Le Gouverneur de la banque Centrale du Congo, Deogratias Mutombo, surfe sur la démagogie ?
La RDC ambitionne s’insérer parmi les économies émergentes à l’horizon 2030
Radio Okapi, 8 août 2013
La République démocratique du Congo (RDC) souhaite s’insérer parmi les économies émergentes à l’horizon 2030. Le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Deogratias Mutombo, a affirmé, jeudi 8 août que son institution, en collaboration avec la firme Wordson Audit and Consulting, comptent accompagner le gouvernement pour matérialiser ce projet.
Mais pour y parvenir, le gouverneur de la BCC a indiqué que la RDC ne devra plus compter seulement sur les partenaires dont l’aide publique au développement et les financements sont de plus en plus faibles.
Face à la réduction de l’aide publique au développement et à la faiblesse des financements bilatéraux et multilatéraux au regard des besoins, il est indispensable de réfléchir sur l’élargissement de notre système financier en incluant le volet marché boursier, en vue d’optimiser le financement de l’économie nationale », a déclaré Deogratias Mutombo, lors de l’ouverture à Kinshasa d’un séminaire atelier sur le développement des marchés financiers en RDC.
Selon lui, cet atelier qui devra pendre fin vendredi 9 août réfléchira sur les conditions d’émergence d’un marché financier structuré et moderne en RDC.
La BCC estime qu’il faut développer un marché financier en vue de résoudre le problème récurent de financement de l’économie congolaise.
Le marché financier met en interaction les personnes qui offrent l’argent et celles qui en demandent. Celui qui offre l’argent peut être un Etat, une entreprise, un individu ou aussi une organisation qui estime avoir assez d’argent pour prêter à ceux qui en ont besoin. Les mêmes organisations, entreprises, Etats ou individu peuvent aussi être demandeurs de l’argent.
Lorsqu’une entreprise, un Etat, un individu a besoin de réaliser un projet d’investissement et que l’argent lui manque, le lieu le mieux indiqué est de recourir au marché financier pour demander de l’argent. Et cet argent emprunté est restitué avec des intérêts dont le taux est fixé de commun accord entre l’offreur et le demandeur.
Note de Desc-Wondo
Les observateurs peuvent se rendre vite compte que malgré les performances macroéconomiques par la forte augmentation de la croissance économique, du reste conjoncturelle (hausse des prix des matières premières et non structurelle du fait de manque de liberté économique et de kleptocratie qui s’érige en mode de gouvernance), tous les indices socioéconomiques sérieux classent la RDC au rang des pays les moins performants du monde et même d’Afrique.
Des lueurs d’espoir ?
Telle est la question posée par David Van Reybrouck dans son ouvrage célèbre, Le Congo. Une Histoire. Et l’auteur de répondre, Oui, quelques unes. La monnaie était jusqu’à la crise bancaire internationale de septembre 2008, relativement stable : un dollar valait environ cinq cents francs congolais, ensuite il a grimpé à neuf cents francs congolais. Le budget a augmenté une année après l’autre mais, en 2010, il était encore de 4,9 milliards de dollars, un montant comparable au budget au budget annuel d’une ville de taille moyenne en Europe ou la moitié des moyens financiers de Columbia University à New York pendant une année universitaire. Cela ne permet pas de financer la reconstruction d’un pays gigantesque en ruine. (Van Reybrouck, David ; 2012 ; 543, 545).
Cependant l’inexistence de l’État freine tout !
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire flamand « Humo », le 25 février 2010, le professeur Filip Reyntjens) de l’université d’Anvers avance que le budget actuel de la RDC est équivalent à celui de sa ville d’Anvers. «Le gâteau est si terriblement petit, si petit qu’on ne peut pas se permettre d’être chassé du pouvoir», dit-il. « La Belgique a un PIB d’environ 450 milliards de dollars, et là nous vivons à dix millions d’habitants. Les près de quarante pays d’Afrique subsaharienne totalisent un PIB de 850 milliards de dollars américains pour près d’un milliard d’habitants. C’est hallucinant ? Comment pouvez-vous à ce point là assurer pour vous et votre famille la sécurité matérielle et le bien-être sans disposer d’un pouvoir politique sans pillage économique de votre pays ? Raison pour laquelle la lutte pour le pouvoir est si violente. »
Il enchaîne en martelant qu’il faut absolument reconstruire une nouvelle structure de l’Etat au Congo, autrement, vous ne pourrez jamais mettre fin à la corruption. Un État, éclaire-t-il, est la manière idéale que nous connaissons pour organiser la vie en société. Elle obtient les moyens de l’économie via le prélèvement des impôts pour les injecter à l’enseignement, aux infrastructures, aux fonctionnaires, etc. C’est un processus fondamental difficile dans un pays avec de telles pénuries énormes comme le Congo.
LUtopie démagogique de l’émergence du Congo à l’aulne 2030?
En 2009, renseigne David Van REYBROUCK dans son ouvrage Congo. Une Histoire, le PNB par habitant était de deux cents dollars, ce qui est nettement supérieur aux quatre-vingt dollars de 2000, mais encore très loin des quatre cents dollars de 1960. Pour atteindre le niveau actuel du Congo-Brazzaville (Ndlr: 4250 dollars par habitant par an, grâce à la gestion assez bonne des rentes du pétrole), la population devra patienter jusqu’en 2040, peut-on lire dans un document interne du Premier ministre en février 2010 (Van Reybrouck, David ; 2012 ; 546).
Cela contredit les ambitions démesurées et irrationnelles, certainement avancées à des fins démagogico-propagandistes du candidat Joseph Kabila en 2011, dans son projet de campagne : « La révolution de la Modernité », qui veut faire du Congo un pays émergent à l’Horizon 2030. En effet, Dans le pamphlet de campagne de KABILA, on peut lire : La Révolution de la Modernité, cette vision fondatrice, entend faire émerger le Congo par delà les clivages politiques et idéologiques et au-delà des contingences conjoncturelles. Elle repose, par delà la personne de son initiateur, sur l’ambition d’un Congo émergent à l’horizon 2030 et d’un Congo développé à l’horizon 2060.
Comment y parvenir dès lors qu’en 2040, on aura seulement atteint le niveau de performance – si de surcroit on travaille dur et sans corruption ! – équivalent à celui du Congo-Brazzaville d’aujourd’hui, alors que ce pays est encore à des dizaines d’années d’accéder à l’inner cercle des pays émergents ?
Voici le gouverneur de la Banque Centrale, le Lubakat Mutombo Nyembo, bénéficiaire d’une nomination ethno-clientéliste, amener l’opinion au divertissement et contredire les études réalisées et les chiffres établis par Premier ministre Matata lorsque ce dernier était ministre des Finances. Soit Matata ment ou (exclusif) Mutombo ment. Qui de deux a dit la vérité? JJW