Omnipotent Ministre de la Justice au Congo, Thambwe Mwamba justiciable ordinaire ailleurs
Par Jean-Bosco Kongolo
Partout où il est passé, Alexis Thambwe Mwamba a laissé des traces tristement indélébiles dans les cœurs et dans les âmes des personnes sous son autorité. A la Somenki, à l’Ofida, dans les entreprises sous-tutelle du ministère de transport, tout comme aux affaires étrangères, des agents et cadres se souviendront encore longtemps de son arrogance envers ses collaborateurs. De retour de son exil forcé consécutif à la chute du régime de Mobutu, A. Thambwe Mwamba n’avait trouvé mieux que de s’inscrire au barreau et d’ouvrir un cabinet d’ « affaires » plus pour son prestige et son repositionnement que pour prouver à la barre ce dont il était capable en matière procédurale. Juge, nous l’avions vu comparaître rarement plus pour obtenir des remises que pour affronter ses confrères dans un débat juridiques.
Aujourd’hui, il trône à la tête du Ministère de la Justice et rappelle, pour ceux qui étaient déjà adultes dans les années 70-80, le tout puissant Kengo wa Dondo, à l’époque Procureur général de la République, Président du Conseil judiciaire et à ce titre, membre du Bureau politique du MPR, Parti-État. Les temps ont certes changé mais l’on peut affirmer, sans risque d’être contredit, que le Ministère de la Justice semble mieux convenir à la nature narcissique[1] de Thambwe Mwamba, qui peut se dire politiquement comblé. En effet, dans un État failli comme le Congo-Kinshasa[2], c’est avoir des ailes en l’air que de disposer du pouvoir d’injonction sur le Procureur général de la République pour déclencher une action publique contre ses concitoyens. « Les officiers du Ministère Public sont placés sous l’autorité du Ministre ayant la justice dans ses attributions. Celui-ci dispose d’un pouvoir d’injonction sur le Parquet. Il l’exerce en saisissant le Procureur général près la Cour de cassation ou le Procureur général près la Cour d’appel selon le cas sans avoir à interférer dans la conduite de l’action publique. »[3]
C’est donc mal parti pour la justice congolaise et pour les hommes de lois que d’avoir sous leur autorité un personnage aussi narcissique. Cela permet de comprendre non seulement sa gestion chaotique de ce ministère mais aussi ses déboires avec la justice internationale.

1. Quelques faits et anecdotes qui témoignent du narcissisme de Thambwe Mwamba
De son passage au Ministère des transports, à l’époque du Président Mobutu, un ami ancien directeur de l’ONATRA a gardé pour toujours les propos arrogants et humiliants qu’avait tenus A.Thambwe Mwamba à l’égard des directeurs et sous-directeurs de cette entreprise sous sa tutelle. S’adressant à eux au Restaurant Le Délice où il leur fut présenté, le Ministre leur tint ces propos : « J’espère que vous avez tous des voitures, car bientôt vous serez tous des taximen. Nombreux d’entrevous se disent diplômés d’université, dans quelles universités avez-vous étudié ? Moi j’ai trois diplômes universitaires. » Séance tenante et sans exhiber des ordonnances de nomination des nouveaux mandataires, il présenta M. Katende wa Ndaya Muledi, un transfuge des services de renseignements et M. Mbelolo, agent autodidacte de l’ONATRA, comme respectivement PDG et DGA. Était présent à cette rencontre, Stève Mbikayi, actuel Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, alors responsable fondateur du syndicat Solidarité, à qui il lança une pointe en ces termes : « Il y en a qui prétendent défendre les intérêts des travailleurs mais tout le temps, ils effectuent des voyages en Europe. »
Fort de la toge noire qu’il porte en tant qu’avocat, c’est au Ministère de la Justice que la personnalité narcissique de Thambwe Mwamba s’est bien manifesté au grand public, profitant du droit d’injonction dont il dispose pour soumettre à son autorité les juges, qui sont pourtant constitutionnellement et légalement mis à l’abri de l’influence et de l’immixtion d’autres pouvoirs.
« Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif.
Il est dévolu aux cours et tribunaux qui sont : la Cour constitutionnelle, la Cour de cassation, le Conseil d’État, la Haute Cour militaire ainsi que les cours et tribunaux civils et militaires.
La justice est rendue sur l’ensemble du territoire national au nom du peuple. » (Article 149, al. 1,2 et 3 de la Constitution).
« Le pouvoir judiciaire est dévolu aux Cours et
Tribunaux civils et militaires ainsi qu’aux Parquets près ces juridictions. Il est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. » (Article 3 de Loi organique n° 08/013 du 05 août 2008 portant organisation et fonctionnement du Conseil
Supérieur de la Magistrature).
Confondant ses fonctions de ministre avec les attributions du Procureur général de la République, il se mêle tantôt de l’inculpation des prévenus et de l’instruction des affaires, tantôt des délibérés des juges et même de l’exécution des jugements. S’acharnant particulièrement sur M. Katumbi, adversaire le plus redouté par la kabilie, Thambwe Mwamba ne s’était pas gêné de mettre à charge de ce dernier le recrutement des centaines de mercenaires pour déstabiliser le pays. A ce propos, Thambwe Mwamba déclarait : « J’ai donné injonction au PGR (Procureur général de la République, ndlr) d’ouvrir un dossier judiciaire dans l’ex-province du Katanga (…) nous avons la preuve documentée que plusieurs anciens militaires américains qui se trouvent actuellement au Katanga sont au service de M. Katumbi. »[4] Aujourd’hui, ce dossier est dans l’impasse, l’accusateur principal n’étant plus en mesure d’étayer la moindre preuve de ce qu’il avançait urbi et orbi.
Au même moment et pour mieux barrer la route à cet adversaire gênant, Thambwe Mwamba n’hésita pas de descendre en personne à Lubumbashi pour s’assurer que les juges ne brandiraient pas leur indépendance pour laisser échapper des filets de la justice ce gros poisson. C’était dans une autre affaire montée de toutes pièces dans laquelle M. Katumbi est encore poursuivi pour stellionat et empêché de revenir au pays pour présenter ses moyens de défense alors que peu avant, Thambwe Mwamba le menaçait d’arrestation s’il osait remettre ses pieds au Congo. « Dans l’affaire de spoliation présumée d’un immeuble les opposant au citoyen grec Alexandre Stoupis, Moïse Katumbi et son frère ainé, Raphaël Katebe Katoto, obtiennent le 20 juillet dernier une décision favorable de la part de la plus haute juridiction congolaise suite à l’introduction d’un recours en suspicion légitime, l’affaire ayant été émaillée de circonstances pour le moins troubles. Mais les choses ne se passent pas ainsi. Dans la foulée de cet arrêt de la Cour Suprême, le Ministre congolais de la Justice déclare publiquement à RFI ce weekend que si Moïse Katumbi revient à Kinshasa, il sera aussitôt interpellé et emprisonné, faisant ainsi fi tout à la fois du droit, de l’indépendance de la Justice et de la sacro-sainte séparation des pouvoirs entre l’Exécutif et le Judiciaire. »[5]
Sans considération aucune pour les magistrats et se croyant au-dessus des lois, il n’avait pas hésité d’orienter l’issue de ce dossier en donnant des instructions plus précises sur place à Lubumbashi : « Il s’est notamment entretenu avec le Procureur général près la Cour d’Appel de Lubumbashi et le Premier Président de cette même juridiction. L’objet : les inciter à confirmer en appel, lors de l’audience prévue le 19 juillet prochain, la condamnation de M. Katumbi dans un obscur dossier de spoliation immobilière. Alexis Thambwe Mwamba a d’ailleurs demandé, lors de son dernier séjour à Lubumbashi, aux deux collègues magistrats de Mme Ramazani du tribunal de paix de Kamalondo, où avait été jugée l’affaire en première instance, de le suivre à Kinshasa. »[6]
Les faits et anecdotes ne sont pas à compter, qui étalent le narcissisme du Ministre de la Justice, actuellement sous embargo de l’Union Nationale de la Presse Congolaise(UNPC) qui lui reproche l’arrogance et le mépris à l’égard des professionnels des médias. « Le Ministre d’État de la justice est mis sous embargo pendant six mois et menacé de poursuite judiciaire devant la Cour de Cassation. C’est la décision prise, ce vendredi 20 juillet, par l’Union Nationale de la Presse Congolaise (UNPC) contre Alexis Thambwe Mwamba qui s’est donné le plaisir d’injurier gratuitement les journalistes en les traitant de « minables », de « misérables » et de « malheureux » à la Tripartite CNSA-Gouvernement-CENI, lundi dernier. La mesure de l’UNPC intervient après que le ministre injurieux ait refusé de présenter des excuses aux professionnels des médias qu’il a insultés sans raison. Ainsi donc, aucun média, radio ou télévision, presse écrite ou en ligne ne parlera à partir du ce 24 juillet jusqu’au 24 janvier 2019 d’Alexis Thambwe Mwamba, ni couvrira ses activités. »[7] Mais notre ministre ignorait que la justice, déjà mondialisée, allait un jour le rattraper pour des crimes plus graves et imprescriptibles comparés aux faits mineurs montés contre des adversaires politiques. Cette fois, il est obligé de mettre de côté le discours souverainiste de son gouvernement et d’aller comparaître devant des juges d’instruction sur qui il n’a aucune emprise.
2. Thambwe Mwamba, justiciable ordinaire en Belgique
Le temps est révolu où seules les paroles s’envolaient tandis que les écrits restaient.[8] À cause des propos prononcés il y a 20 ans avec la même arrogance et le même narcissisme qui le caractérisent, le tout puissant Ministre congolais de la Justice ne s’était jamais mis à l’esprit qu’il serait rattrapé par l’histoire et poursuivi pour crimes contre l’humanité[9]. Le moment est venu pour lui de se souvenir qu’il avait trahi Jean-Pierre Bemba et qu’il s’était moqué de lui croyant qu’il allait séjourner à la CPI pendant trente ans. C’est à son tour maintenant de s’interroger sur son sort et d’envier le Président du MLC, blanchi pour des faits qui lui avaient été injustement imputés pour laisser Kabila ruiner tranquillement le pays en laissant ses parrains se servir à leur guise des ressources naturelles au détriment du peuple congolais.
Suivant ses premiers moyens de défense, il est fort probable qu’à l’instar de Laurent-Désiré Kabila avec l’AFDL, Thambwe Mwamba et consorts (Wamba dia Wamba, Mende Kin Kiey, etc.) n’eussent joué aucun rôle décisionnel au sein du RCD, en réalité dirigé depuis Kigali à travers une nouvelle catégorie de nationaux, appelés « Tutsis congolais ». Égal à lui-même et à sa nature arrogante, Thambwe Mwamba ne semble même pas réaliser la gravité des propos tenus par lui en 1998 et qui lui valent aujourd’hui une action en justice humiliante pour lui-même, pour sa famille et pour la nation congolaise.
Interrogé en juillet 2017sur ce point par RFI, qui voulait savoir s’il était inquiet, il avait répondu : « Nous avons abattu un avion civil, c’est vrai, c’est parce que nous avions des informations précises que les renforts venant de Kinshasa arrivaient à Kindu par avion civil. J’étais responsable des relations extérieures du Parti(RCD), à l’époque mouvement rebelle. L’avion avait été abattu, on ne pouvait pas se taire. Il fallait communiquer et donner les raisons. »[10] La justice belge ne manquera sans doute pas d’obtenir de cet intéressant suspect des réponses précises sur ces « Je », « Nous » et « On » qu’il utilise pour confirmer l’acte criminel qui lui est reproché. En attendant, il est tout de même ridicule pour un juriste, tête pensante de la kabilie, de surcroît Ministre de la Justice, de prétendre qu’il n’était pas associé au processus décisionnel au sein de ce mouvement rebelle qui a fait tant de victimes au pays et dont les commanditaires extérieurs ainsi que leurs complices congolais continuent de faire main basse sur les ressources naturelles du Congo. C’est pourquoi, peu importe l’issue de cette affaire, qui pourrait en révéler d’autres sur la guerre de basse intensité dont est victime le peuple congolais, il est temps de tirer d’ores et déjà certaines leçons des poursuites judiciaires contre Thambwe Mwamba.
3. Des leçons à tirer de l’action en justice contre Thambwe Mwamba
A. Pour le peuple congolais, en tant que nation
C’est bien beau de clamer sur les toits de toutes nos maisons que le Congo est potentiellement très riche et qu’il est le scandale géologique de la planète. Pourtant, depuis que ce Congo existe comme État « souverain », le peuple congolais assiste impuissant à la prédation de ses ressources du sol et sous-sol, avec, malheureusement, la participation ou la complicité d’une poignée de ses fils et de ses filles. En dépit de cela, le peuple congolais ne semble pas tirer leçon de ses erreurs, dont la plus suicidaire consiste à renouveler et à faire confiance au même personnel politique qui revient, après chaque mandat, avec de nouvelles promesses démagogiques pendant qu’aucun début de réalisation des promesses antérieures n’a été perceptible.
Incapable de transcender les sentiments tribalistes ou régionalistes, le peuple congolais suit aveuglement des politiciens véreux et sans scrupule, qui l’avaient mobilisé la veille pour défendre la Constitution mais qui, une fois à la mangeoire nationale, sont méconnaissables par leur discours mobilisateur et flatteur en faveur du régime qu’ils avaient combattu. Pour s’en convaincre, il suffit d’aller sur les réseaux sociaux pour être choqués par le revirement à 720 degrés de certains virulents opposants d’hier, devenus membres zélés et cofondateurs du « Front des corrompus congolais »(FCC).
Le même spectacle désolant s’observe déjà depuis la publication des listes provisoires des candidats présidents présidentiables. Dans les provinces d’origines de ces candidats, le profil du « frère ou de la sœur », l’idéologie du parti et son projet de société ou son programme de gouvernance, de même que son passé politique ne sont plus une préoccupation, même pour des personnes suffisamment instruites. Tout ce qui compte, c’est l’appartenance à la même tribu, à la même ethnie ou à la même province. D’où, l’apparition ça et là et des élans et propos sécessionnistes qui annoncent une campagne électorale torride et qui ne rassurent guère des scrutins apaisés et des résultats garantissant la légitimité de l’élu. À travers la société civile, c’est du devoir de vrais intellectuels, nationalistes et patriotes, d’éclairer l’opinion publique nationale pour prévenir des débordements aux conséquences incalculables.
B. Pour la classe dirigeante et le personnel politique
La classe dirigeante, dont font partie les intellectuels et la classe politique, toutes tendances confondues, est globalement responsable des crises multiformes que connaît notre pays depuis son accession à l’indépendance. Pour des miettes obtenues et pour des postes occupés pendant un court temps ou simplement annoncés, des « universitaires » congolais sont capables de pactiser avec le diable et de produire du jour au lendemain des théories contrastant avec les principes universels ou la science qu’ils ont apprise et/ou enseignée quelques temps auparavant[11]. Pour leurs intérêts personnels, la plupart n’hésitent pas à cacher dans des tiroirs leur éthique professionnelle et à sacrifier tout ce qui a été à la base de leur réputation. La campagne électorale n’a même pas encore officiellement commencé, que déjà des « universitaires » se constituent en Fan-clubs pour engager toute une faculté à soutenir un candidat au nom de la science qu’ils prétendent partager.[12]
D’où la réaction très patriotique du professeur constitutionnaliste André Mbata Mangu, qui a qualifié de triste et de scandaleux pareille déclaration tout en constatant, comme nous, que « Le péril de la nation est passé par l’Université. » À juste titre, il a conclu ses propos par : « Ainsi que l’écrivait le philosophe Kwesi Prah, les sciences sociales africaines doivent prendre très au sérieux l’étude de la « prostitution intellectuelle » pour comprendre comment certaines personnes qui étaient, que l’on croyait ou que les médias faisaient passer pour des « savants » en sont arrivées à pratiquer une « science du ventre » et sont passées maîtres dans l’art de lécher les bottes des dictateurs, du Léviathan et à présent celles…de son « dauphin »[13]
Nombreux d’entre nos dirigeants actuels n’ont bâti leur réputation que sur fond de la médiatisation à outrance et non méritée de leur nom alors que face aux vrais problèmes qui se posent à la nation, les solutions sont désagréablement décevantes et ne correspondent pas aux responsabilités qui sont les leurs dans les rouages étatiques.
A titre d’exemple, le Ministre de la Justice Thambwe Mwamba s’était précipité à accorder au Belge Samy le certificat de recouvrement de la nationalité congolaise d’origine lorsque pour nuire à l’UDPS et humilier Etienne Tshisekedi , il fallait à tout prix nommer ce dernier Premier Ministre. Aussi curieux et ridicule que cela puisse paraître, c’est seulement le 8 août 2018 que Samy Badibanga lui-même a pu déposer son dossier avec preuve de renonciation à sa citoyenneté belge. « En effet, à cette date, Samy Badibanga pouvait fournir la preuve qu’il avait renoncé à la nationalité belge, cinq jours plus tôt, le 3 août 2018. »[14] Ce qui signifie que du 19 décembre 2016 au 9 mai 2017, le gouvernement du Congo-Kinshasa dont faisait déjà partie M. Thambwe Mwamba a été dirigé par un citoyen belge. Pendant tout ce temps, des intellectuels congolais, parmi lesquels des professeurs de droit de nos universités, ont prétendu et défendu que la Constitution était respectée.
Dans tout cela, c’est le peuple qui est le plus grand perdant, ne comprenant rien de ce qui lui arrive avec sa classe dirigeante, y compris les magistrats qui ne parviennent pas à jouer leur rôle. Il s’agit là d’un des grands dysfonctionnements observés dans la société congolaise entre les dirigeants politiques et notre population d’une part et, d’autre part, entre cette dernière et cette nouvelle catégorie d’incompétents fonctionnels, bardés de diplômes et sans vision[15].
C. Pour la justice congolaise
Comme dans la plupart des pays, où la force de la loi a primauté sur la loi de la force, le peuple congolais, au nom duquel la justice est rendue (Article 149, alinéa 3 de la Constitution), aurait souhaité s’appuyer sur son système judiciaire comme dernier rempart, là où les politiciens et les intellectuels ont trahi la nation ainsi que tous leurs espoirs. C’est malheureusement cette même justice, de la base au sommet, qui s’est détournée de sa mission et qui a sacrifié son indépendance autant que sa noblesse pour n’être qu’une caisse de résonnance des politiciens et des personnes nanties.
Préoccupés par la course effrénée à l’embourgeoisement, les magistrats congolais ne réalisent même pas qu’ils détiennent une arme redoutable (la sanction de la loi) contre ces politiciens véreux qui les instrumentalisent. Comme conséquence, ces derniers ont compris qu’il faut les maintenir dans un état perpétuel de clochards pendant que les membres des trois autres institutions de la République (Président, ministres députés et sénateurs) se la coulent douce avec des rémunérations toujours croissantes, qui ne se justifient pas au regard de leur capacité de nuisance pour le développement du pays.
N’ont-ils pas honte, les magistrats congolais, de voir leur tout puissant Ministre de la Justice être traité comme n’importe quel justiciable en Belgique pendant que dans leur pays, la justice se rend à la tête du client et que, plus grave, des décisions judiciaires sont connues et annoncées à l’avance par des politiciens? Tel est le cas dans l’affaire Katumbi ou tout récemment, ce qui s’est passé à la Cour Constitutionnelle, dont la décision d’invalidation ridicule de la candidature de Jean-Pierre Bemba était déjà médiatisée par les propagandistes du FCC? Le Ministre Thambwe Mwamba, ne se gêne-t-il pas lui-même de voir que la justice étrangère le traite avec dignité et humanité sans chercher à l’humilier comme le fait la justice congolaise, sous sa tutelle, à l’égard des opposants, jugés et condamnés dans un piteux état de santé, parfois jusque sur les lits d’hôpitaux?[16] Tout cela, pour des minables salaires n’atteignant même pas l’équivalent de 1000$ US pour le plus haut magistrat de l’ordre judiciaire, à l’exception du Premier Président de la Cour de cassation et du Procureur général de la République, qui sont hors-barème.[17]
Conclusion
Collectivement et individuellement, à divers degrés, le peuple congolais est en grande partie responsable des calamités sociales qui s’abattent sur lui depuis 1960. Dans cette analyse, l’affaire Thambwe Mwamba, poursuivi par la justice belge pour crime contre l’humanité, a servi de leçon nationale pour fustiger le rôle particulièrement irresponsable et nocif de la classe dirigeante congolaise, composée majoritairement des diplômés d’Université. En effet, les malheurs du Congo viennent du fait qu’on a toujours cru qu’avoir un ou des diplômes universitaires suffit pour être compétent. Pour quiconque a appris des rudiments de la gestion des ressources humaines[18], il est temps qu’on retienne qu’en réalité la compétence englobe cumulativement le savoir, le savoir-être et le savoir-faire[19]. Si le recrutement du personnel, qu’il soit politique, administratif, judiciaire ou autre ne passe pas par ce trio de conditions, n’importe quel projet de société est d’avance voué à l’échec. C’est pourquoi, les futurs dirigeants du pays sont prévenus pour veiller à ce que, dans tous les secteurs de la vie nationale, la notion de compétence soit désormais comprise de la même façon que partout ailleurs. Spécialement pour ce qui concerne la justice, nous sommes prêt à apporter notre humble contribution.
Jean-Bosco Kongolo
Juriste & Criminologue/Administrateur adjoint de DESC
Références
[1] Les personnes atteintes du trouble de la personnalité narcissique sont des individus qui paraissent sûrs d’eux, charmeurs, charismatiques, avenants et séduisants… au début! En effet, les « pervers narcissiques » comme on les appelle parfois (pas de connotation sexuelle ici) sont en fait des personnes qui, le plus souvent sans en être conscient, souffrent d’un terrible manque d’estime personnelle et qui affichent une façade complètement différente. Ces narcissiques se sentent donc supérieures à la masse, ils ont besoin d’être admirés et adulés, et n’hésitent pas à minimiser ceux qui les entourent. In http://www.canalvie.com/sante-beaute/sante/index-des-maladies/trouble-de-la-personnalite-narcissique-1.1370269.
[2] Kongolo, JB, 2018, Des élections dans un État failli : une aberration, In http://afridesk.org/fr/congo-kinshasa-des-elections-dans-un-etat-failli-une-aberration-jb-kongolo/.
[3] Article 70 de la Loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire
[4] Radio Okapi 04/05/2016, In https://www.radiookapi.net/2016/05/04/actualite/justice/rdc-enquete-sur-le-recrutement-de-mercenaires-etrangers-proches-de.
[5] AFRIK.COM, 26 juillet 2016, In https://www.afrik.com/rdc-thambwe-fuit-kinshasa-apres-avoir-menace-katumbi.
[6] Afrik.com, 17 juillet 2017, In http://www.afrik.com/rdc-affaire-katumbi–thambwe-mwamba-met-la-justice-sous-pression.
[7] Scooprdc.net, 20 juillet 2018, In https://scooprdc.net/2018/07/20/a-cause-de-sa-discourtoisie-envers-les-journalistes-alexis-thambwe-mwamba-sous-embargo-de-lunpc/.
[8] Expression chère au journaliste Eliezer Ntambwe : « Les paroles ne s’envolent plus. »
[9] Selon Wikipédia, « L’article 7 du Statut de Rome donne la liste des crimes de droit commun qui sont des crimes contre l’humanité dès lors qu’ils sont commis sur ordre « dans le cadre d’une attaque généralisée ou dirigée contre toute population civile » : meurtre; esclavage; déportation; emprisonnement abusif; torture… »
[10] Jeune Afrique, 21 juin 2017, In http://www.jeune afrique.com/449712/societe/alexis-thambwe-mwamba/.
[11] Nous avons honte de citer un célèbre professeur, encore vivant, dont nous étions fier mais qui s’est fourvoyé dans des combines compromettantes juste pour obéir à son tube digestif. Il est maintenant aphone alors qu’il avait brillé par des attaques contre ses mais et collègues.
[12] Une correspondance non contestée et attribuée au Doyen de la faculté des sciences politiques de l’UNIKIN, a récemment circulé sur les réseaux sociaux annonçant le soutien des anciens de cette faculté au candidat E.Shadary Ramazani.
[13] Réaction partagée sur Whattsap
[14] La libre AFRIQUE, 4 septembre 2018, http »//afrique.lalibre.be/23941/rdc-samy-badibanga-a-renonce-a-sa-nationalite-belge-le-3-aout-2018/.
[15] Tshibwabwa, Sinaseli, 2015. Les Scientifiques congolais et la « Remise en question – Base de la décolonisation mentale » de Mabika Kalanda (1965). Communication au Colloque sur « la Décolonisation mentale : Mbika Kalanda et le XXIe siècle congolais ». Revue Vents croisés et les Éditions Glopro ; Montréal, 30 Mai 2015.
[16] Cas de Franc Diongo, Diomi Ndongala, Claude Muyambo et Gécoco Mulumba.
[17] Selon les sources du Conseil supérieur de la magistrature, les salaires des magistrats varient entre 500$ (plus bas échelon : juge du tribunal de paix ou substitut du Procureur de la République) et 800$ (plus haut magistrat : Président à la cassation ou Premier avocat général de la République).
[18] Toute une science
[19] Savoir : la sommation de toutes les connaissances scientifiques acquises, Savoir-être : ensemble de qualités et de valeurs humaines ou morales et Savoir-faire : ce dont on est capable de réaliser et qui résulte notamment de l’expérience.
3 Comments on “Omnipotent ministre de la Justice au Congo, Thambwe Mwamba justiciable ordinaire ailleurs – JB Kongolo”
Makutu Lidjo
says:Le narcissique Tambwe Mwamba sait que la Belgique dans le cas où dans le pays dans lequel il joue au chef tournait mal, son lieu de refuge principal reste la Belgique, alors pour lui pas question de scier l’arbre sur lequel il est. Tant pis pour ses compatriotes congolais qui ont choisi depuis les temps immémoriaux la soumission.
Serah ILUNGA KABANZA
says:Très belle analyse du cancer qui ronge la nation congolaise.
john
says:augmenter la taille de la police pour nous fcilite la lecture SVP.