Germain Nzinga Makitu
La nouvelle de la motion à l’actif du Parlement du Québec a soulevé une grande liesse dans le chef des internautes qui ont voulu lire par là le premier signal du triomphe du combat que beaucoup parmi eux mènent pour la reconnaissance du génocide de plus de 6 millions de victimes congolaises depuis l’entrée du régime AFDL sur le territoire congolais. En regardant la vidéo avec une distance critique, je relève cinq points qui pour ma part me rendent moins enthousiaste à clamer victoire. Veuillez les découvrir dans les lignes qui suivent.
La guerre des mots pour relativiser un drame innommable…
Conjointement avec la Ministre des Relations Internationales, avec les députées de Montarville et de Gouin, Carole Poirier, la porte-parole de l’opposition officielle, a libellé le contenu de la motion du Parlement québécois en ces termes : « L’assemblée nationale dénonce les violences et les exactions des centaines de victimes innocentes. Elle condamne les viols et les mutilations génitales commises à l’Est de la RdC. Elle enjoint le gouvernement québécois et le gouvernement du Canada à se mobiliser davantage afin de faire cesser ces violations de droits de personnes et porter secours aux personnes déplacées et en danger ». (C’est nous qui soulignons)
Ce qui a échappé à l’attention des internautes, c’est cette notification MOTION SANS PREAVIS qui a été affichée sur la vidéo (9 :36), avec la recommandation finale de remettre le texte de la motion au chef du gouvernement et au président de la chambre des communes.
Le problème est que cette motion du parlement québécois résulte d’un vote monochrome par lequel le vice-président du parlement qui présidait la session attendait de cette instance parlementaire d’adopter à l’unanimité ladite motion. Mais de quelle motion s’agit-il ? En réalité, elle n’est guère une motion de censure qui serait de nature à dénoncer les actes répréhensibles du gouvernement provincial et qui, conformément à l’esprit et à la lettre de la loi québécoise et canadienne, le menacerait de retirer sa confiance et de le contraindre à la démission, s’il venait d’être établi la véracité des faits lui reprochés, en l’occurrence le non respect des Droits de l’homme, la violation des législations internationales en matière de respect de la vie humaine où qu’elle soit.
Ce qui est étrange ici, c’est que la motion a été travaillée d’une manière conjointe entre la madame Christine St-Pierre, Ministre des Relations Internationales et de la Francophonie, et trois députés québécoises, notamment madame Nathalie Roy, députée de Montarville, madame Françoise David, députée de Gouin et Mme Carole Poirrier, députée de Hochelagan Maisonneneuve et porte-parole de l’Opposition officielle.
Nous savons dans le cas de figure que ce devrait être les députés de l’opposition à poser des questions orales ou écrites à l’exécutif et lorsqu’il s’agit d’une motion de défiance ou de censure, c’est encore les députés de l’opposition qui seraient appelés à prendre leurs responsabilités pour rappeler à l’ordre le gouvernement en raison de ses déviations vis-à-vis de la ligne politique dictée par la Loi fondamentale. Car, les faits soulevés ici sont des faits d’une extrême gravité parce que touchant à des assassinats en masse de millions d’êtres humains dont l’action gouvernementale canadienne pourrait bien être la cause directe ou indirecte.
Bien curieusement, la Ministre des Relations Internationales qui devrait être interpellée par le parlement se veut plutôt la co-auteure de la motion. Elle s’unit au parlement pour se contenter de renvoyer la responsabilité des faits sur des tiers. Cette motion sans préavis, sortie de nulle part, semble se solder par des dénonciations o combien timides, formulées par de nombreux acteurs politiques canadiens juste pour se laver leur conscience.
A l’instar de ce que j’affirmais lors d’une conférence en Bourgogne en France, le cri de protestation contre le massacre de masse qui se déroule au Congo doit être un cri qui dénonce, annonce et renonce. Un cri qui dénonce le massacre de masses en cours au Congo en le nommant par son vrai nom de génocide d’autant plus que celui-ci est planifié en vue d’une extermination d’un peuple appelé à être substitué par un autre pour mieux exploiter son sol. A la place de dénoncer ce pogrom en bonne et due forme, le parlement québécois a usé bien malheureusement des subterfuges linguistiques alambiqués de manière à masquer la vérité historique.
Nous savons depuis un moment que la guerre du Congo est aussi une guerre des mots avant d’être celle qui entraine des maux incalculables. Les protagonistes de cette crise congolaise jouent avec les mots pour masquer la vérité de ce qui se déroule sur le théâtre d’opérations. En parlant des viols et des mutilations des sujets congolais, le parlement québécois refuse d’aller au fond des choses pour relever qu’ils se font à vaste échelle et d’une manière planifiée. En soulignant le chiffre « négligeable » de centaines de femmes violées et mutilées, les parlementaires déforment la vérité selon laquelle ce sont plutôt des centaines de milliers de femmes qui sont violées annuellement. Et finalement en relevant le chiffre de 2,5 millions de morts congolais[1] depuis le début de la guerre d’occupation du Congo, le Canada s’obstine dans sa guerre de chiffres qu’il a déclenchée depuis trois ans avec la volonté ferme d’occulter, de dédramatiser et de relativiser la gravité de massacres de masse en cours au Congo…
Ce cri de dénonciation devrait aller de pair avec le cri de vouloir annoncer de nouvelles perspectives d’avenir. Ce, moins en demandant au gouvernement canadien de s’impliquer davantage dans la recherche de solutions de la crise qu’en prenant de l’intérieur du Canada une ligne de conduite qui irait à l’encontre des fossoyeurs du Congo. Dans la monarchie parlementaire québécoise, nous savons pertinemment bien que c’est le parlement québécois qui est le seul à décider de la conduite que le gouvernement doit suivre et mettre en exécution. Pour annoncer l’avènement de ce Congo nouveau fait de paix et de croissance, le parlement québécois devrait prendre le taureau par les cornes et prendre le courage politique de se dénoncer soi-même comme coresponsable de la crise congolaise.
Cette mise au point fondamentale l’obligerait à rectifier le tir et à amorcer une nouvelle coopération basée sur le respect des législations internationales en vigueur. De cette autocritique constructive, il passerait à demander ensuite à chaque canadien et autre occidental qui s’est habitué de s’enrichir sur le sang de cadavres congolais à renoncer à leur méthode de gérer les relations internationales avec la règle du plus fort sur le plus faible. Quiconque dénonce ce cauchemar de Darwin[2] prend donc acte de ne jamais se ranger dans le camp de tortionnaires du peuple congolais. Ce qui est loin d’être le cas pour nos députés québécois, ainsi que nous le démontrerons un peu plus loin.
Condamner les viols et mutilations sans l’effort de nommer leurs auteurs et commanditaires…
Mais pourquoi, au sein du parlement québécois, aucun député ne fait allusion aux vrais commanditaires canadiens de l’hécatombe congolaise ? Le communiqué du parlement québécois est bien clair. Il condamne les viols mais il ne condamne nulle part les violeurs ni leurs commanditaires directs et indirects. Il dénonce les mutilations génitales des femmes et des enfants (qu’ils comptabilisent INJUSTEMENT ET FAUSSEMENT en centaines alors qu’ils sont des centaines de milliers) mais laissent intactes les conditions politico-financières qui favorisent cet état des choses. Au regard des faits soulevés par la motion, nulle part n’est constituée une commission d’enquête pour établir les faits dans leur gravité et prendre une position claire de politique internationale du gouvernement canadien. Tout se résume dans des recommandations insipides qui finiront bien come tant d’autres avant elles dans les poubelles de l’histoire.
Devant une situation d’hécatombe humaine comme celle se déroulant au Congo, aucun parlement sérieux ne peut s’arrêter à des solutions aussi simplistes qu’inefficaces. Conformément à ce dicton « Aux grands maux, grands remèdes », le parlement canadien ne devrait pas se voiler la face mais au contraire il devrait prendre des solutions fortes et énergiques et voter pour une nouvelle ligne de conduite politique. Loin s’en faut! Il préconise plutôt une thérapie analgésique, laissant en place les causes de la maladie et administrant des analgésiques pour ne pas trop sentir la douleur qui n’est point écartée. Cette stratégie les aide à se faire bonne conscience tout en laissant perdurer une crise chaotique appelée à créer à perpétuité un désordre national congolais profitable aux tireurs de ficelles. Le parlement canadien ne nommera jamais les auteurs de massacres congolais parce qu’il sait qu’ils s’appellent le Rwanda et l’Ouganda qui « occupent une place de choix dans le dispositif stratégique des puissances qui le parrainent dans la région des Grands Lacs »[3].
Ni le parlement québécois ni le gouvernement canadien ne pourront faire l’enquête d’identifier qui sont les commanditaires lointains des crimes dans la région des Grands Lacs pour la simple raison qu’ils savent que le Canada en fait partie. Dans la politique de leading behind[4] (diriger par puissance régionale interposée) qui est la marque politique de Barack Obama, la stratégie des puissances anglo-saxonnes, dont le Canada, mise à travailler derrière leurs satellites régionaux pour voler sans gêne les matières premières congolaises, massacrant en même temps les ayants-droit congolais devenus trop gênants dans leur plan de prédation. Du pur banditisme d’Etat sous le couvert d’interventions de grandes puissances dans la région des Grands Lacs sous le fallacieux prétexte d’y venir restaurer la démocratie vacillante.
Ces milices financées par les multinationales canadiennes…
Pas plus tard qu’avant-hier, je lisais un brillant auteur congolais, Patrick Mbeko[5], qui a fait un travail titanesque de nous lister les multinationales canadiennes qui sont à l’assaut du Congo. Il nous a cité notamment : l’American Mineral Field Inc. (AMFI), Barick Gold Corporation (AGC) ; Heritage Oil ; Banro Corporation ; Emaxon ; Anvil Mining et d’autres vautours canadiens qui ont construit leurs systèmes de prédation des richesses du Congo-Kinshasa sur le meurtre organisé de son peuple.
Par ailleurs, une étude approfondie de la constitution du Québec nous a mis la puce à l’oreille. Nous avons découvert que parmi les prérogatives du Parlement québécois[6], il y en a une qui lui donne le droit d’exercer le contrôle sur les entreprises publiques (sociétés d’Etat) et lui permet ainsi d’avoir régulièrement un rapport consolidé sur toutes les affaires et activités de toutes les sociétés d’Etat mères incluant les autres sociétés dans lesquelles le Canada a une part d’intérêts. En d’autres termes, ce parlement du Québec qui crie au scandale sur ce qui advient au Congo le savait déjà via les nombreux rapports qui lui sont régulièrement adressés.
Le même parlement québécois qui recommande au gouvernement canadien de s’impliquer davantage pour mettre fin aux viols et aux mutilations, c’est le même qui serait sensé concevoir la politique générale et le contrôle d’une bonne partie des entreprises publiques et sociétés d’Etat basées canadiennes dont beaucoup sont citées dans le panel des entreprises occidentales mettant à genoux l’économie congolaise lorsque ces entreprises transnationales n’arment pas les milices pour protéger leurs carrières minières[7], en prenant soin de supprimer méthodiquement les congolaises et les congolais qui peuvent devenir à la longue des témoins gênants de cette sordide entreprise de prédation.
N’est-ce pas ces multinationales canadiennes qui occupent la grosse part du gâteau dans la région interlacustre ?[8] Un cercle réellement vicieux dans lequel le pyromane conseille ses meilleures méthodes d’éteindre l’incendie qu’il a lui-même allumé dans la Maison Congo tout en sachant aussi que c’est lui qui contrôle le pompier, c’est lui qui lui dit s’il peut, oui ou non, aller éteindre effectivement le feu comme il le lui demande ou s’il veut plutôt lui enjoindre de se contenter des paroles vides, l’occasion de soigner l’image du pays sur la scène internationale ou carrément sur la scène nationale où les classes moyennes canadiennes commencent à ouvrir les yeux sur ce congolicide[9], via les nombreuses manifestations organisées par les ressortissants de ce pays martyr.
Les connexions politiques et administratives avec la Couronne britannique…
Dans l’élément audio-visuel de la séance du parlement, tout regard attentif a pu observer que la motion a été signée par le parlement québécois, conjointement avec la Ministre des relations Internationales et de la Francophonie, madame Christine Saint-Pierre. Il importe de noter qu’au Québec, le Parlement est composé du lieutenant-gouverneur, représentant le Chef de l’Etat qui n’est rien d’autre que le Monarque canadien, à savoir la Reine Elisabeth II d’Angleterre puis de l’Assemblée nationale qui elle représente le peuple. La constitution québécoise prévoit que le chef de l’Etat du Québec, à savoir la Reine d’Angleterre, préside à la conduite des affaires étrangères qui reste une des prérogatives royales de la Couronne tandis que la chambre des communes se charge d’y exercer un contrôle permanent.
Lorsque l’on sait l’identité de la Couronne britannique et le poids politique que ses accointances anglo-saxonnes impactent sur la crise congolaise, nous ne pouvons qu’être circonspects sur les bonnes intentions qui animeraient les parlementaires québécois. Comme nous l’avertit Honoré Ngbanda, ces puissances anglo-saxonnes travaillent à l’unisson pour « la partition et le démembrement de la RDC en vue de contrôler ses richesses. Toutes veulent la mort de l’actuel Etat de la RdC pour lui substituer des petits Etats minuscules sans défense, dont les richesses seraient exploitées par eux. Telle est la vérité que toute la communauté internationale connait. »[10].
Dans ce triangle des puissances anglo-saxonnes USA-CANADA-ROYAUME-UNI, il ne faut surtout pas se laisser impressionner par des apparences sainte nitouche du Canada ni par la motion vide de sens, émise par son parlement contre les violations de Droits de l’Homme. Tout congolais doit savoir que la politique étrangère du Canada s’est souvent alignée sur celle de son grand voisin américain et s’inscrit contre les intérêts et la sécurité du peuple congolais. Dans une très large mesure, le Canada s’est très souvent associé aux politiques très controversées, voire aux opérations clandestines des Etats-Unis dans plusieurs régions du globe[11] dont la Rd Congo où la Realpolitik de l’administration Obama[12] ne laissera qu’une démocratie tropicalisée et un peuple réellement zombifié.
Finalement quelle solution efficace nous reste-t-elle ?
Sans trop sous-estimer le travail de mes compatriotes congolais qui ont été les invités du parlement québécois parce qu’ils auraient travaillé en coulisse pour convaincre les parlementaires sur la justesse de la cause congolaise, je fais un appel à plus de lucidité pour nous convaincre que reste encore long, et même très long le chemin à parcourir avant d’arracher un Etat de droit pour le Congo. C’est vrai qu’il y a lieu de percevoir, derrière cette parodie de motion parlementaire, un début de réaction de l’opinion occidentale qui est restée scandaleusement sourde et indifférente vis-à-vis du génocide qui se déroule au cœur de l’Afrique. Un pas important a été franchi par la résistance congolaise en œuvre au Canada. Nous leur en savons gré et nous les applaudissons pour cette petite victoire.
Mais de grâce, soyons très mesurés dans notre enthousiasme béat et cela, pour deux motifs. Primo, les occidentaux savent parfois utiliser la stratégie de caresser l’ennemi dans le sens du poil pour lui faire croire que la solution est trouvée. Alors qu’en réalité rien n’a changé sur le terrain où leur ligne de politique étrangère penche souvent dans le sens de la sauvegarde de leurs intérêts personnels ou collectifs.
A ce propos, la guerre qui déchire le Congo s’avère une guerre économique. Pour preuve, le Magasine Grands Lacs Confidentiel rapporte que la guerre déclenchée par le CNDP de Laurent Kundabutware en 2008 avait pour objectif de permettre aux compagnies minières canadiennes d’avoir des contrats plus lucratifs à l’Est du Congo[13]. Et chose étrange, au plus fort de cette guerre de CNDP, on a aperçu Paul Kagame effectuer un périple canadien pour signer des contrats avec des compagnies minières canadiennes opérant en Rd Congo. Tenez-vous bien ! Le signataire est bel et bien le président rwandais et non le président congolais Joseph Kabila !
Ceci dit, les stratèges congolais ne doivent pas dormir sur leur laurier. Ils ne doivent pas se limiter à inviter les autres partenaires occidentaux à dénoncer simplement les viols et les mutilations quand ils refusent de les nommer sous leur vrai concept du congolicide ou du génocide des congolais. Au-delà des dénonciations publiques, des enquêtes doivent être diligentées par des experts congolais eux-mêmes pour identifier les décideurs et commanditaires de ce massacre, pour entrer en discussion secrète avec eux et pour réussir à les convaincre qu’ils ne doivent plus avoir besoin de passer par le Rwanda ou l’Ouganda pour avoir accès aux matières premières congolaises.
Il faudrait des démarches diplomatiques de coulisse en vue de les convaincre qu’il va de leur crédibilité internationale, aujourd’hui et demain, de traiter directement avec le nouveau leadership congolais dans un cadre légal de coopération bilatérale entre états et surtout de ne plus se salir les mains avec ces deux pays satellites qui porteront éternellement le sang congolais sur leurs mains et sur leur conscience. Toute opération diplomatique de grande envergure à amorcer doit aller dans le sens de renverser les alliances internationales en vue de retourner la situation à notre avantage.
C’est justement cette thèse que je prône dans mon ouvrage lorsque j’appelle l’élite intellectuelle congolaise de faire passer la résistance congolaise de la phase du combat intelligent et d’endurance à la phase des alliances novatrices[14]. Lesquelles alliances doivent fonctionner sous le double module ad intra et ad extra. Après avoir fédéré le peuple congolais dans toute sa diversité ethnique autour d’un nouveau pacte de confiance et de solidarité, après avoir identifié nos véritables priorités pour remettre sur pied le grand Congo moribond et en faire de nouveau ce pays respecté et craint, nous devrons, à moyenne échéance, identifier les décideurs du monde avec qui refaire des alliances cette fois-ci pour le seul intérêt supérieur de la Nation congolaise que nous rêvons de voir de nouveau comme un acteur majeur dans le concert des nations.
Secundo, forts de l’intelligence de ce paradigme politique sur l’échiquier international, nous devrons sur le plan intérieur national nous approprier de la volonté forte d’émancipation qui avait été le fer de lance des martyrs de l’indépendance entre les années 1956-1960 et nous apprendre à nous-mêmes à digérer la vérité amère selon laquelle la restauration de l’Etat congolais ne viendra JAMAIS du dehors mais uniquement du dedans.
Tout comme aucune révolution façonnée du dehors ne transforme un peuple, aucune décision prise du dehors ne pourra remettre le Congo sur pieds tant et si vrai que c’est la respectabilité d’un Etat souverain qui impose aux autres Etats le pouvoir se faire respecter d’eux. Et cette respectabilité nait justement de la force d’organisation interne d’un peuple, de sa force de caractère intrépide devant les épreuves historiques, du respect inviolable de ses institutions quand il laisse à ces dernières et à elles seules, les prérogatives de dicter ses intérêts et sa ligne de conduite au peuple congolais tout entier, dans sa tête comme dans ses membres.
Que ce soit désormais clair dans nos esprits : ni le Québec ni le Canada ni aucune autre puissance étrangère occidentale ni asiatique, fut-elle la Chine, n’est ni ne sera en mesure de combattre à notre place pour l’exercice et le respect de nos libertés fondamentales parce que le chaos politique et sécuritaire qui a élu domicile au Congo profite immensément à leurs économies en grande difficulté en ce temps de bulle économique et financière. Ils sont pour la plupart à ranger du côté de nos fossoyeurs, quels que soient leurs beaux discours et leurs bonnes intentions.
Seuls les congolais, eux et eux seuls, pourront sauver leur pays et personne d’autre. Eux seuls réunis ensemble autour d’un même idéal commun et derrière le même intérêt supérieur de leur destin national se rendront capables de renverser la tendance de la géopolitique actuelle de domination et d’exploitation du territoire congolais qui se dessine dans les salons feutrés des puissants de ce monde. Les congolais, eux et eux seuls, pourront se rendre prêts à recréer des conditions nécessaires à un Congo plus beau qu’avant…
Ce paradigme est fondateur de tous les autres paradigmes d’éveil de notre peuple à sa souveraineté et à la restauration de la sécurité et de la paix pour protéger les congolais des centres urbains et ceux des zones reculées… Qu’on se le dise !
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[1] Les intellectuels canadiens ont mené une autre enquête dans laquelle ils affirment pince sans rire qu’il n’y a eu que 2,5 millions de morts au Congo et la plupart sont morts de misère et d’autres maladies. Les intellectuels belges emboiteront piteusement les pas lorsqu’ils affirmeront qu’il n’y a eu que 180.000 décès. Cf. F : MULUMBA KABUAYI, De l’holocauste oublié à l’holocauste occulté au Kongo-Kinshasa du 26 avril 2012 dans http://www.lepotentielonline.com
[2] En référence au film de Hubert Sauper sorti dans les salles le 2 mars 2005 et dont le synopsis reproduit le drame humain qui se déroule sur les rives du lac Tanganyika, devenu le théâtre du pire cauchemar de la mondialisation. Dans les années 1960, les occidentaux y auraient planté un poisson appelé la perche du Nil, un prédateur vorace ayant dévoré toute la population des poissons plus petits. Le cauchemar de Darwin nous sert justement d’image forte pour expliquer combien l’occident se nourrit du sang des cadavres congolais. Cf. G. NZINGA MAKITU, Stratégies de domestication d’un peuple, p.261.
[3] P. MBEKO, Le Canada et le pouvoir du Rwanda. Deux décennies de complicité criminelle en Afrique centrale, Paris, éditions l’Erablière, 2014, p. 246.
[4] Pour en savoir plus, lire G. NZINGA MAKITU, Stratégies de domestication d’un peuple, p.p. 212-218.
[5] P. MBEKO, Le Canada dans les guerres en Afrique Centrale. Génocides et pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé, Paris, Le Nègre éditeur, pp. 269-332.
[6] « Parlement et gouvernement » du 28 mai 2009 dans http://www.gouv.qc.ca
[7] Nous savons depuis la conquête de l’AFDL le rôle de premier plan joué par les entreprises canadiennes pour alimenter la machine militaire des rebelles en contrepartie des juteux contrats miniers. Cf H. NGBANDA ZAMBO, Crimes organisés en Afrique Centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux, Paris, Duboiris, 2004, pp.229-236.
Lire aussi Le Rapport final devant le Conseil de sécurité des Nations Unies du groupe d’Experts de la COMMISSION d’Enquête sur les pillages et l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC institué par la lettre du 05 octobre 2002.
[8] P. MBEKO, Le Canada dans les guerres en Afrique Centrale, p. 238.
[9] C’est le genre du schéma d’extermination planifiée des congolais auquel je fais allusion dans mon livre. Cf. G. NZINGA MAKITU, Stratégies de domestication d’un peuple. BMW comme arme de distraction massive, Paris, Edilivre, 2014, pp. 229-235.
[10] H. NGBANDA NZAMBO, Crimes organisés en Afrique Centrale, p.236.
[11] P: MBEKO, Le Canada dans les guerres en Afrique Centrale, p. 238.
[12] J. VAISSE, Barack Obama et sa politique étrangère (2008-2012), Paris, Odile Jacob, 2012, pp. 90-105
[13] Grands Lacs Confidentiel du 15 novembre 2008 cité par P. MBEKO, Le Canada et le pouvoir Tutsi du Rwanda, p. 249.
[14] G. NZINGA MAKITU, Stratégies de domestication d’un peuple, p. 600.
6 Comments on “Mes doutes sur la motion du parlement québecois”
Claude K. Tshiunza
says:Une bonne analyse qui donne aux lecteurs Congolais que nous sommes une idee precise sur l’hypocrisie des pays Occidentaux et particulierement de ceux de l’axe Anglo-Saxonne dans les rapports qu’ils entretiennent avec les Etats Africains en general et la RDC en evidence. Mais cela ne date pas d’aujourd’hui et nous( Intellectuels Congolais de surcroit) devrions le comprendre depuis les fausses Independances nous octroyees dans les annees 1959,6o …..etc,,,,,mais ,helas!
Une version anglaise de cette analyse aurait ete de bonne oppotunite pour ratisser large dans la diffusion de son contenu au pres des locuteurs de cette langue,c’est un souhait.
Nsumbu
says:Deux remarques à la lecture de votre analyse, si vous permettez Compatriote Nzinga !
1° Nous ne pouvons perdre de vue que reconnaître notre génocide de la part d’un Etat, fut-il le Canada qui fait partie des puissants de ce monde, ce qui est en soi l’objectif légitime de tout Congolais, ne peut-être qu’une étape dans la mesure ou pour être opérationnelle, sa pleine reconnaissance exigera toujours un acte juridique officiel international qui devra passer par le Conseil de Sécurité de l’Onu ou au moins par quelques uns de ses membres dont d’abord les Usa qui peuvent ensuite pousser à ce décret… Ce n’est pas anodin car cette reconnaissance officielle internationale oblige la CI à y réagir plus systématiquement qu’elle ne le fait aujourd’hui !
Voyez le cas du Rwanda en 1994, le retard de reconnaissance de leur génocide qui a empêché sinon de l’arrêter au moins de le ralentir est dû à ces obligations.
Alors, nous pouvons regretter la timidité de la réaction québécoise mais en même temps l’expliquer par ces implications au delà de l’ambiguïté réelle d’un Canada qui y est indirectement impliqué par ses multinationales interposées… Quoi qu’il en soit nous ne pouvons faire la fine bouche en exigeant trop : c’est au moins un pas, une étape vers cette reconnaissance officielle internationale, devons- nous accepter pour le moment.
A nous Congolais partout où nous nous trouvons de mieux nous organiser pour continuer notre pression…
2° A moins que je vous aie lu trop rapidement, je m’étonne que vous ne souligniez pas la responsabilité du « Congo officiel » : jusque-là les pressions sont individuelles ou associatives, d’ailleurs les plus significatives sont étrangères ou internationales alors que pour que celles-ci soient davantage prises en compte, il aurait fallu une plainte officielle de notre pays, la RDC, aujourd’hui inconnue au bataillon…
Souvenez-vous ne fût-ce du destin des plaIntes introduites à la CIJ contre le Rwanda et l’Ouganda…
Si le Congo officiel soutenait par exemple même en sous-main toutes ces pétitions et autres initiatives pour un Tribunal International pour le Congo, nous n’en serions peut-être pas à encore nous débattre seuls depuis près de 20 ans au long desquels ce drame est toujours occulté internationalement !
L’explication est simple et doit être incorporée dans toute démarche : à la tête du pays se trouvent aujourd’hui nos propres complices du pillage et du génocide de notre peuple, comment arriver à les accuser et à les obliger à demander justice ?
Vous êtes sûrement plus au fait que moi de toutes ces implications juridiques et opérationnelles parce que vous y avez planché et avez-vous peut-être une formation juridique, je ne vous apprends donc rien…
Quelle est la nécessaire part « officielle » que doit comporter toute initiative à part le simple lobbying individuel ou associatif ?
C’est un peu mon interrogation; voilà à mon niveau les premières impressions que j’ai tirées de votre expertise !
Germain nzinga
says:Bien cher compatriote Nsumbu,
merci pour vos observations et je m’en vais vous porter quelques précisions dans la lecture des enjeux en cours pour le destin de notre peuple.
Par rapport au point 1, je crois que si vous écoutez attentivement l’élément visuel de la session parlementaire et les discours qui y ont été tenus, vous n’entendrez nulle part l’énonciation du terme « génocide » quant à l’hécatombe de ce qui se produit en Rdc depuis l’entrée de l’AFDL sur son territoire. Je soulignais dans mon article la réalité de la guerre des mots en usage dans la guerre du Congo. Aucune puissance ne veut nommer par son vrai nom le massacre de plus de six millions de congolaises et congolais en l’espace de dix-huit ans. Dans ce sens, en dénonçant o combien timidement les viols et mutilations des femmes au Congo, ce parlement fait une fuite en avant et tente de caresser l’élite congolaise dans le sens du poil… C’est dans ce piège que je ne souhaite pas tomber… Tout comme je le souhaite de tous les congolais épris d’instaurer un État de droit en reconnaissant d’abord tous les crimes et atrocités qui ont été commis dans ce pays…
Par rapport au point 2, je suis désolé de vous dire qu’il n’y aura jamais de réaction officielle de la Rd Congo comme vous le suggérez pour la simple raison que le peuple congolais est sous un régime d’occupation et tous les officiels chargés de défendre les congolais et leur territoire sont à la solde de Kigali d’où viennent les directives fondamentales dans la gestion des affaires publiques. Le peuple congolais est donc pris en étau entre les griffes des puissances anglo-saxonnes dont le Canada et le pouvoir d’occupation rwandaise qui est leur sous-traitance.
Nsumbu
says:Mfumu Nzinga, exactement nous faisons le même constat : notre difficulté à faire admettre au monde la réalité de notre tragédie, un « génocide » ! Comment y parer : d’abord par la bonne intelligence de la situation et l’action des Congolais nous-mêmes !
Sur le premier point j’insistais sur l’impasse d’une reconnaissance juridique officielle et internationale du « génocide », elle persistera hélas pour notamment la raison que je convoque mais la timide prise en compte par le parlement québécois reste un pas dont nous devons déjà nous féliciter. A ma connaissance, il n’y a pas eu de tel ailleurs…
J’ai lu ailleurs un autre Compatriote, Mbelu pour ne pas le citer, qui se réjouissait d’une reconnaissance générale, disons intellectuelle, des « crimes » de l’Occident, à travers une publication, « L’Occident terroriste » commise par un duo d’intellectuels occidentaux dont l’illustre Chomsky.
Bien que généralement réservé sur une option exclusivement « anti-impérialiste » qui risque de nous dédouaner de nos propres responsabilités, c’est là un autre pas : leur livre reconnait « intellectuellement » le « supergénocide » occidental dans notre pays…
Sur le second point, je me désolais du silence officiel complice ! C’est un gros obstacle à cette reconnaissance !
Comment pouvons-nous y remédier ou plutôt pourrons-nous un jour y remédier ? Si la réponse est la même, par nos actions; la question se pose et au delà de nos initiatives individuelles ou associatives, devrait trouver sûrement un début de réponse par un changement de pouvoir et de volonté politiques à la tête du pays; ce qui rend notre projet encore plus complexe avec cette nécessaire dimension politique…
Voilà, nous sommes d’accord sur nos difficultés et attendons plus de la CI et de nous mêmes mais personnellement je me demande si notre résistance propre n’exige pas de nous des actions plus hardies qui bousculent davantage l' »officiel » local et l' »officiel » international surtout avec cette (bonne !) nouvelle venant de Québec !
A ce stade, c’est donc plus une observation/interrogation que je me fais à moi-même à la lecture de votre analyse et à laquelle je n’apporte d’ailleurs pas toutes les réponses et que je vous confiais aussi plutôt qu’un reproche quelconque ou un avis expert arrêté !
Germain nzinga
says:Bien cher compatriote Claude,
bien noté le souhait de la version anglaise. Je vais voir comment vous donner entière satisfaction. Vive le Congo libre et souverain!
Germain nzinga
says:Merci mon cher Nsumbu pour les bonnes idées qui nous font sortir du champ de protestation creuse pour mettre pieds sur un terrain d’actes concrets qui nous font assumer notre propre responsabilité devant le drame que vit notre peuple. A propos de la sensibilisation de l’opinion nationale et internationale, il faudra bien qu’à court et moyen termes, chacun de nous là où il se trouve prenne le taureau par les cornes et s’emploie à multiplier des actions culturelles telles conférences, projection des diapositives, contact avec la presse, exposition des photos macabres de tuerie à l’Est et dans les zones sous contrôle gouvernemental etc.aux fins de sensibiliser l’opinion mondiale manipulée à souhait par ses dirigeants et qui ignore les tenants et les aboutissants de la vérité sur la tragédie congolaise. J’ai essayé là où je vis et j’ai observé un intérêt très vif des européens avec des conférences-débat qui ont pu se prolonger jusqu’à minuit pendant qu’ils doivent aller au travail le lendemain. Nous allons réitérer cette expérience de sensibilisation au prochain 55e anniversaire de l’indépendance de notre pays. Bien évidemment , ce n’est là qu’une goutte d’eau qui ne remplit pas la mer mais sans elle, la mer n’existerait pas…
Pour le second point du silence complice de nos officiels, je suis aussi d’accord avec vous en appelant des actions plus hardies qui bousculent l’ordre établi. Mais il faut deux préalables à cela : la prise de conscience tout au moins à 80% de la population congolaise des enjeux cruciaux devant lesquels est placé leur destin national de manière à ce que la révolution parte de la base ( la seule qui puisse changer le destin d’un peuple). Deuxième préalable : cristalliser l’idéal d’un Congo nouveau autour d’un leadership qui jouit d’une grande autorité morale à laquelle les congolais obéissent parce qu’ils savent qu’il veut le bien du peuple et qui canalise cet élan de changement vers de nouveaux lendemains. Chaque matin, je tourne mon regard pour voir s’il y en a un congolais qui émerge du lot pour cette tache… Rien ne sera possible sans l’émergence de ce leadership qui s’impose de soi parce qu’il fédère toutes les autres forces du changement autour de lui et qu’il aura prouvé qu’il aime le Bien du Congo, qu’il ne travaille que pour ses intérêts supérieurs et sa grandeur… Jamais au cours de son histoire le Congo n ‘ en a eu autant besoin…