Jean-Jacques Wondo Omanyundu
POLITIQUE | 31-03-2017 15:45
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Opinion : Le quiproquo de la politique Congolaise : Le trépied de la solution finale – Florent Pumu

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Le quiproquo de la politique Congolaise : Le trépied de la solution finale

Une opinion de Florent Pumu

Première partie : la facture de la fondation de l’État ou l’héritage de 1960

« Non quiatimemus non audemus, sed quia non ademus, timemus » : Ce n’est pas parce que nous avons peur que nous n’osions pas ; c’est parce nous n’osons pas que nous avons peur.

La situation du pays : Sous hégémonie depuis la mort de Lumumba

Le Congo a obtenu son indépendance le 30 Juin 1960. L’évènement a été couronné par l’élection libre et démocratique du premier ministre Mr Patrice Emery Lumumba. Le pays avait par cet acte accédé à la souveraineté internationale, c’est-à-dire le peuple congolais a acquis le droit des peuples de disposer d’eux-mêmes. La volonté alors exprimée par P E Lumumba d’assurer l’indépendance effective du pays n’a pas plu aux administrations hégémonistes et prédatrices étrangères avec en tête les Etats-Unis et la Belgique. Celles-ci ont trouvé dans la guerre froide un prétexte pour neutraliser le gouvernement élu du pays avec l’assassinat de Mr Lumumba. L’indépendance conquise a été ainsi très vite perdue et le pays continue à sombrer, échine pliée sous le fardeau de l’hégémonie néocolonialiste mesquine que beaucoup ont du mal à déceler. Le bourreau manipulateur est pris pour le sauveur par ce qu’il est resté maitre d’être le pyromane qui une fois le dégât fait se propose en sapeur-pompier.

Sur le terrain, le peuple congolais continue à subir le dictat de ceux qui se sont emparés du pouvoir par la force grâce au manipulateur premier. La résultante dictature-incompétence à la tête du pays génère depuis la deuxième république un pays qui marche plutôt à reculons dans sa visée de l’émergence socio-économique. Pendant ce temps, l’élite nationale qui devrait assurée le rôle du porteur de lanterne continue à croupir dans une inertie qui enferme hermétiquement son imagination de bâtir un pays prospère.

Aujourd’hui avec Mr Joseph Kabila, le pays est dans une impasse beaucoup plus complexe. L’imbroglio politique a créé un flou dans le chef de beaucoup de congolais qui n’arrivent plus à avoir une bonne lecture et visibilité de la situation réelle du pays. Le Congo est un « pays occupé » pour les uns, plutôt « infiltré » pour les autres. Le dénominateur commun est plutôt plus simple : le pays fait face à une dictature similaire à l’époque du feu président Mobutu. Du fait de la non-élection du président de la république en décembre 2016, des sénateurs, des parlementaires et des autres autorités du pays aux niveaux provincial et local, l’Etat congolais, en tant qu’entité constitutionnelle organisée, n’existe pas. La constitution du pays devient de fait un document caduque. Il l’a de toute façon toujours été depuis des années.

Mr Joseph Kabila est, comme dans tout régime despotique, le détenteur des pleins pouvoirs de toutes les institutions politiques et administratives de l’« Etat». Il délègue les rôles selon son bon vouloir. Il achète les consciences des « mandataires » véreux qui n’hésitent pas à transformer leurs institutions en arnaques des affairistes de la faillite de l’état. Nous avons des juges directement sortis « des animaux malades de la peste », des parlementaires plus décevants que les godillots de la France des années 1960s. Les autres détenteurs de pouvoir public se retrouvent souvent dans la même sphère. Ils célèbrent avec arrogance la « gloire » du pacte gagnant-gagnant avec Mr Joseph Kabila faisant totalement fi du sort des millions des populations du pays victimes des guerres, des maladies et autres atrocités sordides.

Mr joseph Kabila est simplement un potentat dans une sorte d’empire conquis, qu’il dirige de surcroit très mal. La situation chaotique du pays est aujourd’hui acceptée par tous les citoyens lucides même ceux qui hier battaient le tambour de « yebela ». L’immoralité de la classe politique et sa cupidité dégoulinante ont atteint une impudeur tapageuse.

Les raisons de la persistance de la dictature et de l’arbitraire en RDC doivent plutôt être trouvées dans nous-même. L’élite intellectuelle encore dépassée et défaitiste doit aujourd’hui avoir du courage et de vision. Le Congo est plus que jamais engagé dans une pente fatale. Son existence en tant que nation est dans la situation la plus critique de son histoire. Il y a urgence de l’extraire du système vérolé actuel. « Un peuple libre établit lui-même le récit de sa propre histoire. Un peuple assujetti se le fait imposer par d’autres dont l’objectif premier est de perpétuer l’assujettissement ». 

L’époque des « civilisations et civilisations » est révolue. En fait, depuis la nuit des temps, les civilisations sont entrées en compétitions les unes contre les autres souvent dans les champs de batailles. Les plus fortes ont absorbé, dominé ou colonisé les plus faibles. Les nations ont été conquises ou annihilées. Il a toujours existé des civilisations et des peuples plus « forts » et plus avancés dans les domaines de la science, de la technologie et de l’organisation des états. Les domaines de la culture, la morale et la religion sont incompatibles avec une échelle de valeurs mais la prospérité d’une nation est une notion claire. Les pères de l’indépendance nationale ont articulé cet idéal du Debout Congolais : « nous peuplerons ton sol et assurerons ta grandeur ».

Du quiproquo de la situation politique actuelle, malgré la volonté louable de la CENCO qui aboutira à cours ou à moyens termes dans une impasse prévisible, il y a nécessité de réunir ces trois préalables pour enfin trouver la solution du « mal congolais ».

Le patriotisme actif 

Le peuple devrait aimer son pays. Les congolais du pays et de la diaspora aiment-t-ils vraiment leur pays ou leur pays d’origine le Congo ? Se soucient-ils vraiment du sort des millions des hommes, femmes et enfants qui vivent au quotidien les horreurs de ce pays ? Quelle mesure de sacrifies peut-on utiliser pour quantifier la dimension de leur patriotisme ? Le dévouement à la cause d’une nation est le facteur déterminant pour générer sa grande et sa prospère. De plusieurs de nos contacts nous sommes arrivé à cette triste réalité : le patriotisme de beaucoup de congolais demeurent des simples déclarations d’intention. Combien de nous, par exemple, contribuent avec leurs moyens financiers pour soutenir le combat de la démocratisation du pays ?

Souvent d’ailleurs l’amour pour ce pays et le semblant de dévouement à son sort de nombreux parmi est semblable à « l’amour que le braconnier a pour l’éléphant ». Quel dividende ils vont tirer de leur aventure politique congolaise. Il y a bien des individus et des organisation acquis à la cause et à une vision moderne de l’intérêt national mais aujourd’hui encore l’opportunisme ambiant prévaut face à leurs démarches nobles.

La contribution de l’élite politique et intellectuelle

J’aime beaucoup ces phrases de Joseph Kasavubu le 30 Juin 1960 : « Avant toute chose, je voudrais exprimer ici une émotion, la reconnaissance que nous ressentons envers tous les artisans obscures ou héroïques de l’émancipation nationale, à tous ceux qui partout ont donné sans compter leurs forces , leurs privations, leurs souffrances et même leur vie pour que se réalise enfin leur rêve audacieux d’un Congo libre et indépendant, je pense à ces agriculteurs(…) à ces intellectuels aussi, à tous ceux jeunes , ou vieux, qui ont senti monter dans leur cœur, l’irrésistible idéal de liberté et qui, quoi qu’il put arriver, ont su rester fidèles à cet idéal et ont su l’accomplir».

La culture politique actuelle en RDC est l’émanation des pratiques et des antivaleurs de la Deuxième république. Malgré les diplômes accumulés, les compétences étaient annihilées par la volonté première de Mr Mobutu de pérenniser son régime. La sélection à des hautes fonctions de l’Etat répondait ainsi plus à des calculs politiciens du président de la république, décidé de mourir au pouvoir qu’à la productibilité liée au défi du progrès socio-économique et sécuritaire du pays. L’attachement indéfectible aux « acquis de la révolution » était le facteur capital de jugement de compétence par le régime. Cette réalité de la vie politique demeure encore l’âme de la politique en RDC. Les acquis ici sont ceux de l’AFDL et sa mutation actuelle, le PPRD.

Dans les pays grands et prospères, decision-making est le produit d’un raffinement des idées et des politiques élaborées dans les laboratoires appelés think-tanks. On compte des centaines de milliers des think-tanks dans les pays avancés et qui avancent. La contribution de l’intellectuel congolais connaitra un impact déterminant lorsque les politiques (policies) du pays seront directement influencées par cette société civile.

Mon ami Roland Holou de Diaspora Engageé dit ceci dans un de ses livres : « Depuis l’ère de l’esclavage, du colonialisme jusqu’à nos jours, l’intellectuel africain réfléchit mais n’a pas encore trouvée la solution définitive à sa misère. Il faut réfléchir sur les maux de ces intellectuels ». Beaucoup d’africains se sont affranchit de ces maux et de mentalités erronées quant à l’effort à fournir pour sortir le pays de nos ancêtres du bourbier de la pauvreté. Les mentalités du laissez-faire bloquent l’émancipation du Noir en général.

L’élévation spirituelle

La faillite de la nation congolaise est en osmose avec la spiritualité défaillante de son élite politique et intellectuelle. Celle-ci a une relation de cause à effet avec celle générale de tout le pays. La spiritualité ici est celle liée à l’âme rationnelle. C’est celle de la responsabilité morale que nous devrions avoir surtout envers la populations jeune de notre pays. Le principe de spiritualité politique des pays s occidentaux par exemple est une action basée sur le principe que chaque génération devra être meilleure que celle de leurs parents. La croyance profonde et l’action qui en découle est le devoir de la société présente de ne pas détruire les opportunités de vie plus heureuse et plus humaine pour les générations futures.

Au fondement de la spiritualité se trouve la notion de conscience. C’est une démarche qui vise à l’élévation de la conscience ; celle de consacrer les efforts pour la prospérité de sa communauté et son pays. Cette conscience est en antinomie des besoins physiques et matériels egocentriques. La spiritualité ici est prise dans son sens philosophique et conceptuel. Quelle est notre mission face à notre famille, notre communauté et notre peuple ? Quel reproche subit notre conscience lorsque directement ou indirectement nous instituons, supportons ou tôleront par notre passivité les atrocités et les calamitées que sont l’apanage permanant des populations congolaises ?

Les « valeurs » qui prévalent dans la société congolaise aujourd’hui et surtout dans la classe politique sont en contradiction avec celles de nos sociétés ancestrales. La transcendance de la symbiose entre le Muntu, l’individu et sa communauté ou son village (le communautarisme) est de nos jours enterrée. L’éléphant abattu dans la forêt qui devrait être partagé par tous dans le village est aujourd’hui dissimulé à Panama, aux iles vierges britanniques, à Paris, Bruxelles ou dans les coffre-fort sur place au pays. En fait, la forêt qui devrait être la source de survie de toute la communauté est confisquée par la force des armes par le pouvoir en place et ses apparatchiks.

La défaillance du Congo est simplement celle de sa classe intellectuelle et de son élite qui continue à faillir dans la mission sublime de créer une vision pour ce pays. Il y a un vide comme nous le disons souvent dans Kamoto Centre dans l’espace-idéologie pour donner une direction sans la marche du pays vers les lendemains meilleurs. Beaucoup pensent que le Congo est un pays doté de tous les moyens pour son développement. Ceci est une illusion.

Il manque au Congo le point capital qui génère le progrès social : une élite politique compétence at acquise à la cause de la prospérité du pays. Il y a ici deux attributs : La volonté et la compétence. La compétence est dans le pouvoir de créer un système propice au progrès avec ce qu’on appelle « checks and balances » en anglais. Ce système de freins et de contrepoids est une doctrine qui garantit que le pouvoir politique soit distribué aux différentes institutions de telle manière que chacune d’elles soit empêchée par les autres d’abuser du pouvoir qui lui est dévolu. Ceci servira du premier outil qui devra conduire à la notion de compétence et de vision claire sur le devenir du pays. Celui-ci devra être planifié sur base de critères de performance claire et réalisables.

Comme Diogène de Sinope avec sa lampe, le peuple du Congo cherche le Moise capable de le sortir de sa galère. « Où est l’homme, je cherche l’homme ou mieux les hommes qui vont me sortir de ses abimes ». C’est le cri de l’enfant qui git à côté du corps sans vie de sa maman à Beni ; c’est le cri de la femme qui périt dans un bain de sang d’accouchement à Masina faute de soins de santé adéquats, c’est le cri du père qui enterre son enfant de 16 ans tué lors de la marche pour la démocratisation du pays ; c’est le cri du militaire qui reçoit un salaire de misère… C’est le cri de tout un peuple, ton peuple. Qui n’a pas entendu ce cri dans sa conscience ?

 Dr Florent Pumu

Kamoto Centre, Centre Congolais de l’Excellence Politique. www.kamotocentre.com

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