Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 21-10-2013 07:22
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Quelles réformes pour une Armée Républicaine et Nationale en RD Congo ? – Colonel Antoine Kasongo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Quelles réformes pour une Armée Républicaine et Nationale en RD Congo?

Papa Kava 001Colonel Antoine Kasongo

Une des recommandations des concertations nationales me fait réagir: la mise en place d’une armée républicaine et nationale en RDC.

Cela est un aveu d’échec de la part de la classe politique congolaise et des gouvernements qui se sont succédé depuis les élections de 2006.

A Sun City, la classe politique nous a sorti des concepts de mixage, d’intégration et de brassage. Malgré un accompagnement de la communauté internationale, le pays ne s’est toujours pas doté d’une armée républicaine et nationale.

Il est facile d’affirmer que c’est par manque de volonté politique. Je dirai tout simplement que c’est par le manque des hommes d’état dans la classe politique congolaise qui considère que l’armée est un instrument qui sert à tenir en respect les adversaires politiques  pour se maintenir au pouvoir.

Comment comprendre que la garde républicaine soit l’unité la mieux dotée en équipements et matériels militaires des FARDC? Faut-il des véhicules blindés et des canons d’artillerie pour la protection éloignée et rapprochée du chef de l’état?

Dans un pays comme la RDC, l’armée sera dite nationale lorsque dans le recrutement des soldats, il sera intégré le critère de représentation par territoire et proportionnellement à l’ensemble de la population congolaise. Elle sera républicaine lorsqu’elle cessera d’être utilisée comme une police politique à la disposition d’une personne ou d’un groupe d’individus décidés à garder le pouvoir le plus longtemps possible.

Le Chef de l’Etat est tenu au respect strict des statuts des forces armées. Il ne lui appartient pas de nommer, de désigner des officiers à des diverses fonctions selon ses humeurs ou ses relations en usant d’un pouvoir discrétionnaire qu’il ne détient pas dans le fonctionnement des forces armées en temps de paix. Les statuts des forces armées définissent les critères de nomination en grade et des désignations aux fonctions au sein de l’armée.

Je ne suis pas juriste mais par contre je sais que tout privilège est défini par la loi. Personne ne peut s’en octroyer quelles que soient les fonctions qu’elle occupe dans la hiérarchie de l’état. L’armée appartient à la nation, elle a pour mission de défendre l’intégrité du territoire national contre toutes les menaces tant intérieure qu’extérieure. Le ministre de la défense nationale conduit la politique du gouvernement en matière de défense nationale. A ce titre, il émet des directives politiques en matière de défense nationale au chef d’état major général dont il est le chef hiérarchique. Le chef d’état major général est choisi parmi les officiers les plus anciens dans le grade le plus élevé. Il est le conseiller militaire du gouvernement. Il transforme les directives politiques en matière de défense nationale du gouvernement en directives et ordres opérationnels au profit des unités des forces armées. Il a la mission de maintenir les unités des forces armées en état opérationnel. Il est aussi responsable du maintien de la discipline militaire au sein des forces armées.

Dans un Etat de droit, lorsque il y a des troubles qui menacent la sécurité intérieure de l’Etat, l’autorité civile compétente introduit une demande de réquisition au ministre de la défense nationale pour une intervention des unités des forces armées dans le opérations de maintien et de rétablissement de l’ordre public sous les ordres de l’autorité civile et de la police.

Après ses généralités, passons à la réforme des FARDC

Réforme structurelle

A ce jour, les FARDC sont structurées de la manière suivante: Etat Major Général, force terrestre, force navale et force aérienne. Pourquoi ne pas revenir à l’organisation de l’armée nationale congolaise? Une aviation militaire, une garde côtière, fluviale et lacustre par la suppression des forces que je trouve objectivement budgétivore. Lors des dernières nominations des généraux, les observateurs avertis ont constaté un nombre élevé de contre amiral (équivalent du général de brigade dans la force terrestre) et du général de l’air. Par exemple dans la marine nationale française c’est un capitaine de vaisseau (équivalent au grade de colonel) qui est commandant du porte avions « Charles DE GAULLE. En lieu et place de faire des nominations fantaisistes, il serait mieux d’améliorer les conditions de travail et sociales de ses officiers.

Ces mesures entraîneront la suppression des forces navales et aériennes. Les unités de l’aviation militaire et de la garde côtière fluviale et lacustre seront aux ordres du commandant de la région militaire. Ce qui renforcera la règle de l’unité de commandement.

Faut-il adapter la région militaire à la configuration administrative du pays?

La constitution prévoit 26 provinces, demain nous aurons aussi 26 régions militaires.

Objectivement, c’est une augmentation des dépenses qui ressemble à une mauvaise gouvernance. En fonction d’une étude basée sur la menace et la configuration du terrain que sera fixé le nombre des régions militaires (stratégie et tactique). Dans les effectifs des FARDC, il sera tenu compte du rapport combattant soutien (administratif et logistique)

Le principe un homme une fonction servira d’établir les tableaux organiques des unités.

Pour revenir à la force aérienne et à la force navale, ce n’est  pas avec quelques aéronefs et des pirogues motorisées que l’on peut en faire des forces. Il faudra attendre leurs montées en puissance pour en faire des forces. 

Quand à la chaîne logistique, le maillon faible des FARDC, tout est à revoir. Je ne vais pas étaler dans mon article les faiblesses de notre armée. Je suis conscient que la force de nos ennemis repose sur nos faiblesses.

Les autorités politiques congolaises pensent qu’elles arriveront un jour à mettre en place ou en œuvre une armée capable de remplir ses missions de défense de l’intégrité territoriale avec la coopération des techniciens militaires étrangers en diversifiant des coopérations étrangères. Je sais que tous ont peur de la reproduction de ce cas du 24 Novembre 1965. Ils ignorent leurs responsabilités. Si elles passaient entre elles un pacte républicain qui respecterait l’alternance politique, les militaires resteront dans les casernes. 

La RDC est l’un des rares pays où le chef de l’état est en même temps commandant suprême des forces armées et de la police. La police doit rester une institution civile. 

Pour conclure, je crois que le gouvernement a le devoir impérieux de convoquer les états généraux de l’armée. Je demanderais au gouvernement de faire appel à l’expertise nationale en matière de défense nationale. Il est irresponsable de confier la défense nationale qui est une fonction régalienne aux étrangers.

La diversification de la coopération militaire constitue un handicap pour la cohésion au sein des différents corps des FARDC.

En signant un pacte républicain, les partis éviteront d’intégrer dans leurs projets de société les problèmes relatifs à la défense nationale. Ce sera le seul point de convergence entre eux. L’armée sera républicaine et nationale au service de la nation.

Antoine KASONGO MUKONKOLE

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