Logistics, South African caution delay Congo combat force
(Reuters 29/05/2013 )
Résumé de l’article commenté en français par Jean-Jacues Wondo
Le déploiement des troupes de la Brigade d’intervention de l’ONU au Congo accuse du retard pour des raisons d’ordre logistique et des réticences manifestes de l’Afrique du Sud. La paix fragile observée depuis six mois dans l’Est du Congo s’est effondrée la semaine dernière lorsque des affrontements ont éclaté entre les troupes gouvernementales et les rebelles M23 à Mutaho, situé à quelques encablures de la ville de Goma, quelques jours avant les visites du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, et du président de la Banque mondiale, son compatriote Jim Yong Kim. Les deux hommes étaient en mission pour promouvoir la dernière tentative internationale pour pacifier la région déchirée par les conflits, où des groupes armés, les armées des pays voisins s’affrontent depuis près de deux décennies pour le contrôle des terres et des ressources. Un programme d’aide de la Banque mondiale 1 milliard de dollars visant à amener le développement nécessaire.
L’article mentionne le scepticisme qui s’installe de plus en plus dans le chef des analystes dont certains avancent que la réaction timide de l’Afrique du Sud s’explique par le fait que Pretoria se sent contrariée de la manière dont le choix des animateurs de cette brigade a été opéré : le commandement de la brigade est allé à un tanzanien et la direction militaire des opérations de la MONUSCO a été attribuée à un général brésilien, dont la dernière mission était la lutte contre les gangs criminels en Haïti.
À ce jour, seulement 500 soldats sud-africains et tanzaniens sont arrivés à Goma. Des sources onusiennes affirment que ces retards sont en partie liés aux problèmes logistiques et de planification, y compris lorsque les troupes entrants de base de l’Afrique du Sud.
« Il semble qu’il y avait beaucoup de marchandages en cours à l’Organisation des Nations Unies, plutôt que de choisir la personne appropriée, » commente Helmoed Romer Heitman, analyste sud-africaine en matière de défense.
Le M23 Se défendra seul s’il le faut
Cela a conduit à un échange de vues quant à savoir si l’Afrique du Sud – désireux de montrer ses muscles régionaux – pourrait sortir en signe de protestation, selon Jason Stearns, directeur régional du groupe de réflexion régional Great Lakes Institute.
Les rebelles du M23 peuvent également profiter de ce retard du déploiement de la brigade pour prendre l’initiative avant l’arrivée de la brigade, a déclaré Stearns.
[Commentaire de Wondo: C’est ce que nous avons toujours prédit. Cela pourrait changer la donne sur le terrain car la stratégie diplomatico-militaire menée par le M23 est de changer le rapport de forces militaires et diplomatiques sur le terrain. Ainsi, le M23 exerce un subtil lobbying et et une insidieuse pression sur l’ONU, l’UA, la SADC, la CIRGL et les pays pourvoyeurs des troupes de la brigade d’intervention de la MONUSCO afin de les dissuader de se lancer dans une option militaire qui ne pourra qu’attiser la crise au lieu de la contenir. Et on voit déjà manifester les premiers effets de cette stratégie diplomatico-médiatique: presque tous les acteurs de premier plan impliqués dans la résolution de cette crise: Kikwete, Robinson, Ban Ki Moon, Museveni… privilégient de plus en plus l’option politique que la résolution de la crise par l’intervention de la Brigade dont l’action ne sera pas une panacée (Voir notre analyse: La résolution 2098 ou Analyse d’un pétard mouillé?). Or opter pour une résolution de la crise, notamment par le dialogue avec le M23, considéré jusqu’il y a peu comme un groupe [terroriste] négatif qu’il faut éradiquer à tout prix au même titre que les FDLR ou autres milices armées de la region, c’est non seulement conférer une congolité à ce mouvement d’inspiration rwandaise, mais aussi lui donner un statut politique spécial qui fera qu’à terme, le M23 sortira de la liste noire des groupes armés à éliminer sans concession pour devenir un partenaire politique incontournable de la résolution de la crise politique et sécuritaire du Congo. C’est cela la victoire politique de la bataille armée menée contre les populations congolaises par le M23. Un piège vers lequel la Communauté internationale semble s’engluer progressivement tout en sachant que par le passé, on a tenté les mêmes solutions palliatives sans aboutir à de réels résultats. Il s’agit juste pour cette communauté internationale de s’aligner derrière la stratégie des ruptures et continuités qui entretient la tragédie de la crise sécuritaire congolaise dans la mesure où elle parvient plutôt à créer dans le futur des conflits (non-résolus sur le fond) qu’à les consommer définitivement. Espérons que la lucidité du président tanzanien Kikwete d’envisager, comme nous l’avons évoqué dans notre ouvrage ‘ »Les armées au Congo-Kinshasa », une solution globale, régionale et systémique à cette crise transnationale qui concerne l’ensemble des pays de la région des Grands-Lacs].
« M23 veut être en mesure non plus empêcher la Brigade d’Intervention d’arrivant au total ou être dans une position militaire très forte une fois qu’il arrive, » dit-il.
Pretoria est déterminée, après la mort en mars dernier de 13 de ses soldats en République centrafricaine face aux rebelles du Séléka, à éviter une débâcle similaire au Congo, a déclaré Heitman. C’est la pire perte militaire subie par l’Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid en 1994. »L’intention est de faire en sorte qu’ils soient bien formés… « Ils ont appris les leçons de Bangui », dit-il.
La tension monte et est perceptible chez les soldats notoirement indisciplinés de l’armée congolaise qui tiennent à venger les humiliations subies de la part de M23, y compris leur débâcle en Novembre 2012 lorsque les rebelles se sont emparés brièvement de Goma.
Intégralité de l’article en anglais
Deployment of a unique new U.N. combat force, billed by U.N. Secretary-General Ban Ki-moon as a peace enforcer for eastern Congo, is being delayed by logistical difficulties and reticence from troop contributor South Africa. An uneasy six-month peace in eastern Congo collapsed last week when clashes erupted between government troops and M23 rebels near the region’s largest city Goma, days before a visit by Ban and World Bank president Jim Yong Kim. The two men were on a mission to promote the latest international attempt to pacify the conflict-torn region, where armed groups, the army and neighboring countries have for nearly two decades battled for control of land and resources. A $1 billion World Bank aid package aimed at bringing much needed development is to act as carrot for the plan.
But the stick – a 3,000-strong U.N. Intervention Brigade of Tanzanian, South African and Malawian troops with an unprecedented mandate for offensive operations against some 30 armed groups – has only just begun to arrive.
Ban said this week it may take up to another two months before the long-awaited force is operational.
« The troops are coming but it’s more of a trickle than anything else, » a senior U.N. official in Goma told Reuters.
To date, only around 500 South African and Tanzanian troops have arrived in Goma, U.N. sources say, with delays partly due to logistical and planning problems, including where to base South Africa’s incoming troops.
Analysts say South Africa has also been irked by a perceived slight in the choice of both the brigade’s command, which has gone to a Tanzanian, and the overall U.N. military leadership in Congo, which went to a Brazilian general whose last job was tackling criminal gangs in Haiti.
« It seems there was a lot of horse trading going on at the United Nations, rather than choosing the appropriate person, » South African defense analyst Helmoed Romer Heitman said.
M23 TO DEFEND ITSELF
This led to some discussion over whether South Africa – keen to flex its regional muscles – might pull out in protest, according to Jason Stearns, director of regional think tank the Great Lakes Institute.
Rebels may also be using the delay to seize the initiative before the brigade arrives, Stearns said.
« M23 wants to be able to either prevent the Intervention Brigade from arriving altogether or to be in a very strong military position once it arrives, » he said.
M23’s military commander Sultani Makenga told Reuters on Monday his troops would not target the U.N. force but would defend themselves if needed. He said reviving stalled peace talks in neighboring Uganda was the only way to break the military deadlock in eastern Congo.
No one from the South African military was immediately available for comment, though military sources there say the force is undergoing training.
Pretoria is determined, following the death in March of 13 of its soldiers at rebel hands during a peacekeeping mission in neighboring Central African Republic, to avoid a similar debacle in Congo, Heitman said.
It was South Africa’s worst military losses since the end of apartheid in 1994.
« The intention is to ensure they are well-trained … They are taking on board the lessons of Bangui, » he said.
Tension is rising as Congo’s notoriously ill-disciplined army itches to avenge humiliations at the hands of M23, including a rout in November which saw the insurgents briefly seize Goma.
On the northern outskirts of the lakeside town, Indian peacekeepers have deployed tanks and set up a road-block – a thin, blue-helmeted line separating the two sides, with rebel positions clearly visible in the surrounding hills.
At least three civilians were killed last week after rebel shells fell in aid camps and residential areas, according to the United Nations. The army’s increasingly aggressive attitude risks worsening the situation and jeopardizing more civilian lives, Goma’s mayor Naasson Kubuya Ndoole said.
« I met a soldier who told me that if M23 continues, the army is prepared to chase them all the way to Rwanda, » he said. « This determination is dangerous. It’s better this neutral force arrives to play the role of arbiter or to tackle the M23 calmly. »
By Jonny Hogg