Jean-Jacques Wondo Omanyundu
GÉOPOLITIQUE | 04-08-2022 12:15
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Le gouvernement congolais demande à l’ONU l’expulsion de son porte-parole en RDC

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Un soldat de la paix de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) est à bord de son hélicoptère au-dessus de l'entrepôt de la force de maintien de la paix des Nations Unies à Goma, dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, le 26 juillet 2022. REUTERS - STRINGER
Initialement publié dans rfi.fr/fr/afrique

Après avoir demandé la réévaluation du calendrier du retrait progressif de la mission onusienne, le gouvernement congolais a officiellement demandé le départ du porte-parole de la Monusco Mathias Gillmann, qu’il accuse, dans une interview accordée à RFI, d’avoir envenimé la situation. Une correspondance officielle a été envoyée à la Monusco pour signifier la position des autorités congolaises.

Avec notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi

Selon le gouvernement congolais, les tensions actuelles entre la population et la Monusco sont dues notamment aux déclarations jugées « indélicates et inopportunes » de Mathias Gillmann. Dans une interview accordée à RFI le 13 juillet à Kinshasa, le porte-parole de la Monusco affirmait que le déploiement d’une grande partie des ressources de la mission onusienne et de l’armée congolaise dans la lutte contre le M23 avait des conséquences négatives sur les autres régions, que la Monusco ne dispose pas de moyens militaires pour faire face au M23. Reprenant les propos de Bintou Keita, cheffe de la Monusco au Conseil de sécurité de l’ONU, il avait également expliqué que le M23 se comportait comme une armée conventionnelle avec un arsenal militaire sophistiqué.

Dès le lendemain de l’interview du porte-parole de la Monusco sur RFI, la présidence congolaise avait fait part de sa désapprobation. Une lettre demandant son départ avait d’ailleurs été envoyée à la mission onusienne.

Au sein de la Monusco, on confiait ne pas comprendre cette levée de bouclier contre Mathias Gillmann. D’autant plus que celui-ci n’avait fait que répéter des propos tenus par la cheffe de la Monusco, Bintou Keita, fin juin devant le Conseil de sécurité des Nations unies.

Dans la lettre envoyée à Bintou Keita, le ministre des Affaires étrangères Christophe Lutundula considère que « la présence de Mathias Gillmann n’est pas de nature à favoriser un climat de confiance et de sérénité entre les institutions de la RDC et la Monusco, de faire aboutir le plan de transition aux fins de son retrait définitif de la RDC ». Il demande l’expulsion du porte-parole de la mission de l’ONU dans le pays, « un départ dans le plus bref délais », écrit le ministre congolais des Affaires étrangères à la cheffe de la Mission des Nations unies.

Canaliser le mécontentement

Du côté de la Monusco, on se dit surpris de la tournure que prennent ces événements qui occultent « les vrais problèmes ». Ces dernières semaines, la Monusco insiste sur l’urgence de parvenir à la désescalade dans cette crise impliquant le M23 afin qu’elle et les FARDC se focalisent sur d’autres crises. Plusieurs ambassadeurs occidentaux en poste à Kinshasa ont également tenté d’intervenir.

Selon Jean-Jacques Wondo, analyste des questions sécuritaires et politiques en Afrique centrale, les autorités de Kinshasa cherchent, en visant la Monusco, à canaliser le mécontentement de la population et à recréer un sentiment de cohésion nationale.

Chercher le départ de la Monusco dans un contexte de crise où le gouvernement ne remplit pas un grand nombre de ses objectifs permet au gouvernement de créer une sorte de cohésion nationale autour de sa politique et ici l’expulsion de M. Gillmann pourrait entraîner une vague d’adhésion populaire pour dire que nous faisons notre travail et que le Congo reste un pays souverain et qu’il n’est pas question que d’autres personnes nous donnent les ordres sur la marche à suivre

Jean-Jacques Wondo: «Il y a une stratégie subtile de la part du gouvernement qui veut se cacher derrière la population»

Entre-temps, sur le terrain militaire, le M23 a repris son offensive et est arrivé hier à une trentaine de kilomètres de Goma, aux alentours du camp militaire Rumbangabo.

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