Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 07-09-2022 09:40
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Le destin brisé du Sénateur et Colonel Omba, ex-Directeur de sécurité de Mobutu – JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Le sénateur et colonel en retraite, Raymond Omba Pene Djunga, est décédé ce 26 août 2022 à Kinshasa de suite de maladie. Communément connu sous le nom du Colonel Omba, il a fait partie des 14 premiers Congolais admis et diplômés de la prestigieuse Ecole Royale militaire (ERM) belge, en 1960, parmi lesquels 12 de la 100ème promotion Toutes armes et 2 de la 115ème promotion Polytechnique[1]. Le Colonel Omba était surtout connu pour avoir été le tout premier Secrétaire particulier de Mobutu après son coup d’Etat du 24 novembre 1965.

Première promotion des Congolais, Burundais et Rwandais de l’ERM Belgique en 1960

 

Un début de parcours militaire et sécuritaire brillant dans l’entourage direct de Mobutu

Né le 8 avril 1938 à Katako-Kombe dans la province du Sankuru, le jeune Omba est recruté en avril 1960 au sein de la Force Publique pour aller suivre une formation d’officier à l’Ecole Royale Militaire à Bruxelles.

A son retour au Congo en 1965, il est affecté au cabinet de l’auditeur général de l’Armée nationale congolaise (ANC), le Colonel belge Van Halleweyn. Ce dernier le proposera comme premier secrétaire du cabinet du nouveau Président Mobutu, le 26 novembre 1965, soit deux jours après le coup d’Etat.

Par ailleurs, lorsque le Général Mobutu prend le pouvoir le 24 novembre 1965, la déliquescence du secteur de sécurité et de renseignements congolais était telle que la fameuse Sûreté Nationale du pouvoir central à Léopoldville (Kinshasa), héritée de l’époque coloniale, n’exerçait aucun contrôle sur les territoires de deux anciens Etats sécessionnistes du Katanga avec sa Gendarmerie Katangaise de 10.000 hommes et du Sud-Kasaï avec une milice locale de quelques 3.000 hommes[2].

En 1969, le Président Mobutu initie une série de réformes portant essentiellement sur une décolonisation du secteur de sécurité congolais. Le 7 janvier 1969, il nomme le lieutenant-colonel Pierre Efomi comme Administrateur en Chef de la Sûreté nationale en remplacement du Colonel Singa. Ce dernier devient ambassadeur du Congo à Nairobi, avant d’aller se perfectionner à l’Ecole d’application de l’Ecole royale de Gendarmerie en Belgique. C’est alors que le colonel Efomi fera appel au colonel Omba et obtiendra son détachement de l’auditorat militaire vers la sureté nationale en vue de les réorganiser.

La restructuration de la Sûreté nationale, héritée du modèle colonial, donne lieu en 1970, après l’inauguration du premier septennat de Mobutu en décembre 1970, à une nouvelle dénomination : le Centre national de documentation (CND).

Le jeune officier Raymond Omba Pene Djunga
Administrateur principal du CND, Chef du Conseil national de sécurité et point focal congolais de la CIA

Très satisfait de ses prestations à ses côtés, Mobutu élève Omba au grade de colonel en 1969. De septembre 1969 à octobre 1971, le colonel Omba va exercer les fonctions d’Administrateur principal du Centre National de Documentation (CND) en tant que numéro deux de cette institution de renseignements congolais. Le 27 janvier 1971, l’ordonnance nº  71/014 fixant les attributions et l’organisation du CND restructure le CND en deux départements : Département de la documentation intérieure (CND/DDI) et Département de la documentation extérieure (CND/DDE). Edouard Mokolo wa Pombo est nommé Administrateur général du DDE et le Colonel Omba devient Administrateur général du DDI en remplacement du lieutenant-colonel Mika. Mika était également responsable de la sécurité présidentielle et est remplacé à la fonction d’officier de sécurité du Président de la République par le capitaine Donatien Mahele Lieko Bokungu.

Le colonel Omba assumera ensuite les fonctions d’Administrateur général (numéro un) du CND d’octobre 1971 à décembre 1972. Il cumulait également les fonctions de Secrétaire particulier du Chef de l’Etat, de Directeur de sécurité rapprochée du Président et surtout du Secrétaire général du Conseil National de Sécurité (CNS)[3] – jusqu’en juin 1975, date de son arrestation dans l’affaire de « coup d’Etat monté et manqué »[4].

La création du MPR, le recours à l’authenticité et la zaïrianisation et instaurent le népotisme dans les services à partir de 1971

En tant que Secrétaire général du CNS, le Colonel Omba était le coordinateur de tous les services de renseignement militaires et civils du Zaïre. Ce qui avait fait de lui l’homme fort du régime Mobutu après son chef direct. Un Tetela qui gêne, me dira-t-il au cours de nos nombreux échanges.

En effet, dans le cadre de l’implémentation de la politique d’authenticité, le Congo fut baptisé Zaïre en 1971. Ainsi, l’ANC devient les  »Forces Armées Zaïroises » (FAZ). L’évolution de l’armée et des services de sécurité connait un nouveau tournant. Il s’ouvre alors une nouvelle période de politisation et de prétorianisation de l’armée et des forces de sécurité : népotisme, politisation, tribalisme, affairisme, terrorisme d’Etat, assassinats politiques, pillages de tous genres dont Omba et plusieurs valeureux officiers zaïrois payeront le prix quelques années plus tard.

Le 4 octobre 1973, Mobutu prononce un discours fleuve à l’assemblée générale des Nations Unies. Il y expose « la charte des rapports sociaux au niveau planétaire tels que les conçoit le Zaïre » et fustige les relations déséquilibrées Nord-Sud qu’il souhaite « plus justes et toujours équitables dans le respect absolu de l’authenticité de chacun »[5]. Mobutu tente de s’affirmer sur le plan mondial et africain. C’est l’époque du non-alignement. En conséquence, Mobutu manifeste une certaine méfiance envers l’Occident. En effet, le 30 novembre 1973, à travers la « zaïrianisation », Mobutu décide de confisquer quelques milliers de petites et moyennes entreprises, d’exploitations agricoles, de plantations et de fonds de commerce qui appartenaient encore aux étrangers, en particulier des Belges et des Portugais, pour les offrir à ses fidèles[6]. Une nouvelle crise naït entre la Belgique et le Zaïre en 1974, polarisée par la sortie en Belgique, en 1974, du livre de Jules Chomé « L’ascension de Mobutu, du sergent Joseph Désiré au général Sese Seko ». La publication de cet ouvrage réquisitoire contre Mobutu est interdite en France.

Durant cette période, les services des renseignements congolais et l’armée deviennent le théâtre des luttes d’influence de tous genres. Il s’instaure progressivement un régime de répression des cadres militaires jugés proches de la Belgique et des Etats-Unis d’Amérique, deux pays soupçonnés de vouloir attenter à la vie du Président-Fondateur du MPR dont le Colonel Omba et plusieurs officiers feront les frais.

Le Colonel Omba, point focal encombrant de la CIA au Zaïre entre 1965 – 1975

En sa qualité de Secrétaire général du CNS et coordinateur de tous les services de renseignement militaires et civils du Zaïre, le Colonel Omba exerce des fonctions hautement stratégiques en pleine période de Guerre froide[7]. Une époque où le Zaïre occupait le centre névralgique du dispositif géostratégique régional américain (et occidental) pendant que Mobutu était dépositaire attitré de la marque CIA en Afrique médiane. De ce fait, le colonel Omba devient officiellement le point focal incontournable de la CIA et des services de renseignements étrangers au Zaïre. C’était à l’époque où Laurent-Désiré Kabila entretenait sa rébellion de Fizi et Baraka, période supposée de la naissance de Joseph Kabila, lorsqu’il avait kidnappé de ressortissants américains. Honnêteté intellectuelle oblige, c’est bien à Omba et non au feu Honoré Ngbanda qu’il convient d’attribuer la conception, la planification et l’exécution de toutes les opérations de ratissage du maquis et de traque du rebelle Kabila à l’est de la RDC et en Tanzanie[8].

Voici un extrait audio de notre échange qu’il voulait que je publie à titre posthume, sans aucune polémique. C’est juste une question de restitution de la vérité.

Extrait d’entretien avec le Colonel Omba à Bruxelles, le 13 septembre 2017

Par ailleurs, la fonction de Directeur de sécurité du Chef de l’Etat lui conférait la responsabilité de gérer totalement la vie privée et l’occupation journalière détaillée de Mobutu[9].

A cet effet, le Colonel Omba déclare ceci : « la prise en charge de cette fonction donnera lieu à un pacte de sang’, cérémonie où je ne pus formuler le serment, aucun son ne sortit de ma bouche »[11]. « Cet incident ne souleva aucune réaction visible de la part du Président, mais il mit fin à toutes ses tentatives de me placer sous sa coupe satanique. (…). Ironie du sort, Mobutu, qui avait été secrétaire particulier de Patrice Emery Lumumba, un fils de Katako-Kombe, qu’il avait trahi et envoyé à la mort, me nommera moi, un autre fils de Katako-Kombe, comme son secrétaire particulier, pour m’accuser ensuite de trahison et me condamner à mort. Drôle de revanche à l’envers ! C’est ce que les Kinois appellent ‘match nul’ »[12].

En réalité, le Colonel Omba, alors Secrétaire particulier et directeur de sécurité de Mobutu, était farouchement opposé à la zaïrianisation. Son opposition à cette mesure qu’il qualifiait d’inique provoqua l’antipathie de son chef, au point de le traiter publiquement de « Brutus » au cours d’un meeting organisé au Stade Tata Raphaël, le 17 juin 1975, quatre jours après son arrestation. Selon lui, la zaïrianisation était une escroquerie nationale. On dépouillait les opérateurs économiques étrangers pour enrichir le Chef de l’Etat, qui se taillait la part du lion, ainsi que son entourage, notamment en engrangeant des plantations et usines importantes des privés, lesquelles constituèrent un holding dénommé CELZA, classé comme deuxième entreprise après la Gécamines ! »[13]

Le travail du Colonel Omba à la Centrale de l’Intelligence (notre ex-CIA), me dira-t-il au cours de nos nombreux échanges privés à Bruxelles, ne lui vaudra pas que des félicitations, reconnaissances et mérites de ses supérieurs et autres collaborateurs de service à la Présidence de la République. Au contraire, il va subir des inimitiés, des jalousies, des cabales et des accusations mensongères, jusqu’à l’accuser de « préparer sournoisement la vengeance de la mort de mon frère Atetela, Patrice Emery Lumumba » pour qui il ne cachait pas son admiration. Un jour, le Président Mobutu le convoque à son bureau alors pour l’entendre dire : « je suis content de ton travail mais comme tu fais l’objet de trop d’accusations, je voudrais te protéger en te rappelant près de moi, où tu poursuivras les mêmes activités sous la couverture de Secrétaire particulier ! » Bien mieux, en plus de ces attributions, Mobutu promet à Omba de se charger de l’organisation des recrutements à travers des garnisons, pour une formation spéciale des gardes-du-corps de Mobutu, dont il deviendrait le Chef. Mais curieusement, au terme de leur formation, il dit ne pas être associé ni à la conception, ni à l’organisation de leur prestation de serment. Ce sera le début de sa tragique descente aux enfers.

Les prémisses de la vraie mise à mort des FAZ, écrit le feu Général Célestin Ilunga Shamanga, remontent en réalité aux années 1970 par la « guerre des clans » et « la montée en puissance d’un groupe tribalo maffieux au sein des forces armées »[14]. C’est précisément à cette époque que l’on situe les premières conséquences de la désorganisation qui a affaibli l’armée et les services de sécurité. La guerre de succession que se livraient les généraux successivement promus a eu pour conséquence d’ouvrir la porte au clanisme, au tribalisme, au régionalisme, à l’affairisme sans vergogne et au clientélisme.

En effet, la mise à mort de l’armée a surtout été caractérisée par la valse d’épurations de valeureux officiers au sein des FAZ au milieu des  années 1970. Mobutu, le bâtisseur des FAZ, commençait peu à peu à les redouter pour son pouvoir. Ayant neutralisé pratiquement toute opposition politique interne, c’est au sein de l’armée que Mobutu craignait de voir surgir un coup d’Etat. Il mit à contribution ses services secrets pour monter des actions de sape de sa propre armée[15]. Dès lors, ses inquiétudes se sont particulièrement tournées vers les jeunes officiers qu’il avait lui-même envoyés pour être formés dans les prestigieuses académies militaires occidentales. Une véritable chasse aux sorcières fut engagée. Les officiers originaires des deux Kasaï, du Shaba (Katanga), du Kivu et du Bandundu constituaient la plus grande cible.

 

L’affaire des « conspirateurs » ou du « coup d’état manqué » : 1975

Cette partie est essentiellement tirée de mon livre Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, disponible sur Amazon : https://www.amazon.fr/Arm%C3%A9es-Congo-Kinshasa-Radioscopie-Force-publique/dp/1086972538.

Du 9 au 11 juin 1975, la justice militaire ordonne les arrestations des officiers supérieurs et généraux suivants :

  • Général Daniel Katsuva wa Kasivira[16], Chef d’état-major de la Force terrestre ;
  • Général Utshudi Wembolenga, Commandant de la 2ème région militaire à Kalemie ;
  • Général Fallu Sumbu, Attaché militaire du Zaïre à Washington, rappelé par l’état-major général des FAZ sous prétexte d’une nomination comme Commandant du 5ème Groupement des FAZ à Lubumbashi,. Il sera arrêté à sa descente d’avion à l’aéroport de Ndjili ;
  • Général Ngay Kasasa;
  • Colonel Mudiayi wa Mudiayi, Attaché militaire du Zaïre à Paris ;
  • Colonel Muendo Tiaka, Attaché militaire du Zaïre à Bruxelles ;
  • Colonel Raymond Omba Pene Djunga, Secrétaire particulier du Chef de l’Etat et Coordinateur du CNS ;
  • Major André Mpika Ntoya, Commandant du bataillon paracommandos chargé de la protection rapprochée du Chef de l’Etat[17] ;
  • Major Bula Butupu Bakajika, etc.

Une vingtaine de personnes civiles sont également arrêtées. Ils sont tous poursuivis sur base des préventions suivantes :

  • Complot et tentative d’assassinat et d’élimination physique du Chef de l’Etat et Président de la République,
  • Haute trahison, association des malfaiteurs,
  • Incitation des militaires à commettre des actes contraires à la discipline et au devoir militaires
  • Violations graves des secrets de la défense militaire.

La Commission révolutionnaire chargée d’enquêter sur cette affaire était composée des Généraux suivants :

  • Singa Boyenge Mosambay, Chef d’état-major de la Gendarmerie nationale et Président de la Commission ;
  • Molongya Mayikusa Moyi Bongenye, Directeur général du Département de la Défense nationale (faisant office du ministre de la Défense car cette fonction n’existait pas jusqu’en 1992) ;
  • Likulia Bolongo Lingbangi Norbert, Auditeur général des FAZ ;
  • Babia Zanghi Malobia, Chef d’état-major général adjoint des FAZ ;
  • Bolozi Gbudu Tanikpama, Chef de Renseignement de la Gendarmerie nationale (B2).

La particularité des membres de cette Commission était d’appartenir presque tous à la région de l’Equateur. Le Général Likulia étant originaire de la région du Haut-Zaïre ; une province qui, à l’époque du Zaïre et pour des raisons de géopolitique interne, était alliée à celle de l’Equateur, la région d’origine de Mobutu.

Dans leurs conclusions, la Commission d’enquête décide de déférer les prévenus devant le Conseil de Guerre de la ville de Kinshasa, présidé par  le Général Masiala Kinkelo Kulu Kangala, Chancelier des Ordres nationaux et des compagnons de la révolution. Ce procès fut connu sous le nom de « procès des conspirateurs » ou du « coup d’Etat manqué ».

Dans une interview, le colonel Omba relatait ce qui suit :

« En janvier 1975, la revue « Horoscope » indiquait qu’une voyante réputée avait prévu au cours du mois de juin, une passe sanglante pour le Chef de l’Etat. Ce numéro prévenait l’Afrique noire du danger que présentait pour notre pays, l’arrivée du nouvel ambassadeur américain, tombeur du président Allende du Chili. Comment conjurer ce dangereux événement ? Les amateurs de livres ésotériques savent combien la magie noire est vampirique et exigeante en vies humaines. Il faut constamment d’agneaux (hommes évidemment à sacrifier) à ses adeptes pour la pérennité de leurs vies et de leurs entreprises. D’où le montage du « coup d’Etat monté, manqué » qui s’est soldé, à l’aube du 1er septembre 1975, par sept condamnations à mort, Omba y compris » !

Tout cela, écrit le colonel Omba : « parce que le Général Fallu, cerveau présumé du coup, s’était entretenu fortuitement avec moi » lui qui entretenait des relations avec l’encombrant ambassadeur américain ! L’ambassadeur américain sera expulsé à la suite de la découverte de ce soi-disant complot, mais mon exécution n’interviendra pas, tant qu’on n’aura pas prouvé explicitement l’implication américaine dans le coup… Jusqu’à l’ordonnance de grâce prise à l’occasion du 49ème anniversaire du Chef de l’Etat, après quatre ans et demi passés dans la fameuse prison de l’OUA, dans une cellule de 1 mètre de largeur et 2 mètres de longueur et 2m50 de hauteur, sans lit ni table et chaise. »

En réalité, l’accusation était incapable d’apporter des éléments de preuve à charge contre les prévenus.  Au contraire, au moment de son arrestation, le Major Mpika a été forcé par la Commission révolutionnaire d’écrire un mémoire dont le sujet serait : « Comment préparer et faire un coup d’Etat pour renverser le régime en place au Zaïre ? » Il refusa de le faire et durant son arrestation, il a rassuré  les enquêteurs qu’il était impossible de réaliser un coup d’Etat au Zaïre à cause de la vigilance tous azimuts du M.P.R. (un refus intelligent). Et pourtant, le vrai mémoire du major Mpika s’intitulait : « En cas de conflit militaire entre l’U.R.S.S. et la Chine Populaire, quelle sera la position des Etats-Unis ? ». Il n’y avait là donc aucun rapport avec un quelconque coup d’Etat au Zaïre.

Lors du procès, il sera reproché au major Mpika[18], rangers formé à West-Point et à Fort Leaveworth, d’être chargé d’assassiner le Président Mobutu par étranglement durant son sommeil. Auparavant, l’Adjudant Shaba, aide de camp du Général Katsuva, devait forcer la porte de la chambre du Président selon le soit disant un scenario écrit par le Major Mpika dans le cadre de son  travail de fin d’études à Fort Leaveworth aux Etats-Unis et exposé devant les Généraux impliqués dans le procès. Ce mémoire s’intitulerait : « Comment préparer et faire un coup d’Etat pour renverser le régime en place au Zaïre ?». Le Colonel Omba leur aurait fourni les détails nécessaires sur l’emploi du temps du Président. Il ne leur restait plus qu’à passer à l’acte, selon le récit des faits de l’acte d’accusation.

Sept accusés, dont le colonel Omba, sont condamnés à mort à l’issue d’une parodie de procès expéditif et non contradictoire et d’autres à des peines diverses. A la suite de fortes pressions diplomatiques, particulièrement des Etats-Unis, leur condamnation à mort sera commuée à la prison à vie. Ils seront ensuite relégués dans leurs villages après avoir été détenus dans des prisons souterraines pour certains ou à Angenga pour d’autres. Tous leurs biens seront confisqués. Certains généraux Ngbandi proches de Mobutu en deviendront propriétaires. Ils seront tous dégradés et radiés des FAZ.

Dans un entretien lors d’un séjour à Londres en 2010, le Colonel Bernard Kambala Kamudiabi, ancien instructeur commando à la DSP et subalterne direct du Colonel Omba dans le service de sécurité présidentielle, me décrit en ces termes ce scénario cynique de la dégradation du colonel Omba : « Le cynisme machiavélique de Mobutu était tel que pour arrêter le colonel Omba et lui ôter ses galons, Mobutu m’avait chargé d’accomplir cette tâche. Moi qui étais le subalterne direct du colonel Omba  et bénéficiais de sa part d’un traitement équivalent à celui d’un père envers son fils ». Le colonel Kambala m’avoua que ce fut l’un des jours les plus horribles de sa carrière d’officier, commando qu’il était. D’autant que lorsqu’il exécutait l’ordre du « Léopard », il était intimement convaincu de l’innocence de son supérieur hiérarchique et fonctionnel direct. Le Colonel Kambala m’a raconté cet extrait sombre de sa carrière environ 35 ans après les événements avec une forte émotion, pratiquement des larmes aux yeux, comme si les faits s’étaient déroulés récemment !

Le major Kalume Kahamba
L’après « coup d’Etat manqué » et le début de la saignée de l’armée et de la déliquescence des FAZ

L’après affaire « coup d’Etat monté et manqué » va donner lieu à une saignée sans précédent de cadres au sein des FAZ. Parmi ceux qui sont poussés en dehors des forces armées, on compte un nombre important d’officiers de grande valeur ; sortis de meilleures académies militaires du monde, pour lesquels la République avait consenti d’énormes efforts financiers pour leur formation[19].

C’est notamment le cas  de l’affaire des « Terroristes » ou le procès « Kalume », entre février et mars 1978, peu avant la Deuxième guerre du Shaba. La majorité des officiers arrêtés ont la particularité commune d’être formés à l’Ecole Royale Militaire belge. Ils étaient poursuivis pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’État en connivence avec la Belgique ». Parmi les prévenus se trouve le Major Kalume Kahamba, présenté comme étant le cerveau du complot. Quelques civils, tous ressortissants du Kwilu dans la province du Bandundu, également sont impliqués dans ce complot[20]. D’autres prévenus sont en Belgique. Il leur est reproché, sans preuves, d’avoir voulu, par le terrorisme urbain, créer un climat de terreur dans la ville de Kinshasa, en vue de pousser le Général Mobutu à donner sa démission.

Avec une théâtralité qui n’aurait rien à envier aux procès des régimes communistes d’alors, et contrairement au procès de 1975 du coup d’Etat manqué dont les militaires condamnés initialement à mort avaient été graciés, le procès de 1978 a condamné à mort pratiquement tous les militaires impliqués[21].

D’autres cadres et techniciens militaires feront les frais d’autres vagues d’épuration des FAZ. C’est le cas du Colonel BEM Mampa, alors Chef d’État-major de la Force terrestre et du Colonel Mamina Lama[22], attaché militaire à Washington. Rentrant d’une mission à l’étranger et alors qu’ils n’avaient pas été mêlés au procès, le Colonel Ditend et le Major Nsimba sont arrêtés à leur descente d’avion. Détenus au Camp Tshashi, jusqu’au 06 janvier 1979, ils seront renvoyés de l’armée.  Ceux qui ont été épargnés sont restés plus que circonspects, tout en se sentant constamment acculés, assiégés et résignés à tout, même à de simples rencontres entre amis.

Dans cette même foulée, des enveloppes étaient distribuées aux officiers et sous-officiers ressortissant de Bandundu, du Shaba et de deux Kasaï, mais qui n’étaient pas mêlés au procès des « Terroristes ». Elles contenaient la mise à la retraite anticipée de tous ces militaires des FAZ. Cette opération de renvoi sans motif des officiers de l’armée fut baptisée « Enveloppe ». Ces officiers n’avaient droit à aucune explication ni à une quelconque indemnisation matérielle ou financière. Ils furent immédiatement chassés des camps militaires ou des maisons de l’État qu’ils occupaient. Beaucoup d’entre eux se retrouvèrent fatalement à la rue.

Arlon (Belgique), 1960 : Le Capt Jean Omanyundu, en arrière-plan à droite, en train de suivre un exercice militaire / Photo familiale
Destin inachevé de mon père Capitaine Jean Omanyundu et récit de mon (Wondo Omanyundu) admission à l’ERM

Ma petite expérience personnelle illustre quelque peu cet état de perversion tribalo-politico-militaire qui rongeait les FAZ à l’époque. En effet, lors de mon inscription pour le passage du concours d’admission à l’Ecole Royale Militaire en 1989, il m’a été clairement signifié par un brave et gentil adjudant-chef Shutshe (que j’ai perdu de vue) de la Direction des Relations Extérieures (DRE) du Département de la Défense Nationale (DDN) qu’étant de l’ethnie Tetela, ressortissant du Sankuru Lumumbiste, il me sera difficile, si pas impossible d’être admis à ce concours. Cela, à la suite de l’affaire de la « Conspiration de 1975 » dont une majorité d’officiers Tetela, les généraux Otshudi, Fallu et Omba étaient amis et proches de mon père[23], le feu Capitaine Jean Omanyundu. Le Colonel Omba était le cousin germain de ma défunte mère Antoinette Etshumba Kitenge. Selon cet adjudant-chef, depuis cette affaire, Mobutu aurait ordonné, via un décret confidentiel, de refuser toute inscription aux grandes académies militaires occidentales des jeunes Tetela. Donc, je me suis retrouvé dans une situation telle qu’il était pratiquement impossible, malgré que j’eusse brillamment satisfait aux critères d’admission, d’être retenu dans la liste définitive des lauréats pour aller suivre la formation à l’ERM.

Ainsi, cet adjudant-chef, voyant en moi une grande motivation et détermination à vouloir à tout prix aller me former en Belgique, il prit  alors le courage de  m’aider activement pour contourner cette pratique discriminatoire tacite et immorale. C’est alors qu’il me dira, tel un juif cherchant à s’extirper de la rafle nazie, de me servir de la proximité géo-ethnique entre les Tetela du Kasai et les Kusu du Maniema, pour acquérir une nouvelle carte d’identité « acceptable », où ni les origines respectives de mes parents, Lodja-Nambilu pour mon père et Katako-Kombe pour ma mère, ne seraient mentionnées ; même si ma grand-mère maternel était originaire du Maniema. Un parcours du combattant que je n’oublierai pas de sitôt, bien avant même de commencer à endurer l’éprouvante et rigoureuse formation à l’ERM !

Les recrues de l’ANC sous les ordres d’un sous-officier Belge et la Supervision du Capt Omanyundu, Commandant d’instruction du Centre d’Entrainement de Kitona (CEKI) au Kongo-Central -1970 / Photo familiale

Quant à mon défunt père, le Capitaine Jean Omanyundu, qu’on voit sur la couverture de cet ouvrage apprenant aux soldats de l’ANC le « drill » militaire, il fut un des premiers officiers congolais à faire les frais de cette politique éhontée qui mina les FAZ. En effet, il fut un des premiers sous-officiers congolais de la Force publique puis de l’ANC à avoir bénéficié du programme de formation accélérée de passage vers le rang des officiers au lendemain de l’indépendance afin de suppléer la carence d’officiers. C’est alors qu’il sera envoyé en Belgique, notamment avec le feu Général Singa Boende. Il sera contraint cependant d’écourter son séjour en Belgique, à la suite de l’assassinat de Lumumba en janvier 1961. En effet, ayant appris cette tragique nouvelle, Il provoquera une mini insurrection depuis son lieu de casernement à Arlon. Il va se fracturer volontairement une jambe pour se mettre en indisponibilité physique. Ce qui lui permit de retourner au Congo, où il se disait être utile pour la patrie afin de se battre aux côtés des nationalistes.

Très proche de Lumumba, la suite de sa carrière[24] d’officier au sein de l’ANC ne connut que des déboires… Il sera l’une des premières victimes de la perversion du régime en place : incarcérations sans motifs valables, rétrogradations, retraits non justifiés de solde et mutations disciplinaires sans fondement opérationnel et autres humiliations. Il finira par jeter l’éponge et quitter les FAZ en 1974, au grade de capitaine, alors que tous ses camarades de formation étaient officiers supérieurs ou généraux. Il entamera une courte carrière civile qui s’arrêtera brusquement un certain 2 juin 1976, car victime d’un accident mortel de circulation, au niveau du Pont Matete, dont les circonstances exactes ne seront jamais élucidées jusqu’à ce jour.

Une bataille à vie en quête de sa réhabilitation

Les condamnés du coup monté bénéficieront d’une grâce présidentielle en 1979. Ils ne seront pourtant jamais blanchis par la justice militaire et l’Etat congolais est resté propriétaire de la plupart de leurs biens jusqu’à ce jour. Le colonel Omba se lancera dans la politique dans les années 1990 et sera successivement élu sénateur national sans discontinuité en 2006, 2012 et 2019.

Le Colonel Omba, soucieux de voir son honneur lavé dans cette cabale de «coup monté et manqué» avait saisi la Haute Cour Militaire de Kinshasa. Jusqu’à son décès, il mènera une longue et éprouvante bataille judiciaire pour « laver l’opprobre » qui le couvre depuis 1975[25].

Nous espérons qu’au nom de la Nation congolaise, qu’il a servie avec loyauté, ferveur et professionnalisme, la Haute cour militaire congolaise lui rendra définitivement justice en le réhabilitant intégralement, même à titre posthume, afin de permettre à son âme de se reposer dans la paix et la félicité éternelles.

Que votre Âme repose en Paix, cher Oncle Apa Colonel Pene Omba

Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Neveu du Colonel Raymond Omba et Analyste des questions militaires

Références

[1] Il s’agissait de Mukobo Mundende Paul, Eluki Monga Aundu (Tito), Ipoma Jean, Sasa Muaka, Lemans Jean, Pongo Cyrille, Kalonga Dominique, Omba Pene Djunga Raymond, Elela Paul, Ngomba Timothée, Kasongo Jean, Kabengele, Ndjate Samuel, Vuadi Zinga ne Palata Georges . Il y avait aussi deux Rwandais Makuza et Ndayimano Fabien et trois Burundais Michel Michombero – qui deviendra quelques années plus tard président du Burundi -, Ntongomburani Jérôme et Karerolo Charles.

[2] Ce fut pareil dans la Province Orientale et au Kivu où des rebellions d’Antoine Gizenga, Gaston Soumialot et Gbenye Christophe entretenaient respectivement une dizaine de milliers d’hommes.

[3] Institutionnalisé légalement plus tard en 1986, le Conseil national de sécurité (CNS) est un organe placé sous l’autorité directe du  Président de la République, créé par l’Ordonnance présidentielle N°86-306 du 1er décembre 1986 portant organisation et fonctionnement du Conseil National de sécurité.  Il est dirigé par le Conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité. Le Conseil National de Sécurité constitue un cadre de concertation de tous les services ayant un objet en rapport avec la sécurité et le renseignement. Il a pour mission d’élaborer, suivant les instructions du Président de la République, la politique générale du pays en matière de sécurité ;  de délibérer sur tous les problèmes intéressant la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat  et de proposer des mesures adéquates. Il élabore également la politique budgétaire de l’Etat en matière de sécurité. De ce qui précède, le CNS a pour vocation de chapeauter l’ensemble des services de sécurité congolais, civils et militaires. Il constitue un cadre de concertation de tous les services ayant un objet en rapport avec la sécurité et le renseignement.

[4] Raymond Omba Pene Djunga, Coup d’Etat et manqué : une voie de sanctification, Collection Ethique et Politique N°1, Kinshasa, 2005, p.15.

[5] Bureau de la Présidence de la République du Zaïre 1975 : 197.

[6] David Van Reybrouck, Congo. Une histoire, Arles, Actes sud, 2012, p.383 ; Nadia Nsayi, Dochter van de dekolonisatie, Epo, Berchem, 2020, p.59..

[7] C’était à une époque où le Zaïre occupait le centre névralgique du dispositif géostratégique régional américain (et occidental) alors que Mobutu était dépositaire attitré de la marque CIA en Afrique médiane.

[8] Entretiens avec le colonel Omba à Bruxelles en mai 2017.

[9] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, op. cit., p.102.

[11] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, L’essentiel de la sociologie politique militaire africaine : des indépendances à nos jours, Amazon, 2019, p. 330. Disponible sur Amazon : https://www.amazon.fr/Lessentiel-sociologie-politique-militaire-africaine/dp/1080881778.

[12] Raymond Omba Pene Djunga, ibid. p.16.

[13] Raymond Omba Pene Djunga, op. cit. p.27.

[14] Célestin Ilunga Shamanga, La chute de Mobutu et l’effondrement de son armée, Canon One Stop Shop, Afrique du Sud, 1998

[15] JJ Wondo, Honoré Ngbanda, le destin inachevé du super flic de Mobutu repenti en libérateur du Congo – AFRIDESK, 11 mai 2021, https://afridesk.org/honore-ngbanda-le-destin-inacheve-du-super-flic-de-mobutu-repenti-en-liberateur-du-congo-jj-wondo/.

[16] Premier Chef Etat-major de la Force Terrestre sous Mobutu. Il occupera après le 17 mai 1997 les fonctions de chef d’Etat-major général des FAC puis d’Inspecteur général de la Police Nationale avant de céder sa place au Général John Numbi.

[17] Il vit actuellement aux Etats-Unis.

[18] Durant les années 1990 de la Conférence Nationale et Souveraine, Mpika était proche d’Etienne Tshisekedi avant de s’exiler aux Etats-Unis. Nous avons eu quelques contacts avec l’intéressé depuis 12 ans. Il garde un sombre souvenir du régime de Mobutu.

[19] ILUNGA Shamanga, Célestin, Op. Cit., p. 32.

[20] Il s’agissait de Matanda, Député et homme d’affaires ; Bouryaba, homme d’affaires ; Kudia Kubanza, ancien Auditeur général et directeur administratif et financier de Matanda et par Makani, homme de main de Monguya. Ces personnes étaient tous ressortissants du Kwilu dans la région du Bandundu, un bastion connu pour son opposition farouche à Mobutu depuis Pierre Mulele. Ces civils auraient servi de relais et de bailleurs de fonds aux militaires.

[21] Le 17 mars 1978, le verdict fut rendu. 78 des 91 inculpés sont condamnés à des peines diverses, dont 13 personnes à la peine de mort. Peines requises avec acharnement par l’Auditeur Général des FAZ, Likulia Bolongo, colonel à l’époque des faits. Mais, alors que les condamnés nourrissaient encore l’espoir d’obtenir la grâce présidentielle, le Chef de l’Etat rejette leur recours. Les 13 personnes condamnées à mort sont exécutées à l’aube du 18 mars 1978. Il s’agissait entre autres des majors Kalume et Panubule, des colonels Biamwenze et Mwepu, des lieutenants-colonels Mwehu, Tshunza et ir. Kalonda, du capitaine Fundi, ainsi que les civils Matanda, Bouryaba, Kudia Kubanza et Makani. Monguya, Kadiebwe et Jean-Alidor Kalonga (Ali) seront condamnés à mort par contumace car étant à l’étranger. Tous les autres, civils et militaires, furent acheminés à la prison d’Angenga à l’Equateur.

[22] Le colonel Mamina Lama avait commandé le contingent zaïrois envoyé en Angola aux côtés du FNLA.

[23] Le côté très altruiste de mon père et ses relations amicales très étroites avec certains officiers fera qu’au lieu de nous donner d’abord son nom en premier lieu, il fera de sorte à nous attribuer en premier lieu les noms de ses proches amis ou parents et son nom, OMANYUNDU, viendra en second lieu, sauf celui de mon défunt petit-frère Jean-Désiré OMANYUNDU OKITANDJEKA qui prit son nom. Ainsi par exemple, un de mes frères aînés Albert OTSHUDI OMANYUNDU porte le nom du feu général OTSHUDI, comme ma sœur susmentionnée Scholastique AKATSHI ODITO OMANYUNDU qui portera le nom de ma tante ODITO, veuve du Colonel KAFUWA ainsi que mon jeune frère, l’Honorable Bonny Serge WELO OMANYUNDU, qui héritera de ce nom en référence au feu Colonel WELO ; tous ses frères d’armes sous la FP, ANC et les FAZ.

[24] Le capitaine Jean OMANYUNDU était tour à tour un des tout premiers instructeurs congolais à l’Ecole des gradés d’élite de Luluabourg (Kananga), puis au Centre d’Entraînement de Kitona (CEKI) devenu par la suite Base Militaire (de l’OTAN) de Kitona (BAKI) dans le Bas-Congo aux côtés du général BASUKI. Il fut également Commandant en second de la Région Militaire de Léopoldville aux côtés du Général SINGA au camp Kokolo, où j’ai passé mes premiers jours de vie et coachera un groupe des jeunes diplômés de l’ERM revenus de leur formation, parmi lesquels, le futur général ELUKI MONGA, dont l’épouse d’origine autrichienne était la marraine de ma sœur susmentionnée, Scholastique AKATSHI ODITO OMANYUNDU, qui vient juste avant moi.

[25] https://www.radiookapi.net/actualite/2015/06/11/affaire-coup-detat-manque-de-1975-le-senateur-omba-reclame-proces-en-revision.

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2 Comments on “Le destin brisé du Sénateur et Colonel Omba, ex-Directeur de sécurité de Mobutu – JJ Wondo”

  • GHOST

    says:

    LA MALEDICTION « DES ENVELOPPES »

    1975, nos parents sont radiés des FAZ avec des enveloppes parce qu´ils étaient un danger pour la sécurité de Mobutu.. Exactement 10 ans après, ceux de la premiére promotion de la Garde Civile vont expérimenter cette discrimination tribale et provinciale.

    Quand nous lisons l´histoire du Colonel Omba, nous retrouvons notre destin.. ce destin étrange qui avait frappé une génération des « zairois » qui pourtant se croyaient á l´abris de l´injustice, de la repression politique et de la discrimination.
    Exactement comme avec le Colonel Omba á qui Mobutu confie sa sécurité et les services de renseignement, Mandungu Bula Nyati va avoir la mission de former la Garde Civile..
    Mandungu était un vieux ami de Mobutu depuis la Force Publique en passant par la mouvance du MNC de Lumumba… malgré cette confiance apparente, la suite de l´histoire va démontrer le contraire.

    LES PARA-COMMANDOS ANTI-TERRORISTES DE LA GARDE CIVILE

    Mandungu vieux loup, va utiliser le système informatique de la présidence et le concours dirigés par les professeurs de l´Université de Kin pour ne pas être accusé de favoritisme.. Malgré cette précaution, les orginaires de l´Equateur seront minoritaires parmis les orginaires du Shaba, Kivu, Kasai et Bandundu.
    Cette configuration va ramener la première promotion dans le vieux conflit sécuritaire provincial où ceux de l´Equateur pensaient que les non-orginaires delur province constituaient une menace pour Mobutu.
    La première promotion de la Garde Civile qui avait terminée les cursus Para-Commando (Kota Koli et CETA), un stage á Kibomango et un stage anti-terroriste avec les instructeurs du GS9 de la RFA était une innovation sécuritaire dangeureuse.
    Les généraux orginaires de l´Equateur disaient tout haut qu´une forte concentration des « para-commando » 350 para-militaires dont le niveau de l´éducation depassait largement ceux des FAZ, pire dont une petite minorité des orginaires de l´Equateur.. était une menace urgente.

    RETALIATION
    Mandungu va quitter ses fonctions de « Président Général de la Garde Civile », Sampasa va prendre la suite quelque mois et á la fin le « syndicat » sécuritaire de l´Equateur va faire le choix de faire venir Baramato Kpama Kata dont la mission principale sera de rectifier le tir en faisant en sorte qu´une forte majorité des orginaires du Nord Oubangi puisse reduire l´influence de la première promotion…
    Le plus drôle dans cette histoire est la formation au rabais de toutes les autres promotions.
    La coopération avec la RFA y compris la participation de la faculté de droit et les juges du ministére de la justice ne pouvaient plus continuer. Tandis que le stage á Kota Koli était interdit aux autres promotion, seule la seconde promotion eu la chance de passer par CETA.
    Baramoto va opter pour une guerre psychologique contre ù la grande majorité des non-orginaires de l´Equateur ne vont pas accèder au grade d´officier malgré le cursus de leur formation qui était de loin superieur á celui de l´EFO.

    EXIL
    Les plus réalistes des membres de la premier promotion vont s´exiler en Occident tandis que ceux qui croyaient á la propagande du MPR avec le « Tata bo moko » vont souffrir avec des brimades, des humiliations de toutes sortes.
    Baramoto avait l´habitude de rassembler les membres de la première promotion devant la parade pour les insulter en les traitant des « MULELE »… des rebelles qui n´allaient jamais monter en grade.

    • test user

      says:

      test

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