L’atout troisième dimension pour la RDC
Par El-Mahoya Kiwonghi
Introduction
Il existe de nos jours une documentation historique disponible où nous pouvons apprendre l’importance de la maîtrise de la troisième dimension, c’est-à-dire l’espace aérien, dans presque toutes les opérations militaires au Congo depuis plus de 50 ans.
Dans l’ouvrage « Air Power in UN operations : Wing For Peace de A. Walter Dorn, les opérations militaires de l’ONUC, la MONUC et la MONUSCO occupent une place de choix qui démontre l’importance de la troisième dimension au Congo. Très récemment, lors de l’offensive contre le M23 au Kivu, un article publié sur http://www.africandefence.net/analysis-how-m23-was-rolled-back/ démontre une fois de plus la contribution très importante des hélicoptères Oryx, Rooivalk, Mi-24 et Mi-8s pour vaincre cette milice pro-rwandaise.
Le concept « offset », peut-il être une solution dans la maîtrise de la troisième dimension pour les FARDC ?
Si jamais une véritable alternance démocratique s’opère en RDC, à la fin de cette année 2017, les prochains dirigeants politiques congolais seront confrontés à plusieurs priorités dont la sécurisation de tout le territoire national et des solutions d´urgences pour résoudre la crise sociale qui résulté du chomage massif de la population.
Le concept « offset » offre une partie de la solution qui combine à la fois la création des emplois via les constructions des infrastructures militaires et civiles tout comme les importations des équipements militaires en faveur des FARDC.
Ce concept n’a jamais été appliqué au Congo dans le passé. Cependant, depuis la fin de la Guerre Froide, le marché planétaire de l´aéronautique et la défense fait face à une concurrence féroce qui exige des pays exportateurs une autre approche dynamique.
L’offset est une forme de compensation industrielle dans laquelle un acheteur/importateur de biens ou de services conditionne son achat/importation à un engagement contractuel de la part du fournisseur/exportateur.
On distingue l’offset direct et l’offset indirect. L’offset direct est relatif à la participation du pays acheteur à la production, au niveau local, du bien qu’il achètera. L´offset indirect a trait au transfert de technologie dans un domaine différent de celui du produit exporté. http://www.glossaire-international.com/pages/tous-les-termes/offset.html
Christian Sylvain http://convention-s.fr/notes/les-offsets-et-les-compensations-internationales/ affirme que les offsets sont la dernière évolution de la compensation. Selon lui, les offsets voient le jour dans le cadre du droit du commerce international, du « Buy American Act » de 1933 issue de la première crise financière de 1929. La Suède (www.saabgroup.com) utilise souvent le « contre-achat » qui permet de neutraliser la balance commerciale, une opération d´achats simultanés où les deux parties sont à la fois acheteur et vendeur.
Le mot « offset » est employé pour la première fois dans un accord entre les Etats-Unis et l’Allemagne, signé au mois de juillet 1961. Il s´agissait de minimiser l’impact financier du maintien des troupes américaines en RFA par une balance des paiements. Suite à cet accord, l’Allemagne a acheté des produits américains à hauteur de 80 % du coût du maintien des troupes américaines. Selon Christian Sylvain, une obligation d’offset s’exprime en pourcentage du montant importé du contrat principal. Autour de 30 % en général pour les contrats civils et de 100 % pour ceux de l´aéronautique et de la défense.
Exemples d’offsets
En Afrique, l’exemple de l’Afrique du Sud à la fin de l’Apartheid peut aider les leaders politiques a vérifier les avantages du concept « offset ». L’ANC avec Mandela avait hérité d´un programme militaire d’acquisition des équipements militaires du précédent gouvernement. Dans ce vaste programme de modernisation, on retrouve les importations des navires de guerre et des sous-marins, des avions de combat et d’entrainement, tout comme des hélicoptères en provenance de la Grande Bretagne, de l’Italie, de l’Allemagne et de la Suède.
Les leaders de l´ANC se trouvaient presque en face des mêmes contraintes que les leaders de l’opposition congolaise risquent de se retrouver dans un avenir proche: Contrôler l’institution de la défense et apporter des solutions sociales avec des créations des emplois pour la population.
Mandela avait accepté ce programme militaire avec l’objectif de placer les industries dans les zones defavorisés de la population noire. https://www.lesechos.fr/09/01/1998/LesEchos/17560-041-ECH_afrique-du-sud—le-s…
Saab avait gagné la compétition avec son partenaire britannique British Aerospace (BAe) grâce aux offsets contenant le « soutien total » des plus grands groupes industriels de la Suède dont ABB, Atlas Copco, Electrolux, Ericsson, Ikea, Scania, SKF et Volvo dont les entreprises ont commencées les activités en Afrique du Sud plusieurs années avant la livraison des avions de combat Jas 39 Gripen et des avions d´entrainement Hawk de BAe en service depuis dans l’armée sud-africaine.
En consultant Internet, on retrouve plusieurs références aux offsets de la part de Saab pour la vente de son avion Jas 39 Gripen. http://www.sldinfo.com/the-gripen-sale-to-hungary-a-look-back-at-the-results/ http://psk.blog.24heures.ch/archive/2014/03/16/gripen-offsets-sous-garantie-855457.hml
Ces exemples devraient encourager les leaders congolais à commencer à intégrer ce concept d’offset dans leurs programmes de défense.
L´Egypte, une source d’inspiration pour la RDC ?
Le cas des importations des navires de guerre français « Mistral » et des avions de combat Rafale devraient attirer l’attention des leaders congolais. L’Egypte apporte une autre approche d’offset où les pays Arabes du Golfe ont financé les importations des navires militaires et des Rafales en France avec pour « compensation » leur participation au projet de l’élargissement du canal de Suez. En effet, ces pays Arabes du Golfe sont en principe actionnaires dans ce projet très lucratif du canal de Suez.
La RDC qui devrait tirer profit de la construction du Grand Inga ou mieux de la construction du chemin de fer entre Ilebo et Kinshasa peut beaucoup apprendre de l’approche égyptienne où une combinaison des importations des équipements militaires avec la construction des infrastructures peut non seulement générer des emplois et attirer des capitaux étrangers, mais surtout apporter une solution en matière de défense.
