Article initialement publié le 19 novembre 2011.
A une semaine de la fin de la campagne électorale, l’ambiance est toujours morose. Certes, le candidat Président en exercice de la République sortant s’illustre tambour battant depuis le début. Il est visible sur le terrain, tant physiquement que par cette stratégie médiatique axée sur les Cinq chantiers sans vouloir en débattre sur le fond et énonçant sa vison pour l’avenir. Depuis une semaine, il semble subir la contre-attaque que les kinois qualifient de « phare-à-phare » du candidat Etienne Tshisekedi en tournée à l’Est pendant que Kamerhe et Kengo sillonnent Kinshasa et la partie Ouest du pays et le reste des candidats semblent s’effacer et jouer le rôle de figurants spectateurs.
1. Financement de la campagne électorale
Insuffisance financière et accès inégal aux ressources de financement des partis politiques. La loi devant concrétiser le financement des partis politiques n’a pas encore abouti. Ce sont les candidats au pouvoir et les mandataires publics qui semblent les mieux lotis car disposant de la manne du trésor public pour se servir indûment. Ce qui permet à certains d’acheter même les cartes électorales. On renseigne ces pratiques dans le Kasaï Occidentale à Mweka (fief électoral du candidat député Evariste Boshab, président de l’Assemblée Nationale, du PPRD et très proche collaborateur de Kabila) et à Goma ou à Kin avec Francis Kalombo (député et proche ami, ainsi il aime à le dire, du président Kabila).
La campagne reste morose, terne et rien à avoir avec les campagnes spectaculaires à l’américaine. La plupart de candidats à la présidentielle, même aux législatives, sont confrontés au manque de moyens et à l’accès inéquitable aux sources de financement. Ce qui réduit considérablement leur marge de manœuvre et les pousse à verser dans l’improvisation. D’autre part, seules les effigies du candidat Kabila et les vidéos louant les cinq chantiers par la majorité de la classe musicale congolaise occupent les lieux publics et l’espace médiatique. Certains candidats du pouvoir ne lésinent pas sur les moyens pour distribuer des billets de banque à chacune de leur sortie en public. C’est notamment le cas de André Kimbuta, le gouverneur de Kinshasa, Francis Kalombo connu sous le pseudonyme de « Solution » pour sa propension aux libéralités,…
Pour le reste des candidats, dont certains du pouvoir, la situation économique et financière en turbulence, la crise sociale et les lendemains incertains les poussent à la prudence. Donc, d’une manière générale, on constate plutôt un usage parcimonieux des moyens financiers pour la campagne électorale. Cela se répercute aussi sur la majorité des candidats à la présidentielle. On n’a pas encore assisté à des exhibitions ostentatoires telles que promis par certains candidats. En effet, gérer une campagne électorale durant quatre semaines dans un sous-continent qu’est la RDC, exige d’avoir des nerfs d’acier, des reins solides et de disposer d’énormes moyens (occultes) financiers. Mais aussi de mettre en place une équipe de campagne professionnelle, une bonne planification, une organisation bien outillée et professionnelle ainsi qu’une communication politique à la pointe. A ce jour, seul Kabila sort du lot (pour des raisons évidentes) et dans une moindre mesure Kamerhe (particulièrement au niveau de l’organisation de son équipe de campagne et de la communication) et, Tshisekedi (qui a rassuré ses partisans avec ses avions) et qui peut compter sur sa base qui lui est gratuitement fidèle et prête au sacrifice comme les militants du Hamas dans la Bande de Gaza.
2. Accès aux médias, présence sur le terrain et stratégie des candidats
A la morosité financière sus-évoquée, s’ajoute un déficit communicationnel et l’absence de débats de fond sur des questions d’importance nationale et internationale. Les candidats préférant s’affronter par tribunes interposées. Ce qui déçoit à moins de 10 jours de la tenue des élections. Avec un début de campagne prudent qui commence peu à peu à s’animer pour atteindre peut-être une vitesse de croisière dans la dernière ligne droite à partir de la semaine en cours. Les couleurs s’annoncent déjà entre Tshisekedi et Kabila qui, après s’être croisés à Goma, ont récidivé le 16 novembre, à Butembo au Nord-Kivu, où ils ont atterri l’un après l’autre, juste à cinq minutes d’intervalle. Ce qui dévoile peu à peu leurs stratégies de campagne respectives et l’étape de Kinshasa risque d’être de tous les enjeux, si pas de tous les dangers. Gare aux cœurs sensibles !
Triste est de constater que l’accès aux médias publics reste une exclusivité des partis et des candidats proches du pouvoir. Les médias privés font plutôt la campagne des candidats propriétaires de ces médias. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAM), organe de régulation des médias, à l’image de la CENI, semble dépassée par les événements et incapable de jouer dans la transparence en versant ouvertement dans la partisannerie. Elle montre des limites de son indépendance. Il reste qu’à ce jour, seul le candidat Joseph Kabila, reste omniprésent en plus de son omnipotence financière dans les rues, à la télé, à la radio et partout, même sur les édifices publics, question de conditionner et de matraquer psychologiquement et politiquement les électeurs qui pourraient se résigner à constater que les dés semblent jetés et l’électeur mis face au fait accompli, n’aura d’autre choix que suivre, tel un poisson, le sens du cours d’eau. Ainsi pour confirmer l’adage congolais qui dit « Mbisi alanda se esika mayi etiolaka » (Le poisson ne se meut jamais à contre courant d’une rivière). Comme concluait un journaliste du Potentiel : «Comment ne pas le penser» !
En termes de popularité, il y a un quartet des présidentiables qui semble sortir du lot pour partie du peloton de tête. C’est autour de ce quarté visible durant cette campagne électorale qiue le podium final sera vraisemblablement constitué car étant, sans surprise de dernière minute, les grands favoris, à des échelles différentes, de cette élection présidentielle. Mais un seul d’entre les quatre portera le maillot jaune présidentiel. Objectivement, la bataille se joue, pour la présidentielle 2011, entre les candidats Etienne Tshisekedi, Joseph Kabila, Vital Kamerhe et Léon Kengo wa Dondo. Les 7 autres candidats sont atones et peu visibles aussi bien dans les médias que sur le terrain.
1°) La tactique d’Etienne Tshisekedi, candidat n°11 que l’on qualifie d’attaquant de pointe à l’instar de Messi en football (car en football le n°11 est traditionnellement porté par un gaucher). Son début de campagne fracassante accompagné d’une bonne opération de charme à l’Est risque d’être payant dans la mesure où c’est dans la partie orientale du pays qu’il présenterait a priori des faiblesses. Mais sa tournée essaye non seulement de rassurer cet électorat, plutôt acquis à Mbusa, Kamerhe et
Kabila, mais de conforter ou de fidéliser un électoral acquis au changement dès l’époque de Mobutu. Reste à savoir le poids de cet électorat, qui serait plutôt vieillissant comparativement à la majorité des électeurs de ce coin, qui l’ont peu connu durant les années où il faisait la pluie et le beau temps avec l’Union sacrée de l’Opposition. Mais à en croire les foules qui l’ont suivi, tout semble démontrer que celui que d’aucuns appellent « Ya Tshitshi » n’a pas subi l’oxydation du temps et que sa popularité semble ne pas avoir pris de ride avec son thème fétiche : l’instauration de l’Etat de droit par l’Amour du Congo et des Congolais ». Le tout, sous un slogan très séduisant : « Le Peuple d’abord » Une offensive dans le fief de Kabila et Kamerhe, marqué par l’incertitude autour du ralliement de Mbusa Nyamuisi à sa cause et dont l’objectif premier est surtout de contrer particulièrement Kabila qui, si les scrutins se déroulent en toute transparence, aura du mal à rééditer le score stalinien obtenu en 2006. Une chose est sûre, contrairement à Jean-Pierre Bemba en 2006, le passage du « Lider Maximo » va égrener des voix dans la zone supposée de confort électoral du « Raïs » aussi bien dans la Province Orientale, aux Kivu et surtout dans le Katanga où il bénéficie d’un électorat socioethnique (martyr du comportement infrahumain de Kyungu) composé d’exilés lubas du Kasai et leurs descendants et du vote sanction d’une grande partie de l’électorat de l’ethnie Lunda, politiquement moins bien servie et récompensée par le régime Kabila, et localement opposée aux Balubakat proches de Kabila. Ce qui va certainement fragiliser le président sortant que certains médias et milieux occidentaux tentent subjectivement de présenter comme étant le grand favori. Cela devra réduire mathématiquement et mécaniquement les chances du « Raïs ». Enfin, fort du soutien populaire quasi assuré et sans doute maximal dans les deux Kasaï où ses partisans l’ont rassuré que ce n’était pas nécessaire qu’il s’y rende car le travail y est déjà accompli et à Kinshasa, assiégé par ses combattants, l’on peut objectivement croire que Tshisekedi se détache des autres candidats pour trôner à la tête de la course électorale. Surtout qu’il a déclaré livrer jusqu’au bout son dernier combat politique après 32 ans de lutte héroïque contre toutes les dictatures qui se sont succédé en RDC. Ses récentes déclarations incendiaires incitant ses militants-combattants à terroriser les militaires et les policiers qui les ennuient en attestent et annoncent les couleurs de cette ultime bataille où tous les coups seront permis. Gare à ceux qui oseront l’affronter en tête-à-tête sur le ring !
2°) Le candidat n°3 dit le « Raïs » Joseph Kabila, avec comme thème la « Révolution de la Modernité », après avoir présenté un bilan assez flou sur ses cinq chantiers et contrairement à toute attente est en train de faire une campagne -finances publiques et structures étatiques aidant- plutôt positif et surprenant. Celui que l’on présentait impopulaire à l’Est et timide est en passe de reconquérir les cœurs de ceux qui l’ont élu massivement en 2006. Ses tournées au Maniema, au Katanga et au nord Kivu sont en train de contredire certains pronostics. Le tout c’est de savoir si ce succès n’est pas l’œuvre de la politique de distribution d’argent mise en place par son équipe de campagne en cette période de crise économique où les foules se bousculent derrière lui plus pour bénéficier un tant soit peu de ses libéralités financières que par conviction politique. Ce, dans la mesure où le Kivu et l’Ituri restent encore en proie à l’insécurité et la population du Katanga (Gécamines et autres entreprises minières bradées auprès des chinois) subit de plein fouet la crise économique et les errements dus à la mal gouvernance de son régime kleptocratique et fait face aux problèmes de manque d’eau, d’électricité, d’emploi… Des besoins sociaux de base figurant en pôle position de son fameux programme de gouvernement dit des Cinq chantiers. L’inconnu pour les observateurs sera la stratégie qu’il compte développer pour limiter les dégâts à l’Ouest où il est très impopulaire. On croit savoir que dans cette partie, il jette plutôt ses collaborateurs faire ce travail risqué à sa place : Boshab et Ngoy Kasanji aux Kasai, Kimbuta et sa coterie de « Bana Kin » à Kinshasa, le Palu dans le Bandundu et les gouverneurs des provinces nommés par lui, ainsi que d’autres candidats présidents suspects. Mais avec la manière politique (armée, police, pouvoirs publics inféodés à Kabila et l’opacité qui entoure le déroulement de cette campagne, d’aucuns pensent que les jeux semblent joués ! Le tout c’est de savoir la réaction populaire et celle des autres concurrents. Ainsi, des lendemains incertains semblent s’annoncer pour assombrir le ciel politique congolais d’après le 6 décembre ! Mais le candidat semble peut-être s’assurer de sa réélection pour s’être largement inspiré de la Côte d’Ivoire (en évitant le piège des scrutins à deux tours) mais aussi des modèles de scrutins à tour unique gabonais, togolais et très récemment camerounais qui ont prouvé que les présidents sortants l’emportent quasi toujours face à une opposition divisée et désunie. C’est ça aussi l’autre réalité de la Démon-cratie en Afrique. A moins que la RDC ne soit cette fois-ci l’exception qui contredit la règle. Attendons voir !
3°) L’autre candidat qui fait une bonne opération est le candidat n°5, Vital Kamerhe, qui se présente en défenseur de la Nation, allusion au n° 5 jouant le rôle de libéro en football, notamment à l’Ouest où il a commencé sa campagne à Kinshasa drainant des foules et au Bandundu avec les incidents qui été rapportés récemment. Surtout que le Bandundu, avec la mort politique de Gizenga, devient avec la province Orientale, un enjeu important et qui pourrait être déterminant dans l’élection du futur président. Un autre élément à mettre à l’actif de Kamerhe est le succès engrangé peu avant le lancement officiel de la campagne électorale lors de sa tournée où il a conquis les cœurs des habitants Bas-Congo, fort du soutien de Ne Muanda Nsemi, le leader incontesté et le porte-voix de cette province-martyre de la barbarie du pouvoir sortant. Celui que certains appellent affectueusement VK, pourrait être la grande révélation de ces élections, en cas de neutralisation (possible en vue) entre Tshisekedi et Kabila. Car le combat des titans menés par ces derniers risquerait d’amener des électeurs indécis à porter leurs voix celui qui veut devenir le « Lula Da Silva » congolais. De plus, l’on croit comprendre qu’il terminera sans doute sa campagne triomphalement dans sa zone de confort électoral qu’est l’Est sulfureux et volcanique. Une façon de faire oublier les passages prématurés de Tshisekedi et Kabila car dit-on, c’est le dernier qui a parlé, qui a raison. Le tout c’est de voir comment l’Est échaudé va accueillir le retour au bercail du fils prodigue. Le « pacificateur jusqu’au bout » pourra aussi compter sur ses cadres du Kasai (Claudel Lubaya, et l’ex-vice ministre de la défense sous la 1ère transition Omer Ntumba, pour lui permettre de sauver ses honneurs dans cette forteresse tshisekediste, et de l’Equateur, son secrétaire général Jean-Bertrand EWANGA pour l’accompagner dans sa manœuvre de séduction de cet électorat naturellement opposé à Kabila et ethno-politico-historiquement réticent à Tshisekedi, à la suite du conflit qui a opposé sous la 2ème République Mobutu à Tshisekedi et qui s’est répercuté sur le plan ethnique et sociogéographique auprès des ressortissants de ces deux provinces. Son alliance avec l’UPC de Thomas Lubanga dirigée par le député provincial Tibasima et bien implantée dans l’Ituri devra certainement lui créditer d’un score honorable dans la Province Orientale qui sera fort disputée entre Tshisekedi, Kamerhe, Mbusa et Kabila. L’autre valeur ajoutée de la stratégie de VK, à défaut d’avoir abouti avec ses pairs de l’opposition à une candidature unique, est d’affaiblir le poids électoral du Raïs afin de réduire au maximum ses chances de rempile. Une fine stratégie, inspirée des batailles militaires, dite d’encerclement de Kabila qui pourra s’avérer bénéfique notamment à Tshisekedi surtout lorsque l’on se rend compte du travail de titan accompli par l’élu de Bukavu en 2006 en faveur de Kabila dans cette zone blessée et non encore cicatrisée des agressions successives depuis 1996. « Mokolo tonga abotoli tonga okotonga na nini eh ».Enfin, Kamerhe axe sa campagne sur le thème d’« Un Congo Fort, uni et prospère » et présente une équipe de campagne assez professionnelle. Certains analystes disent de lui, qu’il possède la finesse politique de Kengo, le côté populiste de Tshisekedi et la vigueur de la jeunesse. De quoi rassurer son avenir politique !
4°) Le candidat n° 7, l’insubmersible et l’énigmatique Léon Kengo Wa Dondo, que je peux qualifier de « Nzombo le soir » ou l’homme des surprises de la dernière minute et qui justifie bien l’adage selon lequel l’on ne vend pas la peau du Léopard avant de l’avoir abattu semble dévoiler peu à peu sa stratégie électorale , même s’il dissimule encore sa stratégie politique dans ce processus dont le point d’orgue n’est pas sans doute le 28 novembre ni le 6 décembre, mais bien la période postélectorale. Une période qui devra sans doute déboucher sur une crise de légitimité pouvant conduire le pays à une situation similaire des années 1990 où il s’est illustré politiquement sous la « stratégie de la troisième voie » en en tirant profit. Surtout que de tous les prétendants au fauteuil politique, il est le seul à faire prévaloir juridiquement et légalement une légitimité constitutionnelle en sa qualité de Président de la chambre haute du Sénat, seule institution constitutionnelle à ne pas tomber en désuétude au delà du 6 décembre 2011. L’homme qui ne met jamais ses pieds là où il n’est pas sûr de l’emporter semble plutôt confiant en ses capacités, même si paradoxalement, il continue de plaider pour une candidature commune de l’opposition. Pour l’instant, il opte plutôt pour une stratégie visant à atteindre les leaders d’opinion que sont les étudiants, les cadres et les intellectuels qui relayeront par la suite son message auprès de la population, notamment à Kinshasa. Les thèmes de sa campagne tournent autour de la restauration de l’autorité de l’Etat, la relance de l’économie, l’agriculture priorité des priorités, l’éducation pour tous ainsi que la coopération régionale et internationale, dans la perspective de gouverner autrement. Léon Kengo wa Dondo , l’homme de la rigueur, pour avoir joué un rôle incompris dans la mise en exécution avec rigueur et orthodoxie des Programmes d’ajustement structurels imposés au zaïre de Mobutu dans les années 1980 par la Banque Mondiale et le FMI. Des programmes imposés durant la même époque que le Ghana de Jerry Rawlings alors classé parmi les failed-states et occupant la place qu’occupe la RDC aujourd’hui dans les différents classements internationaux sur les performances de l’Etat (PNUD, IDH, IDD, Banque Mondiale…). Une mise à l’exécution sans état d’âme social mais qui a eu aussi le mérite de couper tout approvisionnement financier illicite et excessif à Mobutu et sa cour ainsi que la cohorte de ses généraux-commerçants, au point que Mobutu excédé, finira par mettre fin unilatéralement à la poursuite de ces programmes avec sa fameuse déclaration désormais célèbre : « On ne mange pas la rigueur ». Un comportement impulsif et irresponsable qui plongera le Zaïre dans le marasme économique en ramenant tous les indicateurs macroéconomiques des efforts accomplis par Kengo au rouge. Une situation dont le pays a eu du mal à se relever jusqu’à ce jour. Entre-temps, le Ghana, sous l’impulsion et la discipline militaire de Rawlings, avait tenu le coup et a persévéré et les résultats de la poursuite de ces mêmes programmes sont visibles aujourd’hui. Le ghana est le modèle de gouvernance des pays subsahariens et fait partie du lot des premiers pays noirs africains à accéder bientôt dans le cercle des pays émergeants, tout en étant le premier pays d’Afrique subsaharienne le mieux classé dans les différents palmares de perfomance socioéconomiques et politiques. Inversement, la RDC occupe la lanterne rouge autrefois occupée par le Ghana des années 1980. Comme quoi, l’histoire semble donner raison (en partie) à cet homme sui a occuper les hauts fonctions des piliers de la dfémocratie : Gouvernement- Justice- Parlement et Diplomatie. L’homme tient à tout prix à surprendre, jusqu’à briser un certain mythe, mais tout le monde reste curieux de savoir comment. Même s’il jouit d’un soutient incontesté de certains milieux internationaux faiseurs des rois et que son dernier passage au département d’Etat, voire à la Maison Blanche aurait plutôt laissé une bonne impression à ses hôtes croit-on savoir des sources bien renseignées dans le gotha diplomatique. Après Kinshasa, il s’est rendu à l’Equateur, sa province sociologiquement et politiquement naturelle. Notons que le soutien de l’ex Gouverneur MLC de la province, José Makila, recordman des voix aux législatives de 2006, peut faire de lui le grand leader de cette province orpheline de Jean-Pierre Bemba au détriment du candidat Mobutu Nzanga.
5°) le Candidat N° 9, François Mobutu Nzanga, pour « Un Congo Neuf », Ce dernier, après un passage nébuleux au Gouvernement des « Cinq Chantiers » est jusque là timoré. Quoiqu’il ait promis des «surprises», il peine à émerger dans la bataille électorale. Certes, il ne s’est pas jeté dans l’arène électorale au même moment que tout le monde car venant de perdre il y a deux semaines son petit-frère, Ndokula Mobutu, à Rabbat. Une disparition inopinée qui porte sans doute un coup dur dans son moral en cette période électorale. Mais qui à force de résilience, comme digne fils et héritier du Léopard, pourra également trouver des ressources nécessaires pour rebondir et remonter à la surface et sauver la mise. (Nous profitons pour présenter au candidat avec qui nous partageons des proches communs dans son entourage familial et politique, nos sincères condoléances et étions présents au deuil et à la messe des suffrages qui ont eu lieu à Bruxelles en signe de réconfort à la famille éplorée). Cependant, nous attendons comment il attend mettre bouchées doubles pour un sprint final percutant comme il l’a promis. Mais tout indique qu’il va accès sa campagne sur les thèmes chers à son Père, des acquis positifs légués par son défunt père : L’unité Nationale, L’Indépendance, La souveraineté nationale, la sécurité et le sentiment patriotique d’appartenir à Une Nation Congolaise durant cette période où la stabilité et la sécurité de la RDC sont mises à rude épreuve par les forces étrangères. Il ne va sans doute pas omettre de placer dans son projet l’aspect socio-économique dont il reconnaît avec honnêteté intellectuelle la faible de la gouvernance mobutiste de la 2ème République et dont il ne doit pour rien et en aucun cas en être tenu responsable car n’ayant jamais exercé de rôle politique actif dans la gestion. Objectivement, le retard à rattraper étant grand par rapport à ses concurrents, même s’il fait prévaloir les 800 000 mille voix récoltées au premier tour des présidentielles en 2006 le classant en 4ème position. Tout indique qu’il se battra plutôt pour disputer à Kengo le leadership de la province frondeuse au kabilisme de l’Equateur et de conforter la présence des élus de l’Udemo (Union des Mobutistes) au parlement. Une stratégie devant lui permettre de s’allier au futur président et ainsi se retrouver à nouveau dans la gouvernance du pays.
6°) S’agissant du candidat n° 6 Oscar Kashala, pour des raisons d’éthique et de loyauté nous astreignant à un devoir de réserve pour avoir été son proche collaborateur en qualité de Conseiller Personnel en matières stratégiques entre 2008 et 2010, nous éviterons de disserter sur celui qui s’est présenté en 2006 comme étant « Maboko Pembe » (Mains blanches ou propres) pour n’avoir été impliqué dans les assassinats, les pillages des ressources de l’Etat et la mal gouvernance qui ont engouffré la RDC. Toutefois, contrairement à sa campagne à l’américaine de 2006, OK semble discret cette fois-ci, à part quelques apparitions aux côtés de Kamerhe et Kengo. Par ailleurs, il n’est pas exclu que celui qui, contrairement au président sortant, présente le profil et le background recherchés vainement par la RDC et son peuple auprès ses leaders politiques, se présente stratégiquement en vue d’assurer sa continuité politique dans la perspective de la retraite politique annoncée de Tshisekedi. D’autant que ces deux hommes d’Etat ont la spécificité de partager un même vivier socio-électoral, le Grand Kasai et le Katanga où Kashala a passé une bonne partie de sa vie. En termes de vision, même s’il ne l’a pas encore dévoilée, il est l’un des candidats qui a élaboré un programme de gouvernance costaud et nous sommes bien placé pour l’attester, ne laissant de côté aucun secteur d’activité nationale. Même si ses chances de gagner les présidentielles sont minces, nous pensons honnêtement, compte tenu de sa notoriété et expertise internationale éprouvée et reconnue, qu’il pourra jouer un rôle politique très positif et pourra être très utile pour la RDC dans la prochaine mandature 2011-2016. En effet, l’homme prônant les valeurs de la compassion a horreur de la médiocrité et prêche tout en étant à la fois un modèle de l’Excellence. Une valeur ajoutée politique absente dans le paysage politique congolais qui excelle dans la contreperformance, la corruption et les antivaleurs.
7°) Les autres candidats figurants.
Le candidat indépendant N° 2 Adam Bombole, communément appelé par les jeunes kinois « Le Grand saoudien » pour son côté généreux, comme son ex-parti le MLC, semblent transparents et invisibles sur la scène élecorale. Il n’a fait que des apparitions sporadiques. L’on s’attendait à un coup d’éclat, de sa part, à Kinshasa où il accuse une certaine notoriété publique, mais sa campagne électorale est jusque-là sans impact visible. Seules ses affiches de candidat à la députation nationale sont visibles.
Quant au candidat n°10 Mbusa Nyamwisi, l’exemple type de candidat tribal, en mal de positionnement car son électorat lui a publiquement promis la mort en 2011 s’il revenait à Butembo pour battre campagne en faveur de Joseph Kabila en 2011 que la population nande du Nord-Kivu considère comme étant le candidat antinomique à leur vision du développement. Il ne jure que par son Nord-Kivu et une partie de l’Ituri, il présenterait particulièrement un danger pour Kabila et les deux se détestent mutuellement, même s’ils ont conclu une alliance des intérêts personnels dit win-win sous les Cinq Chantiers. Il présente aussi une épine pour le candidat Kamerhe.
Concernant le candidat N° 8 Josué Mukendi Kamama, pasteur de profession, que d’aucuns pensent être le prototype même de candidat alimentaire crée dans les laboratoires du pouvoir pour égrener quelques voix à Tshisekedi dans cette élection mort-subite où tous les points comptent. Il est passé inaperçu, certainement effacé et abandonné financièrement par le pouvoir qui a sous-estimé la popularité croissante du Lider maximo et préfère ne plus investir dans une bourse électorale trouée. C’est également dans la même optique que l’on pourrait ranger le candidat n°1, Jean Andeka Djamba. Cet avocat natif du Sankuru dans le Kasai-Oriental à la tête d’un parti inconnu l’Alliance des Nationalistes Croyants Congolais (ANCC) en outre d’être le pendant de Mukendi chez les tetela autrefois opposés aux lubas entre 1960 et 1965, semble également avoir été créé dans les laboratoires proches du pouvoir pour jouer les troubles-faites à Kinshasa en se présentant comme étant un envoyé de Dieu qui devra mener la RDC vers la terre promise. Une formule qui fait recette à Kinshasa où la religion est reine. Une façon d’attirer cet électorat dit des Eglise de reveil, qui pourrait aller vers Tshisekedi dans cette province perdue d’avance par Kabila. Question de raboter quelque peu, tout faisant nombre, le score électoral de Ya Tshitshi ou de Kamerhe, voire Bombole. L’autre inconnu est le candidat n° 4, François Nicéphore kakese Malela du Parti politique: Union pour le Réveil et le Développement du Congo. Tout comme Andeka, ce médecin vétérinaire il surfe aussi il est temps que les Congolais rompent avec les habitudes du passé qui consistaient à aller chercher des solutions des problèmes de la RDC en dehors des frontières nationales. Ressortissant du territoire de Gungu dans le district de Kwilu au Bandundu, il semble péniblement combler le vide politique laissé par Gizenga originaire de Gungu également. Sans doute, une autre stratégie du pouvoir, qui s’est également illustré en multipliant les candidatures et les partis au niveau des législatives dans les zones qui lui sont a priori défavorables, pour amenuiser l’impact des candidats de l’opposition dans cette province connue pour son opposition aux dictateurs et où le Palu ge Gizenga a laissé des plumes aux provinciales après s’être uni avec l’AMP en 2006.
3. Conclusions
A l’entame de la dernière ligne droite, la messe semble dite au niveau du peloton de tête des présidentielles. Sauf surprise de dernière minute, le sprint électoral final se disputera entre Tshisekedi, Kabila et Kamerhe. Kengo pourra jouer les prolongations et se positionnerait plutôt pour la période postélectorale, fort de sa légitimité constitutionnelle du président du sénat. Et il est loin d’avoir abattu ses dernières cartes dans un pays à haute importance géostratégique où les élections et les jeux du pouvoir ne jouent, hélas pas, sur la seule donne sociopolitique ou électoral interne, mais aussi sur l’échiquier international. Surtout que cette communauté internationale, quoique discrète politiquement jusqu’à présent, semble avoir joué un rôle décisif en disponibilisant des grands moyens financiers et logistiques (avions, hélicoptères,…) pour permettre les élections de se tenir in extremis selon le calendrier arrêté par la CENI. Et cette communauté internationale dont dépend encore fortement l’Afrique (budget national, aide, coopération au développement…) aura peut-être sans doute le dernier mot à dire, compte tenu de l’impasse politique qui se profile à l’horizon à la suite d’un président qui présente les fortes chances d’être mal élu. Les vrais enjeux électoraux seront moins le 28 novembre ni le 6 décembre mais bien la période postélectorale. En effet, rien que les déclarations des principaux candidats qui se déclarent chacun être sûr à 100% de gagner, c’est vraisemblablement la voie ouverte à toutes formes de contestations du candidat perdant (en toute transparence ou à la suite des fraudes). Surtout lorsque l’on constate l’opacité qui entoure la gestion du processus électoral par la CENI et un climat de pré-confrontation entre les différents protagonistes. Pour les autres candidats, qui ont eu le mérite de jouer et de croire jusqu’au bout au jeu (au sens normal et figuré) démocratique, le tout c’est d’avoir participé, dit-on.
4. Organisation nationale des élections présidentielles
Polémique autour de la tenue effective des élections à la date du 28 novembre à la suite des propos mal interprétés du vice-président de la CENI, Jacques Djoli. Je l’ai rencontré le jour de sa prestation au Sénat Belge. Il a été clair que tout a été mis en place pour que les élections soient tenues (99,9%) à la date prévue, malgré les contraintes techniques et logistiques que la CENi s’efforce de surmonter
A onze jours des élections présidentielles et législatives nationales, la CENI vient de poser un acte salutaire du reste, mais qui ne manquera pas de toucher certaines susceptibilités. En effet, par sa décision n°077 du 15 novembre dernier, elle a permuté tous les Chefs d’Antenne sur toute l’étendue du territoire national. Et ce, dans le souci de répondre au besoin de transparence et de crédibilité du processus électoral en cours. Soutien international des candidats.
Le plus grand problème signalé ici et là – surtout à l’intérieur du pays –, c’est le phénomène «achat de cartes d’électeurs». «Ici, beaucoup de gens ont cédé leurs cartes d’électeurs en échange avec un peu d’argents (…) c’est pourquoi nous insistons qu’il y ait des observateurs et des témoins dans chaque bureau de vote», a indiqué un membre de la Société civile sous l’anonymat, à Kananga, au Kasaï Occidental. «C’est possible qu’on utilise ce mécanisme pour un bourrage des urnes», a-t-il renchéri.
Selon des témoignages des organisations de la Société civile de cette province du centre, c’est surtout dans la circonscription électorale de Mweka que se passent des spectacles étranges. «A Mweka, il y a des bureaux de vote sans codes et des codes sans bureaux de vote», a renseigné un activiste des droits de l’Homme qui a requit l’anonymat. Cette situation, on ne la trouve pas qu’à Mweka. A Goma, au Nord-Kivu, se signalent également des pratiques similaires : «La population de l’Est est déterminée à voter le 28 novembre, mais le véritable défi sera d’assister à un vote régulier, transparent et ouvert à tous. A Goma – a dénoncé à la MISNA un candidat aux élections parlementaires–, la Commission électorale nationale indépendante n’a pas encore affiché, comme le prévoit la loi, les listes électorales et la liste complète des bureaux de vote. Nous craignons l’apparition de bureaux et de listes fictifs avec des résultats préparés d’avance».
5. Autres actualités
Après des cas de violences recensés un peu partout et le rappel à l’ordre de la CENI faisant appel à la CPI et la réaction de la communauté internationale, jusque là distante sur le terrain, les esprits semblent quelque peu se calmer sans toutefois dissiper ce climat de forte tension qui dissimule mal cette velléité de voir les élections déboucher effectivement sur les violences. D’autant que certaines sources nous apprennent que dans certains milieux de l’opposition, excédés par les violences policières et des milices à la solde des candidats du pouvoir, des jeunes gens se regroupent en groupes d’autodéfense populaire et démocratique pour faire respecter la vérité des urnes autrement s’il arrivait que l’on constate des dérapages en termes de fraude électorale.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Analyste des questions politiques et sécuritaires du Congo
+32 495 922259
Twitter: @JJPWondo
Publiée le 19 novembre 2011