Traduction de l’article, Nikki Haley ventures to Congo as Trump Administration opens eyes to country’s future, publié en anglais sur le site du HuffingtonPost US le 18 octobre 2017.
![]() | Marie Martinez, Contributrice Journaliste, Auteur |
L’ambassadrice américaine aux Nations Unies, Nikki Haley, débarquera à Kinshasa le 21 octobre (NDLR : l’article originale a été publié le 18 octobre 2017). Sa visite fait suite à un séjour très médiatisé dans l’autre sens, celle de Daniel Lusadusu Nkiambi à Washington. Lusadusu a rencontré plusieurs membres du Congrès et des Sénateurs lors de son voyage pour parler de l’avenir de la République Démocratique du Congo (RDC). Vous voyez, Lusadusu se positionne dans la perspective d’une présidence de transition en RDC.
Le cardiologue formé aux anciennes écoles de médecine militaire de Belgique et du Zaïre s’est mué en homme d’État en réaction à l’attitude de l’actuel président, Joseph Kabila. Kabila a décidé de retarder indéfiniment les élections congolaises prévues en 2016, en prétendant que leur coût était inabordable. L’excuse commode s’inscrit dans la continuité de sa présidence kleptocrate et corrompue. Lusadusu, dont les états de services militaires et médicaux sont reconnus par de nombreux observateurs qui voient en lui la passerelle idéale entre les citoyens du pays et des militaires trop souvent politisés, expose à présent aux décideurs stratégiques du monde entier sa vision pour une refondation efficace de son pays.
Il a rencontré lors de son voyage les Sénateurs Roy Blunt et Ed Markey ainsi que les membres du Congrès Ed Royce et Eliot Engel. Il s’est avéré évident pour ces représentants, que la Maison Blanche devait faire de la RDC une priorité stratégique de la politique étrangère des États-Unis.
Ils ont également réalisé qu’il n’y aurait probablement plus d’élections sous Kabila. Et quand bien même elles se tiendraient, il est peu probable qu’elles puisses être considérées comme libres sous le régime actuel. De nombreuses figures de l’opposition politique ont d’ailleurs depuis rejoint cette position.
Alors que la perspective de voir Kabila s’en aller de lui-même s’est évanouie, de plus en plus de gens prennent conscience du rôle centrale que devront jouer les forces de sécurité dans la stabilisation du pays.
La mise en place d’un gouvernement de transition sans Kabila dirigé par une personnalité neutre capable d’activer ses réseaux dans l’armée est maintenant une solution prise très au sérieux.
Lusadusu a le profil
« C’est parce que nous ne sommes plus une grande puissance que nous avons besoin d’une grande politique. Si nous n’avons pas une grande politique … nous ne serons plus rien », a-t-il récemment déclaré à un interviewer congolais. Sa «vision stratégique de la renaissance d’un grand Congo» se fonde sur l’intégration des principes démocratiques dans le tissu même de la nation et de l’État Congolais.
Lusadusu s’est élevé au rang de Colonel dans les Forces Armées Zaïroises et a servi de conseiller du Président dans les années 1980, jusqu’à son exile en 1993. Pourtant, il semble être un candidat inattendu pour réorganiser le pays et l’armée, malgré sa formation médicale dans les Universités belges, son entrainement militaire au Zaïre et la décennie qu’il a passé à réorganiser le corps médical de l’armée.
C’est ce qui le rend si différent. Il a les réseaux et la connaissance de l’organisation militaire, mais il dispose aussi de la précision et l’attention aux détails d’un médecin pour refonder la culture même de l’armée et des institutions du pays.
Remodeler les forces armées de la RDC
« La majorité des soldats sont mal ou très mal formés, mal encadrés, mal entretenus, mal équipés et éloignés de la population civile », a-t-il déclaré au cours de l’été. Il veut professionnaliser les services afin d’empêcher les futurs dirigeants de sans cesse politiser l’institution à leurs profits. « C’est [actuellement] une armée de miliciens, une armée partisane et fanatique, sans unité de commandement ».
Depuis son départ forcé des FAZ, il a fondé et présidé l’Union des Militaires Patriotes Congolais, dont l’objectif est de remettre les valeurs d’excellence au cœur de l’institution militaire. Lusadusu se réfère à cette force qui doit être professionnelle et apolitique, une «armée nationale et républicaine», jurant de défendre et de servir la démocratie et la constitution du pays, au-delà des partis et des individus. Cela signifie préserver les intérêts des institutions et non ceux d’un Président et de sa clique. Cela devra également permettre de combler le fossé de crainte et de méfiance qui s’est creusé entre le peuple et les forces de sécurité, la conséquence d’années de gestion catastrophique de Kabila.
«La renaissance du Congo en tant qu’État stable et prospère ne peut se concevoir sans une armée nationale et républicaine», il y fait référence comme une affirmation de la souveraineté et un catalyseur de l’unité nationale. Construire des ponts entre l’armée et l’ensemble de la population de 80 millions d’habitants implique également de rendre sa composition plus représentative. Lusadusu veut que les recrues des différentes régions du pays servent ensemble et partagent leurs expériences. Il veut instiller un sens de la mission dans tous ces combattants pour qu’ils servent toute la population, au-delà de leur tribu ou leur province.
Il voit également cette force professionnelle de la RDC comme critique pour le développement du pays. Un nouveau corps d’ingénieurs réorganiserait et développerait des parties de l’infrastructure nationale du pays. Cela comprend les canalisations d’eau très endommagées et limitées.
Restaurer un héritage militaire
Lorsqu’il servait, la RDC était connue sous le nom de Zaïre et les Forces armées zaïroises (FAZ) faisaient l’envie des ministres de la défense africains.
« A l’époque, notre pays comptait probablement les meilleurs militaires d’Afrique subsaharienne, formés dans le monde entier, distingués dans les académies les plus prestigieuses de la planète », a déclaré Lusadusu. « Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de notre pays, à travers la capacité opérationnelle des FAZ, une puissance militaire continentale. »
Mais les jours où nous venions en aide au Tchad et au Rwanda sont révolus depuis longtemps. L’influence s’est même inversée. Lusadusu accuse la culture politique du pays d’«infecter» les FARDC avec les antivaleurs de «népotisme, kleptocratie, patronage, tribalisme, courtisanerie et les diverses pratiques mafieuses qui ont détourné l’armée de sa mission originelle en créant des milices et en abandonnant le soldat à son triste sort ».
Il pense que la RDC peut compter sur un contingent d’officiers de qualité, anciens et présents, mais aussi sur d’autres experts dont la capacité technique et organisationnelle seront au cœur de son dispositif de reconstruction de l’armée.
Cela pourrait être l’une des priorités de Haley lorsqu’elle se rendra bientôt en RDC.
« C’est une exigence prioritaire et indispensable pour la reconstruction du Congo de demain. Une armée dissuasive qui sécurise et rassure le peuple défend le territoire et contribue au développement. «