Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 15-06-2021 09:15
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Quelles capacités militaires et sécuritaires du Burkina Faso face à la menace terroriste ? – Jean-Jacques Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Introduction

Considéré comme un des pays les plus instables de l’Afrique au 20ème siècle[1], le Burkina Faso avait retrouvé une stabilité politique relative sous Blaise Compaoré, malgré de nombreux soubresauts sociopolitiques qui secouaient régulièrement ce pays.

Le pays a été le théâtre d’une révolte populaire de grande ampleur qui a balayé le régime autocratique de Compaoré en octobre 2014. Cela a donné lieu à une période de transition qui devait être marquée par des élections présidentielle et législatives le 11 octobre 2015. Mais le 16 septembre 2014, des putschistes menés par le général Diendéré, ex-chef du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), ont annoncé la destitution du président et la dissolution des instances de transition. Mis sous pression populaire et du reste de l’armée, les putschistes vont rendre le pouvoir le 17 novembre 2014 à Michel Kafando, un ancien diplomate. Le pays va alors expérimenter une des rares expériences de transition démocratique les mieux réussies de l’Afrique occidentale francophone. Le pays avait déjà expérimenté une première vague non aboutie du processus de démocratisation au début des années 1990, à la suite de la chute du mur de Berlin[2].

Après une période de transition assez mouvementée, le pays a connu une nouvelle expérience d’élections pluralistes, le 29 novembre 2015, avec l’exclusion de l’ancien parti de Compaoré. Ces scrutins ont permis de poser les jalons d’une nouvelle architecture institutionnelle démocratique, avec l’élection avec près de 54% des voix, Roch Marc Christian Kaboré, du parti Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), devient le président du Burkina Faso, élu démocratiquement. Kaboré sera réélu en décembre 2020 avec 57,74 % des voix, consolidant un peu plus l’ancrage institutionnel démocratique du pays. La littérature sur la consolidation démocratique et la stabilisation des pays ayant connu une transition démocratique suggère que le meilleur baromètre de la stabilité d’un pays fragile réside dans le troisième cycle électoral après la fin officielle de la période de transition. Pour le Burkina Faso, on est au deuxième cycle électoral. Ce sera à la fin du deuxième mandat de Kaboré que l’on pourrait bien évaluer la situation générale du Burkina. Ce qui fait de cette mandature de Kaboré un enjeu extrêmement important dans le processus de stabilisation politique et institutionnelle pérenne du pays.

Cependant, malgré le dynamisme socio-économique insufflé par le président Kaboré, le pouvoir est confronté à la menace des groupes jihadistes qui sèment la terreur dans une large partie de ce pays d’Afrique de l’Ouest, pauvre et enclavé de 20 millions d’habitants, à l’économie basée sur l’agriculture[3].

Comment ce pays, qui a souvent joué un double rôle déstabilisateur et régulateur de la région du CEDEAO, grâce à une armée autrefois acquise à l’ancien régime, peut-elle faire face à cette menace régionalisée qui illustre la fragilité des structures de l’Etat ? Tel est le fil conducteur de la présente analyse.

Le Président Roch Marc Christian Kaboré passe les troupes burkinabè en revue
Un pays qui veut tourner la page des stigmates militaristes des régimes qui se sont succédé jusqu’à Compaoré

Au Burkina Faso, jusqu’il y a peu, l’armée a souvent occupé une place prépondérante dans l’évolution sociopolitique du pays, depuis le premier coup d’État de 1966 mené par le général Sangoulé Lamizana[4]. Depuis son indépendance en 1960, le Burkina Faso a connu onze régimes différents, dont sept ont suspendu la Constitution, et au bas mot une quinzaine de coups ou tentatives de coups d’états[5]. Enfin, le Burkina Faso a été le pays de l’Afrique de l’Ouest qui a été le plus confronté à plusieurs mutineries de ses forces armées. La chute de Compaoré et les tensions entre le RSP et le reste de l’armée a encore fragilisé la capacité opérationnelle des Forces armées nationales (FAN), l’armée du Burkina Faso.

Les FAN sont souvent confrontées aux problèmes budgétaires impactant sur la modernisation de l’outil militaire – obsolète –  et leurs conditions de vie et de travail. Par ailleurs, la crise socio-économique et le népotisme qui ont prévalu dans  l’armée, sous Compaoré, ont créé une fracture sociale entre une frange de l’élite, majoritairement recensée dans le RSP, et le reste de l’armée et des hommes de troupes des autres composantes des FAN. Ce qui n’a pas manqué d’agir sur la discipline des troupes qui se sont mutinées dans plusieurs casernes du pays en 2008 et en 2011, malgré des mesures drastiques de contrôle et de nettoyage de l’armée d’éléments encombrants le pouvoir. L’indiscipline a été un des grands fléaux de cette armée.

Le rôle trouble joué par le RSP durant la période de transition en 2015 a fait  émerger l’urgence absolue de s’attaquer à une profonde réforme de l’armée et des services de sécurité en vue de consolider la jeune démocratie balbutiante. Après son investiture le 29 décembre 2015, le président Kaboré a annoncé le projet de réforme de l’armée le 4 février 2016. Cette réforme vise à former une armée républicaine, réellement professionnelle et apolitique. L’objectif, étant de rompre définitivement avec un phénomène par excellence burkinabé : la collusion entre l’armée et le pouvoir politique/étatique. Il est également question de moderniser les FAN sur le plan matériel. Le Président voudrait la doter de moyens adéquats afin d’accomplir avec efficacité requise les missions de défense du territoire, particulièrement dans la lutte contre le terrorisme jihadiste galopant sur le territoire national. Le pays venait d’être le théâtre, le 15 janvier 2016, d’une attaque à ‘hôtel Capuccino, dans la capitale Ouagadougou, revendiquée par al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), qui a fait une trentaine de morts[6].

Lors de la cérémonie d’ouverture du premier Conseil d’administration du secteur ministériel (CASEM) de l’année 2017 du ministère de la Défense nationale et des Anciens combattants, le 16 février 2017, en vue de l’élaboration du Plan stratégique de la réforme des Forces armées nationales (PSR), le Président Kaboré a déclaré que « la réforme des Forces armées nationales vise à construire une Armée professionnelle, opérationnelle et républicaine, en phase avec les ambitions du Burkina Faso et les exigences de la démocratie ». Le CASEM a, à cet effet, élaboré un Plan stratégique 2018-2022 de la réforme des Forces armées nationales (PSR) qui a été adopté par décret le 12 décembre 2017. Ce, après une radioscopie complète du fonctionnement de l’armée depuis sa création par les principaux acteurs et pour s’adapter à l’évolution socio-politique du Burkina Faso. « Dans un contexte changeant où de nouvelles menaces sont omniprésentes, ce plan, offre l’occasion d’adapter notre outil de défense, afin de faire face aux défis comme le terrorisme qui constitue une grande préoccupation », disait le ministre de la Défense au moment de son lancement. Le plan comprend 17 programmes, 63 actions et 256 activités[7]. Ce plan décrit la réforme des forces armées ainsi que la loi de programmation militaire quinquennale qui prévoit un investissement de plus d’1,2 milliard USD. Ce plan stratégique a été élaboré dans le but de mettre sur pied une armée qui fonctionne de manière optimale, conformément aux ambitions du pays et aux exigences de la démocratie et de l’état de droit[8].

La dissolution du RSP  en octobre 2015 et l’affectation de ses éléments dans différents régiments au Burkina Faso et à des missions des contingents burkinabé à l’extérieur était un pas vers la dépolitisation de l’armée. Le RSP avait constitué durant des années la colonne vertébrale du régime prétorien de Blaise Compaoré sur le plan sécuritaire. Cependant, certains experts avaient regretté la précipitation avec laquelle ce démantèlement s’était opéré. Car ce corps d’élite, bien formé et bien mieux équipé que le reste de l’armée, aurait pu servir utilement la défense du pays en lui assignant d’autres missions.

L’architecture des forces de défense et de sécurité du Burkina Faso

Les forces armées et de sécurité burkinabé, comme celles de la plupart des anciennes colonies françaises de l’Afrique centrale et de l’ouest, sont structurées sur le modèle sécuritaire français. Elles sont organisées autour d’une armée, avec ses trois composantes – terrestre, aérienne et navale – ainsi que d’une gendarmerie coexistant aux côté de la police. Pays enclavé, ne disposant pas de frontière maritime avec ses voisins, le Burkina Faso ne dispose pas de force navale. Les effectifs de l’armée et des forces de sécurité burkinabè oscillent entre 11 200 et 12 000 hommes dont 6 400 éléments de la force terrestre, 600 éléments de la force aérienne et quelques 4 250 gendarmes[9] et paramilitaires.

Vu que le Burkina Faso n’est pas en conflit territorial avec ses voisins, cela fait qu’il n’y a pas de présence militaire et une faible présence policière dans les zones frontalières. Cela explique en grande partie la porosité de ses frontières d’où transitent des terroristes islamistes en provenance principalement du nord malien et nigérien. Les FAN sont réparties en trois régions militaires et de gendarmerie et deux régions aériennes dans le cadre de la défense opérationnelle du territoire national[10]. Outre les missions classiques de défense du territoire, l’armée Burkinabé assure les missions de développement socio-économique ; participe aux opérations extérieures de paix, de gestion et de la résolution des conflits en prenant part aux actions militaires et humanitaires sous l’égide de l’ONU et des organisations régionales et sous régionales ». Elle assure enfin les missions de secours[11].

Durant la présidence de Blaise Compaoré (de 1987 à 2014), la doctrine militaire des FAN s’est alignée sur la posture géopolitique d’acteur régional «clé » et même de garant des fragiles équilibres sécuritaires régionaux du Burkina Faso dans la région du Sahel. En dépit de fréquentes mutineries de son armée, le pays a mis à profit sa stabilité pour faire des FAN une armée de projection continentale, tout en assurant ses fonctions régaliennes de défense du territoire et professionnelle d’une armée de développement[12] du pays[13].

Selon les données de Global Fire Power de 2021, les dépenses militaires du Burkina Faso en 2014 étaient de 300 millions de dollars[14] contre 154 millions de dollars en 2013, soit pratiquement une hausse d’environ 100 %  en 7 ans. En 2018, les dépenses militaires représentaient 2,1% du PIB. Selon une étude de l’Afrobaromètre, les Burkinabè semblent majoritairement satisfaits des performances des forces armées nationales, bien que la crainte d’attaques armées soit assez élevée. Sept Burkinabés sur dix (soit 71%) affirment que les forces armées protègent « souvent » sinon « toujours » le pays des menaces à la sécurité intérieure et extérieure, et 68% estiment qu’elles sont professionnelles et respectueuses des droits de l’ensemble des citoyens[15].

L’armée burkinabè est relativement bien formée. Outre le Centre d’Entraînement Commando (CNEC) de Pô, qui formait les ex-éléments du RSP, le Burkina Faso dispose aussi d’autres écoles militaires de qualité. C’est le cas de l’École militaire technique d’Ouagadougou (EMTO) qui bénéficie de l’appui opérationnel de la France pour son fonctionnement. Cette école, unique dans la région, forme des spécialistes de la maintenance et des experts de la logistique opérationnelle depuis juin 2008, au profit d’une vingtaine de pays africains. L’EMTO ambitionne de devenir un centre d’expertise continental de référence dans le cadre d’un projet multinational, en participant, dans le domaine de la formation, à la montée en puissance de la Force Africaine en Attente en général et celle du bataillon logistique de la brigade de la CEDEAO en particulier (ECOWAS standby force)[16]. Par ailleurs, un décret du 09 juillet 2014, publié le 30 octobre 2014, a créé un Centre de Formation aux Opérations de Soutien à la Paix au sein des FAN[17].

L‘ex-Sous-secrétaire d’Etat américai aux Affaires africaines et le Lt-Col Zida, le nouvel homme fort du Burkina
Coopération internationale

Le Burkina Faso reste tributaire d’appuis extérieurs. Ainsi, le pays reçoit une aide bilatérale dans les domaines comme la formation d’unités spécialisées, l’entrainement des forces pour les missions sous drapeau de l’ONU, le renseignement et l’équipement des unités déployées dans le cadre de la force conjointe du G5 Sahel. Le Burkina Faso bénéficie ainsi des soutiens français[18] et américain[19] pour la formation et l’entrainement de ses troupes dans le cadre des opérations extérieurs (OPEX) de maintien de la paix. Le Burkina Faso bénéficie d’un appui en termes de formation et d’équipements de la force américaine en Afrique (AFRICOM) en vue d’améliorer ses capacités en matière de sécurité[20]. C’est dans ce cadre que la Première Région Militaire (Kaya) des FAN a reçu officiellement le 25 mars 2021 le bâtiment de sa Compagnie logistique antiterroriste ainsi qu’un important lot de matériels divers de la part des Etats-Unis d’Amérique. L’objectif est de renforcer le soutien logistique et une bonne coordination des opérations de ce bataillon dans le cadre des opérations du G5 Sahel[21].

Dans le cadre des opérations extérieures de maintien de la paix (OPEX), le Burkina est le plus grand pays contributeur de la Mission de l’ONU au Mali. (MINUSMA) avec deux bataillons de 1740 casques bleus déployés au Mali[22] depuis le lancement de cette mission en 2013. Pour lutter contre les groupes armés terroristes au Sahel, l’armé burkinabè participe depuis août 2014 à l’opération Barkhane, menée conjointement menée avec l’armée française et les autres pays membres du G5 Sahel : le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Sa participation à cette opération pourrait être une des causes explicative des attaques jihadistes dans ce pays en guise de représailles.

Le Burkina Faso fait également partie du Partenariat transsaharien contre le terrorisme (TSCTP). Créé en 2005, le TSCTP se veut une stratégie pluriannuelle mise en œuvre conjointement par le Département d’État américain, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) et le Département américain de la défense (DoD) pour aider les partenaires d’Afrique de l’Ouest et du Nord à renforcer leurs capacités immédiates et à long terme à faire face aux menaces terroristes et prévenir la propagation de l’extrémisme violent.

L’Union Européenne soutient le pays dans le cadre du programme d’appui à la réforme du secteur de la sécurité au Burkina Faso (IcSP Programme), dont l’objectif est non seulement de renforcer la capacité des services de sécurité intérieure à évaluer et contrer les menaces terroristes, mais aussi de promouvoir les droits de l’homme et la RSS.

La sécurité publique : Gendarmerie Nationale, Police Nationale et Police municipale

Les principes généraux de la sécurité intérieure au Burkina Faso et les forces qui l’assurent sont définies par la loi n° 032-2003/AN du 14 mai 2003 définit. Ils concernent :

  • – le maintien de l’ordre ;
  • – les compétences territoriales et d’attribution des forces de police et de gendarmerie ainsi que le domaine de compétence des sociétés privées de sécurité ;
  • – le renforcement de l’efficacité et de l’efficience des forces de sécurité intérieure ;
  • – la promotion de la coopération internationale en matière de lutte contre la criminalité et le terrorisme.

Le système policier du Burkina Faso est composé de la Gendarmerie Nationale[23] qui est une force militaire dépendant organiquement de l’armée, de la Police Nationale[24] et de la Police municipale[25]. La Police Nationale et la Gendarmerie ont compétence sur l’ensemble du territoire national pour l’exécution de leurs activités de police. Leurs compétences territoriales respectives sont précisées par un décret. Un règlement d’administration précise toutefois les zones de compétence territoriales respectives en fonction des spécificités propres à chaque force de sécurité.

Cependant, il arrive souvent les actions de ces trois corps de police se recouvrent alors que leurs capacités réelles à les exécuter varient d’un corps à l’autre. Alors que la police a pour vocation d’opérer en zone urbaine et la Gendarmerie en zone rurale, ce rôle traditionnel s’est inversé au cours des dernières années, entraînant une mutation de la police nationale hors des zones urbaines et une « urbanisation » des unités de gendarmerie[26]. Cela ne se fait sans poser des problèmes d’enchevêtrement de compétences. En effet, on relève encore un problème de délimitation peu précise des zones de compétences et des missions de la police et de la gendarmerie.

Une telle situation appelle souvent à une série de difficultés quant à la répartition concrète des tâches sur le terrain. Elle amène parfois comme corollaires :

  • – Une concurrence entre les différents services de police liée, en partie à la circulation de l’information à sens unique. Les réticences à partager l’information sont grandes quand on constate que sa collecte représente un travail très important. Ce qui fait que l’idée de collaboration par cession d’informations à d’autres services de police peut être ressentie comme une perte de pouvoir ou une tentative de contrôle de la part de certains services.
  • – Un dysfonctionnement du système judiciaire qui pourrait se transformer en une véritable guerre entre les polices.
  • – Une inefficacité du système judiciaire dont l’autorité semble souvent ne pas maîtriser correctement ni les moyens, ni les effectifs, ni l’implantation territoriale des services de police.

Les faibles effectifs des éléments de la gendarmerie et de la police, ne leur permettant pas d’être déployées dans certaines zones isolées où sévit l’insécurité appellent à une profonde réflexion sur la réorganisation territoriale de ces forces. Alors que le pays compte au total 350 départements, 85 sont actuellement dotés d’au moins un poste de police et une unité de gendarmerie; 109 possèdent une unité de gendarmerie ou un poste de police et 156 ne disposent d’aucune unité des forces de sécurité intérieure. Un nombre considérable de gendarmes sont engagés dans diverses opérations de maintien de la paix, notamment au Mali. Cette situation conduit à une utilisation inefficace des ressources humaines, à l’incapacité d’assurer une couverture cohérente du territoire et à une distribution inégale des services à l’ensemble de la population. Il en résulte une absence des forces dans 36% des communes, et un ratio de personnel de sécurité d’1/758 alors que la norme internationale est de 1/400. Avec un effectif total de 5 219 éléments, la gendarmerie présente un ratio de 1/2 685[27].

Une révision fondamentale du système policier burkinabè paraît indispensable pour répondre au mieux aux menaces actuelles. Il s’agit de réfléchir notamment sur réorganisation de la division des tâches, de la coordination ainsi que de l’optimisation de la collaboration systématique entre les différents corps (Gendarmerie, Police nationale et police municipale.

Les services de renseignement

Le Burkina Faso dispose depuis 2015 d’une Agence nationale du renseignement (ANR)[28]. L’ANR coordonne les activités menées par les différents services de renseignement de la police, de la gendarmerie et de l’armée ou toute autre structure spécialisée dans le renseignement. Elle est aussi chargée de coordonner « les activités des structures chargées du renseignement intérieur/extérieur et de la lutte contre le terrorisme ». Placée sous l’autorité du président du Faso, l’ANR « a pour principales missions de recueillir et d’exploiter, au profit du Président du Faso, ainsi que du Gouvernement, les renseignements reconnus d’intérêt vital pour la sécurité du Burkina Faso »[29].

La Brigade Nationale des Sapeurs-pompiers (BNSP)

La Brigade des pompiers a été mise à la disposition du Ministère de l’Administration territoriale. Elle assure des missions de protection civile en temps de paix et des missions militaires de défense du territoire en cas de conflits armés[30].

La problématique des groupes d’autodéfense et des sociétés de sécurité privées

La mondialisation de la thématique de la sécurité est caractérisée actuellement par l’émergence de nouveaux acteurs non étatiques. La faiblesse de l’Etat africain constitue une des explications des conflits armés dans plusieurs pays de l’Afrique. En effet, le politologue américain Barry Buzan recourt à la sécurité élargie et développe la notion de « sécurité sociétale » qui va au-delà des préoccupations militaires. Il analyse les conflits comme conséquence de la faiblesse des Etats, c’est-à-dire l’incapacité des Etats à assurer leurs fonctions régaliennes. Barry Buzan soutient que « la force et la faiblesse des Etats dépendent de leur niveau de stabilité institutionnelle et de leur cohésion sociopolitique interne »[31]. Mary Kaldor[32] estime que cette faiblesse de l’Etat, lorsqu’elle est conjuguée avec la mondialisation devient « cause efficiente », par opposition à la cause permissive des conflits armés intra étatiques.

Ainsi, au Burkina Faso, du fait des faiblesses  et des carences de l’appareil de sécurité, à l’intérieur du pays, et face à la montée galopante de l’insécurité et du grand banditisme, on a assisté à la création des groupes d’autodéfense locaux, les Kogl-wéogo[33], définissant un nouveau modèle de gestion de la sécurité au niveau local. On assiste en même temps à la prolifération progressive des acteurs de sécurité privés non étatiques. Ces groupes investissent l’espace non occupé des services régaliens de l’Etat pour assurer la sécurité des biens et des personnes, restaurer un tant soit peu l’autorité de l’Etat et ainsi qu’appliquer la justice, non sans susciter certaines inquiétudes en termes de violations des droits humains.

En effet, le boom minier et le redressement économique constatés récemment au Burkina Faso font apparaitre de nouveaux types de criminalité (braquages à main armée, prises d’otages, grand banditisme, etc.). Face à la réactivité insuffisante des forces de police, on assiste à un développement croissant des sociétés privées de sécurité. Ces compagnies privées sont pour la plupart sollicitées par des entreprises, des banques, des institutions ou des particuliers pour assurer leur sécurité et celle de leurs employés ou de leurs familles. C’est le cas des Volontaires pour défense de la patrie (VDP). Il s’agit de groupes d’autodéfense créé le 21 janvier 2020 par l’adoption de la loi des Volontaires pour la défense de la patrie  par les 124 députés de l’Assemblée nationale burkinabè. Les missions du volontaire sont « de contribuer, au besoin par la force des armes, à la défense et à la protection des personnes et des biens de son village ou de son secteur de résidence, en vertu d’un contrat signé entre le volontaire et l’État[34].

Cependant, ce foisonnement inquiétant des sociétés de sécurité privées, qui exercent de plus en plus des prérogatives régaliennes dévolues à l’Etat, risque d’impacter négativement à terme l’autorité de l’Etat. Pourtant, la défense nationale et la sécurité de l’Etat constituent la force publique et incarnent à ce point l’autorité étatique qu’il est difficile de laisser l’exécution de ses missions entre les mains des sociétés privées et des groupes d’autodéfense sans un bon encadrement législatif.

La croissance inexorable des entreprises de sécurité privées appelle à repenser le concept de sécurité sociétale et à baliser un cadre législatif approprié et cohérent permettant d’insérer ces nouveaux acteurs dans la détermination de la politique sécuritaire nationale du Faso.

Conclusion : quelle résilience du Burkina face à l’insécurité ?  

Pays en voie de consolidation de son processus démocratique, le Burkina Faso fait preuve d’une résilience fragile dans les domaines de défense et de sécurité. Avec un plan de réforme ambitieux de son armée, les autorités burkinabè poursuivent un effort volontariste pour mettre en place une armée républicaine, réellement apolitique et professionnelle. Mais cette ambition semble buter à la multiplication des attaques djihadistes récurrentes d’une mosaïque de groupes islamistes, qui secouent le pays depuis 2015. Il s’agit notamment d’Ansaroul Islam, d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) et de l’État islamique dans le Grand Sahara (ISGS). En effet, le pays a subi  le 3 mai 2021 l’une des attaques les plus meurtrières commises depuis 2015, une semaine après l’exécution de trois Européens dans la même région. Au moins une trentaine de civils ont été tués dans l’attaque d’un village de Kodyel à l’est du Burkina Faso[35]. A cela, il faudrait ajouter le carnage de plus de 138 civils tués dans la nuit du 4 au 5 juin 2021. C’est l’attaque  la plus meurtrière enregistrée depuis le début des violences jihadistes en 2015 au Nord du pays dans la zone dite des « trois frontières ». Cette montre la fragilité du système de défense et de sécurité burkinabé.

Cette situation illustre l’urgence pour les autorités du pays de prendre des mesures idoines pour juguler cette menace terroriste déstabilisatrice du pays et de la région. Il s’agit notamment de restructurer l’organisation, le fonctionnement et l’articulation des forces de défense et de sécurité en leur allouant des moyens humains conséquents pour faire face à ce nouveau défi auquel se greffe la problématique des groupes d’autodéfense. Ces derniers pallient la carence de l’autorité de l’Etat à l’intérieur du pays, avec le risque que leurs activités d’échappent au contrôle de l’Etat. Pourtant, la gestion du secteur de sécurité et le monopole de la contrainte légitime sont en principe du ressort de la fonction régalienne de l’Etat.

Le système de sécurité et sa réforme sont en effet au cœur de la souveraineté des États et de leurs peuples. Ils touchent aussi bien à des fonctions régaliennes qu’aux droits les plus élémentaires des populations. L’approche globale qui prévaut en matière de Réforme des services de sécurité (RSS) exiger notamment une coopération et une coordination étroites à la fois entre les différents acteurs qui composent les systèmes de sécurité nationaux et entre les partenaires de la communauté internationale qui cherchent à appuyer leurs efforts de réforme[36]. En effet, une réforme est un processus. C’est une transformation profonde et radicale apportée à une institution dans le but améliorer son fonctionnement et d’accroitre son rendement en vue de la  rendre plus efficiente et crédible aux yeux du public. D’où la nécessité pour les autorités burkinabè de promouvoir la gouvernance démocratique de la sécurité. Celle-ci implique un partenariat dynamique entre les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ; l’administration, le secteur privé, la société civile et les partenaires internationaux au développement[37].

Sur le plan militaire, il faudrait poursuivre la réforme en vue de faire des FAN une armée-nation d’autant que  la finalité de l’armée, en tant que service public, c’est-à-dire celle d’être le trait d’union entre la défense au service du citoyen (la population) et le citoyen (militaire) au service de la défense. Cela éviterait l’isolement de l’institution militaire et favoriserait le rétablissement de relations de confiance entre les forces de défense et de sécurité et la population.

Lorsqu’on on parle de moderniser une armée, cela renvoie à la fois à la modernisation matérielle et à la modernisation humaine qui se traduit par la professionnalisation des militaires. Ce dernier point est particulièrement important en Afrique, où les armées manquent souvent d’un véritable corps de sous-officiers. Ces derniers constituent la charpente d’une armée, mais bien souvent, ils ne sont absolument pas reconnus par leur hiérarchie. Ils sont tout juste considérés comme une interface entre les officiers et la troupe et n’ont aucune responsabilité. La modernisation passe donc par le développement de ce corps de sous-officiers bien formés[38].

L’analyse de la menace armée en Afrique, de manière générale, depuis la période des indépendances, exige de conceptualiser une nouvelle doctrine militaire réaliste qui tienne compte des facteurs intra-étatique et asymétrique ou irrégulier des conflits armés auxquels la plupart des Etats africains sont confrontés depuis son indépendance. La typologie des guerres en Afrique nous renseigne que la majorité des conflits dans le continent sont des guerres intra étatiques faisant recours aux techniques  asymétriques[39].

Le faible effectif de l’armée burkinabè invite également à repenser la doctrine de l’emploi des forces militaires sur le terrain. Face à un ennemi mobile qui recourt aux méthodes asymétrique, il faudrait privilégier l’option du renforcement des unités spéciales dans la lutte contre le terrorisme. Certes le pays est déjà doté d’une unité antiterroriste, composée de policiers, de militaires et de gendarmes. Mais elle doit davantage être étoffée dans ses effectifs et les moyens à lui allouer. Il faudrait aussi renforcer les services des renseignements, les réorganiser afin d’améliorer leur efficacité par une meilleure coordination de leurs actions. Conçues pour accomplir de manière totalement autonome des missions à haut risque[40] en environnement hostile,  les forces spéciales sont par essence caractérisées par une mobilité[41] et flexibilité tactique qui leur permettent de combattre durablement en profondeur en zones hostiles sur un espace ennemi et de le contrôler.

Par ailleurs, pour pallier éventuellement la carence  de l’autorité de l’Etat dans certaines zones périphériques, certains experts estiment que le recours aux entreprises de sécurité privées à l’effort de la sécurisation nationale peut constituer une solution alternative complémentaire. Cela vise la nécessité d’« optimiser » la sécurité et la défense, en permettant notamment de mettre au profit des autorités et des populations leurs services afin de baisser notamment les coûts de l’Etat. Ces entreprises de sécurité privées devraient évoluer, non concurremment avec les forces de défense et de sécurité de l’Etat, mais bien conjointement à titre subsidiaire et/ou complémentaire avec ces derniers.

Face à la réalité actuelle de foisonnement des sociétés de sécurité privées au Burkina, l’urgence s’impose de mettre en place un cadre réglementaire et organique permettant dans un premier temps de réguler les rapports – complémentaires et non concurrentiels – entre l’Etat et les entreprises de sécurité privées en délimitant les zones d’action et les compétences de chacun, d’une part, et de réglementer l’organisation et le fonctionnement des entreprises de sécurité privées afin d’introduire plus de transparence, de redevabilité, de pertinence et de cohérence dans leur fonctionnement. Il y a le constat selon lequel certains groupes d’autodéfense entretiennent d’étroites relations avec les autorités nationales ou les notabilités locales. Quand bien même que le rôle qu’ils jouent dans la régulation sécuritaire soit reconnu par la population, leur redevabilité reste sujette à controverse. La plupart de ces groupes jouissent d’une impunité qui encourage des dérapages et pose un sérieux problème de gouvernance sécuritaire. Leur activité nécessite d’être réglementé et encadré par les autorités pour plus de sécurité juridique.

Il faudrait également renforcer les capacités de renseignement militaire afin d’identifier correctement la menace et de localiser l’ennemi avec précision. La réforme du secteur de la justice reste enfin un chantier indispensable dans la politique de résilience du Burkina Faso face aux menaces terroristes.


Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Chercheur, Analyste et Expert des questions sécuritaires de l’Afrique médiane
Diplômé de l’Ecole Royale Militaire (Belgique) et Breveté des Hautes études de sécurité et de défense de l’Institut Royal Supérieur de Défense (Belgique)

Références

[1] Depuis son indépendance en 1960, le Burkina Faso a connu treize régimes différents, dont sept ont suspendu la Constitution, et au bas mot une quinzaine de coups ou tentatives de coups d’états . En outre, le pays a connu neuf Chefs d’Etat dont cinq étaient des militaires, exceptés le premier (Maurice Yaméogo) et les deux derniers (Kafando et Kaboré) presidents du pays.

[2] La première vague de transition démocratique s’est limitée à une mue d’un régime autoritaire monopartiste vers le pluralisme politique sans modifier fondamentalement la conception et la nature de l’Etat, du pouvoir, des forces armées et des forces de sécurité

[3] https://www.france24.com/fr/afrique/20201218-au-burkina-faso-le-conseil-constitutionnel-valide-la-r%C3%A9%C3%A9lection-de-roch-marc-kabor%C3%A9.

[4] Michel Luntumbue, op. cit.

[5] Le père de l’indépendance nationale, Maurice Yaméogo, a été renversé par le Général Lamizana Sangoule Aboubacar en 1966. Ce dernier a été à son tour renversé par le Colonel Zerbo Saye en 1980. En 1982,  le Commandant Jean-Baptiste Ouédraogo prend le pouvoir avec l’onction de l’armée avant d’être lui-même renversé par le capitaine Thomas Sankara en 1983. En 1987, Blaise Compaoré perpètre un coup d’Etat contre son ancien camarade Sankara. En 2014, le lieutenant-colonel Isaac Zida a pris furtivement le pouvoir après la fuite de Comparé et le général Dienderé a tenté de renverser la transition démocratique. Lire aussi : Forces armées nationales : Le mémoire en défense du RSP – Déclaration, 11 février 2015. http://www.lefaso.net/spip.php?article63183.

[6] Esma Ben Said, Burkina Faso: Kaboré veut une armée apolitique et républicaine, 1 juin 2016. In https://www.aa.com.tr/fr/afrique/burkina-faso-kabor%C3%A9-veut-une-arm%C3%A9e-apolitique-et-r%C3%A9publicaine-/582288.

[7] Plan stratégique 2018-2022 de l’armée : La grande muette veut retrouver son lustre d’antan, Lefaso.net, 16 mars 2018. In https://lefaso.net/spip.php?article82465.

[8] ISSAT, Burkina Faso Note d’information RSS, 04/02/2020, https://issat.dcaf.ch/fre/Apprendre/La-bibliotheque-des-ressources/Fiche-des-profils-des-pays/Burkina-Faso-Note-d-information-RSS.

[9] La Gendarmerie nationale burkinabè est une force militaire fonctionnant sur le modèle de la Gendarmerie nationale française. Elle est chargée d’assurer la sécurité publique et le maintien de l’ordre public. En temps de guerre, elle se transforme en une unité de l’armée de terre sous l’autorité du chef d’état-major général des FAN.

[10] Alan Bryden et Boubacar N’Diaye, Gouvernance du secteur de la sécurité en Afrique de l’Ouest francophone : bilan et perspectives,  Alan Bryden, 2011, p.49.

[11] Loi N° 74-60/AN du 3 août 1960 portant organisation de la Défense nationale.

[12] Les FAN participent aux actions de génie et à la réalisation des programmes nationaux de développement tels que l’opération SAAGA et la fourniture de services à l’échelle nationale.

[13] Jean-Jacques Wondo, Le Burkina Faso et son armée mis au pas par le Régiment de sécurité présidentielle ? Note d’Analyse du GRIP,  22 septembre 2015 in https://grip.org/le-burkina-faso-et-son-armee-mis-au-pas-par-le-regiment-de-securite-presidentielle/

[14] https://www.globalfirepower.com/country-military-strength-detail.php?country_id=burkina-faso.

[15] https://issat.dcaf.ch/fre/Apprendre/La-bibliotheque-des-ressources/Fiche-des-profils-des-pays/Burkina-Faso-Note-d-information-RSS.

[16] https://www.youtube.com/watch?v=h7bKJoX0o1IPays.

[17] http://www.legiburkina.bf/m/Sommaires_JO/Decret_2014_00576.htm.

[18] La France forme le gros des officiers  de l’armée de terre burkinabé à l’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Elle dispense aussi diverses des formations spécialisées du personnel militaire burkinabé. Elle assure en outre la formation des cadres burkinabè au sein d’écoles nationales à vocation régionale (ENVR) réparties dans des pays d’Afrique francophone et au sein d’organismes de formation en France. (http://www.ambafrance-bf.org/Mission-militaire-Formation-des-cadres-burkinabe).

[19] . “In addition to regional peace and stability, U.S. interests in Burkina Faso are to promote continued democratization… Countering terrorism and strengthening border security are of growing importance in Burkina Faso. The United States and Burkina Faso engage in a number of military training and exchange programs, including in counterterrorism… The country is contributing to the support of U.S. efforts in the Sahel. Burkina Faso is a partner in the Africa Contingency Operations Training and Assistance program (ACOTA) for peacekeeping and is a member of the Trans-Sahara Counterterrorism Partnership” (http://www.africom.mil/africa/west-africa/burkina-faso).

[20] https://lefaso.net/spip.php?article102638.

[21] Etat-Major Général Des Armées Du Burkina Faso, 27 mars 2021.

[22] https://www.aa.com.tr/fr/afrique/mali-140-casques-bleus-burkinab%C3%A8-d%C3%A9ploy%C3%A9s-dans-la-r%C3%A9gion-de-gao-nord-/2022505.

[23] Avec des effectifs d’environ 4 250 gendarmes, la Gendarmerie nationale est régie par le décret n° 396/PRES/INT portant organisation du maintien de l’ordre en Haute-Volta et l’arrêté du 6 avril 1967 qui fixent les règles et les modalités d’emploi de la gendarmerie nationale. La gendarmerie burkinabè est un corps spécialisé de l’armée qui fait partie du ministère de la Défense. Elle est donc  placée sous l’autorité fonctionnelle d’un chef d’état-major . Bien que la Gendarmerie Nationale relève du ministère de la Défense d’un point de vue organique, elle est rattachée au Ministère de la Sécurité.

[24] La Police Nationale burkinabè est instituée par l’arrêté n° 403 de la Direction de police territoriale. Elle est placée sous l’autorité du ministère de la Sécurité et organisée autour de la Direction Générale de la Police Nationale.

[25] Les attributions de la Police Municipale sont fixées par le décret n° 95-291/PRES/MAT/MEFP/MJ du 20 juillet 1995. Aux termes de ce décret, la police municipale veille à l’exécution des mesures relevant du pouvoir de police du maire en matière de sûreté, de salubrité et de tranquillité publiques.

[26] https://issat.dcaf.ch/fre/Apprendre/La-bibliotheque-des-ressources/Fiche-des-profils-des-pays/Burkina-Faso-Note-d-information-RSS.

[27] https://issat.dcaf.ch/fre/Apprendre/La-bibliotheque-des-ressources/Fiche-des-profils-des-pays/Burkina-Faso-Note-d-information-RSS.

[28] Créée le 17 octobre 2015 dans un contexte sécuritaire à la suite d’attaques armées notamment au Nord du pays et au lendemain du putsch manqué de l’ex-Régiment de Sécurité présidentielle (RSP), la mise en place de l’Agence nationale de Renseignements (ANR) a été une des recommandations de la Commission de Réconciliation nationale et des Réformes (CRNR), installé pendant la transition.

[29] Abdoul Karim saidou, Burkina Faso : où en est la réforme de l’armée deux ans après l’insurrection populaire ? Lefaso.net, 13 janvier 2017. In https://lefaso.net/spip.php?article75180.

[30] https://issat.dcaf.ch/fre/Apprendre/La-bibliotheque-des-ressources/Fiche-des-profils-des-pays/Burkina-Faso-Note-d-information-RSS.

[31] Barry Buzan, People, State and Fear: An agenda for international security studies in de Post-Cold War Era, Harvester Press Group, Brighton, 1983. Lire aussi: Buzan, «redefining security», International security, 8-01-1983, pp.129-153.

[32] Mary Kaldor, New and Old Wars : Organized Violence in a Global Era. Stanford : Stanford University Press, 2001.

[33] Les Koglweogo ont été créés par des agriculteurs au début de l’année 2015 en réaction à l’insécurité croissante dans les régions du nord du Burkina. Depuis un certain temps, ils se sont transformés en groupes armés mieux structurés, appliquant leurs propres règles et organisant leur propre justice punitive sans se référer à la legislation.

[34] https://grip.org/https-grip-org-armer-civils-burkina-faso/.

[35] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/05/03/une-attaque-djihadiste-fait-plusieurs-dizaines-de-morts-dans-l-est-du-burkina-faso_6078967_3212.html.

[36] http://www.ahjucaf.org/La-reforme-des-systemes-de.html.

[37] Jean-Jacques Wondo, L’essentiel de la sociologie politique militaire africaine : des indépendances à nos jours, Amazon, 2019, p.347. Disponible sur Amazon : https://www.amazon.fr/Lessentiel-sociologie-politique-militaire-africaine/dp/1080881778.

[38] Agnès Faivre, Laurent Touchard : « Laissons les Africains définir leur doctrine militaire ! », Le Point Afrique, 7 juillet 2017.

[39] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, L’essentiel de la sociologie politique militaire africaine, Amazon, 2019, p.380. Disponible : https://www.amazon.fr/Lessentiel-sociologie-politique-militaire-africaine/dp/1080881778.

[40] Reconnaissance et renseignement stratégique, capture ou exécution d’ennemis, libération d’otages, sabotage, assistance à des forces régionales amies, etc.

[41] Elles sont dépourvues des moyens lourds (chars, artillerie, mortiers, etc.) qui permettent aux forces conventionnelles (infanterie, blindée, artillerie, etc.).

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