Jean-Jacques Wondo Omanyundu
SOCIÉTÉ | 10-05-2013 13:45
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Le Grand chevalier de la plume Thy-René Essolomwa Nkoyi tire sa révérence

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Essolomwa Nkoyi n’est plus !

C’est vers 2 heures dans la nuit de mercredi à jeudi que l’Editeur Directeur Général et de Publication du quotidien ELIMA, paraissant à Kinshasa, a rendu l’âme. L’évènement tragique est survenu à son domicile privé situé sur les hauteurs de la Ville à Binza-Ma Campagne, au quartier Saint Luc. Les membres de sa famille ont alors ramené le corps tout d’abord à la morgue de l’hôpital de référence de Kinshasa avant de le retirer vers 14 heures pour le déposer à la morgue de la Clinique Ngaliema.

Thy-René Essolomwa Nkoyi Ea Linganga fait partie des pionniers de la presse en RDC. Après avoir évolué au sein de l’Hebdomadaire «Courrier d’Afrique », il fonda en 1964 un Bihebdomadaire dénommé «Le Monde», puis «La Tribune Africaine», où vont passer certaines meilleures plumes de la capitale. Il se mua en 1972 en un organe dénommé « ELOMBE » qui allait finir par fusionner avec ELIMA. C’est après cet épisode qu’il va être désigné Editeur-Directeur Responsable du quotidien du soir ELIMA qu’il va diriger de main de maître jusqu’à ce que le Très haut le rappelle à lui. Ces deux dernières années ont été cruelles pour la presse congolaise. Il rejoint ainsi dans l’au-delà les confrères Freddy MONSA du Potentiel, Hervé TSHIMANGA Koya Kakona de MJUMBE, Didier MUNSALA de l’Observateur, SAKOMBI Bakonzo de la RTNC, MANKENDA Voka de l’Observateur, Théophile AYIMPAM Mwana Ngo de la RTNC, OGOBANI Masudi de l’A.C.P., Papy IMPANGA de l’ ANTENNE A, Elise Odikila de la Référence Plus.

Après la disparition de nombreux organes de la presse écrite dans les années ‘70, il ne resta à Kinshasa que deux journaux, à savoir SALONGO qui paraissait le matin et ELIMA qui sortait le soir.

L’un des confidents du maréchal Mobutu

Pendant la période mémorable du MPR-parti Etat, Essolomwa Nkoyi eut le grand privilège de s’introduire parmi les confidents du maréchal MOBUTU. C’est à ce titre qu’il était l’un de tout premiers journalistes à annoncer les grands bouleversements politiques du pays. De sorte qu’en attendant le Journal Télévisé de vingt heures à la Voix du Zaïre, les gens se précipitaient vers 17 heures dans les kiosques à journaux situés dans les grands ronds-points de la ville pour se procurer un numéro d’ELIMA. Celui-ci, faut-il le rappeler fut, plus d’une fois, le tout premier organe à annoncer des grands scoops. Que des fois, la télévision nationale ne montrait-elle pas Thy-René ESSOLOMWA Ea Linganga main dans la main avec le maréchal MOBUTU, en train de faire des tours du vaste jardin de la résidence officielle présidentielle du Mont Ngaliema? Le lendemain, ELIMA sortait un scoop qui bouleversait la vie politique du pays, notamment des grandes décisions concernant le fonctionnement et la physionomie des institutions de la République. ELIMA s’apparentait ainsi au quotidien officieux cairote « Al ARAM » dont le directeur fut aussi l’un des confidents de feu NASSER.

Rupture brutale avec MOBUTU

Au lendemain du 24 avril 1990, ELIMA qui jusque-là était l’un des chantres du mobutisme effectua un revirement spectaculaire de 180 degrés. L’opinion retint le souffle en lisant des titres fantastiques peignant au vitriol le régime au pouvoir qui était encore assommé et tétanisé par les coups de nombreuses et jeunes formations politiques se réclamant de l’opposition. ELIMA passa avec armes et bagages dans le camp des organes dits de l’opposition avec une telle virulence et témérité que l’on n’en croyait pas ses yeux et ses oreilles. Qui l’eut cru ? Le grand chantre du régime MPR-parti Etat, le grand confident du maréchal MOBUTU a traversé la rue pour se réfugier sur la 10ème Rue Pétunias à Limete chez le farouche opposant du fils de maman YEMO. Comme titre assommant, ELIMA sous la plume d’Essolomwa publia une interview-choc lui accordée par Etienne TSHISEKEDI annonçant sa candidature à la présidence de la République contre MOBUTU. Ce numéro fut vendu comme de petits pains à Kinshasa et ses environs. Des centaines des milliers des photocopies furent aussi vendues et quatre organes de presse en Belgique, en France et aux Etats-Unis reproduisirent cette interview qui valut à Essolomwa des menaces de mort de la part des services de sécurité. Invité par le Département d’Etat américain, l’Editeur d’ELIMA fut empêché de monter dans l’avion de SABENA par des agents de sécurité. Une semaine après il fut emmené manu militari à un procès bidon à la Cour d’Appel de la Gombe avant d’être mis aux arrêts à la prison centrale où il passa plus d’un mois.

L’immeuble situé au niveau du rond-point Kintambo-Magasins qui servait de siège à ELIMA fut plastiqué le jour de la prestation de serment du Gouvernement de Salut Public d’Etienne TSHISEKEDI, avant d’être occupé par des éléments de la Division Spéciale Présidentielle. ELIMA se réfugia alors dans les locaux de l’immeuble situé au croisement des avenues Batetela et 30 juin où il fonctionna jusqu’aujourd’hui.

Grand encadreur des journalistes

Le nom d’Essolomwa Nkoyi restera gravé dans les annales de l’histoire de ce pays comme l’un des grands encadreurs des journalistes de la Presse Ecrite en RDC. Du Courrier d’Afrique, en passant par «Le Monde», la Tribune d’Afrique et ELOMBE, que des journalistes n’ont-ils pas bénéficié de l’encadrement et de la formation leur administré par celui qui vient de quitter la terre des hommes. Cet homme jovial ne dédaignait pas la bonne chair et la grande vie. Son cigare toujours à la bouche et démarche de prince, Thy-René ESSOLOMWA était très généreux et compatissant. Il ne manquait à aucun deuil d’amis et connaissances quels que soient le lieu et les circonstances. L’Editeur et les membres de la Rédaction du Phare se joignent à toute la profession ainsi qu’aux amis et connaissances de l’illustre disparu pour présenter à la famille leurs sincères condoléances. Que le Très Haut le reçoive dans son Royaume.

F.M.

Le Phare – 10 mai 2013 

L’équipe Desc-wondo présente aux familles biologique et professionnelle du défunt ses sincères condoléances.

Jean-Jacques Wondo

En guise de clin d’oeil à l’illustre disparu, voici un commentaire de la présentation de son ouvrage : « La fin d’un zombie« :

Le livre «La fin d’un zombie » de Thy René Essolomwa Nkoy Ea Linganga porté sur les fonts baptismaux
(Digitalcongo.net 01/12/2005)

Le ministre de la Presse et de l’Information, Henri Mova Sakanyi, a porté mercredi, au Grand Hôtel Kinshasa, aux fonts baptismaux le livre « La fin d’un zombie », œuvre de Thy René Essolomwa Nkoy Ea Linganga, Editeur- rédacteur en chef du journal congolais « Elima ».

La cérémonie s’est déroulée en présence de plusieurs personnalités, dont le nouveau ministre de la Culture et arts, Philémon Mukendi, des responsables des institutions d’appui à la démocratie, des membres du Parlement, des dirigeants des partis politiques et ceux des divers organes des médias.
La fin d’un zombie (monstre), titre de l’ouvrage de près de 300 pages, est une histoire mystérieuse et inédite de feu le Président Mobutu Sese Seko que rapporte l’auteur, un des journalistes qui avaient suivi pas a pas de multiples voyages et autres facettes cachées et secrètes du défunt Maréchal Mobutu, à travers le monde, et plus particulièrement dans les pays de la région des Grands lacs et en Ouganda.

Selon le président de l’UNPC (Union nationale de la presse du Congo)/Ville de Kinshasa, Placide Tabassenge Bakiya, modérateur de la cérémonie, l’ouvrage de Essolomwa n’est pas une simple histoire ni une reproduction d’un quelconque pamphlet contre qui ce soit mais plutôt des faits vécus par ce dernier, le premier journaliste congolais, selon M. Tabassenge, qui a ouvert le feu et secoué sérieusement et dangereusement le régime de Mobutu, qu’il a qualifié de dictatorial et de sanguinaire.

Essolomwa Nkoy Ea Linganga, vivant pratiquement dans l’ombre, décrit Mobutu dans son livre comme l’homme qui a endeuillé le pays aux dernières heures de sa vie. Dans la première partie du livre, Essolomwa démontre que Mobutu fut un homme aux événements mystiques et dangereux, logique, lucide, intelligent, érudit et politiquement façonné par lui-même et par une partie d’Occidentaux.

L’auteur dit que le régime de Mobutu, malgré les apparences, était condamné à brève échéance. Ce régime ne pouvait ainsi continuer, non seulement à braver l’usure du temps, mais aussi à résister indéfiniment tant à la perversion de ses dirigeants qu’à la destruction systématique de l’Etat.

Dans la seconde partie du livre, le journaliste-écrivain Essolomwa présente les pays de la région des Grands lacs en stigmatisant leurs intérêts réciproques au sein d’une communauté plus large où ceux-ci tentaient d’aplanir leurs divergences.

« Mobutu en a été pendant très longtemps le leader incontournable, régentant à sa manière la vie politique de cette sous-région.

Mais, le Rwanda et le Burundi attendaient leur heure, leur moment. A la première occasion, ils n’ont pas hésité à le poignarder dans le dos », écrit l’auteur. Dans la troisième partie du livre, Essolomwa retrace le film de la guerre de l’Est du pays avec toutes les conséquences des massacres qui en ont résulté ainsi que la valse diplomatique et les négociations qui s’en suivirent mais qui ne parvirent pas à sauver Mobutu.

« Ce sera la fin d’un homme », conclut l’auteur dans cette dernière partie de son livre.

Mova Sakanyi : Ce livre est un chéneau pour éclairer l’opinion

Le ministre de la Presse et de l’information, Henri Mova Sakanyi, en portant cet ouvrage aux fonts baptismaux, a expliqué que ce livre de Essolomwa est un chéneau pour éclairer l’opinion. Pour M. Mova, que ceux qui ont vécu l’histoire de la RDC apportent d’autres éléments à l’opinion, au lieu de persister dans le mutisme. Le ministre Mova, se disant sensible à ce que ce livre revient d’un témoignage de celui qui a vécu ce qu’il a raconté, a estimé que cet ouvrage soit marqué d’une pierre blanche, Essolomwa, selon lui, se révélant une bibliothèque.

Hommage à Sédar Senghor

L’auteur du livre, Essolomwa, a rendu un hommage à l’ancien Chef de l’Etat sénégalais, Léopold Sédar Senghor, en rappelant la visite que celui-ci avait effectuée en 1972 en RDC et au cours de laquelle cette haute personnalité traitant de la négritude, avait félicité le Président Mobutu pour sa politique de l’authenticité. Mais, M. Essolomwa a souligné que pour le Président Senghor, un bon journaliste est celui qui entretient sa documentation. « Tel est son cas», a-t-il explicité.

| Bulletin de l’Acp

 

 

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