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Qui des généraux Etumba et Olenga remportera la bataille au poste de chef d’état major général des FARDC ?
Leurs atouts et leurs faiblesses
Depuis la « victoire » des FARDC face au M23 et la mise en place progressive du dispositif de réorganisation de l’armée, les experts militaires sont curieux de savoir qui sera le prochain chef des forces armées congolaises.
Avec la promulgation de l’ordonnance de la mise en exécution de la loi organique portant organisation et fonctionnement des FARDC, une nouvelle mise en place du commandement de l’armée sera effectuée prochainement. Cela devra concerner la nomination des généraux devant diriger les trois zones de défense qui vont remplacer les onze actuelles régions militaires. On nous signale aussi des possibles remaniements au sein de l’état-major général, des états-majors des différentes forces (terrestre, aérienne et navale) composant les FARDC ainsi que les trois nouvelles zones de défense qui vont remplacer les onze actuelles régions militaires.
Dans cette analyse, nous nous intéressons particulièrement au changement qui pourrait survenir à la tête de l’armée au poste de Chef d’état-major général (Chef EMG) des FARDC. La loi organique veut que celui qui exerce la fonction de chef EMG soit également revêtu du grade de l’armée le plus élevé.
Actuellement, cinq généraux portent le grade le plus élevé de l’armée avec quatre étoiles équivalent au grade de général d’armée: Etumba, Olenga, Liwanga, Kisempia et Mavua. Mais les trois derniers ont été retraités juste après leur promotion. Ainsi, par ce mécanisme d’élimination naturelle, il ne reste plus qu’actuellement deux noms qui peuvent prétendre à ce poste stratégique qui marque la consécration suprême d’une carrière militaire. Il s’agit des généraux d’armée Didier Etumba, ‘actuel Chef EMG et François Olenga, le chef d’état major intérimaire de l’armée de terre depuis la suspension du général Gabriel Amisi Kumba dit « Tango Four ».
Ainsi, leurs sorties respectives médiatiques de ces derniers temps, après la déroute du M23, ne sont pas étrangères à ces futurs enjeux qui attendent les FARDC.
Dans sa vision anticipative et prospective stratégique, DESC analyse, dans la rigueur méthodologique qu’est la sienne, les atouts et les faiblesses respectifs de chaque prétendant à la fonction de chef d’état-major général des FARDC?
Le Général d’armée Didier Etumba Longila
Ses atouts
Formé à l’ERM puis à l’École d’application de la Gendarmerie de l’Ecole Royale de Gendarmerie et criminologue de l’université de Liège, le Général Etumba évolue de manière discontinue au sein de l’armée depuis bientôt 30 ans. Une armée qu’il a vue se métamorphoser depuis les FAZ, les FAC et les FARDC.
Etumba a été sur tous les fronts des négociations politiques depuis la seconde guerre d’agression de 1998 avec le RCD. En tandem avec le général Kalume Numbi (Ermiste comme lui), ils ont été lors des négociations de Lusaka, Pretoria et Sun City dans les commissions militaires ce que Kamerhe et l’ex-tout puissant Augustin Katumba Mwanke (AKM) furent sur le plan politique. D’où sa proximité avec Kamerhe dit le pacificateur.
Dans son ouvrage posthume, Ma vérité, Katumba, avide d’éloges, écrit ceci à propos du général Etumba :
« Didier Etumba, peu disert mais particulièrement pugnace et fin dans ses analyses apportait la concision et le sens pratique de son métier. Doué d’un extraordinaire flair de prévision, d’une constante vigilance sur les questions stratégiques, Didier est d’une loyauté sans borne au Boss. Dans toutes nos discussions de stratégie et de tactique, son souci premier était de protéger le Boss, de le mettre à l’abri de nos calculs et des coups parfois tordus que nous préparions contre nos adversaires. » C’est peut-être ce que le général Etumba a voulu démontrer en attribuant à son « Boss » la paternité du fameux plan militaire « Pomme-Orange » de neutralisation du M23 et les louanges qui s’en suivirent lors de sa caiserie morale avec une partie des troupes engagées au combat contre le M23.
Plus loin, Katumba poursuit à propos du général Etumba : « C’est un homme d’une très grande droiture. Si seulement nos politiciens et même certains de nos officiers lui empruntaient quelques-unes de ses vertus ! ». Des vertus mises au service du pouvoir absolu de son boss.
Pour rappel, un think tank dénommé COST (Comité de stratégie) a été mis en place dès l’accession de joseph Kabila au pouvoir. Il était composé de : AKM lui-même (coordinateur), Vital Kamerhe, Ngoy Mulunda, Theophile Bemba, Evariste Boshab, Pierre Lumbi, Samba Kaputo, Didier Etumba et avait pour objectif la mise en place d’un système de conservation de pouvoir au profit de Joseph Kabila.
Pour revenir au général Etumba, de mère Tutsi selon les déclarations d’un cadre de la Majorité présidentielle qui le connait très bien, il a été, avec le général Damas Kabulo (Ex-Faz sorti de l’EFO 6 et de mère Tutsi), le mentor du président Kabila depuis que ce dernier exerçait les fonctions de chef de l’armée de terre en 1998.
Etumba a profité de son statut pour promouvoir récemment certains de ses proches dont la plupart issus de l’ERM, parmi lesquels les généraux Mwipatayi, Kabeya Nkongolo, Matutezulwa (injustement inculpé pour assassinat de Laurent-Désiré Kabila, arrêté puis acquitté par la suite),Tabu, Moya, Lukama et Dzaringa … dont on dit qu’ils ont été promus généraux grâce à Etumba. Des éléments favorables à Etumba qui peuvent toujours jouer un rôle dans l’échiquier sécuritaire qui serait mis en place prochainement en consolidant sa sphère d’influence au sein de la hiérarchie militaire des FARDC au détriment du général Olenga.
D’autres sources proches du pré-carré sécuritaire de Kabila signalent que le général Etumba a la faveur du « Boss » qui le maintient à ce poste depuis plus de 5 ans (un record absolu) pour sa loyauté viscérale et sa non nocivité envers son pouvoir, contrairement à un Chef EMG ambitieux et sanguin comme le général Olenga qui aurait un tempérament chaud similaire à celui du feu le général Mahele Bokungu. Et ces sources de préciser, c’est dans cette subtile stratégie d’affaiblissement du général Olenga que le général Etumba a été mandaté par « le Boss » aux avant-postes à Goma pour s’entretenir avec les troupes et leur faire avaler l’idée selon laquelle le plan « Pomme Orange » de la neutralisation du M23 a été conçu personnellement par Kabila. Ce dernier l’a directement transmis en toute discrétion à Etumba qui, à son tour, a directement ordonné au général Lucien Bahuma Abamba (Commandant des opérations et de la 8ème Région militaire au Nord-Kivu) pour son exécution intégrale sans qu’aucune autre personne (Ndlr : Général olenga) n’en soit informée.
Ses faiblesses
Les généraux Etumba et James Kabarebe, alors Chefs d’EMG de leurs Etats respectifs. Le général Kabarebe est le seul général au monde a avoir été chef EMG dans deux pays différents. Une première mondiale dans l’histoire militaire des Etats. Et la RDC ne cessera jamais d’être un pays atypique dans le domaine militaire. Elle vient, dit-on, de gagner la guerre contre le M23 tout en signant un accord de paix avec l’ennemi vaincu qui n’a jamais signé son acte de capitulation et qui bénéficiera en plus d’une amnistie pour les actes de guerre et d’insurection contre l’armée. Des actes punis par la loi sur le statut militaire promulgué en août 2013 par Kabila.
Le général Etumba est très peu en contact avec les troupes. Durant toute la période d’affrontements contre le M23, il a été moins présent que le général Olenga sur les champs de bataille. Et pourtant, en tant que chef EMG, c’est lui qui est censé jouer le rôle similaire à celui de l’entraîneur de ses troupes. Les FARDC s’étaient retrouvées au front comme une équipe de football privée de son président et son entraîneur. Rarement durant le temps des affrontements on a vu le général Etumba, comme son commandant suprême, effectuer des visites d’inspection des troupes engagées au combat, ni établir un état-major avancé pour suivre de près l’évolution de ses troupes. Cette mission a été accomplie par le général Olenga, Martin Kobler et le général brésilien, chef militaire de la MONUSCO, Dos Santos Cruz.
Le général Etumba est très peu apprécié par les autres militaires FARDC non formés à ERM (Belgique), notamment les anciens de l’EFO qui lui reprochent sa souplesse avec les ex-RCD-Goma et CNDP. Un officier général FARDC nous a confiés qu’il est entouré de six collaborateurs Tutsi qui le surveillent de près.
Etumba est jugé peu efficace et incompétent à ce poste par les experts de l’EUSEC (La Mission d’assistance de l’UE à la réforme de l’armée congolaise) qui lui reprochent de pas avoir suffisamment influencé la réforme des FARDC, qui bat de l’aile.
Des analystes avancent que le général Etumba évolue dans l’ombre totale de Joseph Kabila (et ses soutiens régionaux) à qui il doit TOUT. Ce qui explique sa discrétion carriériste, son aphonie et son manque de charisme auprès des troupes. On lui reproche également son manque de charisme et son incapacité à s’imposer ni à marquer les esprits de sa longue présence (plus de 5 ans, un record absolu) à la tête de l’armée. Il ne parvient pas non plus à mieux vendre son plan de réforme de l’armée conçu avec le ministre de la Défense Mwando Nsimba en 2009. Un plan qui est pourtant très ambitieux et bien élaboré, mais étouffé dans sa mise en œuvre par des mains obscures.
Son rôle ambigu lors de la chute de Goma. Selon la journaliste Braeckman, c’est lui qui aurait ordonné aux troupes de battre retraite alors que les FARDC venaient d’infliger de lourdes pertes au M23 quelques jours avant le retournement.
Pas apprécié par l’establishment Katangais qui forme le cordon sécuritaire de Kabila et qui revendique à la fois son poste et la primature.
Le Général d’armée François Olenga Tete
Ses atouts
Patriote de première heure durant l’époque des Simbas, très jeune, il s’est mis à la défense de la patrie.
Sociable et bon communicateur, le général d’armée Olenga a le contact facile avec la population et les troupes et n’hésite pas à aller au-devant de la scène. Un officier supérieur européen le qualifie d’un bon chef charismatique.
Après sa nomination à la tête de l’armée de terre, le général Olenga s’est rendu au front pour une inspection des troupes et une causerie morale au cours de laquelle il a menacé de ramener l guerre d’où elle est venue, au Rwanda. Ce qui lui a valu les applaudissements des troupes (Photo ci-dessous) qui en avaient marre de perdre des batailles du fait des trahisons de leurs chefs et des ordres incongrus d’arrêt de combat et de repli venus de Kinshasa.
Meneur d’hommes et réactif, le général Olenga possède le sens du devoir et l’esprit de décision. Il sait exploiter l’art du commandement tout en fédérant les énergies de ses troupes pour consolider leur cohésion en les préparant moralement à leur mission de combat.
Pragmatique, formé sur le tas et connaissant ses limites, il dispose pourtant de solides soutiens et conseillers parmi les ex-FAZ retraités qu’il consulte en privé pour l’aider à s’acquitter de la manière la plus efficace de sa tâche de chef de l’armée de terre avec 110.000 hommes placés directement sous ses ordres.
Ancien bras financier militaire des Kabila, il met à profit ses moyens financiers colossaux lui permettant de s’attirer la sympathie de ses collègues en difficulté et des troupes envers qui il « libère » une motivation à chacune de ses visites d’inspection. Un atout non négligeaoble pour une armée où les officiers sont réputés être des détourneurs des soldes de leurs subalternes. Une source proche de la présidence nous a déclaré qu’en matière de dépenses militaires stratégiques, seuls 3 généraux sont habilités à commander du matériel militaire, avec les commissions afférentes qui sont des pratiques courantes dans ce secteur. Il s’agit de généraux : Olenga, Mbala (chef de la maison militaire du chef de l’Etat), et le vice amiral Damas Kabulo (le puissant secrétaire général du ministère de la Défense).
Le général Olenga est présenté actuellement comme l’homme du retournement de la situation contre le M23 pour avoir été à la base de l’élévation du moral de ses troupes tant sur le plan psychologique : un vrai tribun qui sait haranguer les foules, à l’instar de son héros Lumumba, et logistique car les troupes ont été ravitaillées et payées à temps pendant la guerre et a menacé de sanctionner les indisciplinés. Or la discipline joue un rôle capital dans les batailles militaires ; le contraire mène à la ruine des armées.
Depuis que la MONUSCO s’est réveillée de son sommeil, il semble développer un tandem de choc avec l’allemand Kobler car Olenga parle couramment la langue de Goethe. Cela peut toujours servir…
Il dispose d’un grand réseau de contacts, surtout dans l’ex-Europe de l’Est où il a passé l’essentiel de son exil, notamment avec les marchands d’armes Ukrainiens, Tchèques, Biolorusses, Serbes, voire au moyen orient avec les Qataris. Cela lui a permis de jouer un rôle important auprès de LD Kabila dans l’AFDL en s’occupant de la logistique.
Le général jouit actuellement du soutien populaire depuis la déroute du M23.
Faiblesses
Parcours militaire incomplet malgré un début de formation à l’académie militaire de Prague (Tchéquie). Ce qui mettrait en doute ses capacités de management d’une armée appelée à se moderniser et à se professionnaliser qui exige des compétences managériales autres que le courage et la facilité de communication.
Ses prises de position anti rwandaises risquent de le mettre en porte-en-faux avec son Commandant suprême qui cherche à tout prix une réintégration et l’amnistie du M23, lui qui s’y oppose farouchement.
De plus en plus en vue et pourrait faire ombrage à Kabila ce qui mettrait à mal les projets des soutiens régionaux de Kabila et pousser ce dernier à s’en débarrasser par une retraite anticipée vu son âge : 64 ans. La loi portant statut de militaire fixe l’âge de retraite pour les officiers généraux à 59 ans. Le président Kabila pourrait y voir une opportunité pour l’écarter dans la course au poste de chef EMG des FARDC. D’ailleurs une source occidentale de l’ONU bien introduite dans le pré-carré sécuritaire congolais nous a déclaré que Kabila préparerait une sortie honorable du général Olenga pour ne pas trop le froisser. Pour cette source, Etumba est la ceinture rwandaise de Kabila, entouré de six conseillers Tutsi au sein de son cabinet à l’état-major général des FARDC. Il jouit du soutien du Rwanda qui tient à faire entourer Kabila des hommes de confiance. pour cela, il devrait naturellement conserver son poste à la tête de l’armée. Il ne faut pas surtout perdre de vue que, pour Colette Braeckman, c’est Etumba qui a donné les ordres de cessez-le-feu et de répli des FARDC en 2012 alors qu’elles avaient le-dessus sur le M23 (Le Soir, 1/02/2013).
Rappelons que 04 au 16 février 2013, une session (3ème) du séminaire sur la réforme des FARDC. Ce séminaire, qui a réuni 113 officiers supérieurs et généraux issus de toutes les régions militaires, des commandements, zones et secteurs opérationnels et de différents états-majors des forces armées, a porté sur l’analyse des causes des contre-performances des FARDC lors des opérations à l’est de la RD Congo en 2012.
Le rapport de synthèse élaboré à cet effet a épinglé les causes profondes suivantes de la défaillance des FARDC à Goma en novembre 2012:
- Planification insuffisante des opérations militaires : Insuffisance (manque) de planification à tous les niveaux (Stratégiques, opérationnelles et tactiques) ; Manque des ordres d’opération clairs et les ordres restent verbaux ; Manque de briefings et débriefings ;
- Conduite de la bataille : L’utilisation de dialectes comme langue de commandement en opérations ; Pas de coordination efficace durant les actions ; Découragement dans la prise d’initiative au combat par les autorités ; Intervention récidivée des ordres de trêve et cessez-le-feu à chaque fois que les troupes amies sont en position avantageuse…
- Commandement et Contrôle des unités au Combat : Désorganisation totale du commandement ; Complaisance dans les désignations des cadres de commandement (népotisme, tribalisme) clientélisme); Commandements parallèles (multiplicité des centres de commandement) : Amalgame des structures et dysfonctionnement des multiples chaines de commandement (ordres contradictoires, refus d’ordres) ; Trahisons, déloyauté, suspicions et manque de crédibilité (manque total d’esprit de corps)…
Malgré son estime auprès des troupes et de la population, Olenga jouit de très peu d’admiration de la part des officiers issus des filières classiques comme l’EFO, l’ERM, Saint-Cyr… qui le considèrent plus comme un civil qu’un militaire. Conscient de cela, Olenga privilégierait une politique de formation des officiers dans les pays qui lui sont familiers : Russie, Serbie et Ukraine, Biélorussie, Tchéquie pour se constituer une catégorie de jeunes officiers proches de sa sensibilité militaire et capables de renforcer son influence militaire au sein de l’armée. C’est d’ailleurs auprès de la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, la Tchéquie et la Serbie que le général Olenga a fait le choix d’équiper les unités des FARDC de l’armée de terre. Ce qui le mettrait en conflit avec les marchands d’armes occidentaux.
Ses détracteurs le présentent plus comme un homme d’affaires qu’un militaire et l’accusent de profiter de son statut militaire pour faire prospérer ses affaires dans le secteur de loisir.
Jean-Jacques Wondo/ Exclusivité DESC
2 Comments on “Qui des Généraux d’Armée Etumba et Olenga remportera la bataille à la tête des FARDC? – JJ Wondo”
DESIRE NGOLWA
says:Les généraux d’armées, sont au nombre de six. Voua avez oublié le Gal Dieudonné Kayembe Mbandakulu
Patrick Matutezulwa
says:Certaines informations sur le Général Etumba sont erronees. Il n’a jamais eu une mère tutsi. Merci beaucoup de bien vouloir le corriger.