Nord-Kivu : Des accusations croisées – Analyse stratégique de JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

11 juin 2013 – RD Congo : le M23 accusé d’avoir arrêté 50 civils dans la localité de Kiwanja

Des habitants de la localité de Kiwanja affirment aujourd’hui que le M23 auraient arrêté une cinquantaine de personnes de la ville, située au nord de Goma. « Selon ceux qui étaient en prison, le M23 exige à ces détenus de remettre les armes avant qu’ils ne soient libérés alors que certains n’ont jamais touché aux armes », explique un habitant de la ville. Selon un rapport publié hier par la société civile, dix personnes dont quatre femmes auraient été arrêtées ce même jour par le groupe rebelle. Le porte-parole militaire du M23, le colonel Vianney Kazarama, reconnait pour sa part l’arrestation de six habitants qui, selon lui, portaient alors des armes. Le 1er juin dernier, le M23 avait déjà fait prisonniers quatre habitants de la localité. (Source : radio okapi)

12 juin 2013 Les FARDC kidnappent les collaborateurs du M23 à Goma.

Utilisant le site d’informations ougandais www.chimpreports.com devenu désormais leur canal de propagande, le M23 par la voix de son porte parole René Abandi informe à son tour que les unités spéciales des renseignements militaires des FARDC effectuent des rafles de centaines de présumés collaborateurs du mouvement rebelle (Ndlr soutenu par le Rwanda) dans les villes de Goma et de Bukavu. Information soi-disant confirmées par Chimpreports. (Giles Muhame). Les jeunes et les hommes d’affaires parlant le kinyarwanda seraient la cible de ces kidnappings. (Ndlr: toujours le même alibi avancé par toutes les rébellions d’inspiration rwandaise qui ne convainc plus personne). Il semble-t-il que l’‘opération aurait débuté mardi 10 juin dans la soirée à Goma.

Le porte-parole du M23 René Abandi a déclaré ce mercredi matin que « Des personnes qui ressemblent morphologiquement aux Tutsi sont actuellement rassemblés et détenus à Kinshasa. »
Il a ajouté: « Même les autres civils d’autres origines ethniques sont enlevés de leurs maisons. Nous ne connaissons pas le nombre, car au mêmemoment où nous livrons cette information, ils sont de plus en plus arrêtés »

Pour Abandi, les actions des forces gouvernementales congolaises sont « belligène »s et « provocatrices ».

« Mais nous restons déterminés à trouver une solution politique à nos problèmes. C’est pourquoi nous sommes ici à Kampala pour des pourparlers de paix », a déclaré René. Selon le site Chimpreports, de nombreux civils ont été contraints de fuir vers Gisenyi pour leur sécurité.

Analyse stratégique de Jean-Jacques Wondo

Par cette stratégique de la rhétorique de la victimisation des rwandophones, le M23 reste fidèle à la stratégie développée dans les laboratoires de l’oligarchie Tutsi au pouvoir à Kigali depuis leur prise du pouvoir après le génocide rwandais de 1994 et les agressions successives du Zaïre puis du Congo qui s’en suit suivi en 1996 avec l’AFDL, puis 1998 avec le RCD-Goma qui a donné naissance au CNDP duquel est issu le M23. Il est important que l’opinion internationale ne tombe pas dans ce piège. Le but des officines de renseignement rwandaises n’est ni plus ni moins de susciter une compassion internationale à cet alibi-hameçon auquel il ne faut pas du tout mordre.

Nous avons déjà lu ici et là certaines personnes des médias se ranger derrière cette rhétorique à vocation « pathétique » pro-Tutsi. C’est le cas de cet extrait d’une blogueuse belge, se permettant même d’attaquer le président tanzanien, lorsqu’elle écrit le 28 mai 2013 sous le titre propagandiste, « Un an avant le génocide, que savait-on du Rwanda? » : Dix neuf ans après, a-t-on réellement compris ce que fut le génocide au Rwanda , ou l’a-t-on déjà oublié ? Lorsque l’on voit le président tanzanien Jakaya Kikwete enjoindre à son homologue rwandais Paul Kagame d’entamer des négociations avec les FDLR, on peut se demander si le pays voisin du Rwanda est bien informé du fait que ce mouvement armé, qui sème la terreur et la désolation au Kivu, est l’héritier direct des chefs politiques et militaires qui, au lendemain de la victoire du FPR en juillet 1994 se réfugièrent dans les pays voisins où, encadrant une population civile poussée à l’exode, ils préparèrent la revanche. Même si ses forces combattantes se composent de jeunes qui étaient au berceau ou pas encore nés au moment du génocide, l’idéologie des FDLR n’a pas changé, elle se situe dans la droite ligne du « Hutu power » de l’époque… »

La blogueuse (pour ne pas dire la blagueuse provocatrice) belge oublie de sciemment amnésique de mentionner que les forfaitures commises par les rébellions soutenues l’oligarchie Tutsi au pouvoir à Kigali ont causé plus de ravages au Congo et dans le Kivu particulièrement – plus de 6.000.000 de morts – depuis l’AFDL, le RCD-Goma, Le CNDP et aujourd’hui le M23, tous dirigés par les Tutsi Kagame, Kabarebe, Mutebusi, Obedi (actuellement commandant de région militaire à Kannaga), Nkunda, Ntaganda, Runiga, Makenga… que les FDLR. De plus, elle passe sous silence, de manière délibérée, le contenu du Rapport Mapping de l’ONU d’octobre 2010 qui accusait de manière accablante le FPR de Kagame des mêmes crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide que les Interhamwe Hutu rwandais: http://www.ohchr.org/Documents/Countries/ZR/DRC_MAPPING_REPORT_FINAL_FR.pdf. Lire aussi « Les Armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, 2013. Un rapport gardé sous silence par le pouvoir actuel Congolais, pour quelles raisons? Alors que Kinshasa pourrait s’en servir comme une arme diplomatique supplémentaire contre le Rwanda. Surtout que de nombreuses organisations de la société civile congolaise, ainsi que Human Rights Watch, International Crisis Group ou d’autres ONG membres de l’Eurac soutiennent l’idée de la mise en place d’un tribunal spécial pour la RD Congo avec une chambre mixte. La même idée défendue dans un ouvrage publié en 2012 par Eugène Bakama Bope: « La création d’une cour spécialisée comme mécanisme de répression des crimes internationaux commis en rdc : enseignements tirés du Cambodge, Timor-Oriental »

Alors que quelques années plus tôt, dans un ouvrage titré « Les Nouveaux prédateurs. Politique en Afrique centrale« , publié en 2003 et réédité en 2010 (en apportant quelques corrections suites aux critiques essuyées par la première version). Une édition revue truffée tout de même d’informations fallacieuses et d’autres non confirmées, la même blogueuse a mis à nu cette stratégie expiatoire des Tutsi conçue par Kagame et sa clique en ces mots:

« Or, au vu des événements qui se sont déroulés dans la région par la suite (les tactiques mises en œuvre durant la conquête du Rwanda par le FPR d’avril à juillet 1994, l Tutsis congolais ont été négligés, voire abandonnés, lors de la tentative d’infiltration de Kinshasa en août 1998, l’écrasement, en 2002, des Banyamulenge qui refusaient de se soumettre aux ordres de Kigali estompée.

J’en suis venue à penser que Kagame et les siens, tacticiens militaires avant tout, ne sont pas de ceux qui hésitent à sacrifier des civils, y compris des Tutsis, si tel doit être le prix à payer pour arriver à leurs fins...

Deux versions diamétralement antithétiques qui étalent aux yeux du monde à quel point la schizophrénie intellectuelle manipulatrice au service des lobbies peut instrumentaliser les décideurs, « maîtres du monde », dans un sens ou dans l’autre. Le drame est que la plupart des soi-disant « intellos » et « élites » congolaises adhèrent aveuglement à ces pratiques sophistes pour autant que cela serve leurs intérêts politico-financiers, peu importe les dégâts historiques que ces falsifications causent pour l’avenir di Congo en particulier et de l’Afrique nègre en général.

Ainsi, revenant sur le M23 et son parrain rwandais, on se rend compte que la déclaration du président Kikwete les isolent davantage. Etant rejeté au Nord-Kivu, il n’est pas exclus que ce mouvement trouve un nouveau terrain de confrontation militaire pour déplacer son agression du Congo: Kinshasa. Ce, pour la simple raison qu’en déclarant que les Tutsi sont arrêtés, rassemblés et détenus à Kinshasa, il n’est pas exclus que la capitale congolaise soit leur prochaine cible militaire au simple motif qu’ils y vont pour « libérer nos frères détenus ou sécuriser les Tutsi en danger ». Ainsi le tour est joué. Surtout que sur place, ils peuvent bénéficier de leurs frères bien infiltrés dans les services de sécurité congolais. Nous voilà prévenus car cela peut aller très vite en mettant tout le monde devant un fait accompli, comme toujours.

Jean-Jacques Wondo

Ci-dessous, l’intégralité de l’article original en anglais paru sur Chimpreports

DRC Army “Abducting M23 Collaborators” In Goma

Congolese armed forces (FARDC) especially military intelligence squads are currently rounding up hundreds of suspected rebel M23 movement collaborators in the Provincial town of Goma and Bukavu, Chimpreports has confirmed.

By Giles Muhame 4 hours 31 minutes ago

FARDC is reportedly targeting Kinyarwanda-speaking youth and businessmen.

The operation started on Tuesday night in Goma.

M23 publicist Rene Abandi told this website on Wednesday morning that “those who look physically like Tutsi are being rounded up and detained in Kinshasha.”

He added: “Even other civilians of other origins are being abducted from their homes. We don’t know the number because even as we speak they are taking more.”

Rene described DRC government’s actions as “belligerent” and “provocative.”

“But we remain committed to finding a political solution to our problems. That’s why we are here in Kampala for peace talks,” said Rene.

Chimpreports understands many civilians have been forced to flee to Gisenyi for their safety.

In November 2012, M23 routed armed government forces that were supported by MONUSCO peacekeepers to capture Goma.

They later withdrew due to the intervention of regional leaders under their umbrella organization, ICGLR, in exchange for negotiations with Kinshasha in Kampala.

Since then, the peace talks have stalled with Kinshasa refusing to sign a cease-fire.

M23 opted to declare a unilateral ceasefire on February 8, 2013.

This move was seen by some as a sign of weakness, while others saw it as a commitment to the peace process in Kampala.

The Secretary General of the United Nations, Ban Ki-moon briefly visited the DRC in May and asked the Congolese Government to return to the negotiating table and address the root causes of the crisis.

Ban also asked DRC to find solutions by addressing issues such as the fight against corruption, promotion of good governance, respect for human rights, equal justice for all, the protection of women against sexual violations, access to health care for all, access to water and electricity, education, employment and the creation of new opportunities.

However, DRC government spokesman, Mr. Lambert Mende responded: “We will not sign any cease-fire, they are desperate and weak and it is high time they disappear. »

Members of the M23 want the implementation of the agreement of 23 March 2009, which was supposed to have seen their integration into the national army and the return of thousands of Congolese refugees still living in camps in Rwanda, Burundi and Uganda.

– See more at: http://chimpreports.com/index.php/news/10682-breaking%3A-drc-army-%E2%80%9Cabducting-suspected-m23-collaborators%E2%80%9D-in-goma.html#sthash.eNPuIw33.dpuf