Le Sankuru, terroir de Lumumba au cœur du Congo, au bord d’un conflit intra-communautaire dévastateur
Un centre d’enseignement financé par le ministre Mende à Lodjà au Sankuru (Kasaï-Orienral)
Par Timothée TSHAOMBO SHUTSHA
Introduction
La présente analyse de la situation sécuritaire du Sankuru est une sonnette d’alarme lancée par Timothée TSHAOMBO SHUTSHA, témoin oculaire se considérant comme étant une des victimes de ce conflit. Ses révélations accablantes sont publiées à titre préventive visant à mettre fin à une escalade meurtrière fratricide qui ravage cette province du centre du Congo.
Plusieurs informations recueillies auprès de diverses sources concordantes, officielles, privées et de la société civile, attestent qu’il y a résurgence d’un conflit interethnique au cœur du Congo, dans le Sankuru, district d’origine du tout premier Premier Ministre Congolais Patrice Emery LUMUMBA. Mais ce conflit dont on ne parle pas à Kinshasa, et nous saurons pourquoi dans cet article, consume à petit feu ses populations avec des pertes en biens et en vies humaines au jour le jour. Ainsi, selon toute vraisemblance, il conduit inexorablement vers un affrontement sanguinaire au cœur de la RDC si onn’ y prend garde.
Mais un certain nombre de questions planent à l’esprit : Quel est le contexte politique du Sankuru après l’indépendance? Quelles sont les communautés en conflit ? S’agit-il d’un conflit entre communautés ou de la quête du leadership politique provincial ? Quelle est la nature de ce conflit ? Quels en sont les acteurs passés et actuels ? Quelsen sont les enjeux et quelles sont les perspectives d’avenir pour le Sankuru, devenu Province au regard de la Constitution actuelle? telles sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre dans cette analyse.
Bref rappel historique
Je voudrais de prime abord faire noter que l’Histoire, à travers plusieurs écrits ainsi que les archives du pays, renseigne qu’il existe un vieux conflit des années 60 au Sankuru, opposant les Atetela dites par les colons Belges, d‘ESWE, entendu habitants de la savane, à ceux dites d’EKONDA, entendu habitants de la foret. Mais notez en passant que tous les six territoires qui constituent le district du Sankuru possèdent chacun d’immenses savanes et d’énormes forets. De ce fait, cette distinction savane-forêt n’est nullement péjorative et ne peut constituer en aucun cas un motif de discrimination. Que ce conflit, précise les mêmes sources, n’est pas le fait « des communautés », car nous sommes « une même « communauté « ANKUTSHU AN’AMONGO », donc une ethnie. Il est plutôt le fait des acteurs politiques en quête de leadership politique pour leur positionnement après la disparition subite du Grand leader Lumumba. Ainsi recourent-ils à ces velléités bellicistes à l’approche de chaque échéance électorale ou enjeux politiques majeurs du pays et/ou du district. Ces derniers classent le territoire de Lodja, Kole et une partie de Lomela comme étant la région de la foret, tandis que les territoires de Katako-kombe, Lubefu et Lusambo sont classés comme région de la savane. Ce clivage savane-foret va depuis lors condamner le Sankuru au sous développement jusqu’à nos jours.
Ainsi, le professeur émérite belge Jean Claude Willame, dans son ouvrage rédigé en 1965 intitulé: « Cahiers Economiques et sociaux, collection numéro 5 d’études politiques, les provinces du Congo: Structure et fonctionnement, le cas du moyen Congo et du Sankuru », stipule que face à l’avènement de la nouvelle province du Sankuru, et à la délicate tâche de répartition des fonctions au sein des nouvelles institutions provinciales, un premier conflit a éclaté entre les partisans des acteurs politiques de ces institutions, occasionnant un tout premier massacre dans la cité du territoire de Lodja au centre du district, avec d’énormes pertes en biens et vies humaines, surtout au sein des populations dites de la savane, qualifiées de venants ou d’arrivistes, car étant identifiées comme originaires des territoires de Katako-Kombe, Lubefu et Lusambo plus à l’est, sud-est et au sud du district.
Note liminaire
Il faut préciser à ce stade qu’après le départ des belges du Congo en 1960, les congolais devaient prendre la relève de toutes les structures tant politiques, militaires qu’administratives, afin d’en assurer désormais la direction. Or, le Congo avait à cet époque très peu de cadres formés sur l’ensemble du territoire national, le Sankuru y compris. Et pour illustrer cela, J.C Willame dresse à la page 86 de son ouvrage un tableau de degré de scolarisation au Sankuru en 1956, et fait constater que le taux de scolarité était très faible à Lodja et à Dekese, soit 2%, alors qu’ailleurs à Katako, Kole, Lomela et Lubefu et Lusambo le taux était un peu plus élevé, en moyenne entre 10 et 25%. L’auteur n’explique pas ce phénomène, alors que Lodja présentait tous les atouts pour obtenir le meilleur taux de scolarisation.
De ce fait, les cadres qui devaient diriger les nouvelles institutions étaient nommés en fonction de leur compétence. La plupart de ces cadres sont venus des régions dites de la savane, mais en même temps, il fallait aussi penser aussi à l’équilibre géopolitique pour éviter les frustrations. Bien plus, le territoire de Lodja, de par sa position géographique, la densité de sa population, ses infrastructures routières et aéroportuaires ainsi que le commerce etc… était le chef-lieu économique du Sankuru, donc le centre de consommation le plus important de tout le district. Le territoire de Lusambo était seulement le chef-lieu de l’administration politique et autres services de l’Etat. Cette réalité est restée constante jusqu’à ce jour.
La conséquence de cet état des lieux est que ces deux facteurs ont favorisé l’afflux vers Lodja des populations venant des autres territoires. Le centre-ville de Lodja était donc occupé à 80% des non originaires Eswe, venus de Katako, Lubefu et Lusambo, des cadres d’une part, et commerçants d’autre part. Ces derniers ont créé l’actuelle cité de Lodja devenue Ville. On l’appelait le secteur Batetela Lokenye. Ainsi, ses grands quartiers porteront les noms des premiers évolués Eswe dont notamment: Fundji, Mboo, Avoki de la famille du Sénateur She Okitundu. La sœur de ce dernier était née sur le pont de la rivière Lokenye en pleine fuite des affrontements de 1963 lors de l’éclatement du premier conflit intra-communautaire sous analyse.
Retour au conflit
Etant donné que la situation se détériorait de plus en plus à Lodja entre les partisans de Monsieur André Diumasombo, originaire de Lodja, décédé au début de cette année 2014, lui qui fut le président du gouvernement de l’Assemblée provinciale du Sankuru, appellation de l’époque, également le chef de fil de la fraction Ekonda (foret), c-à-d Lodja, Kole et une partie de Lomela impliquée dans le conflit, aux partisans de Monsieur Albert Welo, encore en vie, à l’époque député et homme d’affaire originaire de Katako Kombe, chef de file de la fraction d’Eswe (savane), c-à-d Katako, Lubefu et Lusambo, le Chef de l’Etat à l’époque, décréta un état d’exception sur toute l’étendue de la province du Sankuru, dans son ordonnance numéro 139, du Président du Congo, du 08 Juillet 1963. (Cf le livre de JC. Willame susmentionné, de la page 108 à la page 117).
Les conséquences de ce conflit
Au delà des dégâts matériels et humains causés par ces affrontements fratricides, cette situation a causé également une cassure du tissu sociologique dans les rapports entre les descendants du même clan An’Amongo, disséminés à travers tous les six territoires du district du Sankuru.
Mais il convient de relever un fait que sous les régimes du Président Mobutu et celui du Président Laurent Désiré Kabila, prônant chacun l’unité du pays, du pouvoir et des peuples, les germes de la haine et la hache de la guerre ont été enterrées, et le Sankuru a connu plus de 35 ans de paix et de parfaite cohésion, harmonie et cohabitation pacifique entre les An’Amongo au Sankuru comme partout ailleurs au Congo l’ex-Zaïre.
De la résurgence du conflit en 2003 et de ma position d’acteur de terrain
Mutation politique
A l’issue des négociations du dialogue inter Congolais de Sun City en Afrique du Sud, mettant en place les institutions de la transition en 2003, tous les acteurs politiques Congolais étaient invités désormais à devenir populaires et légitimes, non pas par des armes, mais plutôt par des urnes. Démocratie oblige ! Désormais, les élections deviennent la seule voie d’accession aux principales charges de l’Etat. Face à cette mutation politique de tous les enjeux, étant conscients qu’ils n’ont rien fait au Sankuru et qu’ils ne jouissent pas pleinement de la confiance de la communauté, qui s’apprêtait à les sanctionner lors des élections de 2006, les leaders politiques ont alors profité de la naïveté et surtout de la misère de nos compatriotes pour se mettre de nouveau à le diviser.
De ma position en tant que Journaliste
J’ai immédiatement installé dans la Cité de Lodja, la tout première station Radio Sankuru Liberté, RSL en sigle. Lodja était classé comme étant la principale région de la forêt d’où partent toutes les crises du district du Sankuru. Je me suis alors résolu de contribuer efficacement, en tant que professionnel des médias, à l’éducation, la sensibilisation, la formation et l’éveil des consciences de mes compatriotes par la vraie information en vue du développement, de favoriser en même temps l’unité et de promouvoir les vertus démocratiques ainsi qu’une cohabitation harmonieuse entre frères. L’implantation de cette radio et la création de l’UDES, mon ONG, Union pour le Développement du Sankuru, ont eu une incidence plus que positive sur les rapports interpersonnels.
Tout bascule à partir de 2005
Les élections se pointent pour l’année suivante. Les leaders politiques ont alors installé à leur tour des stations radios qui distillaient à longueur des journées des messages d’appels à la haine, à l’instar des radios de mille collines de triste mémoire au Rwanda. En outre, l’actuel ministre des Communication et médias, porte-parole du gouvernement, chargé des relations avec le parlement et de l’initiation à la nouvelle citoyenneté, alors premier rapporteur du Sénat de transition, Lambert Mende Omalanga, originaire du territoire de Lodja, a clairement déclaré en dialecte otetela au stade Patrice Emery Lumumba de Lodja, devant la population de cette cité ce qui suit :« …dengiya amboleka. Ambokoka vo totshikeka ngelo neda ndo sho tamboshidiya ekanda…qu’il est temps qu’on nous laisse la place ici chez nous car nous aussi nous avons fini les études ». Il a, à cet effet, créé des slogans qui expriment clairement la division, la haine et la xénophobie, entre autres : On ne peut pas vendre tout un palmier à cause d’une bouteille d’huile, et tant d’autres.
Depuis lors, le ministre Mende, qui s’est surnommé « Nyama solo, Etshuka h’oke dja, h’ok’edinga » en dialecte otetela: Un félin suffoquant… moellon d’un rocher insensible à la fumée et au feu…, a inauguré une décennie d’instabilité, de crimes impunis, de peur et d’incertitude pour des milliers des ressortissants de Katako-Kombe,Lubefu et Lusambo vivant à Lodja.
Et de surcroît promoteur de la Radio Télé Losanganya RTL en sigle, Monsieur Mende procéda d’une part, à la création et la consolidation des milices dont l’écurie NGELO, et ELOLA entendu terroir et inondation, dirigées par le lieutenant Okito de la détection militaire anti patrie (Démiap, ex-renseignements militaires), originaire de Lodja, dont Mende sollicita en coulisse et obtint l’affectation et le maintient à Lodja, afin d’assurer la formation clandestine de cette milice. En dehors de cette milice multicellulaire, Mende a mis en place une notabilité appelée Norelo, Notabilité rénovée de Lodja, qui terrorisait et paralysait tous les services administratifs de l’Etat à Lodja, et dont il confia de surcroît la gestion de sa chaîne de radio et la libre antenne. Les ressortissants de Katako, Lubefu et Lusambo ont à leur tour formé une notabilité appelée Unikalu, unité de Katako et Lubefu, pour contrer toute attaque venant de l’autre camp.
Par ailleurs, pour soutenir la politique de division à Lodja, Mende reprit aux législatives de 2006, monsieur André Diumasombo ancien chef de file du conflit des années 1963, comme premier suppléant, scellant ainsi une alliance des Pères aux Fils… Ce dernier siégea comme député national à Kinshasa de 2006 à 2011. Très vieux, il tira sa révérence au début de cette année 2014. Paix à son âme.
Des connotations discriminatoires comme code de casus belli avant-coureur à l’instar du Rwanda
Or, pendant les périodes de Mobutu et de Laurent Désiré Kabila, étaient nés des enfants issus des unions qu’on appellent abusivement mariages mixtes. Ces derniers sont appelés en longueur de journée les Kelengenye, un petit animal semi-aquatique du Sankuru, dont la partie supérieure ressemble à une souris, tandis que la partie inférieure ressemble au poisson. D’autres préfèrent les appeler tout simplement des pénicillines ou tétracycline, des médicaments (antibiotiques) que l’on trouve en Afrique, et dont les capsules sont colorés en jaune-rouge ou rouge-noir. Il y en a qui les appellent tout simplement des enfants 50% mélangés. Toutes ces connotations apparues à Lodja depuis les années 2005 par les milices politiques de Mende, servaient à identifier les personnes issues des unions dites mixtes. Ces derniers deviennent de la sorte l’objet de suspicion en tout moment, selon qu’ils se trouvent devant telle personne ou tel milieu et rejetés de part et d’autre. Les conséquences de cette discrimantion sont légions même dans les milieux professionnels. Lisez…l’expression de sentiment de rejet qu’éprouve chacun d’entre toutes ces personnes, qui se trouve, sans le demander dans cette situation…
Malheureusement, malgré ma campagne de sensibilisation au près des autorités du pays ainsi qu’au CIAT, Comité International d’Accompagnement de la Transition, le déploiement d’une petite unité de la police onusienne à Lodja n’a produit aucun effet. aucune mesure coercitive n’a été prise par elle, ni par les autorités publiques pour protéger la population de cette crise, protéger les cibles inscrites aux listes noires de cette milice dans lesquelles je figurais, pire encore aucune sanction à l’égard des commanditaires. Ainsi les élections de 2006 replongèrent le Sankuru dans le chaos, occasionnant de nouveau quelques pertes en biens et vies humaines. C’est duarnt cette période que ma radio communautaire Radio Sankuru Liberté fut incendiée par des inconnus à Lodja, successivement en janvier et juin 2006 avant les élections, moi-même contraint de fuir Lodja, car menacé physiquement.
La confiscation politique de la RTNC/Lodja par Mende et nouvelle escalade de violence en Mai 2010
Faisant suite à mes suggestions contenues dans le rapport du 02 Novembre 2006 auquel j’ai adressé au Chef de l’Etat, faisant état de la préparation par les acteurs politique du Sankuru d’un conflit plus important à partir de Lodja, le Gouvernement Central, suite aux instructions du Président de la République, confia à Monsieur Lambert MENDE l’implantation dans la Cité de Lodja, de la sous station de la chaîne Nationale la RTNC, pour la consolidation de la paix et la cohésion des populations.
Pour avoir le total contrôle sur la sous station de la chaîne nationale à Lodja, Monsieur Mende annonça à l’opinion que la foudre a endommagé les équipements de sa radio RTL, l’émetteur y compris. Pendant ce temps, il fut venir secrètement ses militants qui animaient cette chaîne privée pour suivre une formation accélérée à l’Institut de la Communication de l’Audiovisuelle de la RTNC/Kinshasa, ICA en sigle. Cette action a été mûrement réfléchie par ce dernier, pour anticiper l’éventuelle affectation par la hiérarchie de la RTNC, des journalistes réellement professionnels à Lodja. L’idée était de contraindre ainsi la Direction générale de télévision nationale à procéder à un recrutement local à Lodja, avec comme critère de priorité, ceux qui seraient journalistes professionnels ou brevetés de son école. Et comme il fallait s’y attendre, les anciens animateurs de la chaîne privée du ministre Mende deviennent officiellement, après quelques mois de formation à Kinshasa, journalistes à la chaîne nationale dans la sous station de Lodja. Immédiatement après, sa radio privée, présumée endommagée s’est mise à émettre. L’objectif est atteint pour Etshuka. Cette situation a été déplorée par le Gouverneur et clairement exposée dans son rapport ci-haut cité, à la page: 4 ,5 ,9 et 10 de Mai 2010.
Plus grave encore, le ministre Mende, au lieu de construire de nouvelles installations, ou d’installer cette sous station dans l’un des bâtiments publics, d’ailleurs les mieux indiqués à cette fin, a préféré installer la sous station de la RTNC/Lodja dans l’une de ses résidences privées à Lodja, où se trouvait déjà sa propre radio RTL. Pire encore, les journalistes inféodés à la chaîne publique, bien que revenant de la formation à Kinshasa, ont brillé par l’anarchie, l’incompétence, la violation des règles d’éthiques et déontologiques journalistiques. Comme il fallait s’y attendre, ceux-ci ont, en toute impunité, fait propagande de la haine ouverte contre tous les non originaires de Lodja, surtout à l’approche des élections du 28 Novembre 2011, dont j’ai vigoureusement dénoncé par écrits et dans les médias, ainsi que dans mon mémorandum adressé au Conseil Supérieur de l’Audiovisuelle et de la Communication, CSAC en sigle, le 10 Janvier 2012. Une fois de plus sans aucun résultat. J’ai laissé cette situation pré-explosiveen l’état jusqu’au jour où je quittais mon pays en juin 2013.
Mais avant cela, les conséquences ne se sont pas faites attendre avant les élections de 2011. En effet, au mois de Mai 2010 la milice de Mende, sous la conduite des extrémistes de la notabilité de Lodja, à la tête, Dr. Jacob Dimandja, Matthieu Pole, Bono etc.…la milice NGELO a scellé le bureau du Dr. Djamba Lama, Médecin chef de district de santé du Sankuru, sommé de quitter Lodja et d’y abandonner toute la logistique de son service pour aller s’installer à Lubefu, car y étant non originaire. Durant 48 heures, plus de 25 maisons des ressortissants de Katako, Lubefu et Lusambo ont été incendiées pendant la journée par des gens connus de la Cité de Lodja. Tous les services publics sont totalement paralysés et impuissants d’intervenir, l’anarchie et le chaos règnent suivant le même mode opératoire qu’en 1963 et en 2006.
Le Conseil provincial de sécurité conduit par le Gouverneur qui est toujours en fonction, Monsieur Alphonse NGOY KASANJI, arrive en catastrophe sur les lieux. Ce dernier constate les dégâts et déplore formellement cette situation en établissant clairement la responsabilité personnelle du Ministre MENDE. Au-delà des solutions palliatives qu’il a prises, il formula la demande à l’autorité du pouvoir central à Kinshasa d’entendre ce membre du gouvernement impliqué dans des faits graves de violation massives des libertés et droits de l’homme à Lodja et de prendre toutes les dispositions, car selon le Gouverneur, la paix et la sécurité du district du Sankuru et du territoire de Lodja valent ce prix. Lire le rapport de la mission du 09 au 11 Mai 2010, pages 4, 5,9 et 10 effectuée par Gouverneur KASANJI adressé au Vice Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur.
Joseph Kabila, son Gouvernement et le pouvoir judiciaire n’ignorent pas la crise au sankuru
Il convient de signaler à ce stade, qu’en ma qualité de Chargé de Mission à l’époque, j’ai rencontré le Président de la République à plusieurs reprises. J’ai échangé avec lui au sujet de la situation de Lodja au Sankuru pour laquelle il me confia par la suite différentes autres missions, dont l’enquête sur l’assassinat du commerçant de Djalo communément appelé Djubé, originaire d’Ovungu à Katako (Eswe), poignardé en plein milieu de la journée au marché central de Lodja par un fidèle à Mende appelé DEKENZE. Ce dossier noir, comme tant d’autres du même genre, restent classés sans suite jusqu’à ce jour, suite aux interférences des politiques sus-évoquées. A l’issue de mes missions, après enquêtes, recherches, analyses et informations à ma procession, un conflit de grande envergure se préparait à partir de Lodja et qui embraserait tout le district du Sankuru, mettant en cause les même acteurs politiques.
Plusieurs sources crédibles ont rapporté cet état de chose jusqu’aux oreilles du Chef de l’Etat, comme je l’ai fait dans mon au Président rapport du 02 Novembre 2006. J’ai à cet effet proposé au Président de la République une série de suggestions en guise de prévention pour éviter une nouvelle crise. En dehors de l’installation de la RTNC/Lodja, Joseph Kabila n’a fait que convoquer les principaux acteurs politiques de Sankuru et parler de la question, sans aucune mesure concrète efficace prise à l’encontre du principal commanditaire, Lambert Mende Omalanga, ainsi que d’autres qui font la même chose dans leur territoire, bien qu’en petite échelle, et ce, en dépit des rapports des principaux services de l’Etat qui le disent clairement. De l’autre coté, la justice, au lieu de se saisir d’office sur base des rapports du Conseil provincial de sécurité conduits par la première autorité de la province, document qui fait foi plus que tout autre, n’a absolument rien fait.
Une fois de plus la population menacée est non seulement sans défense, mais surtout sans soutien. Les autres élus de Katako, Lubefu et Lusambo sont presque tous de la majorité présidentielle. dans leur posture, ils sont donc paralysés par la discipline de la famille politique, qui doit résoudre les différends entre politiques, oubliant qu’il ne s’agit pas ici des alliances ou d’un quelconque programme politique, mais plutôt de la violation massive des droits humains, de toute une catégorie de la population en danger, marginalisée. Qu’à cet effet, le fait pour le pouvoir public de ne pas agir engage la responsabilité directe de ses animateurs face aux différents instruments internationaux aux quels notre pays a ratifié et dont l’Etat sous leur direction, est obligé de respecter et de faire respecter. (Parlement, Gouvernement, Cours et Tribunaux).
Mais parce que la situation se détériorait de plus en plus alors qu’aucune mesure efficace n’a été prise par les pouvoirs publics à l’encontre du véritable commanditaire bien identifié, je me suis résolu de saisir cette fois-ci l’opinion internationale sur cette situation qui conduirait à un drame au cœur du Congo. J’ai adressé en prévention d’une éventuelle crise lors des élections du 28 Novembre 2011, un mémorandum à la section des droits de l’homme de la mission des Nations Unies et à Humain Right Watch au Congo, mémo rédigé le 13 et reçu le 22 Juillet 2011 à 10 heures 45 minutes, détaillant, comme je le fais dans cet article, tout le contour de cette crise, mais aussi la part de responsabilité des institutions nationales habilitées à assurer l’ordre et la sécurité publics, dans le silence complice que leurs animateurs observent. J’ai été reçu à cet effet par Madame Corine NGUEGAG, du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme à Kinshasa. Je suis entré également en contact avec leur bureau terrain due la province du Kasaï-Oriental à Mbujimayi pour les mêmes faits, par le canal du président de la Nouvelle société civile congolaise à Jonas Tshiombela.
Conséquence
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les élections du 11 Novembre ont causé également d’énormes dégâts. La cassure dans les relations de notre communauté se sont davantage détériorés. Maintenant la méfiance, la suspicion, la haine, l’incertitude, la crainte sont perceptible et lisibles au sein de l’opinion.
Enjeux actuels
Les troubles que l’on observe actuellement à Lodja ne m’étonnent pas. Ils sont liés aux enjeux actuels des calculs politiques face aux échéances locales, municipales et urbaines à venir en RDC. A cet effet, Pour le cas du Sankuru, devenu province, le contrôle du territoire de Lodja, qui a le statut de ville, est un enjeu majeur lorsqu’on sait que la circonscription électorale de Lodja, à elle seule, dispose de 8 sièges à pourvoir pour la prochaine assemblée provinciale. En plus il faut contrôler la mairie. Souvenons-nous que la cité de Lodja à elle seule représente 70% de la population de l’ensemble du territoire.
Or, les non originaires Eswe sont largement majoritaires dans la cité de Lodja. Bien que dispersés dans diverses formations politiques, ils ont deux sièges, à l’assemblée nationale et provinciale. Dans la situation actuelle où le clivage inter-communautaire devient plus marqué, il y a une prise de conscience des uns et des autres pour capitaliser au maximum le suffrage de leur groupe. Mende, conscient de cela, procède à la révocation de tous les chefs de quartier Eswe (prochaines communes) du centre-ville, pour les remplacer par ses militants et originaires de Lodja. Cette stratégie vise juste à contrôler les bureaux de vote pour toutes fins utiles afin d’atteindre ses objectifs politiques. De leur cotés le camp Eswe s’organise autour d’une union de faite appelé UNIKALO, Unité Katako-Lubefu, aux mêmes fins. Voilà donc le décor d’une bataille rangée plantée dont il faille craindre les affrontements entre les deux groupes autour d’une part la NORELO (Foret) et UNIKALU (Savane), pour les prochaines échéances électorales.
Les événements du 25 mars 2014 s’inscrivent dans cet ordre de logique. Le rapport du Gouverneur Kasanji ne va rien produire comme effet, s’il n’y a pas l’implication d’une part de la justice, et des politiques d’autre part. Or le contexte politique est très favorable au Ministre Mende car valablement représenté à Mbujimayi, aussi bien dans l’exécutif que dans le législatif provincial. Le vice président de l’assemblée provinciale, pourtant du PPRD, est son dauphin et extrémiste au même titre que les miliciens qui seraient aux arrêts à Mbujimayi. Le Sankuru se trouve comme ça à un point de non retour vers un affrontement beaucoup plus sanglant que ce à quoi nous assistons. Il faut un pouvoir fort qui sanctionne d’abord les commanditaires, puis les exécutants de cette machine de la haine.
Nous constatons qu’avec des crises communautaires de cette nature, il faut une succession de plusieurs des générations pour retrouver la cohésion et la coexistence pacifique entre les communautés s’il n’y a pas de justice équitable couplée avec des sanctions exemplaires. L’injustice et l’impunité ne servent pas une nation mais la détruisent!
2 Comments on “Le Sankuru au bord d’un conflit intra-communautaire dévastateur – T. Tshaombo”
André welo
says:j’espère le chef-lieu du sankuru a lodja
André welo
says:pour la raison de la paix au sankuru que le chef-lieu de la nouvelle province du sankuru soit lodja