Gilbert Kabanda Kurhenga, médecin militaire en retraite, ex-Commandant du Service de Santé médicale de l’armée (FARDC) de 2014 à 2018, promu Général Major en 2018, est le nouveau ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants du Gouvernement Sama Lukonde.
Gilbert Kabanda est également professeur d’université, spécialisé en médecine aéronautique à l’Université catholique de Bukavu. On le décrit comme étant un homme très rigoureux, travailleur, intègre et discipliné, très apprécié par ses anciens collègues? C’est un Mushi du territoire de Kabare dans le Sud-Kivu. Il n’est pas Tutsi.
Une bibliothèque vivante de l’armée congolaise
C’est un médecin militaire congolais formé notamment en Italie après ses études en médecine à l’Université de Lovanium. Il a intégré les Forces armées zaïroises (FAZ) sous Mobutu au début des années 1970 où il a gravi progressivement les échelons. Il était déjà à l’époque de Mobutu, chef du service de santé des FAZ. Il a notamment travaillé avec l’ancien chef d’état-major général des FAZ, le général Tito Eluki Monga. Il n’a jamais fait partie de la rébellion de l’AFDL. Il avait à son actif une quarantaine d’années de service dans les forces armées avant d’être admis à la retraite. Cette longue expérience au sein des forces armées congolaises devrait inévitablement lui permettre par d’avoir une meilleure connaissance des FARDC que tous ses prédécesseurs à ce poste depuis mai 1997. Ce n’est donc pas un profane qui est catapulté à ce poste. Gilbert Kabanda est par son parcours et son statut un témoin de premier plan qui a connu et subi toutes les mutations et les vicissitudes de l’armée congolaise depuis les Forces armées Zaïroises.
Je regrette cependant le fait que, à cause des arrangements politiciens parcimonieux, ce ministère stratégique n’ait pas été élevé au rang de Vice-premier ministère ou de ministère d’Etat vu que la sécurité reste la grande priorité de ce Gouvernement, outre le social.
Par ailleurs, j’aurais également souhaité que ce ministère soit baptisé ministère de la Guerre ou des Armées afin d’imprimer une nouvelle impulsion politique psychologique à la situation sécuritaire chaotique qui règne à l’Est de la RDC.
Des défis colossaux à relever dans une conjoncture financière difficile
La tâche du nouveau ministre congolais de la Défense ne sera pas facile car les réformes à entreprendre sont énormes alors que le pays est confronté à une situation sécuritaire exponentielle à l’est, depuis l’Ituri au Nord, husqu’au Nord Katanga. Le budget militaire est insignifiant, soit environ 295 500 000 dollars pour 2021, en très nette baisse par rapport aux années précédentes. L’armée de la RDC ne dispose pas de loi de programmation militaire censée fixer des prévisions budgétaires pluriannuelles pour sa modernisation et sa montée en puissance. Les soldes des militaires et leurs primes sont modiques, souvent détournées par la hiérarchie.
Les processus DDRC (Désarmement – Démobilisation – Réinsertion Communautaire) est au point mort ou se limite à réintégrer dans l’armée des rebelles qui n’ont rien à voir avec le métier des armes. Le niveau de formation militaire est au rabais depuis la fin des projets de L’EUSEC-RDC dans le cadre de la réforme de l’armée, financés par l’UE. La logistique militaire est obsolète et souvent inadapté.
A cela, il faut compter avec une armée hétéroclite aux loyautés absconses et changeantes, sans ordre de bataille clair. Une armée à structure pyramidale inversée, avec un commandement désorganisé, dysfonctionnel (superposition des structures de commandement) et peu compétent qui nécessite un profond relifting.
L’urgence réactiver la réforme de l’armée
Selon l’Avocat général des FARDC, le colonel Pierre Egide Bossale qui le connait depuis les FAZ : « Le général en retraite Kabanda est bel et bien un Congolais. C’est un Monsieur très structuré et méthodique. Il suffit que l’on lui donne des moyens de son action, il est capable d’apporter des innovations qui pourraient booster notre dispositif de défense nationale. »
Cependant, c’est au niveau des actions à entreprendre en rapport avec les opérations sur le terrain et le management de l’armée que l’on va juger l’efficacité du ministre Kabanda. Mais avec une forte détermination politique et une mobilisation des ressources, il y a moyen de mettre en œuvre un ambitieux Plan Stratégique de réforme des FARDC, pragmatique, qui pourrait progressivement juguler l’insécurité. Un plan qui vise notamment la transformation des FARDC en une armée professionnelle, opérationnelle et républicaine, en phase avec les ambitions de géopolitiques de la RDC et les exigences de la démocratie. C’est sur ce terrain que la vison du Président Tshisekedi sera particulièrement évaluée à la fin de son premier mandat en 2023.
2 Comments on “Quels défis pour Gilbert Kabanda Kurhenga, le nouveau ministre de la Défense de la RDC ? – JJ Wondo”
GHOST
says:DEFIS?
L´un des défis serait sans doute de depasser le « nationalisme » ? Quand vous lisez un passade de l´ouvrage de feu le général Celestiin Ilunga « L´EFFONDREMENT DES FORCES ARMEES ZAIROISES » que JJ Wondo cite á la page 482 de son ouvrage « Les armée du Congo-Kinshasa: radioscopie de la Force Publique aux FARC », on retrouve sans peine l´ambition des élites militaires congolaises d´influencer si pas de choisir la forme que devrait prendre les réformes de l´armée au Congo.
PARADOXE?
Le message de la CENCO qui exprime sans doute la perception de tous les congolais sur les insufisances capacitaires de l´armée nationale congolaise dans la guerre de l´Est trouve une sorte de confirmation des propos du feu le général Celestin Ilunga que Kengo cite dans son ouvrage (Léon Kengo Wa Dondo: La passion de l´État. page 238).
Dans ce passage, le général Ilunga affirme que les FAZ n´ont jamais gagnées une guerre toute seules.. Toutes les victoires ont été obtenue avec la contribution des armées étrangères.
L´ÂGE DE LA LUCIDITE?
Devrons-nous accepter.. une sorte de « OUTSOURCING » où le nouveau ministre devrait travailler plus pour trouver une « puissance » militaire, une organisation militaire du genre OTAN ou AFRICOM afin d´obtenir une meilleure planification des réformes des FARDC?
Mettre en avant notre nationalisme ne fait pas avancer notre obligation d´assurer la sécurité de notre peuple.
Kulutu
says:Dr G. Kabanda est bel et bien congolais. Pas rwandais, il faut le souligner. Famille par alliance avec maman Denise Ny. Médecin militaire, derrière lui une longue carrière, Plutôt réservé, simple, posé, généreux et hospitalier. Pour autant, sera-t-il un homme à la hauteur …? S’il a des moyens et s’il sait s’entourer pourquoi pas, on verra. Il semble être si lucide pour n’est pas avoir conscience qu’il sera jugé en termes de réponses – promptes – à l’insécurité qui perdure douloureusement par-ci par-là, spécialement à l’Est dont il est par ailleurs originaire. Il marquera l’histoire s’il réussi à l’Est et s’il parvient à restructurer / revaloriser les FARDC.