Jean-Jacques Wondo Omanyundu
SOCIÉTÉ | 06-02-2019 12:45
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L’apolitisme hypocrite des associations culturelles congolaises – Jean-Bosco Kongolo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

L’apolitisme hypocrite des associations culturelles congolaises

Cet article dont le contenu reste d’actualité a été publié pour la première fois le 14 octobre 2015.
Par Jean-Bosco Kongolo

Apolitique est l’épithète que l’on retrouve dans les statuts de presque toutes les associations culturelles du Congo, plus répandues à Kinshasa que dans d’autres grandes villes du pays. Dans les faits et à l’instar des partis politiques, ces associations ne manifestent leur existence qu’occasionnellement et pour les besoins de positionnement soit avant ou immédiatement après des grands enjeux politiques, pour exprimer leur joie ou leur déception. A y regarder de plus près, leur existence retarde l’émergence de la nation congolaise et menace l’unité nationale. Après un survol rapide de quelques dispositions de la loi sur les associations sans but lucratif, nous nous proposons de démontrer, avec des cas précis, que ces associations ne sont pour la plupart que des foyers de manipulation, d’opportunisme et de clientélisme.

Chefs traditionnels

1. L’état de la législation en vigueur

La loi actuellement en vigueur est celle n°004/2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions générales applicables aux associations sans but lucratif(ASBL) et aux établissements d’utilité public. Qu’elle soit à caractère culturel, éducatif ou social, qu’elle soit une ONG ou une confession religieuse (article 2), il est écrit à l’alinéa 1er de cette loi que « L’association sans but lucratif est apolitique ».

Contrairement aux ONG et aux confessions religieuses, pour lesquelles la loi est un peu plus explicite, le législateur reste laconique, sinon muet en ce qui concerne les conditions de création des associations à caractère culturel. Ceci laisse un libre cours à l’anarchie comme nous le verrons ci-dessous, en ce qui concerne l’obtention de la personnalité juridique et le nombre des membres effectifs.

– Octroi de la personnalité juridique

Outre la liste des membres effectifs, les statuts, les signatures, les certificats de bonne conduite, vie et meurs et une déclaration relative aux ressources de l’association, l’article 5 dispose : « En attendant l’obtention de la personnalité juridique, l’avis favorable du Ministre ayant dans ses attributions le secteur d’activités visé vaut autorisation de fonctionnement.

L’autorisation provisoire a une validité de six mois; passé ce délai, la personnalité juridique est sensée être octroyée. Dans ce cas, le Ministre de la justice est tenu de délivrer l’arrêté portant octroi de la personnalité juridique dans le mois qui suit. 

En ce qui concerne les associations sans but lucratif enregistrées en province, l’autorisation provisoire est accordée par le gouverneur de province.

L’autorisation provisoire a une validité de six mois; passer ce délai, la personnalité juridique est sensée être octroyée. Dans ce cas, le Ministre de la justice est tenu de délivrer l’arrêté portant octroi de la personnalité juridique dans le mois qui suit ».

Il ressort de cette disposition que peu importe son objet, une association peut facilement s’arranger avec un agent ou un fonctionnaire du ministère de tutelle ou de celui de la Justice pour faire écouler le délai exigé. C’est d’ailleurs sur ce mode de création que la plupart des associations sans but lucratif, parmi lesquelles les confessions religieuses dites « Églises de réveil », fonctionnent et prolifèrent.

– Qualité de membre effectif

Article 6 : « Le nombre des membres effectifs de l’association sans but lucratif ne peut être inférieur à sept. »

Cette disposition est non seulement à la base de la prolifération des associations sans but lucratif, mais c’est sur elle surtout que s’appuient plusieurs dirigeants des associations à caractère culturel pour prétendre représenter tous les ressortissants (même non membres effectifs) de leurs coins, tribus et ethnies, en complicité avec les politiciens qui les instrumentalisent. Ainsi, il est courant d’entendre ou de lire dans la presse des déclarations de soutien à telle personnalité, lues ou rédigées par une poignée d’individus à l’insu et sans consentement des ressortissants de leur collectivité, territoire, tribu ou ethnie. De même, la gestion de ses associations par leurs « fondateurs » est si opaque qu’ils les considèrent comme leurs biens privés et admettent rarement l’alternance.

2. Associations culturelles : foyers de la manipulation et de l’opportunisme 

A Kinshasa, plus particulièrement, on en trouve chez tous les ressortissants des provinces, certaines plus fragmentaires ou plus représentatives » que d’autres, selon les circonstances et les enjeux. En temps ordinaire et à l’exception des cas de deuils ou de fêtes qui rassemblent plus par solidarité que parfiliation, il est rare d’entendre ces chefs et leurs associations entretenir leurs membres sur des problèmes réellement culturels tel que le respect des règles coutumières en matière de dot, le respect des plus jeunes à l’égard des aînés ou encore l’apprentissage de la langue maternelle. Sous plusieurs dénominations (Teke –Humbu, Yansi de Masimanimba, Yansi de Bagata, Sakata, Kanyok, Bena Kalambayi, Bena…, Bena…, Bakete, Bakawa Kalonji, Bakwa…, Bakwa…, Ne Kongo, Association Sempia, Divar, Balubakat, etc.), c’est souvent à l’occasion des grands enjeux politiques (conférence nationale, dialogue national, concertations nationales, remaniement gouvernemental, élections…) que ces associations se manifestent pour monter des enchères en se faisant passer pour des bases électorales que le détenteur ou le prétendant au pouvoir ne peut se donner le luxe d’ignorer.

C’est dans ce cadre que pour soutenir le Marechal Mobutu dont le règne allait lentement mais surement vers sa chute que l’on assista à la naissance, dans les années 90, d’un mouvement appelé « Alliba » (Alliance des Bangala) regroupant des ethnies de la province de l’Équateur ayant le lingala comme langue commune. Parmi ces ethnies figurent les Banja, les Ngombe, les Ngbandi (ethnie d’origine de Mobutu) et les Ngbaka. « Ces ethnies utilisent cette langue pour communiquer et commercer entre elles. Le but premier de l’Alliba est de créer des liens de solidarité entre ces groupes ethniques et de promouvoir et de défendre leurs intérêts communs face aux ambitions de groupes ethniques démographiquement plus importants. Ces ethnies trouvent leur intérêt dans la présence continue du Président Mobutu au pouvoir et se sentent menacées par le mouvement d’instauration de la démocratie au Zaïre. De nombreux proches collaborateurs du président Mobutu sont issus de ces groupes ethniques et occupent des postes clés au sein du gouvernement, notamment au sein de l’armée et de la police. »[1]

A l’avènement de l’AFDL au pouvoir, plusieurs de ses dirigeants prirent le chemin de l’exil et même après leur retour au pays, on n’entendit presque plus parler de l’Alliba. Curieusement, c’est à la faveur de la mise sur pied du gouvernement de « Cohésion nationale » issu des Concertations nationales que cette association a refait surface, son fondateur ayant été débauché du parti MLC pour faire parti de ce gouvernement. « Il faut être reconnaissant envers le Chef de l’État qui m’a élevé aux plus hautes fonctions ministérielles, a déclaré Omer Egwake Ya’Ngombe, Ministre de l’Aménagement du territoire, Urbanisme et Habitat, au cours d’un meeting populaire qu’il a tenu dimanche dernier en la salle des Fêtes Makias à Kindele à l’intention des membres de l’Alliance des Bangala, en sigle Alliba ».[2]  C’est également durant la décennie 90 que surgit de nulle part un groupuscule dénommé Banyamulenge, dont les revendications au détriment de la majorité des Zaïrois d’alors débouchèrent sur la guerre dite de libération qui n’en finit pas d’endeuiller la nation congolaise.

Incapables de tirer les conséquences de ce genre d’associations, et toujours à l’affût des enjeux politiques, d’autres compatriotes, la plupart des députés nationaux mêlés à d’anciens rebelles, trouvent leur temps venu de lancer l’Association « culturelle » Anamongo qui pèserait, selon eux, un quart des députés de l’Assemblée nationale. « Invité par les journalistes à éclairer l’opinion sur les objectifs poursuivis par le regroupement, François Bokona, qui est en même temps président de la Commission politique, administrative et juridique de la chambre basse du Parlement, a dit que son association s’assigne comme objectif principal : la défense des intérêts du peuple « Mongo » disséminé à travers le territoire national ». 

Tout observateur averti devrait se poser les questions suivantes : Contre qui (quelles ethnies) cette association entend défendre les intérêts des Anamongo? Si réellement l’association est culturelle et apolitique, pourquoi cette allusion faite au nombre de ses membres à l’Assemblée nationale? De quels intérêts s’agit-il et, est-ce pour cela qu’ils ont été élus? Dans l’affirmative, pourquoi s’en souviennent-ils seulement une année avant l’expiration de leur mandat? Vont-ils pousser leur logique jusqu’à la constitution d’un groupe parlementaire Anamongo? A quoi ressemblerait la nation congolaise si tous les députés devaient faire de même?[3]

En 2012, l’entrée au gouvernement de Kin Kiey Mulumba fut précédée par une vaste opération de séduction et de manipulation consistant à faire croire qu’il était le leader du peuple Mbala, ethnie dont il est originaire et qui, non seulement s’étendrait du Bandundu au Kasaï mais aurait même donné naissance aux autres ethnies (Lunda, Luba, Luwa, Sondi, Songe, Pende, Kwese et Tshiokwe). « Dans une lettre adressée au Président de la République et remise le week-end à l’honorable Tryhphon Kin-Kiey Mulumba, les Mbala de la RDC (Mbala, Ngongo, Songo, Hungana, Kwese et Pindi),  peuple majoritaire et dominant au plan démographique de la province de Bandundu, constituant une ethnie félicitent le Chef de l’État pour sa réélection à la Magistrature suprême. Réélection à laquelle le Peuple Mbala s’est impliqué dans sa majorité. Les Mbala réaffirment leur soutien et leur engagement à accompagner le Président de la République dans son projet de « Révolution de la modernité de la RD-Congo ». Ce peuple se dit « déterminé à prendre en mains sa propre destinée pour son développement et celui de la RDC ». Il ne ménagera aucun effort pour la réussite du nouveau quinquennat qui s’engage. Nous avons résolument décidé de mobiliser et d’organiser l’ethnie Mbala pour le soutien de votre mandat. Ce peuple attend d’être associé à la gestion de la chose publique ». A une année de la fin de ce quinquennat, nos nombreux amis Mbala avouent n’avoir rien vu de tout ce qui a été annoncé en leur nom et sans leur consentement. Bien au contraire, le projet de rassembler toutes les composantes du peuple Mbala a été remplacé par l’Association Kabila-désir.[4] Quel lien établir entre la culture et les désirs?

Moins chanceux que les deux précédents politiciens, l’ancien mobutiste Lumuna Ndubu ne put réussir l’usage de la même recette lui qui, en 2013(année des concertations nationales qui allaient déboucher sur un gouvernement de cohésion nationale) avait rêvé de reconstituer l’ancien empire Luba. « Dans un message adressé concomitamment au Chef de l’État, Joseph Kabila et, à Étienne Tshisekedi, Président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, l’Union internationale des communautés Luba (UICL) exhorte les deux personnalités au dialogue et à la cohabitation fraternelle, solidaire et unitaire. Cela, en vue de bâtir en blocs compacts la cohésion nationale et de juguler la crise multidimensionnelle qui ronge le pays. Enfin, ce message, signé par le président de cette ONG à caractère social et culturel, Me Lumuna Ndubu, demande aussi à tous les Luba, filles et fils du Kasaï-Oriental, du Kasaï-Occidental et du Katanga ainsi qu’à toute personne éprise de paix, de se soucier de le propager de telle sorte qu’il parvienne, le plus rapidement possible, à ces deux personnalités qui, vraisemblablement, constitueraient, une fois réconciliées sur base d’un projet commun de société, l’axe du réarmement moral du peuple congolais face à la complexité des défis de développement auxquels la RD. Congo est confrontée. L’Union Internationale des Communautés Luba « UICL » en sigle, ONG humanitaire à caractère social et culturel, est composé des descendants de l’Empereur Ilunga Mbidi, ancêtre commun. »[5]

3. Associations culturelles : foyers du clientélisme politique        

Depuis l’époque du MPR, Parti-État, les leaders de toutes les communautés tribales et ethniques du pays ont pris l’habitude d’organiser des festivités fortement médiatisées pour « recevoir et féliciter » ceux de leurs « membres » appelés à la mangeoire (Comité central, Bureau politique, Conseil exécutif, entreprises publiques et, actuellement, gouvernement). Alors que l’Association « culturelle » qui organise la réception est censée (selon les statuts) réunir tous les fils et toutes les filles de l’ethnie ou de la tribu, ne sont curieusement invités à cette cérémonie que ceux d’entre eux qui ont pu cotiser non pas selon leurs moyens mais le minimum (pas moins de 50$) ou plus, fixé par les organisateurs. Sont également invités, avec honneur, les représentants du Chef de l’État (même s’ils peuvent être empêchés), les parrains politiques et/ou les collègues de la personne nommée ainsi que les amis et sympathisants qui peuvent témoigner de sa popularité au sein de sa communauté considérée comme base électorale pour le Président de la République. Généralement trois personnes prennent parole dans ce genre de cérémonie : le représentant de l’Association culturelle, l’heureux promu et le représentant du Chef de l’État qui promet de transmettre fidèlement à ce dernier les doléances exprimées à cette occasion.

Quant au représentant de la communauté, il commence par remercier le Chef de l’État à qui « il a plu d’appeler à sa table un de leur digne fils ou fille, pour ses « compétences », avant de lui promettre le soutien de tout le peuple bénéficiaire de la nomination, pour enfin s’adresser au lauréat qui ne doit pas oublier de faire tomber abondamment de miettes(embaucher ou recommander) pour ses frères et sœurs. Il est utile de signaler que dans ce genre de manifestations et pour l’intérêt de la communauté, toutes les divergences et sensibilités politiques sont momentanément gelées, car il faut donner la chance aux jeunes et autres chômeurs qui vont pouvoir bénéficier, peu importe qu’ils soient compétents ou non, des recommandations transversales, dans des cabinets ministériels ou dans des entreprises publiques sous tutelle du ministère confié au leur ainsi qu’à se collègues.

Lorsqu’enfin lui-même prend la parole, le lauréat renouvelle sa fidélité au Chef de l’État, à qui il assure le soutien de tout son peuple (sa communauté), tout en demandant à sa « base », même sans connaître le programme de gouvernement et ses propres prérogatives, de prier pour lui afin que sa réussite soit celle de toute sa communauté. En coulisse et dès le lendemain de cette réception, des dossiers commencent à tomber non seulement au cabinet et au domicile de ce dernier mais également dans les mains de toutes les personnes (frères, sœurs, beaux-frères et belles-sœurs, amis et connaissances et mêmes maîtresses connues) disposant ou supposées disposer d’une quelconque influence. Comme il n’est pas facile de satisfaire à toutes ces demandes, dont certaines viennent des autorités coutumières (véritables représentant de la base), lorsque le ministre découvre les réalités de la gouvernance, il commence par prendre petit à petit ses distances avec sa communauté, avant d’être qualifié par cette dernière d’amorphe ou d’égoïste. Par contre, dans les cabinets de ceux qui n’ont pas un sens élevé de nationalisme et de patriotisme, on trouve toute la coterie à tel point que la langue qui y est parlée est celle du terroir. Pour éclairer l’opinion sur l’apolitisme hypocrite des associations culturelles, nous avons pu sélectionner quelques faits marquant les réceptions des membres du gouvernement par leurs communautés ethniques ou tribales.                                               

– Le 15 janvier 2009, au restaurant Le Délice, le ministre de l’énergie du Gouvernement Muzito I, Muzangisa, fut reçu par l’association Kulivwa regroupant les Tshiokwe du Katanga, du Bandundu et du Kasaï. Ému et oubliant qu’il était nommé pour le bien être de toute la population du Congo, le ministre déclara qu’il allait œuvrer pour le soutien de sa communauté. « Promu Ministre de l’Énergie au sein du gouvernement Muzito, Laurent Muzangisa Mutalenu a, au cours de la soirée organisée en son honneur par L’Association culturelle Kulivwa de la communauté Tshiokwe, promis d’œuvrer pour le soutien de sa communauté ».[6]

– « L’espace Gabin dans la commune de la Gombe a servi de cadre à la réception qu’a organisée François Kaniki en l’honneur d’Albert Mpeti, Vice-ministre des finances. Il y a lieu de signaler que les mots étaient justes pour célébrer cette nomination qui honore tous les ressortissants de Mai-Ndombe. La communauté de Mai-Ndombe vous présente toutes ses félicitations et vous souhaite pleins succès dans vos fonctions. »[7]

– Autant les associations culturelles se réjouissent de voir un des leurs accéder à la mangeoire, autant elles expriment leur déception lorsqu’aucun de leurs membres n’y est invité ou en est débarqué. « Le gouvernement II du patriarche Gizenga Fundji a fait des victimes dont se ressent le peuple Kanyok. Des voix s’élèvent d’un peu partout pour fustiger la manière dont certaines composantes ont été marginalisées lors du réaménagement ministériel intervenu dernièrement. Au nombre de ces voix, il faut épingler celle de la communauté Kanyok, regroupée au sein de l’association « Twikongay Tuy Kuhal» en sigle TTK, qui vient de mêler la sienne pour exprimer sa déception. »[8]

4. Constats                                                                                                                                                    

A la lumière de ce qui précède, il y a lieu de faire des constats malheureux ci- après :              

-La loi portant dispositions générales applicables aux associations sans but lucratif(ASBL) est non seulement laconique mais elle ne permet surtout pas d’empêcher, en amont, la prolifération de ces associations dont les plus dangereuses sont les confessions religieuses et les associations culturelles d’essence ethnique et tribale.                

-Les associations « communautaires » dites culturelles sont en réalité des clubs d’individus agissant à la fois comme des pépinières d’hommes politiques et comme des « Fan clubs » de soutien moral de quiconque de ses membres réussit, grâce à l’association ou à son parti et/ou famille politique, à accéder au gouvernement ou à une institution du pouvoir.                                                                                                       

–Faute de partis politiques dignes de ce nom et bien implantés sur l’ensemble du territoire national, avec un projet de société englobant les aspirations de toute la population congolaise, le recrutement des militants chanteurs est privilégié au détriment des cadres prêts à être utilisés dans leurs domaines d’expertise pour l’exercice du pouvoir. L’on se rabat alors sur les associations communautaires, foyers du clientélisme qui s’observe dans toutes les institutions de l’État, avec comme conséquence que même des pharmaciens de formation arrivent à diriger le Ministère de la Défense et Sécurité et ce, en temps de guerre.

-Le clientélisme, érigé en mode de recrutement et de sélection du personnel politique et administratif, favorise ainsi les frustrations de ceux qui se sentent injustement exclus ou marginalisés et empêche ou retarde l’éclosion des sentiments nationalistes ainsi que l’avènement d’une vraie démocratie.                                                                                                                    

 Conclusion                                                                                                                         

Lorsqu’on parle des richesses du Congo, on ne pense souvent qu’aux ressources du sol et sous sol et on oublie cette autre richesse qu’est la diversité culturelle. Grâce à cette diversité, les centaines de composantes tribales et ethniques, mieux encadrées, peuvent être à la base d’une nation forte qui échapperait aux conflits communautaires récurrents comme c’est le cas en Belgique et chez certains de nos voisins de l’Est. Pour l’équilibre et la stabilité politique, les tribus et les ethnies sont nécessaires au Congo et les associations culturelles y joueraient un grand rôle en respectant leur objet social plutôt qu’en s’immisçant dans le domaine réservé aux politiciens. Avec la décentralisation, si rien n’est fait pour rendre la loi plus contraignante, il y a risque de voir surgir, au niveau provincial, des associations claniques qui viendraient exacerber les conflits et fragiliser davantage la cohésion nationale.                                                                                                              

C’est pourquoi nous suggérons d’ores et déjà au futur Président de la République et au futur Premier Ministre d’interdire définitivement les réceptions à caractère ethnique ou tribal organisées par des associations dites culturelles. Au futur Ministre de la Justice et aux futurs députés nationaux, nous suggérons d’initier un projet ou une proposition de loi établissant très clairement les conditions de créations des associations à caractère culturel de manière à ce qu’elles cessent d’agir en collusion avec la politique et qu’elles abandonnent celle-ci aux politiciens pour ne s’occuper exclusivement que de la culture. A chacun de jouer son rôle.

Jean-Bosco Kongolo
Juriste & Criminologue

Références

[1] Direction des recherches, Commission de l’immigration et statut de réfugié, Canada, 1er janvier 1996, http://www.refworld.org/docid/3ae6ac0080.html

[2] Digitalcongo, 30/12/2014, http://www.digitalcongo.net/article/104593)

[3]Le Phare, 29 sept.2015, http://7sur7.cd/new/les-deputes-anamongo-creent-une-association-culturelle/

[4] : Le Soft international nº111252 daté v du vendredi 17/02/ 2012, http://www.lesoftonline.net/articles/fort-de-sa-force-d%C3%A9mographique-le-peuple-mbala-r%C3%A9clame-un-r%C3%B4le-politique)

[5] Maître Lumuna Ndubu, 15/06/2013, http://ladynamiquecongolaise.com/category/la-dynamique-congolaise/politique/page/34/

[6] Le Potentiel, 19/01/2019, http://fr.allafrica.com/stories/200901190816.html

[7] Journal La Prospérité, 18 déc. 2014, http://fr.allafrica.com/stories/201412180771.html

[8] La Prospérité, 12 déc. 2012, http://fr.allafrica.com/stories/2007121202.htlm

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5 Comments on “L’apolitisme hypocrite des associations culturelles congolaises – Jean-Bosco Kongolo”

  • Makutu Lidjo

    says:

    C’est une excellente étude sociologique de la réalité des associations culturelles dans notre pays. J’inviterai nos compatriotes à lire avec attention ce beau texte de notre compatriote Jean-Bosco Kongolo.

  • Makutu Lidjo

    says:

    Allant dans le même sens de l’auteur du texte, j’ai suivi ce weekend sur la Rtnc le message d’une certaine société civile rénovée du Maïndombe remerciant le chef de l’état pour avoir gardé au gouvernement comme vice ministre des finances leur frère, seul représentant de la province du Maïndombe au sein du gouvernement réaménagé du 1er ministre Matata, le sieur Albert Mpeti.

    • Jean-Bosco Kongolo

      says:

      Merci, cher compatriote Makutu. Je ne peux que vous demander d’assurer une très large diffusion de cette analyse dont l’objectif est d’amener le peuple congolais à changer de mentalités.

  • Eloge Mavungu

    says:

    article interressant. franchement ces asso culturelles sont des obstacles majeurs à la cre

  • Eloge Mavungu

    says:

    Article interagissant. Franchement ces associations culturelles sont des obstacles majeurs à l’intégration et a la création d’une nation. La pauvreté accentuée par une gouvernance défaillante sont à coup sûre le socle de cette situation. Mais il revient à nous qui comprenons cette situation de multiplier des efforts pour faire entendre nos voix et rectifier le tir.

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