RDC : Chronique d’un exode politique massif annoncé
Albert Nzouzi
Une partie de la classe politique congolaise souffre, de toute évidence, d’une amnésie de fixation. Pour ceux qui ne le savent pas, cette forme d’amnésie affecte les souvenirs des faits qui ont lieu après un accident ou la pathologie qui l’a causée.
Dès le début du mois de mai 1997, certains haut responsables politico-militaires de la 2ème République, qui étaient bien renseignés, avaient commencé à prendre discrètement le large, au regard de la progression fulgurante de l’AFDL[1] de triste mémoire.
A partir du 15 mai, c’était carrément la débandade. Militaires, comme civils, la plupart des caciques du régime zaïrois ont connu l’exode vers l’étranger et ont demandé l’asile politique.
Les trente-deux ans de pouvoir du Feu Maréchal Mobutu les avaient permis de bien connaitre l’Occident ; ils y avaient maisons, familles et comptes bancaires. L’habitude des voyages à l’étranger et les relations qu’ils y avaient tissé les ont aidés à amortir le choc de l’exil et d’y vivre plus ou moins dans un confort décent, jusqu’à ce que la situation politique change considérablement avec l’assassinat de Laurent Désiré Kabila, l’affaiblissement de l’AFDL, la montée en puissance de Jean-Pierre BEMBA et le MLC[2], idem pour le RCD[3]. C’est ainsi que pour mettre fin à l’exil chacun a choisi un des trois camps : le MLC, le RCD ou le Gouvernement. Les pressions internationales, la perte d’une grande partie du territoire national au profit du MLC et du RCD, l’activisme des partis politiques de l’opposition à Kinshasa spécialement, sont les principaux éléments qui ont conduit le pouvoir ‘Néo-AFDélien’ de Kabila à se soumettre aux multiples dialogues dès la fin de l’année 2001.
C’est suite à tous ces évènements que bon nombre de barons de la 2ème République ont mis fin au calvaire de l’exil ; ils se sont retrouvés au gouvernement, au parlement, dans l’armée, au sein de la police, dans les services de renseignement, à la présidence, etc.
Mais aujourd’hui, l’atmosphère de mai 1997 s’installe de nouveau en RDC. Cette atmosphère sera encore plus « ressentie » au cours du premier semestre de 2016. Les hauts responsables politico-militaires du régime de Kabila sont-ils suffisamment préparés à l’exode qui les attend ? La population sera-t-elle aussi indulgente avec eux, comme elle l’a été pour les barons de la 2ème République qui étaient restés au pays ?
De mai à décembre 1997, les représailles des Kinois (en particulier) contre les responsables politico-militaires de la 2ème République ont été spontanées, sélectives, limitées et modérées. Les plus durs aspects de cette « besogne » ont été effectués par les Congolais de l’AFDL qui se vengeaient sur les Mobutistes et les autres Zaïrois dont le seul tort était d’avoir réussi dans la vie. A toutes ces exactions, Il faut aussi y ajouter le rôle important des Rwandais qui ne faisaient qu’exprimer une propension naturelle à la tuerie.
Maintenant que les « Combattants » et assimilés sont disséminés partout sur le globe terrestre, et que la grande majorité des acteurs politiques du régime de KABILA sont des arrivistes qui ne sont pas très rodés aux méandres de la vie en Occident comme les Mobutistes l’étaient, comment vont-ils s’en sortir ?
Ceux qui sont les plus à plaindre sont les anciens de la 2ème République qui sont devenus plus kabilistes que Kabila. Comment ont-ils pu devenir si amnésiques au point d’oublier leur première expérience de l’exil entre 1997 et 2001 ? Ils ont généralement une grande famille. N’y ont-ils pas pensé avant de se compromettre aussi vilement dans la trahison d’un peuple déjà meurtri par leur premier cycle de gestion de la République ?
Contrairement à la 2ème République, les candidats à l’exode sont très nombreux (en 15 ans de règne seulement) : des centaines de députés, des dizaines d’officiers militaires et policiers, des haut-magistrats, des dizaines d’anciens ministres, des dizaines d’agents de l’A.N.R. Etc… Mais bizarrement très peu de sénateurs.
Malheureusement, il est trop tard ! Il faudra assumer ses paroles et ses actes le moment venu.
Tout comme les Mobutistes qui avaient compris dès le début du mois de mai 1997, ceux qui, à la prétendue Majorité présidentielle, sautent du train fou depuis quelques mois, sont perspicaces, peut-être seront-ils absous de leurs méfaits actés depuis 2001.
Mais une évidence s’impose : l’exode qui s’annonce sera massif, pénible et destructeur
Albert F. Nzouzi Nkashama
Références
[1] Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo
[2] Mouvement de libération du Congo.
[3] Rassemblement congolais pour la démocratie.
One Comment “Opinion : RDC : Chronique d’un exode politique massif annoncé – Albert Nzouzi”
Kandolo
says:…. peut être maintenant qu’il y a des pays émergent tels que la Chine et le Brésil ils vont s’y rendre parce que ici en occident toza n’a bango mayele