Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 31-05-2013 09:20
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Lu pour vous: Commentaire de Julien Nzazu (Goma) en rapport avec l’analyse de l’IRIN

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Lu pour vous: Commentaire de Julien Nzazu en rapport avec l’analyse de l’IRIN

1- Je suis né et ai grandi à l’ Est de la RDC, l’ on a constaté qu’à chaque naissance d’un nouveau foyer de tension, il y a un déplacement massif des troupes, laissant des zones entières vides où les groupes armés profitent de ce fait pour imposer leurs lois. Ceci pose le problème de nombre des militaires nécessaires pour la protection du territoire national.

2- Nous avons vu des officiers venir procéder au recrutement des jeunes dans l’armée. Au Nord Kivu, je pense qu’ils doivent être très prudents, car à cause de la faiblesse de l’Etat, des jeunes non congolais des pays voisins peuvent être injectés dans les groupes et ainsi pérenniser l’infiltration chronique dans l’armée.

3- Notre premier ennemi c’est le temps. Le recours à la technologie militaire ne peut pas pallier temporairement ce déficit de nombre dans notre armée.

Justin NZANZU

Goma, le 31 mai 2013

Contribution de M. P. Dilondi à l’analyse – Vers des solutions internes à la crise en RDC (IRIN) + Réaction de JJ Wondo

Bonjour ,

Bravo [M. Wondo] pour votre site professionnellement conçu.

Pour la formation des militaires des FARDC, je pense que l’approche suivie est en ligne avec un système  de formation continue du personnel. Comme vous le relevez  la formation du cycle long traditionnel est reconnue pour la durée fixe mais  la professionnalisation des armées introduit une autre dynamique à tenir compte.

Il est pertinent de considérer le coût surtout dans cette période de moyens, temps, ressources extrêmement limités. Beaucoup de facteurs me laissent prédire  que la forme de formation du « cycle court » va être de plus en plus recourue dans nos pays pour développer et utiliser les ressources pour plusieurs besoins et le sommet de la pyramide comme une approche pour la formation de ceux qui seront appelés à diriger, commander au sommet.

L’un des objectifs de formation du « cycle court » vise surtout de doter un individu avec une aptitude et une connaissance plus ou moins générale ou notion de base prête à être utilisée immédiatement et constitue aussi un fondement pour un futur développement.

La formation des cadres ou officiers supérieurs deviendra de plus en plus comme le sommet d’une pyramide.

En matière de développement des ressources humaines en général y compris dans l’armée, la formation continue est de plus en plus prise comme cette autre forme de formation et développement professionnel continu permettant aux personnes  qui sont déjà surtout dans la vie active professionnelle de pouvoir continuer à se former pour améliorer leurs compétences et de s’adapter aux nouvelles technologies, pratiques ou méthodes appliqués.

A chaque niveau atteint de formation, il y a une forme de test, une accréditation s’en suit et un certificat pour sanctionner chaque niveau atteint de formation et j’espère que cela est le cas pour les formations de FARDC en cours car cela permet la constitution d’une base de données avec un track record et une gestion du développement de ressources humaines de FARDC.Ça aiderait beaucoup si on avait une base de données  fiables du développement de ressources humaines des ex. FAZ .

Dans un corps humain ou dans un corps armé, chaque organe, ou membre ou bataillon est important mais chacun d’eux n’a pas la même capacité, ni la même importance ni le même nombre et voire la même formation vu leurs rôles différents qu’ils jouent mais suivant les ordres d’une seule tête consciemment ou inconsciemment ils se mobilisent tous, travaillent et se coordonnent d’une manière extraordinaire sans nuire aux uns et aux autres.

DILONDI

Réaction de Jean-Jacques Wondo

D’abord merci pour vos mots à l’endroit du site afridesk.org.

Je tiens également à saluer la qualité de votre apport thématique qui apporte une contribution intellectuelle qui vaut son pesant d’or dans ce débat où on a déjà entendu dire tout et n’importe quoi.

Enfin, soyez rassuré que les éléments que vous avancez ou proposez ont été abordés dans les débats lors d’une récente conférence à UCL où un participant et les intervenants ont insisté sur l’importance d’investir d’abord dans l’humain et de développer des ressources humaines pour professionnaliser l’armée. C’est l’idée d’ailleurs de recourir, pour certaines personnes devenues militaires sur le tas, à un dispositif de certification des formations ad hoc ayant la plus-value d’adjoindre à leur expérience de terrain des aspects qualitatifs d’expertise devant leur permettre d’acquérir d’autres compétences requises pour mieux exercer leurs fonctions. Surtout dans une armée qui dispose d’un nombre anormalement élevé d’officiers (cadres) non formés à la base.

A titre personnel, cet aspect de recyclage (mise à niveau par des modules spéciaux pour cette catégorie d’officiers qui ne doivent pas nécessairement passer par un cursus traditionnel dans une académie militaire) avec certification, est prévu dans les pistes de solution proposées dans mon modeste ouvrage. Non seulement ça permet de valoriser les intéressés (en les motivant davantage) mais aussi ça permettra de combler progressivement le trou des 20 ans de non formation des officiers au Congo (Je ne parle pas de la petite époque où LD Kabila a formé rapidement une centaine d’officiers à Kibomango après les agressions rwando-ougandaises de 1998).

Comme je ne cesse de le dire, tout cela est de l’ordre humainement réalisable avec un peu plus de volonté dans ce domaine qui reste une urgence nationale, telle que annoncée depuis le 15 décembre 2012 puis rappelée le 31 décembre 2012 par M. Kabila. Espérons que cette urgence se mettra rapidement en action car le temps devient notre pire ennemi.

Meilleures salutations.

Jean-Jacques Wondo

Vers des solutions internes à la crise en RDC

Un service du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies


« L’armée congolaise n’est pas une institution, mais un ensemble disparate de groupes de militaires qui ne sont ni entrainés, ni disciplinés »

KAMPALA, 16 mai 2013 (IRIN) – Le déploiement imminent d’une brigade d’intervention des Nations Unies dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) vise à neutraliser les milices opérant dans cette région en proie aux troubles.

La force militaire, composée de plus de 3 000 hommes, travaillera en collaboration avec la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) lors du lancement d’offensives ciblées contre les milices responsables de la mort de nombreux civils et de déplacements massifs de population.

Si certains analystes plaident en faveur de cette intervention militaire, nombreux sont ceux qui prônent des initiatives du gouvernement, notamment la réforme des institutions clés, et pensent qu’elles constituent des solutions alternatives, voire indispensables.

IRIN présente ici les problématiques principales que le gouvernement de la RDC doit examiner afin de sécuriser la région agitée à l’est du pays.

Comment le secteur de la sécurité peut-il être réformé ?

Selon les analystes, un secteur de la sécurité efficace est essentiel pour résoudre la plupart des problématiques de la RDC.

« L’incapacité du gouvernement congolais à protéger sa population ou à contrôler son territoire entrave les progrès qui pourraient être réalisés dans tous les autres domaines », d’après un rapport rédigé en 2012 par un groupe d’organisations internationales et congolaises de la société civile intitulé « La République démocratique du Congo : Prendre position sur la réforme du secteur de la sécurité ».

Le rapport affirme qu’« un secteur de la sécurité efficace – organisé, doté de ressources adéquates, formé et soumis à des contrôles – est essentiel pour résoudre des problématiques telles que le déplacement de populations, le recrutement d’enfants soldats, le viol, mais aussi la croissance économique ou le commerce de minerais lié au conflit ».

Cependant, il constate que très peu de fonds sont engagés directement dans la réforme du secteur de la sécurité (RSS). Bien que le montant de l’assistance au développement officielle en faveur de la RDC depuis les élections de 2006 atteigne un minimum de 14 milliards de dollars, à peine plus d’un pour cent a été attribué à la RSS, soit près de 87,79 millions de dollars.

Le rapport a critiqué la communauté internationale pour son « incohérence politique et son manque de coordination » concernant la RSS. Il a également reproché au gouvernement de la RDC son manque de volonté politique d’assumer son rôle en matière de RRS, en raison de la corruption endémique qui y règne.

« Le problème de la RDC, c’est son gouvernement faible, voire illégitime selon certains, incapable d’assumer totalement le contrôle de son vaste territoire »

Selon Naomi Kok, consultante en recherche à l’Institut d’études de sécurité (Institute of Security Studies, ISS), « la RSS est un projet à long terme pour la RDC, et c’est surtout à Kinshasa que revient la responsabilité de le mener à bien ».

Mais le gouvernement de la RDC doit d’abord prendre ses responsabilités. « Le problème de la RDC, c’est son gouvernement faible, voire illégitime selon certains, incapable d’assumer totalement le contrôle de son vaste territoire », a déclaré à IRIN Nicholas Opiyo, un avocat de Kampala pour le cabinet-conseil Akijul.

« La faiblesse, ou les divisions au sein de l’armée congolaise ne sont qu’[…]une manifestation d’un affaiblissement plus large dans l’infrastructure gouvernementale du pays. Par conséquent, tout le monde a recours à des solutions bancales, en prenant le contrôle des instruments de violence ».

Comment l’armée peut-elle être maîtrisée ?

Dans l’est de la RDC, les actes de violence contre les civils perpétrés par les Forces armées de la RDC (FARDC) et des dizaines de milices sont monnaie courante.

D’après un rapport du Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’homme datant du mois de mai, les troupes des FARDC sont accusées d’avoir violé les droits de l’homme dans la région autour de Minova, une ville de la province du Sud-Kivu, lors de leur retrait de la province du Nord-Kivu après la chute de la ville de Goma entre les mains des miliciens du M23 l’an dernier.

« Dans ce contexte, près de 102 femmes et 33 filles ont été victimes de viols ou autres violences sexuelles commis par les soldats des FARDC », indique le rapport, dans lequel il est également précisé que les soldats ont eu recours au travail forcé, pillé des villages et exécuté arbitrairement au moins deux personnes.

Les FARDC sont souvent considérées comme une institution inefficace, dont les troupes sont mal organisées et démotivées. En 2012, la mutinerie du M23 dans l’est de la RDC des officiers tutsis des FARDC, par exemple, a été en partie provoquée par des revendications sur la rémunération et les conditions de vie.

Les experts affirment qu’à elle seule, la formation ne parviendra pas à faire face aux problèmes des FARDC, qui sont structurels.

Dans un courrier électronique adressé à IRIN, Thierry Vircoulon, analyste à International Crisis Group (ICG), a écrit que « les bienfaits de la formation [étaient] surestimés. Les partenaires étrangers (Belgique, États-Unis, France, Angola, Afrique du Sud et Chine) forment l’armée congolaise depuis 2006, et les résultats sont très médiocres ».

« La formation n’est efficace que lorsqu’elle peut être mise en pratique, mais compte tenu de la nature de l’armée congolaise, les soldats formés sont renvoyés dans une organisation dysfonctionnelle au sein de laquelle ils ne bénéficient pas de salaire et de conditions de travail décents. La formation ne résoudra pas les problèmes structurels de l’armée congolaise. »

Les FARDC ont été durement touchées par les divisions ethniques et certaines troupes restent loyales à des milices.

« La soi-disant armée congolaise est un ensemble disparate de combattants venant de différents milieux : des anciens militaires au service de Mobutu, des miliciens du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, des Maï-Maï, des membres armés de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), etc. Il n’y a pas eu de processus d’unification de ces groupes et certains ont réussi à rester sur leur territoire d’origine, notamment le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et le M23 dans le Nord-Kivu », a expliqué M. Vircoulon.

Un secteur de la sécurité efficace pourrait résoudre de nombreux problèmes en RDC, notamment celui du commerce de minerais sources de conflit

« Ainsi, les affiliations ethniques ou passées subsistent et sont plus fortes que le commandement et la discipline militaires. L’armée congolaise n’est pas une institution, mais un ensemble disparate de groupes de militaires qui ne sont ni entrainés, ni disciplinés. »

Qu’en est-il de la démobilisation ?

Le processus d’intégration d’anciens soldats dans l’armée congolaise, intégré au programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) du gouvernement, s’enlise également.

« L’état actuel de l’armée nationale est désastreux, et les différents groupes armés ne sont pas au même niveau du programme de DDR. La situation est aggravée par les manipulations politiques régionales et nationales », a déclaré à IRIN Mme Kok de l’ISS.

L’incapacité de lutter contre les causes de la rébellion armée constitue un autre défi, souvent responsable de l’échec du processus de désarmement. En 2009 par exemple, le gouvernement de la RDC a signé un accord avec les membres du CNDP, mais l’incapacité de mettre pleinement en œuvre cet accord a entraîné la mutinerie de 2012 qui a donné naissance au M23.

« [Lorsque] le M23 a été intégré aux FARDC en 2009 […] ses structures de commandement et de contrôle [étaient] plus ou moins intactes. Ainsi, lorsque le temps de fuir et de former une nouvelle rébellion est venu, ils étaient préparés », a expliqué Mme Kok.

L’absence d’un processus de filtrage des soldats démobilisés est aussi un problème.

« La stratégie de réintégration de chefs de guerre abusifs et de leurs soldats dans l’armée congolaise (souvent dans le cadre d’accords de courte durée, avec un filtrage et une formation limités ou inexistants avant le redéploiement d’anciens militaires en tant que soldats de l’armée congolaise) a attisé des violences et provoqué d’horribles violations des droits de l’homme dans l’est du Congo », a déclaré à IRIN Ida Sawyer, chercheuse et militante de Human Rights Watch (HRW).

Réformer le système judiciaire

Une justice et des mécanismes de responsabilité inadéquats facilitent davantage l’impunité face aux abus.

Dans le rapport du Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’homme, il est précisé qu’entre le 15 novembre et le 2 décembre 2012, au moins 58 cas de viols ont été rapportés durant l’occupation de Goma par le M23, dont les membres ont aussi exécuté 11 civils, recruté et utilisé des enfants soldats, et eu recours au travail forcé et aux pillages.

Seuls quelques rares chefs de milices de la RDC ont été arrêtés et condamnés. Parmi eux, Thomas Libanga a été reconnu coupable par la Cour pénale internationale (CPI) d’avoir enrôlé des enfants soldats dans la région d’Ituri dans le nord-ouest du pays en 2002. En mars, Bosco Ntaganda, ancien commandant du M23, a été remis à la CPI.

Les experts demandent l’établissement de tribunaux spéciaux en RDC pour que les violations de droits de l’homme soient jugées hors de la juridiction de la CIP.

« Avec les organisations de la société civile congolaise, nous avons aussi demandé l’établissement de chambres mixtes spéciales ou d’un tribunal mixte spécial au sein du système judiciaire congolais, avec l’implication de procureurs, juges et autres membres du personnel judiciaire internationaux, afin de pouvoir engager des poursuites contre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis au Congo depuis 1990 », a rappelé Mme Sawyer de HRW.

M. Opiyo, analyste, a ajouté que « la nécessité de traduire en justice les responsables présumés de crimes graves (les troupes gouvernementales, les rebelles et les miliciens) ne doit pas être flouée aux dépens d’avancées à court terme ».

Pour M. Vircoulon, du groupe ICG, « le blocage de la réforme du système judiciaire est la cause de l’impunité qui règne en RDC ».

Où en sont les négociations pour des solutions locales ?

Des négociations de paix entre le M23 et le gouvernement de la RDC sont en cours à Kampala sous l’égide de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). Les analystes généralement sceptiques à l’égard d’une force d’intervention militaire sont favorables à cette approche.

« Une paix durable en RDC ne peut pas se construire avec le déploiement de forces étrangères agressives » « Tout dépend de l’efficacité de la brigade d’intervention des Nations Unies, mais du point de vue de l’organisation (CIRGL), nous ne pensons pas que la brigade d’intervention soit la solution définitive au conflit », a déclaré à IRIN Stephen Mwachofi Singo, chargé des programmes à la CIRGL.

« Avec le processus de la CIRGL, un processus politique est déjà en cours à Kampala. Un tel processus devrait être mené à terme », a-t-il ajouté.

La lutte contre les tensions ethniques est indispensable à la pacification des zones de conflit.

« La RDC est un pays vaste et multiethnique. Certains groupes ethniques s’étendent sur les frontières de pays voisins comme l’Angola et le Rwanda. Malheureusement, le gouvernement actuel et l’ancien gouvernement de la RDC ont utilisé cette multiplicité des groupes ethniques pour les dresser les uns contre les autres et à des fins de connivence politique. Cela a créé un sentiment de faveur et de défaveur », a déclaré M. Opiyo, analyste.

« Afin d’apaiser les tensions ethniques, une armée nationaliste est indispensable, mais aussi un gouvernement représentatif. Une administration centralisée, plutôt qu’un système fondé sur la dévolution, offrirait une perspective nationale, et non plus ethnique, au peuple congolais. »

Selon Frederick Golooba-Mutebi, scientifique politique à l’Université de Makerere, « une paix durable en RDC ne peut pas se construire avec le déploiement de forces étrangères agressives ».

« Les causes de la violence dans ce pays [RDC] sont internes. La solution réside donc dans la résolution des problèmes internes plutôt que dans la prolongation du conflit. Seuls [les] Congolais peuvent résoudre leurs problèmes de manière durable. Les étrangers ne peuvent pas le faire à leur place ».

Même si je suis d’accord du point de vue global sur les points avancés dans cette analyse, je ne suis pas personnellement d’accord avec les propos de mon confrère et ami Thierry Vircoulon lorsqu’il avance que « les bienfaits de la formation [étaient] surestimés. Les partenaires étrangers (Belgique, États-Unis, France, Angola, Afrique du Sud et Chine) forment l’armée congolaise depuis 2006, et les résultats sont très médiocres ».

Réaction d Jean-Jacques Wondo

Je pense que M. Vircoulon confond le brassage qui n’avait pas comme tel l’objectif de de former techniquement les militaires. Le brassage a plutôt procédé à un recyclage light de 45 jours. En effet, la mise en œuvre du brassage s’est faite en trois phases. La première consistait en l’identification et au regroupement des ex-combattants pour être désarmés.Ensuite, ils étaient envoyés pour sélection dans des centres d’orientation, gérés par la CONADER, où les combattants devaient opter de retourner à la vie civile ou de rester dans l’armée.Ceux qui ont choisi la démobilisation ont reçu une avance financière de 110 USD.Ceux qui ont opté de (ré)-intégrer les FARDC étaient alors transférés vers l’un des six centres de brassage pour y suivre un recyclage formation de 45 jours.

Je ne pense pas qu’on forme un militaire en 45 jours. Il faut d’ailleurs au moins 2 mois pour passer l’épreuve PIM (Période d’Intégration Militaire) qui permet à un civil, recruté sur des bases objectives et rationnelles : niveau d’études, épreuves psychotechniques et psychomotrices, endurance physiques, valeurs éthiques et morales, de se familiariser au jargon militaire. C’est l’équivalent de baptême pour ceux qui sont passées par les études supérieures ou universitaires. Or le baptême universitaire ne fait pas d’un élève un universitaire, encore faut-il qu’il réussisse son cursus académique. Ce qui n’est pas le cas  avec ces militaires recyclés de maniière laconique dont la plupart NE disposaient PAS du niveau requis pour exercer les fonctions liées au grade duquel ils sont revêtus. Dans certains cas, les bases même du métier militaire sont absentes.

Et le rapport  intermédiaire (2007) de l’EUSEC qui a accompagné le brassage l’a reconnu en ces termes:  » Il existe donc un besoin criant de formation des cadres, principalement des officiers. Le domaine de la formation reste vaste et laborieux, il nécessite à lui seul un audit complet qui permettra de relancer le processus global de formation des cadres et des soldats… ».

Par contre, pour ce qui est des unités formées par les belges, chinois, sudafricains, angolais ou américains, après l’épreuve des brassages, TOUS les experts militaires (je ne parle pas d’experts civils qui confondent parfois tout et n’importe quoi car on mélange parfois des chèvres et des choux lorsqu’on parle de brassage, mixage, intégration et formation) sont unanimes pour dire que le niveau de la formation de ces unités  est plus que satisfaisant. Le problème se situe au niveau de leur encadrement, équipement et motivation au terme de leur formation, parfois de leur affectation dont certaines ont été affectées à la garde présidentielle au lieu d’être déployée sur les zones de conflits.

Ici, je pense notamment  aux unités suivantes qui ont reçu une bonne formation:

Les 321ème et 322ème bataillons d’unité d’intervention rapide formés par les belges  à Kindu et Lokandu dans le Maniema. Le 323ème bataillon est en formation depuis mars 2013 pour 6 mois. Après cette formation, il faudra mettre en place l’état-major de la brigade d’intervention rapide.

24 instructeurs chinois ont formé 621ème et 622ème bataillons à Kamina

Les 441ème, 442ème et 443ème bataillons de la garde républicaine (GR) ont été formés à Mura (Les fameux « Bana Mura » déversés tous à la GR et non au sein des unités combattantes) ainsi que le l’état-major de la brigade.

931ème bataillon formé à Kisangani (aide à la réforme de la logistique opérationnelle).

Par ailleurs ces unités bien formées ne sont pas suffisantes pour couvrir les besoins sécuritaires opérationnels du Congo car ne concernent que moins de 10% à 15 % de l’effectif total des FARDC qui tourne autour de 140.000 soldats.

Voilà ce qui devrait être clarifié pour apporter un bémol à la présente analyse de l’IRIN qui reste globalement juste.

Jean-Jacques Wondo

Analyste des questions sociopolitiques et sécuritaires de la RD Congo

 

 

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One Comment “Lu pour vous: Commentaire de Julien Nzazu (Goma) en rapport avec l’analyse de l’IRIN”

  • Justin NZANZU

    says:

    Nous avons plutot constaté le grand bemol dans ce processus d’intégration des millitaires c’était la désintegration des brigades qui se montraient très efficaces sur le terrain au Nord Kivu. Les militaires issus de ce morcellement sont deversés dans des régiments tous dirigés par des chefs rwandais infiltrés sous forme des dirigeants du RDC( Rassemblement Congolais pour la Démocratie], CNDP, …
    Ces chefs font de la discrimination et de la marginalisation dans l’impunité totale. Il en résulte un découragement des unités veritablement congolaises qui se démobilisent ou se déversent dans d’autres groupes armés, ce qui crée un cercle vicieux.
    C’est l’example de la 2e Brigade dirigée par le Col KASIKILA qui sécurisait efficacement le territoire de Rutshuru et qui dénichait des caches d’armes, la 14e brigade de RUGAYI,….Elles n’existent plus, sacrifiées dans le cadre de l’intégration du CNDP dans les FARDC.
    C’est ce qui risque encore de se repeter avec cette fameuse dialogue de Kampala. L’intégration aveugle des troupes ne va pas regler le problème actuel, ça sera un debut d’un autre cercle vicieux qui doit déboucher sur une autre guerre.

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