Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 03-04-2015 01:06
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Le Général Olenga, un homme seul et un chef sans troupes! – Joël Kandolo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Le Général Olenga, un homme seul et un chef sans troupes! 

Joël Kandolo Owawa

Le cas du Général d’armée François Olenga Tete est un cas qui devrait interpeller tout observateur averti ! Il apparait aux yeux des communs des mortels comme s’il y avait une lutte des chefs entre Olenga et Etumba autour de Kabila mais dans les faits, c’est un cas plus complexe qu’il en a l’air.  En réalité, le général Olenga est dans une certaine mesure victime de la coalition rwando-Kabiliste au pouvoir à Kigali et à Kinshasa mais aussi et surtout victime de lui-même.

francois-olenga

Si Olenga a atteint le niveau de pouvoir qu’il a eu à un certain moment, cela n’est pas un fait du hasard ni le fruit d’une certaine compétence en tant que chef militaire mais c’est une histoire qui remonte plus loin que l’époque de l’accession de Joseph Kabila au pouvoir. Toutes fois, lors de l’accession de Kabila au pour, il faut noter que Olenga a été parmi les hauts gradés à encadrer cette prise de pouvoir par Joseph et il a toujours été à ses côtés et parmi les personnes les plus influentes du régime à un certain moment. Il sied de noter que le général Olenga, grâce ses liens avec les pays de l’Europe de l’est (pour y avoir séjourné et effectué sa formation militaire inachevée en Tchécoslovaquie pendant son exil) est la personne qui a ouvert à Kabila les portes de l’est et de surcroit celles du Kremlin.

En effet, Kabila, sentant la terre occidentale se dérober sous ses pieds à cause de son incompétence du fait qu’il ne respecte aucun accord, avait besoin d’un autre souffle pour ne pas s’étouffer sous la pression occidentale. Le Général Olenga a secoué en sa faveur ses relations et ceux qui savent connaissent les résultats combien importants (pour le régime Kabila) de cette ouverture envers les pays de l’Est.

Ce qui arrive actuellement au général Olenga, éloigné du commandement effectif des troupes, n’est que la suite logique des choses. Et si nous avons estimé qu’il est victime de la coalition rwando-Kabiliste, c’est parce que tous les éléments étaient réunis pour faire de lui la prochaine cible de l’establishment rwandaise qui télé-dirige le Congo mais qui font croire comme d’habitude que cette lutte est congolo-congolaise(entre Olenga et Etumba) mais bien entre lui et Paul Kagame, l’homme qui intime les ordres à Kabila!

Paul Kagame que lui Olenga n’a jamais cessé de traiter de « crevette » qu’il écraserait en tout moment s’il le voulait mais hélas la crevette est en train d’avoir raison du requin. Si le général Olenga est encore en vie aujourd’hui c’est tout simplement pour des raisons utiles entre autres celles évoquées plus haut (relations avec le Kremlin) mais aussi et surtout il était encore le visage qui « congolisait » le pré-carré de Kabila.

Depuis l’assassinat de Laurent Désiré Kabila, aucun congolais ne s‘est montré critique à l’égard du Rwanda et avoir la vie sauve ou être toujours dans les bonnes grâces de Joseph Kabila. Mais le général Olenga reste la seule personne à avoir non seulement critiqué et menacé ouvertement le régime de Kigali, il est le seul à avoir même ordonné des tirs de l’armée congolaise vers le Rwanda à la grande satisfaction de l’armée et du peuple congolais qui a vu en lui enfin le vrai soldat du peuple qui pourrait les laver de l’opprobre rwandaise dont Joseph Kabila l’a jeté. Cela lui a juste valu « un tirage de gueule » entre lui et Kabila. Nul n’ignore ses discours tonitruants lors de ses causeries morales avec les troupes quand il a été nommé chef de l’armée de terre. Dans la logique de Kabila de ne jamais froisser le régime de Kigali, Olenga était quelque part un homme à abattre ou à écarter malignement car non seulement il avait la confiance des troupes (car il savait les motiver) mais il commençait à attirer la sympathie de la population.

Après l’assassinat du colonel Mamadou Ndala et la suspecte mort du général Bahuma, les deux artisans (avec Olenga) de la déroute des troupes rwandaises du M23, tous les cris se sont élevés pour attentionner Olenga du fait qu’il était naturellement la prochaine probable cible et les stratèges rwandais ont compris qu’il (Olenga) avait une certaine envergure et un coup trop voyant contre lui aurait eu peut être des conséquences incontrôlables. Il fallait donc agir en douceur et surtout utiliser la ruse, l’appâter car connaissant son affairisme effrénée, on lui laissera le champ libre dans la négociation et l’acquisition des équipements militaires en Ukraine, sans oublier ses autres affaires connexes dont le Safari Beach et ses autres combines répertoriées par l’Interpol…

Bien qu’averti quotidiennement (par DESC entre autres) sur les sérieuses menaces qui pesaient sur lui, le général Olenga a péché par excès de confiance, par affairisme, par manque d’ambition pour ce peuple dont il a été le soldat depuis les premières heures de l’indépendance du Congo. C’est d’ailleurs la cause de son exil vers les pays de l’Europe de l’est, exil qui prendra fin lorsqu’il rejoignit les troupes de l’AFDL pour enfin chasser Mobutu du pouvoir. Sur le plan idéologique, le général François Olenga reste un nationaliste lumumbiste de sang et par le fait qu’il soit de la même ethnie que le héros national. Cela lui conférait une certaine confiance des milieux révolutionnaires antimobutistes et des pays du bloc de l’est. Son carnet d’adresses sera d’une grande utilité pour le pouvoir actuel qui en a tiré tous les bénéfices sauf que lui-même, l’intéressé, à part le profit financier (qui reste très volatile) n’en a pas tiré un profit politique conséquent et cela pourrait lui couter extrêmement cher.

Par manque d’ambition personnelle et à cause d’une loyauté viscérale et aveugle à Kabila (ce qui fait dire à certains observateurs qu’ils seraient liés par un pacte de sang), le Général Olenga semble avoir complètement avoir laissé de côté le combat de sa vie; la lutte de de sa jeunesse; ce qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui; le combat contre la dictature de Mobutu et l’émancipation du peuple congolais. Au contraire, il a privilégié ses intérêts personnels sans tenir compte que dans ce jeu de haute stratégie dont Kabila bénéficie de l’expertise des officines de Kigali, lui Olenga est un mal mais nécessaire qu’il faudra écarter au bon moment.

Rien ne dit qu’avec la tournure actuelle des évènements, il jouira toujours par exemple de sa propriété du Safari Beach car cela pourrait être un moyen de pression parmi tant d’autres pour Kagame (via Kabila) pour lui faire accepter l’inacceptable. Qui sait? Olenga s’est complètement trompé en misant également sur la liaison entretenue un moment donné entre Kabila et sa nièce pour croire qu’il devenait incontournable mais c’était une manière de Kabila de l’amadouer (et peut être mieux le Controller) le temps que la stratégie de son éloignement prenne corps!  

Pour revenir à la situation actuelle qui semble être conséquente des évènements du 19, 20 et 21 janvier 2015, remarquons qu’avant d’être nommé à ce poste de Chef d’état-major particulier du chef de l’Etat, il y a eu une succession des faits dont Olenga semble ignorer mais qui prennent tout leur sens actuellement. Ainsi, ce qui se passe n’est que le début de l’épilogue d’un grand jeu qui se jouait autour de lui sans qu’il en prenne vraiment la mesure, bien que prévenu à plusieurs reprises.

  1. Sa nomination à la tête de l’armée de terre est synonyme de la victoire contre le M23. Ses discours et sa position tranchée contre les envahisseurs rwandais, le discours du général Etumba devant les troupes à l’occasion de cette victoire ne citant pas Olenga comme artisan de la victoire mais bien Kabila et lui[1].
  2. L’assassinat du Colonel Ndala et la mort inopinée du général Bahuma (les tombeurs des rwandais du M23) et son éloignement par l’état-major général lors de obsèques officielles du colonel Ndala.
  3. Les multiples tentatives d’assassinats dont il a fait l’objet de la part des éléments rwandais infiltrés dans les FARDC.
  4. La mort suspecte de son aide de camp et plus proche collaborateur en la personne du colonel Marc Mukaz. Il a brusquement succombé de suite d’une rupture d’anévrisme en pleine réunion avec les tanzaniens à Kinshasa.
  5. Pendant qu’Olenga est en mission en Europe de l’est, Kabila en profite pour remettre en selle le très contesté général Amisi en lui octroyant le contrôle de région militaire la plus stratégique. Pourtant en tant que le plus proche collaborateur militaire de Kabila, Olenga aurait dû donner son aval (ou aurait donné déjà son avis négatif) à cette nomination mais étant donné le climat délétère qui règne entre Olenga et Amissi, tout le monde sait qu’Olenga n’aurait jamais été d’accord. Et pour éviter cela, Kabila lui a envoyé en mission-business (car Olenga ne vit que de ça et que pour ça) pour profiter de son absence pour blanchir Amisi Tango Four et le nommer plus tard.
  6. Lorsque les troupes de la Garde républicaine (GR) avaient signifié à Kabila leur mécontentement, c’est lui Olenga que Kabila avait désigné pour aller calmer ces éléments et le fait qu’il ait obtenu des résultats très probants (car il en a fallu de peu pour que cela explose entre Kabila et sa GR), Olenga a cru avoir gagné de l’estime auprès de son chef mais selon des sources proches de Kabila c’était pour Kabila une preuve de trop qu’il est la seule et l‘unique personne qui peut vraiment avoir les troupes à son écoute et par conséquent une personne très dangereuse et dérangeante pour son pouvoir…
  7. Sa nomination en tant que chef de la maison militaire et son élévation au rang de ministre prouvent à suffisance la volonté de Kabila de bien l’éloigner des troupes et le calfeutrer dans un bureau où à part les honneurs. Olenga est plus que jamais complétement tenu à une distance respectable des troupes (qui pourtant l’apprécient énormément) et il devient moins dangereux pour Kabila et ses alliés rwandais. Retenons en passant que juridiquement (selon l’EMG), l’ordonnance de sa nomination est mal rédigée et pose problème au niveau de ses attributions car à ce poste, tous les services de sécurité dépendaient de lui y compris la GR. Selon une source militaire proche du Général Etumba qui était en contact avec Jean-Jacques Wondo, cette ordonnance va être revue et Olenga va voir ses attributions réduites au strict minimum.  Il s’agit pourtant de quelque chose qui a été faite sciemment (par les stratèges de Kabila) en prévision de ce qui se passe actuellement. Aussi à cause du changement de régime à Kiev, le deal conclu entre Olenga et l’ancien régime pro russe a été bloqué par le nouveau régime pro occidental et cela a été retenu comme griefs contre Olenga auprès de Kabila. Mais vu que cette situation est en passe d’être résolue, et Olenga était en mission pour cela, rien ne dit qu’après cette dernière mission utile, il maintiendra toujours ses prérogatives car il aurait été trop risqué pour Kabila de le mettre au vert avant le dénouement de cette situation car Olenga est l’interlocuteur privilégié de Kabila avec le Kremlin et l’Europe de l’Est et d’ailleurs, un signe qui ne trompe pas c’est la commande effectuée par le Général Célestin Mbala Musense du matériel militaire chinois à la totale insue du général Olenga.

Lors des émeutes de janvier 2015, l’on retiendra que la GR n’est pas parvenue à bien gérer la situation et le conseil de sécurité avait attribué insidieusement cet échec à Olenga car ce fut la police, avec l’aide du général Etumba (Gendarme de spécialisation) qui reprendra les choses en mains. Cela va être utilisé contre Olenga pour le dépouiller de ses pouvoirs. Ainsi, la GR va bientôt passer peut être sous le contrôle du Général Etumba qui est également Chef d’état-major général des FARDC. Il y a un autre fait anodin que beaucoup ignorent mais il a été officiellement déclaré que des caches d’armes ont été découvertes à la Bralima et ailleurs et jusque jusque maintenant, les suspects seraient interrogés par les services de sécurité mais on ignore qui en est l’auteur. Cet élément est encore utilisé contre Olenga afin de prouver sa défaillance ( ) car cela prouve que la DEMIAP (renseignements militaires), placée sous l’autorité fonctionnelle du général Olenga, a failli à sa mission. Toutes ces contreperformances, pour ne pas dite fiasco, sont imputables au Général Olenga qui en payera le prix avec la conséquence que le contrôle ou le commandement de ce service stratégique pour la sécurité militaire du pays va encore lui être ôté mais au profit de qui ?

Or, ce qui ressort des renseignements obtenus des sources onusiennes est que lors de cette répression sanglante de janvier, il y a eu deux camps qui se seraient formés d’un côté ceux qui étaient pour la répression totale dans le sang des manifestants et d’un autre coté les légalistes, ceux qui prônaient de la mesure envers les manifestants et Olenga faisait partie ou était à la tête de ce mouvement et comme nous l’avons tous constaté, cette manifestation a été réprimé dans la violence. Cela suppose que le camp de la manière forte a eu raison sur l’autre camp! Olenga est donc actuellement un homme seul, isolé de ses troupes, sans réels pouvoirs, accusé (à tort) de défaillance, sans les renseignements militaires ni la GR sous son contrôle. Seul Kabila, sous les ordres de Kigali, sait ce qu’il lui réserve pour son avenir et à défaut de lui mettre complètement à l’écart vu qu’il en sait de trop, et par crainte des réactions à un assassinat barbare comme pour tous ceux qui se sont mis au travers du chemin rwandais au Congo, Kabila et sa clique vont peut-être utiliser d’autres moyens de pression pour avoir son silence dans le « garage poli » où il est en train d’être conduit, tel un agneau que l’on conduit vers l’abattoir !!!

Son prétendu rapprochement avec les services de Katumbi viendrait peut être sonné les glas de son écartement définitif du pré-carré de son chef. Espérons qu’il a encore un tour dans son sac mais en l’état actuel des choses, le Général Olenga est un homme seul car il a oublié le dicton qui dit qu’une personne averti en vaut deux. Hélas, lui, bien qu’averti semble toujours être seul car Ndala, Bahuma, Mukaz ne sont plus là et au bout de la chaine, c’est Paul Kagame (la crevette selon lui) qui est entrain de l’écraser et il ne lui reste qu’à l’assommer peut-être l le coup fatal.

Joel Kandolo Owawa / Exclusivité DESC

[1] A en croire certaines indiscrétions, le Plan de neutralisation définitive du M23, baptisé “Pomme Orange”, a été conçu au début du mois d’avril 2013 par le commandant suprême FARDC, Joseph Kabila. Il a été géré dans le plus grand secret avec le chef EMG, le général, Didier Etumba, et n’a été dévoilé dans son volet opérationnel au général Bahuma, commandant de la 8ème Région militaire (Province du Nord-Kivu) – See more at: http://afridesk.org/quand-la-defaite-du-m23-provoque-une-guerre-entre-les-generaux-olenga-et-etumba/#sthash.RPblZW4W.dpuf.

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One Comment “Le Général Olenga, un homme seul et un chef sans troupes! – Joël Kandolo”

  • akumakongo

    says:

    Le général OLENGA a bu un somnifère rwandais .le peuple comptait sur lui face aux tueurs rwandais qui ont envahi le pays .Il n’a jamais pris conscience que sa vie est menacée par l’occupant rwandais tutsi ,Hippolyte kanambe Alias joseph Kabila,comme en atteste le cas Mamadou Ndala ou Bahuma et compagnie.Il fréfère etre démoli par des poisons des rwandais sans faire de la résistanceYa biso ba soda bakufaka na poison ya ba rwandais ,ba zali na makasi te po na kokanga Kabila na singa lokola mbwa oyo alalaka libanda en tout ba général oyo ya Congo bazali lokola basi batekaka mbisi na zando ya KIMBASEKE.

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