Passation du pouvoir entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi : C’était le jeudi 20 janvier 2019 à 14h14
Urgence de reconfigurer le combat de libération du Congo
Par Germain Nzinga Makitu
C’était à 14:14 de cette journée de jeudi que Félix-Antoine Tshisekedi est arrivé devant la tribune où il devait prêter serment devant Dieu et sur la Constitution, promettant de défendre l’indépendance du Congo et l’intégrité du territoire national.
En regardant les choses avec objectivité et sans passion, j’en ai tiré trois leçons pour l’avenir proche et lointain de mon peuple.
1. La prestation de serment par le président Tshisekedi et la transmission des insignes du pouvoir (drapeau, Constitution et armoiries) signent la passation officielle du pouvoir mais surtout confirment la victoire des forces du changement sur le fameux article 70 al.1 devenu le pilier juridique des caciques de la kabilie pour justifier un glissement sans issue. Même si OFFICIEUSEMENT tout prouve que l’ancien président garde encore la haute main sur les institutions du pays, d’une manière OFFICIELLE le peuple congolais a réussi à se débarrasser de son sanguinaire de président sans le laisser exécuter son plan de la terre brulée… Dans un régime présidentiel africain doublé d’un système d’occupation coriace, ce n’est pas peu de choses…
2. J’ai suivi depuis la semaine derrière, les gesticulations de membres de FCC qui ont soufflé le chaud et le froid dans leurs différentes communications politiques. Kabila promettant de céder tout le pouvoir à son successeur au même moment où Guillaume Manjolo, le porte-parole de FCC signifie clairement le plein droit de sa plate-forme à tirer de nombreuses dividendes de par sa majorité au parlement et au sénat sous la houlette de son autorité « morale ». La mouture du prochain gouvernement et la configuration générale de la nouvelle territoriale seront déterminantes pour montrer un tantinet plus clairement la direction (nouvelle ou stationnaire) qu’imprimera la gouvernance sous le cinquième président de la RD Congo et par conséquent le sérieux ou non à accorder au nouveau pouvoir en place à Kinshasa qu’il faudra désormais juger sur ses actes et dans la concrétisation de ses promesses préélectorales..
3. En pesant le pour et le contre, en analysant en profondeur le jeu du chat et de la souris qui est en train de se jouer entre les anciens tenants du pouvoir et les nouveaux venus qui, j’en suis certain, ont fait semblant de devenir leurs alliés, j’en suis arrivé à cette conclusion que le plus dur est devant nous. Les congolais ont tout intérêt à reconsidérer leur combat de libération, à bien comprendre quelle est la vision post-électorale de Kabila, vers quel plan à moyen et à long termes ce dernier est en train de se projeter dans l’ère post-Fatshi et enfin quelle mécanique politique entend-il mettre en place pour y parvenir.
Entrer dans le cerveau de Kabila, déchiffrer le vrai qui se cache derrière le faux, appréhender ses ambitions cachées derrière ses faux airs de démocrate doivent dicter à tout congolais épris de liberté pour son pays de RECONFIGURER le combat de libération du Congo en fonction du changement de méthode de l’ennemi en face. Ce facteur s’avérera décisif pour que le peuple congolais ne se laisse plus surprendre dans les jours qui viennent. Car le vrai combat actuel, c’est celui qui se projettera dans ce qui adviendrait à partir du 24 janvier 2024…
Si dans le passé, nous étions appelés à la vigilance pour neutraliser le président Kabila, cette fois-ci nous sommes appelés à plus que de la vigilance plutôt au flair et à la perspicacité stratégiques sur les faits et gestes d’un Kabila devenu plus fort dans la meilleure position qu’il a toujours aimée, à savoir : se dissimuler, masquer ses desseins pour surprendre tout le monde. Sachons-le bien : Kabila dans l’ombre du pouvoir devient plus dangereux qu’avant… Malheur à nous si nous osons baisser la garde sur ce monsieur parce que trop occupés à combattre le nouveau président !