Cadre de la dynamique de l’opposition et du Rassemblement, Gilbert Kiakwama est connu pour n’avoir pas sa langue dans la poche. Au lendemain de l’échec des discussions directes entre signataires et non signataires de l’Accord du 18 octobre 2016, le député élu de Mbanza-Ngungu dans le Kongo Central et plusieurs fois haut cadre de l’Etat congolais, interpelle certains ténors de la Majorité présidentielle. Ce, à travers la tribune où il en appelle au sursaut national.
APPEL AU SURSAUT NATIONAL
Par Gilbert Kiakwama

« Chers frères de la MP, ressaisissez-vous ! » Ce matin du 28 Mars 2017 nous aurions dû nous réveiller au son des radio et des télévisions annonçant la signature des arrangements particuliers addendum aux Accords de la Saint-Sylvestre du 31 Décembre 2016. Nous aurions dû nous réveiller au bruit des klaxons joyeux dans une ville bruyante et au travail. Rien de tout cela !
Nous nous réveillons avec des témoignages d’expression populaire spontanée de colère et de défiance : pneus brûlés, rues mortes, quartiers morts, troubles, bruits de bottes et de balles etc …
L’incertitude et la déception règnent. Les discussions de la Cenco n’ont pas abouti.
Pourquoi nous sommes-nous engagés pour cet accord ? Pourquoi est-il essentiel au devenir de notre
Nation ? Les objectifs de l’Accord de la Saint-Sylvestre sont :
1. Assurer une « légitimité minimale » à tous les acteurs y compris au Président de la République
2. Partager effectivement la responsabilité exécutive d’organiser les élections, à la CENI, pour des raisons évidentes, et au gouvernement pour ; éviter les excuses sur le financement, rétablir la confiance de nos partenaires et alliés internationaux, obtenir leur aide financière et garantir qu’elle serait gérée en responsabilité et en bon père de famille, assurer que l’espace démocratique sera ouvert à tous de manière équitable (liberté de manifestation, libertés de réunion et d’expression, fin des arrestations iniques et illégales, accès aux médias, …) assurer la neutralité de l’Etat et de tous ses services dans la Capitale et les 26 Provinces ;
3. Agir urgemment pour améliorer les conditions de vie infra-humaines de la population et surtout arrêter l’érosion mortelle du pouvoir d’achat. Des mesures urgentes doivent être prises pour lutter contre ce fléau.
Conformément aux vœux que nous voulons croire sincères du Président Joseph Kabila et du regretté Etienne Tshisekedi, nous aurions dû avoir des partenaires pour construire. Malheureusement, la MP a passé beaucoup de temps à revenir chaque matin sur les avancées de la veille. Ne nous voilons pas la face, voici ce qui concourt au désastre :
le refus de la MP d’assumer simplement l’échec de sa gouvernance,
le refus d’en tirer les conséquences en cédant la gestion là où elle a échoué,
le refus de mise en œuvre de mesures pour améliorer la situation du pays et des citoyens (ouverture effective des tv & radios, cessation de l’arbitraire, décrispation politique réelle, rééquilibrage effectif de la Ceni, neutralité administrative, …).
le refus d’expédier la négociation en multipliant les arguties et les obstacles.
Cette attitude révisionniste et obstructionniste est périlleuse pour notre paix civile et la sécurité de notre Etat. J’en appelle une fois de plus à :
l’attachement aux principes,
la sauvegarde de notre souveraineté & intégrité nationales,
la prise en compte des appels au changement et de la colère de notre peuple.
Certains dans la MP semblent penser qu’ils nous font des cadeaux ou nous accordent l’aumône. Il n’y a pas de négociation où l’on ne fait pas de compromis, où l’on ne renonce à rien. Mais, le compromis ne doit pas devenir compromission. Fort de ma connaissance de l’Etat et des hommes, il me parait aujourd’hui important que toutes les parties reviennent à de meilleurs sentiments et à la table de négociation pour mettre fin à la crise et aux atermoiements. Je propose :
1. Que toutes les parties reconnaissent humblement le rôle salvateur joué par la très respectée CENCO et qu’à ce titre, nous acceptions qu’elle reste garant de l’Accord jusqu’aux élections,
2. Que sous les auspices de la CENCO le Président de la République et le Président du Rassemblement se rencontrent et qu’à l’issue de leur concertation le Premier Ministre de la transition soit nommé,
3. Enfin, que le Président de la République accepte que M. Pierre Lumbi prenne le leadership du CNSA. Monsieur le Président, j’estimais moi-même qu’un de vos anciens proches collaborateurs ne devait pas être aussi haut placé dans le processus de transition vers les élections. Or, Monsieur le président, au nom de la réconciliation nationale, aujourd’hui vous travaillez avec des cadres qui hier ont pris les armes contre la Nation et contre vous. Pierre Lumbi a été accepté par ses pairs. Au nom de la même réconciliation nationale, il serait bon que vous l’acceptiez comme président du CNSA.
Pour terminer, j’aimerais m’adresser à quelques hauts cadres du pays qui jouent un rôle éminent en cette période de crise politique et institutionnelle majeure.
Professeur Lumanu, AG Kalev, Me Nkulu, Me Mwilanya, Honorable Minaku, Ambassadeur Mugalu,
Mes chers frères, il y a un temps pour tout. Un temps pour détruire. Un temps pour construire. Vous avez fidèlement accompagné le président Joseph Kabila 16 ans durant. C’est beaucoup. Vous aurez chacun fait votre part à ses côtés. Bonne ou mauvaise, l’histoire jugera. Joseph Kabila ne l’a pas dit tout haut mais vos signatures, apposées sur l’Accord de la Saint-Sylvestre indiquent qu’il veut sortir par la GRANDE PORTE, qu’il espère être respecté dans le Monde après. RIEN n’est perdu. Rien n’est impossible, sauf si nous continuons à mal le conseiller. Libérez le Président. Laissez-le assumer sa charge de Garant de la Nation avec Hauteur.
Il est temps de nous ressaisir et de l’aider à être demain cité en exemple en Afrique et dans le
Monde. On a souvent mal fait ! On a trop mal fait ! Il faut à présent se ressaisir et appliquer l’Accord de la Saint-Sylvestre dans la Vérité et la Justice pour offrir demain une vie meilleure à notre peuple. »
Kinshasa, le 28/03/2017
Gilbert Kiakwama kia Kiziki