussi explicitement ce que Eeben Barlow indique dans son ouvrage “Composite warfare” page 15 : » A lack of actionable and credible intelligence, poor strategies and plans, acceptance of poor advice, inadequate doctrines, lack of training and equipment, and lack of political direction and independent will has resulted in many half-fought conflicts and wars”.
Le concept Sokola est basé sur la philosophie d´une guerre conventionnelle par une armée dont la préparation aux opérations est inspirée par des connaissances fragmentaires héritées des multiples théories militaires vétustes apportées par des coopérations militaires dont la validité est remise en cause explicitement depuis des années.
Eeben Barlow affirme (Composite warfare: The conduct of successful ground force in Africa” pages 15-16. )“Many modern-day African armies are clones of the armies established by their once colonial master. Cold War allies, or new international allies. Many of the principles and tactics, techniques, and procedures they were – and still being – taught relate to fighting in Europe and the Middle East and not in Africa. Some of these concepts are not even relevant to Africa as Africa does not possess nuclear rocket forces, strategic air forces, or large naval fleets. Indeed, Africa currently the dumping ground for bad advice, and old and sometimes obsolete weapon from both the East and the West”. Une observation lucide de l´institution militaire congolaise fait voir comment le puissant lobby Belge continue d´influencer négativement l´armée au Congo en maintenant la configuration mentale de la Force Publique en place.
Changer des généraux n´est pas suffisant comme solution á l´absence des performances des FARDC sur le terrain. Ce que les insuffisances des généraux s´explique avant tout par le « gap » de l´éducation militaire. Les plus éduqués militairement des généraux congolais ont étudiés á l´EFO, mais sans atteindre le niveau des connaissances de l´Ecole Supérieure Militaire de Binza. Les pires d´entre eux sont des civils, conséquence logique des mixages-brassages-intégrations des mutins et des rebelles dans l´armée nationale. Ce que l´armée congolaise doit changer c´est avant tout sa doctrine conventionnelle de la guerre. Depuis des années que ces généraux font face á des adversaires coriaces que sont les forces irrégulières possédant une expérience considérable de la guerre d´embuscades, tous les congolais savent que nous ne pouvons pas continuer á nous battre sans tirer des enseignements de nos défaites. Nous savons que nous ne possédons pas des unités formées spécifiquement pour combattre les milices et les rebelles étrangers au Kivu.
EVALUATION TECHNIQUE ET DEBAT TECHNIQUE
Face á une guerre irrégulière, la notion fondamentale est l´adaptation. Or, les formations « fragmentaires » des forces militaires au Congo ne sont pas compatibles avec la flexibilité et l´adaptation sur le terrain. En étudiant les rapports des performances des FARDC, on découvre que la préparation opérationnelle des troupes ne correspond pas aux réalités sur le terrain.
Helmoed Heitman affirme dans un article qui porte le titre « Optimiser les structures des forces de sécurité africaine » (Bulletin de la sécurité Africaine No 13/Mai 2011) que « les forces de sécurité africaine seront (sont) confrontées á moyen terme á des défis divers et variés, et rares sont ceux que l´on trouve dans les manuels. Il leur faudra adopter une façon de penser créative et se concentrer : se concentrer sur leur mission, optimiser la structure de leurs forces, contrôler véritablement leurs opérations, comprendre réellement les évènements (et non pas ce qu´elles souhaiteraient qu´il arrive) et (enfin) saisir les opportunités tactiques et opérationnelles lorsqu´elles se produisent ».
Dans la réflexion « Combattre les groupes armés », nous allons partager avec les lecteurs notre vision des options qu´il faut prendre afin d´optimiser les FARDC
Lucien M. Naki
says:La RDC de Fatshi la Bouse = Le marécage ou le Zaïre des années 1990
L’histoire écrira un jour : “dans tout ce drame – la TRAGI-COMÉDIE CONGOLAISE – , KANAMBE est le plus grand criminel, car celui qui a fait de TSHILOMBO alias Fatshi la Bouse ( Kanambe bis), le president de la RDC…
« Depuis que le roi belge Léopold II (1835-1909) en fit une colonie privative saignée à blanc, les habitants du Congo paraissent voués à servir d’autres intérêts que les leurs. De Léopoldville à Kinshasa, leur histoire bégaie dans les intrigues nouées sans relâche dans des officines occidentales ou africaines qu’agitent des appétits économiques insatiables. De leur côté, qu’ils se revendiquent Zaïrois ou Congolais, ou même qu’ils soient suspectés de «nationalité douteuse» parce que rwandophones, ceux qui peuplent ce vaste territoire en forme de corne d’abondance, villageois et citadins n’ont cessé de s’entre-déchirer, leurs idéaux d’indépendance se fracassant sur des querelles de clôtures animées par les tenants du pouvoir centralisé dans la lointaine capitale. Trahisons, meurtres, sécession, rébellions, répressions, massacres, mercenaires, casques bleus… déjà, de la «Table ronde» organisée à Bruxelles à l’heure de la décolonisation en 1960, jusqu’à la Conférence nationale de 1990-1993, le peuple congolais a vu lui échapper la souveraineté confisquée par Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko, trois décennies durant. » By Monique Mas –
Le manque de constance de nos politiciens, leur vagabondage politique, .. sont à la base de la TRAGI-COMÉDIE CONGOLAISE en cours…qui coûté énormément cher au pays…
Kabila et Tshisekedi, des “bandits qui s’étripent pour rafler la mise” en RDC
https://www.courrierinternational.com/article/vu-du-burkina-faso-kabila-et-tshisekedi-des-bandits-qui-setripent-pour-rafler-la-mise-en-rdc?fbclid=IwAR0x9Sv5iGGro-rqKYigWEZaAN1ZmX9ZJGWqkhLvYHwxJnhdDJp8ahRHTdg