Jean-Jacques Wondo Omanyundu
GÉOPOLITIQUE | 03-07-2013 11:23
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Obama: Kabila doit «faire plus» pour la sécurité en RDC

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Obama: Kabila doit «faire plus» pour la sécurité en RDC

Le président américain Barack Obama a déclaré que l’échec de Joseph Kabila dans sa tâche de renforcer les capacités suffisantes au sein des forces armées de sorte à étendre l’autorité de l’Etat dans l’ensemble de la RDC est en partie à  dû à la persistance du cycle infernal des violence dans le Kivu au cours des dernières années,

S’adressant à un parterre de  journalistes en Tanzanie le lundi 1er juillet, Obama a déclaré que Kabila devrait « faire plus » Considérant que le conflit sur les ressources minérales a coûté des centaines de vies et a poussé des milliers de réfugiés dans des conditions déplorables dans les camps de réfugiés internes au Congo et dans les pays voisins.

Pour Obama, « le président Kabila doit faire plus et mieux à l’intérieur du Congo lorsqu’il s’agit de traiter la capacité de la RDC de traiter les questions de sécurité et du fonctionnement des services de sécurité« .

« Et c’est très important, parce que cela crée un vide et le pouvoir a horreur du vide. Ainsi, s’il y a persistance de ce vide sécuritaire, ce sont parfois d’autres acteurs animés de mauvais intérêts pour le cœur Congo qui comblent la faillite du pouvoir central»,

Le président Yoweri Museveni a récemment critiqué la MONUSCO qui se lance dans un «projet de terrorisme de conservation», en référence à son attitude du laisser-faire envers les groupes  rebelles qui se livrent aux activités qui comprennent le recrutement et les violations des droits de l’homme dans le Kivu.

Obama a déclaré aux États-Unis est «prêt à travailler avec les Nations Unies et les organisations régionales et d’autres pour aider Kabila à renforcer les capacités. »

Je [Jean-Jacques wondo] me demande comment compte-t-il le faire lorsqu’une unité, le 391e bataillon formé par les Etats-Unis en 2010 pour servir de « modèle pour la future des FAR » selon le Commandement américain de l’Africom, est accusée des cas de viols massifs entre novembre et décembre 2012 à Minova après la débâcle contre le M23. Au moins 97 femmes et 33 filles (dont filles de 6 ans) ont été violéesen l’espace de 2 jours. [Rapport du Bureau conjoint de l’ONU aux droits de l’homme en RDC – 8 mai 2013, élaboré sur base de 350 témoignages]

Il a renchéri que les populations du Congo ont droit à une chance de vivre leur vie et à élever leurs familles dans les meilleures conditions sécuritaires. « Et ils n’ont pas eu cette chance à cause des conflits et des guerres permanents qui s’y déroulent depuis plusieurs années. Et bien sûr, la tragédie est aggravée par le fait que le Congo est riche en ressources naturelles et autres potentiels, mais à cause des conflits et de l’instabilité constants, le peuple congolais n’a pas bénéficié de tout cela.

S’agissant des groupes rebelles, Obama a lancé un appel aux dirigeants régionaux pour mettre en œuvre leurs engagements souscrits dans l’Accord-cadre pour la paix signée à Addis-Abeba qui incluent leur appui au désengagement des groupes armés en RDC, ainsi, « les groupes armés doivent être tous désarmés et les responsables des violations des droits de l’homme doivent être poursuivis » a-t-il insisté.

« Et donc, le fait que vous avez maintenant un cadre de paix signé par les différentes parties est important, mais cela ne doit pas juste se résumer à un morceau de papier, il faut qu’il y ait un suivi. »

Ainsi, l’une des choses qui a fait l’objet de ma discussion avec le président Kikwete est de savoir comment nous pouvons encourager toutes les parties concernées à donner suite aux engagements auxquels ils ont souscrit afin d’apporter une solution durable à l’intérieur du Congo « , a déclaré M. Obama.

Il répondait à une question d’un journaliste qui a demandé comment les États-Unis, en tant que nation puissante au monde et un membre permanent du Conseil de sécurité ayant une forte influence sur les principaux acteurs du conflit Congo, allait aider la RDC et Grands Lacs à atteindre une paix permanente au Congo qui vit dans une instabilité depuis bientôt 20 ans maintenant.

« Les pays voisins du Congo doivent prendre maintenant des engagements clairs pour cesser de financer les groupes armés qui violent l’intégrité territoriale et la souveraineté du Congo. Et ils l’ont signé dans un document. Maintenant, la question est qu’ils le respectent », a déclaré M. Obama.

Cependant, le président américain s’est refusé de mentionner les pays concernés malgré que les derniers rapports des Nations Unies ont accusé le Rwanda et l’Ouganda de soutenir le Mouvement M23, ce que les deux pays rejettent.

Il y a lieu de signaler qu’un projet de rapport  que compte publier l’ONU (Report under Resolution 1533, Dated June 20, 2013, Exclusively Put Online by Inner City Press)  mentionne la poursuite du soutien du Rwanda et de l’Ouganda au M23 :

« Since mid-February 2013, the Group has interviewed 66 surrendered M23 officers and soldiers, including 23 Rwandan nationals. Between 1 January and 9 June 2013, the MONUSCO DDRRR section had demobilized and repatriated 57 former M23 soldiers who declared they were Rwandan nationals.16 However, during its May 2013 visit to Mutobo, the DDRRR demobilization camp in Rwanda, a camp official told the Group that no former M23 combatants had ever arrived at the base. Fourteen former M23 soldiers told the Group that Rwandan nationals who deserted M23 and tried to return directly to Rwanda, were forcibly returned to M23 by RDF officers. Amongst the 14, the Group spoke to two soldiers who had themselves been forced back to M23 in DRC by RDF soldiers. One of the two soldiers had fled to Rwanda alongside four other M23 soldiers in March. The soldier said his group was immediately brought back to the DRC border by RDF soldiers and handed over to M23 commanders, who imprisoned them at Rumangabo…” (…) M23 has also been recruiting in Uganda on a limited scale. The Group interviewed three Ugandan citizens who had been recruited in Kampala by an M23 agent called Mufuruki in May 2013 and subsequently escaped. Mufuruki had promised them lucrative jobs in the DRC. Upon their arrival at the Bunagana border post, they were handed over to another M23 agent named Mr. Kazungu who ferried them across the border into Congo and delivered the to M23 commanders. The commanders threatened to shoot the recruits when they protested. Ugandan officials told the Group that on 7 May 2013, they arrested seven individuals suspected of recruiting for M23. In June 2013, six Ugandan nationals deserted M23 and surrendered to MONUSCO DDRRR. FN16 During the same period, DDRRR also repatriated 1 Ugandan and 1 Kenyan nationals who surrendered from M23.”

Ce projet de rapport mentionne également la cooperation entre les FDLR et les FARDC : « Faced with the rapidly evolving M23 rebellion in 2012, the FARDC first abided by a tacit non-aggression agreement with the FDLR. However, the declining security situation in eastern DRC, culminating with the fall of Goma on 20 November 2013, enhanced the collaboration between some FARDC units and the FDLR in areas of close proximity with M23-controlled territory. The Group has documented local-level collaboration between the FARDC and the FDLR, and continues to investigate the extent to which the FARDC hierarchy may be involved in such collaboration. The Group sent a letter on 12 June 2013 to the Government of DRC asking for clarification about this support and is awaiting a reply. The Group interviewed 10 FARDC soldiers in Tongo, in North Kivu, who reported that FARDC and FDLR regularly meet and exchange operational information. These same sources stated that FARDC soldiers supplied ammunition to the FDLR. (…) Jean-Baptiste Gakwerere aka Esdras Kaleb, who commands the FDLR deployed in Tongo is in charge of the coordination between FDLR and FARDC officers in the area. Four former FDLR soldiers from Tongo and Bambo confirmed to the Group that FARDC soldiers had transferred ammunition to FDLR, with the instruction that it had to be used against M23. In January 2013, two FDLR former soldiers witnessed separately meetings between FARDC and FDLR in the Tongo area, at which they exchanged operational information. One of the soldiers told the Group that he saw FARDC transfer ammunition to FDLR during one of these meetings, while the second saw an FARDC officer give boxes of submachine gun ammunition to the rebels. Between January and April 2013, a former FDLR soldier witnessed four distinct ammunition transfers by the FARDC based at Bambo to the FDLR, while in February, another former FDLR soldier saw FARDC hand over ammunition to the FDLR, also at Bambo.(…) An FARDC officer and local leaders from Muja, 10 kilometers north west of Goma, also reported to the Group a pattern of collaboration between the FARDC and the FDLR. (…)”

Malgré les éléments ci-haut évoqués, le président Obama se dit « prêt à travailler avec tout le monde pour essayer de rendre cela [la paix] possible. En fin de compte, cependant, les pays concernés doivent reconnaître qu’il est dans leur intérêt de le faire. Nous ne pouvons pas imposer une solution à la région. Les peuples de la région doivent se lever pour exprimer leur-ras-le-bol et dire « assez, trop c’est trop », il est temps d’aller de l’avant d’une manière différente. Et, soit dit en passant, cela signifie tenir ceux qui ont commis des violations flagrantes des droits humains pour responsables de ce qu’ils ont fait « , a ajouté Obama.

« Mais il y a une opportunité qui s’offre ici pour la paix. Et les pays voisins du Congo devraient reconnaître que si le Congo se stabilise, cela permettra d’améliorer également les perspectives de leur croissance et leur prospérité respectives, parce qu’avec la situation actuelle, c’est comme si vous avez une meule autour du cou « , a déclaré le président américain. Il a ajouté: » Si vous avez un des plus vastes pays en termes de géographie dans toute l’Afrique avec toutes ces ressources naturelles, mais qui demeure constamment un problème plutôt que d’être une partie de la solution, tout le monde souffre. « 

Obama a expliqué que la Tanzanie devrait faire plus de commerce avec la RDC et le Rwanda devrait faire plus d’échanges et de commerce avec la RDC.

« Une des choses dont nous avons discuté est de voir comment pouvons-nous réaliser plus d’échanges inter-Afrique, parce que si des pays comme la Tanzanie veulent améliorer leur position économique dans le monde, la première chose qu’ils doivent faire est de s’assurer qu’ils peuvent réaliser des échanges commerceiaux les uns avec les autres de manière plus efficace « .

Jean-Jacques Wondo

 

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One Comment “Obama: Kabila doit «faire plus» pour la sécurité en RDC”

  • EMOP Dilondi

    says:

    L’Administration américaine d’Obama doit élaborer un peu plus sur cette déclaration :’’ Kabila doit «faire plus» pour la sécurité en RDC’’. La sécurité résoudra t-elle à elle toute seule les problèmes politiques , économiques et sociaux de la RDC. Malgré la puissante armée et les puissantes forces de sécurité egyptiennes,l’Egypte est dans une grande crise de légalité-légitimité en ce moment.
    Beaucoup plus de sympathie du Gouvernement et peuple américain est ce que le Gouvernement et le peuple congolais a besoin – la longue crise à l’Est de la RDC depuis 1998 est pire que la guerre civile américaine de 1861 à 1865 .Je me demande ce que le reste du monde disait aux américains de la guerre civile américaine .Je crois que les causes de la guerre en RDC devraient être soulignées beaucoup plus par le Gouvernement américain que les effets de la guerre en pensant à leur propre guerre civile américaine et à la guerre mondiale. Les événements qui ont marqué la fin de la guerre civile américaine et ont conduit à la période de la poste guerre civile américaine et la guerre mondiale devraient être fortement rappelés et soulignés : les reformes constitutionnelles de l’Etat américain , le Plan Marshall(Oui la RDC a le droit de réclamer un procès de Nuremberg, un ‘’Plan Marshall (European Recovery Program ERP- Programme de rétablissement européen , un plan de reconstruction,)’’ en commençant par rechercher la coopération internationale sur la mise en application du paiement de la facture impayée de la guerre (voir http://afrique.kongotimes.info/rdc/justice/6008-facture-guerre-impayee-ouganda-payer-milliards-usd-congo-contentieux-peine-recouvrer-aupres-ouganda.html ‘’ ordonné par la Cour Internationale de Justice .La RD Congo cherche des fonds pour financer son programme quinquennal 2012-2016 évalué à 45 milliards USD, alors qu’au moins 10 milliards USD sont logés depuis 8 ans en Ouganda, condamné le 19 décembre 2005 par la Cour internationale de justice (CIJ) à « réparer le préjudice » causé par les « actes de pillage et d’exploitation des ressources naturelles congolaises commis par des membres des forces armées ougandaises en Ituri »(Province Orientale) ‘’et l’ouverture d’une enquête internationale sur le pillage et l’exploitation illicite des ressources naturelles congolaises depuis 1998.
    Certes la RDC a connu l’allègement de sa dette publique de 10,8 milliards USD en 2010 mais cela a été suite à l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE ,condition imposée à un pays au lendemain d’ une guerre de 12 ans !!!
    La crise à l’Est de la RDC n’a pas été initiée par le Gouvernement actuel ni les causes de la crise à l’Est de la RDC n’ont pas été initiées par la génération actuelle du peuple congolais. Le nationalisme congolais, comme ce sentiment d’appartenir à une RDC unie est consacrée comme la plus grande force dans cette crise à l’Est de la RDC malgré les divergences dans son expression. Il devient pertinent de voir les congolais trouver la meilleure façon de tracer des parallèles entre la crise à l’Est de la RDC avec la guerre civile américaine et la guerre mondiale en vue de s’en sortir et aller en avant .Le M23 est conscient qu’il ne gagnera pas militairement la guerre mais verra la révision du droit de citoyenneté de ses  »membres » avec comme preuve à l’appui leur enregistrement effectif comme électeurs congolais et la délivrance de leurs certificats de nationalité. En déjouant la tentative de renverser Mzee Kabila en 1998/1999, les congolais kinois ont depuis lors exprimé leurs limites de tolérance et les USA et le reste du monde en ont été témoins et doivent agir en conséquence en se plaçant effectivement par son côté.

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