L’impact de la pandémie du Coronavirus sur l’économie nationale et mondiale
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, la pandémie qui est partie de la Chine en décembre 2019 a infecté à ce jour plus de 800’000 personnes dans le monde et fait plus de 40’000 morts. Le virus a été détecté dans au moins 171 pays. Le plus grand nombre de cas ont été enregistrés actuellement aux Etats-Unis, en Italie, en Chine et en Espagne.
Depuis les années 30, les économies avancées et émergentes – le monde entier – n’a pas connu à la fois une rupture/dégradation sévère du commerce mondial, une baisse des prix mondiaux des produits de base et un ralentissement économique synchronisé.
Avec la crise du coronavirus, le monde est confronté à trois types de risques : une pandémie non maîtrisée, des arsenaux de politiques économiques insuffisantes et mal coordonnées. Ces risques seront suffisants pour faire basculer l’économie mondiale dans une dépression persistante et une crise des marchés financiers.
Le fonctionnement de toute économie moderne est basé sur une bonne circulation du flux financier : achat et vente (pour les consommateurs et producteurs) ; paiement de salaires ou de dividendes (pour les travailleurs/ménages et propriétaires/investisseurs/ entreprises) ; paiement de taxes ou différentes allocations (l’Etat, ménages, entreprises); et opérations import-export (avec le monde extérieur/le reste du monde). C’est en quelque sorte une version d’un diagramme circulaire de flux d’argent bien connu et utilisé dans les manuels d’économie. Sous sa forme simplifiée, les ménages possèdent le capital et la main-d’œuvre, qu’ils vendent aux entreprises, qui l’utilisent pour produire des biens et services que les ménages achètent ensuite avec l’argent que les entreprises leur ont donné, complétant ainsi le cercle… Le point à retenir est que toute l’économie moderne continue de fonctionner seulement lorsque l’argent continue à circuler. Le flux financier se retrouve ainsi au centre de toute activité économique.
La crise du COVID-19 a frappé la « machine économique » à plusieurs endroits en même temps perturbant considérablement la circulation des personnes, des biens et de services. Elle attaque les sociétés en leur sein, faisant des morts et détruisant des moyens de subsistance. Tout le fonctionnement de l’ordre – économique, social, et politique – établi se trouve affecté.
Les effets potentiels à plus long terme du Covid-19 sur l’économie mondiale et sur l’économie de chaque pays sont désastreux. Cette pandémie touche et affecte la plupart des Objectifs de Développement Durable (voir le graphique dans la photo ci-dessous). Pour les gens pauvres qui vivent au jour le jour avec de revenus aléatoires comme en République démocratique du Congo (RDC) et dans la plupart des pays moins avancés d’Afrique et d’ailleurs; les chocs seront énormes.
La crise du coronavirus va nous plonger dans une récession économique mondiale sans pareille. Après avoir perturbé les chaînes globales de productions mondiales et les logistiques de transports; les interventions de distanciation sociale – des fermetures de frontières, des recommandations visant à limiter la taille des rassemblements sociaux, des blocages soutenus par l’armée et la police, – toutes ces mesures vont certes aider à contenir la propagation du coronavirus, mais en même temps elles entravent la capacité des gens à acheter bon nombre des biens et services qu’ils achètent normalement. Il va en résulter une baisse spectaculaire de la demande des consommateurs qui déprimera la demande globale et plongera l’économie dans le chaos.
Au fur et à mesure que les choses évoluent, si le choc économique de la distanciation sociale finit par déclencher une crise financière, il pourrait rivaliser avec la Grande Dépression, lorsque le PIB américain s’est contracté de 30 % entre 1929 et 1933 et que le chômage a atteint un sommet de 20 %.
Beaucoup d’entreprises devront également licencier des travailleurs, ce qui aggravera le choc de la demande globale. L’effondrement de la demande globale et les licenciements qui en résulteront pourraient entraîner une nouvelle crise financière alors que les entreprises et les travailleurs peinent à s’acquitter de leurs obligations en matière d’endettement…
Dans un nouveau rapport intitulé Responsabilité partagée, solidarité mondiale : répondre aux conséquences socio-économiques du Covid-19, le Secrétaire général de l’ONU appelle chacun à agir ensemble pour faire face à ces conséquences et atténuer le coup porté aux populations (rapport disponible sur le site de l’ONU).
La RDC s’est-elle préparée à faire face aux conséquences socio-économiques de cette pandémie ? De quelle manière avec quelles mesures concrètes ?
Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir et savoir anticiper ?
Mes salutations chez vous et protégez-vous.
Faustin Luanga, Economiste, congolais au service de l’humanité.

Dr Faustin Luanga est depuis 1996 Haut Fonctionnaire, Chef de Département Asie et Pacifique, au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Genève, en Suisse. PhD en Économie de l’Université de Nagoya au Japon, il est aussi professeur visiteur d’économie et de finance dans plusieurs universités dans le monde. Prof Luanga a été Conseiller économique et du développement du Président Joseph Kabila entre 2001 et 2003. Entre 2004 et 2006, il a aussi été Administrateur du Programme national de désarmement, démobilisation et réinsertion (PNDDR) en RDC.