L’intellectuel congolais, la cible du régime de Kabila : cas du professeur Huit Mulongo
Victimes des dérives autocratiques de Kabila, depuis la prison, les intellectuels, les opposants, les journalistes et les activistes congolais luttent pour la liberté de pensée et les valeurs démocratiques. Le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) note une augmentation spectaculaire des cas de violation des droits humains à mesure que la fin de mandat du président Kabila s’approche. Rien que pour le mois de novembre 2016; le BCNUDH a recensé 577 violations des droits de l’homme sur le territoire congolais, contre 434 violations au mois d’octobre 2016.
Alors que Joseph Kabila était censé mener la République démocratique du Congo vers la consolidation de son processus démocratique, sa fin du mandat est marquée par une dérive compulsive répressive et antidémocratique sans précédent.
L’analyste Germain Nzinga stigmatise la marque politique de Joseph Kabila qui consiste à « procéder purement et simplement au pogrom des intellectuels congolais. « Son pouvoir consistera à éliminer systématiquement tout cerveau qui cherchera à comprendre ses méthodes sordides de gouvernance ou se laissera porter dans les velléités de réveiller la conscience endormie des congolais. »[1]. Et Nzinga de poursuivre : « Joseph Kabila veut se donner la légitimité d’éradiquer des centaines des milliers d’intellectuels congolais qu’il n’a pas le bonheur de voir pulluler par-ci par-là et qui constituent une menace à son projet final. Il entend à effacer leurs traces en silence, sans trop de bruit ni laisser de traces du bourreau. La meilleure manière, pour ce faire, c’est de nier leur existence avant même leur mise à mort pour qu’en étant tués, personne ne s’en aperçoive. » [2]
Dans sa gibecière criminelle, le régime décadent de Joseph Kabila s’en est pris aux intellectuels congolais tels que Eugène Diomi, Jean-Claude Muyambo, Constatin Nono Lutula, Christopher Ngoy, Moïse Moni Della, Bruno Tshibala, les députés Chalupa, Jean-Bertrand Ewanga, Nzaghi Muyindo, Vanono Kiboko, etc. A cette liste non exhaustive et intarissable, il faut ajouter la chasse à l’homme aux jeunes activistes congolais qui ne cessent de faire au quotidien les frais de la police politique de Kabila. Leur grand tort est de défendre la Constitution et les valeurs universelles et inaliénables des droits et libertés de pensée et d’expression.
DESC, refusant d’être complice de la loi du silence coupable, a voulu faire écho de ce court message reçu du professeur Huit Mulongo. C’est en écoutant l’émission « Parlons Peu, Parlons Bien, de la radio communautaire de Bruxelles, Mbote Radio (www.mbote.info), gérée par MM Jean-Jacques Beyne et Henri Kamande Nzouzi, que nous nous sommes senti interpellé par un texte pathétique lu par sa nièce, l’artiste belgo-congolaise Caron Mulongo. Nous vous recommandons de l’écouter à partir de la minute 23:13 du lien suivant : http://www.mbote.info/pppb-samedi-10-decembre-2016/. [3].
Qui est Huit Mulongo Kalonda-Ba-Mpeta ?
Le texte qui suit est une retranscription intégrale de l’auto-portrait de M. Huit Mulongho, élaboré par l’interessé lui-même:
Huit Mulongo Kalonda-Ba-Mpeta, ancien de l’université Paris VIII Saint-Denis (France).
Docteur en lettres françaises, DEA en philosophie politique, Diplôme de l’école supérieure de journalisme de Paris.
Professeur d’université en RDC principalement à l’université de Lubumbashi (UNILU).
Mène un grand combat pour l’émancipation de la liberté congolaise en faveur de laquelle j’ai fait créer par l’Etat congolais une filière diplômante,
Dignitaire du 1er prix congolais littérature Paris et lettres.
Poète, romancier, dramaturge, essayiste.
Quelques œuvres à titre exemplatif :
Poésies : Pluies Noires, Ed. Saint – Germain-des-Pres, Paris 1781
Le Souffle de la liberté, Ed. Labrouyere 1990 Paris
Nouvelles Pluies, Ed. Celtram Lubumbashi
Romans, Nouvelles : Sublimes Passions Tribales, Ed. Celtram, Lubumbashi 1999
Mayele le tigre rouge, Ed. Celtram, Lubumbashi 1999
Impacte, les accents de Destinee, Ed Celtram, Lubumbashi 2001
Theatres : Le rendez-vous manqué, ed. Celtram, Lubumbashi, 2004
Malemba Nkulu, elections libres et democratiques, Ed. Celtram, Lubumbashi 2012
Essais critiques : Dictionnaire de la littérature congolaise, Ed. celtram, Lubumbashi 2012
La conscience littérature congolaise, Ed. Celtram, Lubumbashi 2014.
Dirige un centre de recherche ‘Centre d’études littéraires et de traitement de manuscrits (Celtram)’.
Acteur politique : dirige la Conscience Républicaine pour la Démocratie et le Développent (CRDD) qui résume le sens de mon combat : faire du Congo un état assis sur des valeurs humaines universelles : liberté d’expression, de réunion… sans lesquelles aucun intellectuel ne peut être utile, ni pour son pays, ni pour l’Afrique, ni pour le monde.
Pourquoi ai-je été privé de ma liberté ?
Une position de libre penseur qui ne plait pas beaucoup aux dirigeants actuels qui ont toujours cherché à assujettir l’intellectuel congolais.
Je refuse toute soumission au Pouvoir.
Raisons de mon arrestation
Refus de travailler avec le président Kabila, non respectueux des valeurs démocratiques et ma préférence pour Moise Katumbi Chapwe dont j’ai dirigé le cabinet et à côté de qui j’ai continué à travailler même après sa séparation avec Kabila.
Je n’ai pas entendu la voix des intellectuels et autres scientifiques congolais de la diaspora, ils doivent protester, élever leur voix au-delà des clivages politiques qui sont aléatoires et secondaires.
Comme vous l’avez déjà appris ma santé s’est dégradée à cause des conditions moyenâgeuses de mon incarcération.
Malgré toutes ces tortures, surtout psychologiques, mon moral est bon, j’en ai vu et vécu d’autres sous Mobutu.
Qu’il pleuve ou qu’il neige, demain les enfants du Congo recouvriront d’une bonne marche pour le développement. Demain l’intellectuel, le scientifique congolais doit recouvrer sa liberté de penser et d’agir.
Huit Mulongo
DESC se permet de rappeler aux Congolais et amis du Congo cette déclaration de René Cassin, Prix Nobel de la Paix en 1968 et un des artisans, aux côtés de Stéphane Hessel, de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme :
« L’essentiel est que notre conscience ne devienne jamais indifférente même par l’excès de l’horreur aux injustices et aux souffrances qu’il a été possible d’épargner à d’autres hommes par un effort fraternel. Aucun de nous n’a le droit d’être en repos en face de l’oppression ou de la misère ».
[1] http://afridesk.org/fr/zoom-sur-le-genocide-des-intellectuels-au-congo-kinshasa-germain-nzinga-makitu/.
[2] Ibid.
[3] Mbote Radio, Samedi 10 décembre 2016 : http://www.mbote.info/pppb-samedi-10-decembre-2016/.
