L’art d’informer par des demi-vérités : cette nouvelle communication politique du couple Kabila et Tshisekedi
Une réflexion de Germain Nzinga
Les déclarations du président Félix-Antoine Tshisekedi à Windhoek relatives à l’imminente nomination d’un informateur du gouvernement ont fait rêver plus d’un patriote congolais. Beaucoup se sont mis à croire sérieusement voir le nouveau président tenir tête à son allié encombrant et retors au changement.
Très peu ont vraiment réfléchi sur la signification juridique d’un informateur du gouvernement et les conditions dans lesquelles il peut être nommé par le Chef de l’État. L’article 78 de la Constitution congolaise prévoit que « le Président de la République nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire après consultation de celle-ci…Si une telle majorité n’existe pas, le Président de la République confie une mission d’information à une personnalité neutre en vue d’identifier une coalition » Est-ce par un pur hasard que les bruits sur la nomination du docteur Denis Mukwege ont circulé sur le net ? Ce dernier a-t-il réellement été contacté par le nouveau pouvoir ? Cette information n’a-t-elle pas été distillée à dessein en vue de « semer » les esprits critiques et de créer la diversion?
Du côté de FCC, tous les communiqués de presse se succédant jour après jour veulent nous convaincre qu’il existe bel et bien une majorité parlementaire en RDC. Le dernier communiqué en date signé par le Coordinateur général du FCC donne des précisions là-dessus. Ici encore nous assistons à un énième hold-up constitutionnel car contrairement à ce que nous bassinent les « vuvuzélateurs » du PPRD, en réalité aucun parti politique n’a obtenu la majorité absolue lors des dernières législatives du 30 décembre dernier. Leurs revendications ne reposent sur aucune base solide.
Si notre pays était sérieux, la désignation de l’ « informateur » resterait bel et bien la voie obligée. Lequel informateur serait une personne neutre chargée de négocier avec différents partis pour reconduire une nouvelle coalition ou identifier la « majorité parlementaire » au sein de laquelle devrait être nommé le futur chef du gouvernement.

A la place de l’informateur, le peuple congolais est mis dos au mur dans ce schéma de l’imposition pure et simple d’un formateur du gouvernement issu d’un parti politique qui ne détient pourtant pas la majorité parlementaire.
Et chose grave, vu que le formateur issu tout naturellement du parti le plus important de la future coalition est celui-là même qui en principe sera aussi appelé à devenir le prochain chef de gouvernement, les congolais doivent déjà entrevoir la direction que veut lui imposer le communiqué conjoint signé par Néhémie Mwilanya et Jean-Marc Kabund, publié ce mercredi 6 mars 2019 concédant à l’autorité morale de FCC (Joseph Kabila) de « désigner» le formateur du gouvernement (de toute évidence il s’auto-désignera soi-même ou au pire désignera son ancien Conseiller spécial en matière de sécurité ou un de ses proches lieutenants) et au nouveau président de se contenter juste de « nommer » diligemment ledit formateur. C’est bien là une simple rhétorique diplomatique alambiquée pour préparer l’opinion congolaise à accepter Joseph Kabila (ou un de ses ouialles) comme futur Premier Ministre d’un gouvernement qualifié de coalition mais dont la plupart des ministères régaliens sont d’office réservés à la famille politique de Kabila, conformément au « Deal secret entre le FCC et le Cach ».
Le Congo de Lumumba est loin de sortir de l’auberge. Inutile de rêver d’un bras de fer entre Kabila et Tshisekedi. Ces deux alliés se comprennent à demi-mot et réussissent très bien dans l’art d’informer le peuple par dose homéopathique. Ils distillent goûte par goûte leur plan. Ils lâchent au fur et à mesure de petites bribes d’information, quitte à éviter toute réaction épidermique du peuple congolais et surtout à aider ce dernier à bien avaler les couleuvres. Lorsque devant la diaspora congolaise à Windhoek, le nouveau président affirmait la semaine dernière: « Le Président que je suis n’acceptera pas d’être juste un président qui règne mais qui ne gouverne pas », il lui appartient de nous le prouver dès lors que le président en exercice accepte de recevoir de la part d’un citoyen ordinaire l’ordre de nommer diligemment un informateur désigné par un tiers.
Germain Nzinga Makitu
Pages d’opinions libres de Me Jean Claude Katende
« Le FCC et le CACH violent volontairement la Constitution »
- Les deux plateformes (FCC et CACH) sont informelles, sans aucune personnalité juridique. D’où alors tirent-elles le pouvoir d’identifier et de constater qu’il existe une majorité documentée ?
- L’article 78 qui circonscrit le cadre de désignation du Premier ministre donne-t-il le pouvoir aux FCC et CACH de faire ce qui est repris dans leur communiqué ?
- Peut-on constater une majorité parlementaire sans constitution de groupes parlementaires ?
- Pourquoi le Président de la République qui avait déclaré, en date du 27 février 2019, devant la diaspora congolaise en Namibie, qu’il nommerait un informateur pour identifier la majorité parlementaire comme le prévoit l’article 78 de la Constitution, a-t-il récuré ? Le Président de la République-a-t-il subi des pressions de la part du FCC qui n’a jamais voulu de la nomination d’un informateur par le Président Félix Tshisekedi ? Sinon, lui qui avait déjà annoncé à partir de la Namibie qu’il allait nommer un informateur, pourquoi –a-t-il changé d’avis ?
- Que s’est-il passé entre le 27 février et le 6 mars pour que d’un coup le langage change ? C’est notre droit de savoir.
- De quel droit le FCC et le CACH peuvent-ils ordonner au Président de la République qui, selon l’article 69 de la Constitution, ne représente aucun parti ni plateforme politique( Il n’est pas soumis aux lois des partis ou plateformes politiques), de nommer un formateur du Gouvernement qui sera choisi par le FCC ?
Soyons les chiens de garde de la République.
Me Jean Claude Katende, Gardien du Temple.
+243 811729908
Menacé par Joseph Kabila, Félix Tshisekedi s’incline à exécuter l’accord secret
Une réflexion de Joseph Anganda
Ayant échoué à trouver, dans la sous-région et à l’intérieur du pays, des soutiens nécessaires pour rééquilibrer le rapport de forces, contourner l’accord secret ou s’en affranchir, Félix Tshisekedi a fini par se soumettre à l’exécution de ce deal de compromission issu de la fraude électorale. Il a ainsi chargé le président intérimaire de son parti de co-signer au nom du CACH un communiqué conjoint qui reconnaît l’existence de la majorité parlementaire de Joseph Kabila et la légitimité pour ce dernier à sortir un premier ministre.
Ce retour à la dure réalité après d’éphémères discours aux accents triomphalistes et teintés par endroit de faux espoirs aura pour conséquence d’éclipser Félix Tshisekedi au rôle protocolaire, laissant à Joseph Kabila, maître de la politique, le pouvoir d’initiative et d’influence sur les gouvernements et les assemblées tant au niveau national que provincial.
Joseph Kabila a réussi, par un coup de génie machiavélique, à s’octroyer les bénéfices politiques d’un accord léonin et à phagocyter l’UDPS dans la kabilie. Après Samy Badibanga, Bruno Tshibala, c’est au tour de Félix Tshisekedi de rejoindre le personnel politique de l’homme fort et le stratège de Kingakati.
Qui aura trahi les trente-huit années de combat d’Étienne Tshisekedi ?
Joseph Anganda
One Comment “L’Accord de coalition FCC–CACH : les analystes évoquent un deal antidémocratique imposé par Kabila”
GHOST
says:AU PAYS DES « JURISTES »
Notre histoire accorde une place très (trop) importante aux « lois », á la « constitution » ect… Depuis 1960, c´est la guerre des juristes qui tentent d´expliquer, de donner un sens aux actions politiques qui influencent lle devenir de la RDC.
Helas, citer les tectes, citer la constitution ne suffisent plus.. > Il est temps que les juristes se rendent compte qu´ils ne peuvent plus « expliciquer », ou rendre comprehensiible les actions politiques qui ne visent ni la démocratisation du pays, ni le pouvoir par le peuple et pour le peuple.
Comme lors du « comprenez mon emotion » de Mobutu á Nsele quand il était entrain de quitter le MPR qui était la fondation ultime de la constitution du Zaire, Kabila est entrain de nous imposer un « coup d´État » tout simplement.
Grâce á Nangaa et les juges de la cour constitutionnelle, les élections rafistolées accordent á Kabila un pouvoir plus important qu´avant les élections. Kabila a le contrôle de 24 provinces et de la chambre basse du parlement au Congo. Politiquement parlant, l´actuel président ne peut que negocier chaque decision, chaque action qu´il compte poser dans ses fonctions.
Quelque soit l´explication savante des juristes, la RDC s´enfonce dans un prolongement de la dictature. Quelqu