Jean-Jacques Wondo Omanyundu
GÉOPOLITIQUE | 12-11-2017 16:00
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Mission terminée pour Nikki Haley, que va-t-il se passer après? – JB Kongolo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Mission terminée pour Nikki Haley, que va-t-il se passer après?

Par Jean-Bosco Kongolo

Cinquante-sept ans après l’indépendance, il est gênant et même honteux pour notre classe dirigeante de continuer d’attendre que des solutions aux crises politiques délibérément créées et entretenues par elle, lui soient dictées ou inspirées par des étrangers. Dans la Constitution, grâce à laquelle certains sont arrivés au pouvoir et dont se réclament ceux qui cherchent à y accéder, le délai impératif de cinq ans est  mentionné noir sur blanc pour la tenue de tous les scrutins, nationaux et provinciaux. Certains de ces scrutins n’ont jamais été organisés depuis l’avènement de la Troisième République tandis qu’à ce jour, le mandat accordé à tous les élus est largement déchu, depuis 2012 pour les sénateurs, les députés et les gouvernements provinciaux, depuis décembre 2016 pour le Président de la République et février 2017 pour les députés nationaux. Les contestations de légitimité des uns par les autres font craindre le pire à certains acteurs internationaux, non pas pour la sympathie ou l’empathie qu’ils ont envers les Congolais, qui peuvent s’entretuer comme ils veulent, mais pour la sauvegarde de leurs intérêts.

C’est dans ce contexte qu’il faut situer la récente mission effectuée au pays par Mme Nikki Haley, ambassadrice des USA aux Nations-Unies, attendue par toute la classe politique comme une maman congolaise partie au champ ou au marché pour ne revenir que le soir avec de quoi nourrir ses enfants affamés depuis le matin. Les spéculations sur l’objet réel de la mission de cette dame témoignent de la divergence des attentes des uns et des autres. Pour les jouisseurs infatigables, Joseph demeurera au pouvoir jusqu’à l’installation du nouveau Président élu (peu importe la date où se tiendra l’élection de son successeur) tandis que l’opposition, ou ce qui en reste, s’en tient encore naïvement à l’Accord de la St Sylvestre ou, à défaut, exige une courte transition sans Kabila. D’où, cette triple question à laquelle nous allons tenter de répondre dans cette analyse : que peut-t-il se passer ; que doit-t-il se passer et que va-t-il se passer du point de vue de Joseph Kabila et sa famille politique, du point de vue de l’opposition et du peuple congolais ainsi que du point de vue de la fameuse communauté internationale. C’est de l’attitude de tous les acteurs en présence que dépendra la suite des évènements, qui demeurent imprévisibles.

1. Que peut-on attendre de Kabila et sa famille politique ?

De 2006 à 2011, au regard de la Constitution, Joseph Kabila a été, de droit, le garant du bon fonctionnement des institutions, aussi bien politiques que celles d’appui à la démocratie. Entre les deux périodes et tant que son fauteuil n’était pas encore menacé par un quelconque obstacle prohibitif (articles 70 et 220 de la Constitution), aucun alibi fondé sur des contraintes techniques, légales ou financières ne pouvait être invoqué pour repousser à plus tard l’élection présidentielle obligatoire pour 2011. L’élection a bien eu lieu, dans les conditions et avec les résultats connus de tous. La non-tenue des élections, notamment l’élection présidentielle en 2016, est à considérer comme un échec pour la CENI et pour le Chef de l’État « échu », qui a manqué de jouer son rôle, devenant par ce fait le problème et non la solution. Pour preuve, aussitôt Mme Haley rentrée aux USA, voilà sa famille politique publier un communiqué tendant à reconnaître à la CENI les pouvoirs que ne lui confère pas la loi et consistant à créer des délais élastiques contraires à la Constitution dans le seul dessein de prolonger indéfiniment et sans raison valable le processus électoral.[1]

Faisant suite aux propos de Mme Haley, qui a souhaité voir les élections se tenir au plus tard en 2018, Alain Atundu, porte-parole de la MP, a fait connaître la position inchangée de sa plate-forme, basée sur l’interprétation erronée de l’article 70 de la Constitution qui stipule : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu. »[2] En ne s’en tenant qu’à la deuxième partie de cette disposition, les fanatiques de Kabila, qui défendent en même temps leurs propres intérêts, font une lecture biaisée de la Constitution, laquelle forme un tout en commençant par l’exposé des motifs jusqu’aux dispositions finales.

Préférant lire la Constitution à l’envers et de manière sélective comme le font la plupart des « Hommes de Dieu », ces juristes sophistes omettent de considérer le cycle impératif de cinq ans qu’impose la Constitution à tous les intervenants, de collaborer à l’organisation des élections prévues. Tous les élus, y compris le Président de la République qui ne peut pas renouveler qu’une seule fois son mandat, sont clairement avertis qu’ils doivent soit se retirer en douceur, soit se préparer à renouveler leurs mandats. S’agissant spécialement du Président de la République, ce cycle de cinq ans non dérogatoire erga omnes (à l’égard de tous) n’épargne pas la CENI, pouvoir organisateur dont les responsables ont  tendance à oublier qu’elle n’est qu’une institution d’appui à la démocratie. Autrement dit, aucune disposition de la Constitution ou de la loi électorale ne permet à la CENI de prendre prétexte de quoi que ce soit pour sortir de ce cadre.

Car, pour que le nouveau Président soit installé ou pour que la passation de pouvoir (l’alternance) ait lieu, il faut que les élections soient d’abord organisées conformément aux lois de la République. Dans l’entendement irresponsable de la MP et de certains « licenciés en Droit » qui en font partie, la CENI a la latitude de prendre tout son temps, allant jusqu’à accorder au Président échu tout un mandat gratuit, pour organiser les élections.[3]

Selon Alain Atundu, qui n’a jamais osé reprocher à la CENI les retards insupportables et antidémocratiques, « La Majorité présidentielle saisit cette occasion pour rappeler à la bonne foi de tous les acteurs politiques que la CENI est et demeure la seule Institution habilitée, d’après la constitution en vigueur, à organiser les élections et partant à en déterminer les modalités pratiques dans des conditions de transparence qui en garantissent la fiabilité pour éloigner le spectre de la violence postélectorale. Pour sa part, la MP renouvelle, une fois de plus, son engagement quant à ce, pour le bien supérieur du peuple Congolais. »[4]

Il  est important de relever que le choix de la fin de l’année 2018 pour la tenue de l’élection présidentielle n’est pas anodin. Il procède des mêmes stratagèmes consistant à prendre prétexte, le moment venu, des multiples contraintes et conditionnalités que contient le calendrier électoral global pour justifier les futurs retards et reports déjà prévisibles. Les Congolais, premiers concernés, sont bien avertis qu’il n’y a rien de rassurant à attendre de Joseph Kabila et de sa famille politique dont la CENI n’est qu’un organe technique en matière électorale. Sur ce point, Mme Nikki Haley a été diplomatiquement réaliste en invitant tous les acteurs nationaux à œuvrer ensemble pour que ces élections aient lieu au plus tard en 2018. C’est aux Congolais, en tant que peuple, qu’il revient dès à présent de dire si, avec Kabila, les élections auront réellement lieu et, dans l’affirmative, si elles seront libres, transparentes et démocratiques.  

2. Que faut-il attendre de l’opposition et du peuple pour obtenir l’alternance politique ?

Il est malheureux de constater que dans sa soif de la démocratie et du bien-être en général, le peuple congolais est chaque fois trahi et abusé par des opposants autoproclamés dont les faits et gestes ont fini par le dérouter et le démobiliser. A l’exception de quelques uns, souvent les mêmes, qui se distinguent par leur courage, leur constance et leur détermination à en découdre avec la dictature de monsieur Joseph Kabila, la plupart de ces politiciens ne sont opposants que tant qu’ils n’ont pas été approchés par leurs collègues de la MP suivant le même mode opératoire de débauchage désormais connu de tous les observateurs avertis. Au tour de la mangeoire, ils (Olenghankoy, Lucien Busa, Bitakwira, Tshibala, Badibanga, Loseke, Stève Mbikayi, José Makila, Ingele Ifoto…) oublient tous leurs propos incendiaires d’opposants redoutables.

Une fois débarqués des gouvernements éphémères et des institutions qu’ils ont contribué à mettre en place ou dans lesquels leurs partis ont été représentés, ils ne se gênent pas de rebondir avec des nouvelles plateformes ou tenant des propos virulents contre leur bienfaiteur circonstanciel. Tel est le cas de Tharcisse Loseke, de Samy Badibanga, de Germain Kambinga et de tant d’autres. «Samy Badibanga, Premier ministre honoraire et ancien président du groupe parlementaire UDPS et alliés a lancé samedi 28 octobre la plateforme politique « Les Progressistes ». Selon les initiateurs, ce courant a comme objectif de fédérer toutes les forces politiques de l’opposition avant les prochaines échéances électorales. Samy Badibanga, son coordonnateur, appelle toutes les parties prenantes au processus électoral d’amender l’accord de la Saint Sylvestre pour obtenir les élections dans un bref délai. Pour lui, cet accord sera caduc à la date du 31 décembre 2017. D’où la, nécessité de l’amender. »[5]

D’autres encore, comme Vital Kamhere, se rendant tardivement compte d’avoir énormément déçu sa base et d’avoir démotivé un à un tous ses meilleurs collaborateurs[6], tentent de revenir sur la pointe des pieds appelant à l’unité de l’opposition, qu’ils avaient pourtant minée par orgueil et par égoïsme ou, souvent, par cupidité.

Ils sont enfin nombreux, ces politiciens que Boniface Musavuli, coordonnateur de Desc, appelle, à juste titre, des « opposants kabilistes », qui continuent de siéger sans mandat dans toutes les institutions mais qui se méfient sans juste motif de leurs collègues du G7, qu’ils traitent d’opposants de dernière heure. Ce sont tous ces « opposants », hypocrites et sans stratégies, qui n’inspirent plus confiance à leurs bases ni encore moins aux partenaires extérieurs auprès de qui ils se plaignent pour exiger le départ de Joseph Kabila. Des uns et des autres, mais surtout de ceux qui sont demeurés constants dans leur combat, le peuple attend des stratégies réalistes et des actions concrètes et contraignantes.

  • Cesser de reconnaître Joseph Kabila comme Président 

A l’exception de ceux qui ne voient dans le Congo que les bénéfices qu’ils tirent de la prédation de ses ressources naturelles, Joseph Kabila a démontré durant son long mandat qu’il n’est pas digne de la confiance du peuple congolais et de la fonction présidentielle.

En effet, durant tout son mandat, il a été incapable de respecter son serment constitutionnel et son rôle de garant du fonctionnement harmonieux des institutions. Politiquement, il n’a pas été en mesure de tenir sa parole pour respecter l’Accord du 31 décembre, unique cadre de légitimité consensuelle. Étant lui-même le problème, un tel personnage ne mérite plus d’être reconnu Président de la République. Lui accorder un jour de plus au pouvoir revient à aggraver les tensions et la crise que lui-même entretient pour justifier le glissement et, plus tard, laisser place à une présidence à vie. « Par ailleurs, plus qu’une simple volonté de marcher bras-dessous bras-dessus, c’est sur le fond que l’Opposition a du mal à trouver un véritable compromis. Au sujet du rôle du chef de l’État dans les prochains mois d’abord. Le MLC, à l’instar des autres partis, appelle à la mobilisation « conformément à l’article 64 de la constitution », mais cela n’a pas empêché Fidel Babala, son membre influent et très proche de Jean-Pierre Bemba, de soutenir, la veille, le maintien de Joseph Kabila à la tête du pays. »[7] Nous pensons que les évènements sanglants ayant surgi et qui se poursuivent à travers tout le pays au cours de l’année 2017 devraient interpeller quiconque a encore la conscience. 

  • Renoncer à tous les mandats illégitimes

Comme à leurs collègues du conglomérat politique dénommé MP, le peuple doit exiger à tous les anciens élus (députés nationaux et provinciaux ainsi que les sénateurs), membres de l’opposition, de prouver la sincérité de leur combat pour la démocratie et l’État de droit en claquant la porte à toutes les institutions dans lesquelles ils continuent de siéger sans mandat. Ce n’est que de cette manière que la confiance peut être rétablie tant avec leurs bases qu’avec les partenaires extérieurs qui les jugent peu rassurants. En effet, c’est à cause du double jeu de l’opposition, désunie, inconstante et versatile, qu’il est devenu difficile de mobiliser le peuple et de convaincre ceux qui, par des sanctions davantage plus contraignantes, auraient pu contribuer à renverser les rapports de forces sur terrain. C’est pourquoi, le peuple est appelé à doubler de vigilance pour démasquer tous ces faux opposants et identifier en même temps ceux qui militent réellement pour l’intérêt national.  

  • S’abstenir de créer de nouvelles plateformes politiques      

À l’approche ou à l’occasion de chaque enjeu majeur, des plateformes renaissent ou se constituent à volonté soit pour masquer les faiblesses des uns, soit pour infiltrer celles dont le combat dérange l’adversaire. Sans les citer, on voit déjà des revenants et tous ceux qui ont été débarqués des institutions, appeler à l’unité de l’opposition ou se plaçant « au centre » pour proposer des solutions ambigües, formulées juste pour le repositionnement de leurs initiateurs. Il est temps que le peuple décourage ce genre d’initiatives en s’abstenant notamment de favoriser un leadership à base uniquement tribal ou ethnique.

  • Mettre sur pied une nouvelle structure électorale réellement indépendante

Les observateurs neutres et objectifs conviendront avec nous qu’avec à sa tête Corneille Nangaa, la CENI est  plus un organe technique au service des auteurs du glissement qu’une institution d’appuie à la démocratie. Instrumentalisée, elle s’est octroyé des pouvoirs que ni la Constitution ni encore moins la loi électorale ne lui accordent, de rouler le souverain primaire dans la farine en prolongeant indéfiniment le processus électoral par la multiplication des contraintes et les conditionnalités faciles à éviter. C’est le cas de l’enrôlement des Congolais de l’étranger, ces derniers n’ayant jamais été recensés comme leurs compatriotes du terroir.

Dans une très belle analyse qui décrypte toutes les incohérences du calendrier électoral que vient de publier la CENI, Alain-Joseph Lomandja fait remarquer ce qui suit, à propos  du vote des Congolais de l’étranger : « Prévue pour se dérouler du 1er Juillet au 28 septembre 2018, cette activité se déroule après le contentieux des électorales, les opérations de dédoublonnage, l’audit du fichier électoral et la publication des statistiques des électeurs. Ces activités importantes ne sont pas prévues pour les listes électorales des Congolais de l’étranger. S’agira-t-il dans ce cas de deux fichiers électoraux ou alors la CENI  va-t-elle reverser des données brutes de l’enrôlement des Congolais de l’ »étranger dans un fichier électoral déjà traité ? Dans les deux cas, la conclusion est d’une extrême gravité[8]

Pour toutes ces raisons et pour espérer avoir des élections réellement crédibles et transparentes, le moment est venu de disqualifier le personnel dirigeant de la CENI et de mettre sur pied une nouvelle structure équitablement composée des personnes compétentes provenant de la société civile et des délégués des camps politiques.

Par conséquent, tout parti politique se réclamant de l’opposition, devrait retirer sans atermoiement sa confiance, pour trahison, à son membre siégeant dans la structure actuelle de la CENI. Procéder autrement c’est faire le lit de ceux qui s’apprêtent à flouer de nouveau le peuple avec la complicité de la communauté internationale, principalement l’union Africaine.

 Le peuple congolais peut-il encore compter sur la communauté internationale ?

Dans leur soif et dans leur quête de la démocratie et de l’État de droit, les Congolais apprennent et découvrent de plus en plus qu’avec la complicité de ses filles et de ses fils, il a laissé longtemps son destin lui échapper pour se retrouver entre les mains des autres. C’est ainsi que les millions de morts et de déplacés, les centaines de milliers de viols et les centaines de prisonniers politiques n’ébranlent pas outre mesure la communauté internationale dont les membres ayant des intérêts se livrent à distance une guerre sans merci pour l’exploitation des matières premières stratégiques. Alors qu’ils disposent de tous les moyens coercitifs pour faire cesser cet état de choses et pour traduire les criminels en justice devant la CPI, les membres du Conseil de sécurité, pour ne parler que d’eux, ne condamnent que du bout des lèvres ce qu’ils ne tolèrent pas chez eux ni ailleurs.

Il en est ainsi de l’Union Africaine, ce syndicat des dictateurs, qui évite de désigner le fauteur des troubles et crache plutôt sur la mémoire des victimes de l’intolérance avec des propos paternalistes et plein de mépris à l’endroit du peuple congolais : « Le président de la commission de l’UA exhorte tous les acteurs politiques congolais à faire preuve d’esprit de responsabilité et de s’abstenir de tout propos ou acte de nature à générer des tensions. Il rappelle l’importance que revêt la prise urgente des mesures de nature à rétablir la confiance entre les acteurs en présence et à décrisper l’atmosphère politique, dans l’esprit de l’Accord politique du 31 décembre 2016. Il se dit «satisfait» de la publication du calendrier électoral pour les scrutins jumelés présidentiels, législatifs et provinciaux, prévus pour le 23 décembre 2018. »[9]

En guise des retombées de la visite au Congo de son ambassadrice à l’ONU et de l’entretien de deux heures que Mme Nikki Haley a eu avec Joseph Kabila, sans que personne ne sache de quoi ils avaient parlé, les États-Unis n’ont pas pu dissimuler leur soutien à une rallonge accordée par la CENI à celui que les Congolais considèrent comme leur bourreau. Dans un langage diplomatiquement subtil et sans se préoccuper de ce qu’en pensent les Congolais, « Les États-Unis ont demandé au président congolais Joseph Kabila de “quitter le pouvoir après les élections” annoncées pour décembre 2018, dans un communiqué du département d’État, saluant la publication de ce calendrier électoral. »[10]

C’est cette attitude hypocrite de la communauté internationale qui permet finalement aux Congolais, de plus en plus nombreux, de comprendre que sur la scène internationale, il n’y a que les intérêts qui comptent et que s’agissant du Congo, seules les ressources naturelles intéressent tous ceux qui se déclarent nos « partenaires et amis ». A moins de vouloir son implosion comme ils l’ont fait avec la Libye, ces derniers oublient qu’à cause de sa position géostratégique, nul ne devrait souhaiter la déstabilisation prolongée du Congo-Kinshasa, qui risquerait de conduire à une situation incontrôlable et nuisible pour leurs intérêts. La Somalie, la Libye et l’Irak ne sont pas de bons exemples.

 Conclusion

 Pour s’en sortir, deux citations d’Albert Einstein devraient inspirer le peuple Congolais : 1. « La force de la Constitution réside entièrement dans la détermination de chaque citoyen à la défendre. 2. « Les droits constitutionnels ne seront préservés que si chaque citoyen, pour la part qui lui revient, se sent personnellement investi de la mission de les défendre ». Plus que jamais, tout Congolais où qu’il se trouve, doit comprendre qu’il doit avant tout compter sur lui-même pour défendre la patrie contre ce qui apparaît comme un complot international. Comme on peut à présent le remarquer, la visite de Mme Nikki Haley ne concernait pas du tout le peuple congolais. En vertu de l’article 64 de la Constitution adoptée par referendum, rien n’est subversif dans cette démarche légitime invitant le peuple à s’affranchir d’une des dictatures les plus abjectes du 21ème siècle. A la suite de Cicéron, dans son discours prononcé contre Catilina au temple de Jupiter Stator le 8 novembre 63, av. J.-C. : « Quousque tandem abutere Catilina patientia nostra ? » (Jusqu’à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ?), nous (Congolais) devons tous dire : « Jusqu’à quand, Kabila, abuseras-tu de notre patience? »[11]

Alors, peuple congolais (étudiants, enseignants, travailleurs, fonctionnaires, médecins et infirmiers, magistrats, religieux et chrétiens), prenons conscience que notre libération ne viendra ni de Paris, ni de Londres ni de Washington, ni de l’ONU, encore moins de l’UA. De manière pacifique, engageons-nous tous ensemble dans des actions concrètes de désobéissance civile pouvant constituer un véritable contre-pouvoir face à la dictature et à la défaillance de toutes les institutions démocratiques de la RDC. A vous, hommes de troupes : « Ce combat noble et légitime est aussi le vôtre. Soyez solidaires avec vos frères et sœurs qui se battent pour l’intérêt et le bien-être de tous et abstenez-vous d’obéir aux ordres illégaux émanant des autorités illégitimes. »

 Jean-Bosco Kongolo

Juriste & Criminologuee/ Administrateur adjointde DESC

Références

[1] Article 73 de la Constitution : « Le scrutin pour l’élection du Président de la République est convoqué par la Commission électorale nationale indépendante, quatre-vingt-dix jours avant l’expiration du mandat du président en exercice. » En repoussant l’élection présidentielle à décembre 2018 et l’installation du nouveau Président élu à janvier 2019, la CENI va même largement au-delà de l’Accord global du 31 décembre 2016 considéré par tous comme l’unique source de légitimité du pouvoir.

[2] Kongolo, Jb, 2017. Passation de pouvoir : l’article 70 de la Constitution ne prête à aucune confusion, In https://afridesk.org/fr/passation-de-pouvoir-en-rdc-larticle-70-de-la-constitution-ne-prete-a-aucune-confusion-jb-kongolo/.

[3] Kongolo, JB, 2017. Élections après 2018: Nangaa concrétise le glissement et offre un mandate gratuit à Joseph Kabila, In http://afridesk.org/fr/elections-apres-2018-nangaa-concretise-glissement-offre-mandat-gratuit-kabila-jb-kongolo/

[4] Radio Okapi, 01/11/2017, In https://www.radiookapi.net/2017/11/01/actualite/politique/andre-atundu-la-ceni-demeure-la-seule-institution-habilitee-organiser.

[5] 24 h Congo.Com, 30/10/2017, In https://24hcongo.net/rdc-samy-badibanga-cree-plateforme-politique-progressistes/.

[6] Cas de Claudel Lubaya, Jean-Bertrand Ewanga, Mbaya Kakasu, Sam Bokolombe, professeur Mbata Mangu, etc.

[7] Congoactu.net, 08 novembre 2018, In https://congoactu.net/kabila-transition-elections-difficile-entente-principaux-partis-de-lopposition/.

[8] Alain-Joseph Lomandja, 2017. Décryptage des pesanteurs politiques d’un calendrier électoral technique, In http://afridesk.org/fr/decryptage-pesanteurs-politiques-dun-calendrier-electoral-technique-aj-lomandja/

[9] Radio Okapi, 08/11/2017, In https://www.radiookapi.net/2017/11/08/actualite/politique/rdc-lunion-africaine-plaide-pour-le-respect-scrupuleux-du-calendrier.

[10] VAC Radio-Congo, 8 novembre 2017, In https://vacradio.com/lambassadeur-haley-demande-a-kabila-de-ne-pas-traverser-la-ligne-rouge-le-23-decembre-ou-kabila-degage/.

[11] Ce discours se propose de démasquer et punir la deuxième conspiration de Catilina, une tentative de coup d’État par Catilina et ses partisans contre la République romaine. Catilina était impudemment présent ce jour-là parmi les sénateurs, alors que sa tentative d’assassinat de Cicéron et son complot venaient d’être découverts. In https://fr.wikipedia.org/wiki/Quousque_tandem_abutere,_Catilina,_patientia_nostra%3F.

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