- L’action diplomatique mensongère du régime Kabila mise à nu par Nikki Haley
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
« Mentez, mentez il restera toujours quelque chose », cette citation résume très bien le stratagème rhétorique diplomatique du régime de Kabila pour justifier son glissement. Le mensonge d’Etat ou la mythocratie et le sophisme ont été pendant longtemps érigés en mode de rhétorique politique caractéristique du pouvoir de Kinshasa. Malheureusement pour le régime illégal de Kabila, toute chose a une fin. Les prétextes et autres subterfuges échafaudés de toutes pièces par le pouvoir congolais, avec l’aide de la CENI devenue l’instrument du glissement de Joseph Kabila, arrivent à leur péremption.
C’est le constat qui se dégage à l’analyse de la réplique opposée au ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, par l’Ambassadrice américaine aux Nations-Unies, Nikki Haley. En effet, un grand débat du Conseil de sécurité des Nations-Unies sur la situation politique et le déroulement du processus électoral au Congo-Kinshasa s’est tenu le 12 février 2018 à New-York sous la présidence de l’ambassadeur américain à l’ONU, Nikki Haley. Madame Haley n’est pas allée du dos de la cuillère pour fustiger en des mots très peu diplomatiques et très virulents, l’irresponsabilité générale du régime de Kabila dans la conduite générale des affaires d’Etat qui incluent autant la socio-économique désastreuse causant la misère des populations congolaises, que les questions politiques liées au processus électoral nébuleux et très peu fiable, ou les dossiers judiciaires relatifs à l’assassinat des deux experts de l’ONU ainsi que les aspects concernant les violations récurrentes des droits humains par le régime de Kinshasa.
On a assisté à une charge diplomatique inédite, humiliante et très virulente contre le régime de Kabila, qui restera sans doute dans les annales des Nations-Unies, faisant perdre le sang-froid à M. Okitundu. Ce dernier, très secoué par ce réquisitoire-surprise très sombre des Etats-Unis, pays où le régime de Kabila ne cesse de dépenser des dizaines de millions de dollars du trésor public dans le lobbying, n’a pas contenu sa nervosité qui traduisait en expression non verbale l’échec de toute la stratégie diplomatique qu’il a mise au point au profit de son chef Joseph Kabila.
Commentant sa réaction sur les réseaux sociaux, M. Serge-Thibaut Kassa écrit ceci : « Monsieur Okitundu a eu la même attitude que celle de Monsieur Mende, dernièrement invité du journal Afrique de TV 5. Face aux récits des faits qui caractérisent la réaction des autorités congolaises aux appels du peuple depuis quelques années, ces deux figures du pouvoir ont fait preuve d’une grande nervosité, en opposant des arguments peu cohérents et convaincants, et en rejetant systématiquement tout ce qui leur était reproché. Il est quand même difficile de soutenir que les autorités congolaises mettent tout en œuvre pour que les élections se tiennent dans des meilleurs délais et des conditions acceptables. Ils réagissent comme si un complot était ourdi contre le pouvoir! Cette situation est le fruit de la stratégie politique qu’ils ont mise en œuvre pour se maintenir le plus longtemps possible au pouvoir. Aujourd’hui, les avancées technologiques font qu’on puisse voir en direct ce qu’il se passe partout, y compris au Congo. Il n’y a aucune exagération dans le récit des faits puisque c’est exactement ce que nous observons depuis des années. L’arrivée des ONG comme acteurs des relations internationales n’aide pas forcément les dictatures d’Afrique. Si ces dernières étaient davantage isolées sur la scène internationale, leur chute serait probablement moins difficile. »
En effet, si les Etats-Unis en arrivent à humilier publiquement le régime congolais à ce point, surtout par le canal de sa représentante diplomatique aux Nations-Unies, c’est que Kinshasa a outrepassé le seuil du politiquement et diplomatiquement tolérable. Kabila et ses collaborateurs pensaient qu’ils pouvaient continuer à narguer impunément l’opinion nationale et internationale avec des arguments fallacieux alors que la réalité sur le terrain est tout autrement. Cette réplique, aux côtés d’autres mesures de sanctions internationales contre le régime Kabila, est un indice pertinent qui montre que l’ère Kabila touche à sa fin. Il n’est plus que question de temps pour que tout cet échafaudage mensonger créé autour de lui tombe comme un château de cartes.
Plutôt que de l’entêter et le pousser vers son dernier retranchement, ses conseillers devraient l’aider à avoir une bonne lecture prospective de la situation afin de lui éviter le pire. C’est le message qu’ils doivent interpréter de la position officielle des Etats-Unis par rapport à la crise entretenue par l régime de Kabila, dont Nikki Haley est devenue la bouche autorisée, sinon le porte-voix, de l’imprévisible impétueux président Donald Trump. L’ambassadrice américaine à l’ONU, dans le pur style trumpiste, message Twitter à l’appui, signe que son message vient directement de son chef, a fait fi du devoir de réserve et de courtoisie linguistique auquel un diplomate doit s’astreindre. Elle va même traiter Joseph Kabila de Mister Kabila en lieu et place de « Président » Kabila. Il s’agit là d’un autre indice verbal qui montre que Kabila reste un président de fait et non légal, surtout qu’il doit son mandat supplémentaire illégitime qui court jusqu’à la fin décembre 2018 au fait des assurances fallacieuses qu’il a tenues à M. Haley d’organiser les élections pour une alternance diplomatique le 23 décembre 2018. Cela montre que pour les Etats-Unis, Joseph Kabila est plus que jamais conjugué au passé et que son entourage et lui devraient sérieusement en prendre la mesure dès maintenant avant que le coq n’ait à chanter à trois reprises au moment où le glas va sonner.
Pour comprendre la place atypique, mais très influente qu’occupe Nikky Haley au sein de l’administration Trump, il suffit de se rapporter aux propos du président américain à son égard au cours d’un dîner à la Maison Blanche pour les ambassadeurs auprès du Conseil de sécurité de l’ONU, alors que l’ambassadrice était sous les feux de Département d’Etat mis à l’ombre par Haley, et qui la traitait d’ « un canon potentiellement lâche avec son propre agenda » : « Je tiens à remercier l’Ambassadeur Nikki Haley pour son leadership exceptionnel et pour avoir été mon envoyé personnel au Conseil de sécurité. Elle fait du bon travail. Maintenant, est-ce que tout le monde aime Nikki? « Dit Trump. « Sinon, elle pourrait être facilement remplacée, non? Non, nous ne ferons pas ça. Je vous promets que nous ne ferons pas cela. Elle fait un travail fantastique« [1].
Ainsi, si sur le plan interne, Joseph Kabila, qui a violé l’Accord de la Saint-Sylvestre qui l’a maintenu au pouvoir jusqu’au 31 décembre 2017, est considéré comme étant un président illégal et illégitime, sur le plan international, il doit sa légitimité de fait par la bonne foi par les Etats-Unis qui découvrent enfin ses stratégies du sabordage du processus électoral. De la sorte, même la citation « A beau mentir qui vient de loin » ne marche plus dans ce monde planétaire de plus en plus interconnecté. Ils doivent comprendre et réaliser que les manœuvres répressives et la dérive dictatoriale du régime de Kabila[2] ne lui permettront plus de trôner impunément à la tête de la RDC et plus ils tuent plus ils creusent leurs tombes politiques et judiciaires, voire physiques à la manière du l’ex-président libérien Samuel Doe. Malheureusement, face à un régime autiste pour qui le pouvoir rend ivre, on oublie souvent dans cette ivresse que le vin de l’imposture est déjà tiré. Et qu’il n’est plus que question de temps, de très peu de temps !
Vidéo de l’extrait de l’intervention de Nikki Haley :
Ci-dessous, la traduction en français de la réponse de Nikki Haley à She Okitundu devant le Conseil de Sécurité de l’ONU
Je voudrais ajouter quelques commentaires en particulier à l’attention de Monsieur Okitundu.
Une chose que je voudrais dire est que vous avez fait un commentaire disant qu’il faut visiter le Congo pour le comprendre. J‘ai visité le Congo, je l’ai ai vu et j’ai entendu les gens (the people) .Vous avez une communauté internationale qui veut vous aider, une communauté internationale qui vient de passer des heures à discuter sur comment aller de l’avant Et vous avez une communauté internationale qui souhaite voir des élections libres et honnêtes (fair). Je comprends votre frustration et les raisons pour lesquelles vous vous êtes fâché précédemment, mais je veux dire ceci: en rapport avec les morts, demandez à Monsieur Kabila ce qui’il a fait de ma liste; je lui ai donné une liste et aucune action n’a été entreprise; cette liste est, nous le savons, ce qui doit être examiné et c’est une liste sérieuse qui se réfère à la mort de ces deux personnes.
Secundo: quand vous dites que vous êtes fatigué d’entendre comment les gens parlent de la RDC, il n’y a aucun plaisir de parler de la RDC; mais pour le bien du peuple, j’ai parlé aux gens à l’intérieur et à l’extérieur des camps , ces gens veulent une bonne vie, ils veulent une bonne qualité de vie, ils veulent pouvoir s’exprimer sans se soucier – lorsqu’ils protestent – s’ils vont se faire tirer dessus à balles réelles ou être traité avec brutalité.
Lorsque vous êtes fâché (upset) par la manière négative dont on parle de la RDC, au lieu de manifester vos frustrations nous apprécierions de bonnes actions de la part de la RDC (des autorités) pour être surs qu’ils écoutent leur population et qu’ils travaillent avec la CENI et les partenaires régionaux en vue d’avoir des élections libres et honnêtes et montrer des actions plutôt que de crier (yell) sur les évêques et de jeter la responsabilité sur autrui afin d’être surs que vous compreniez que votre pays et votre administration sont responsables de la souffrance de la population de ce pays et vous seulement vous pouvez arranger les choses (fix it). Nous pouvons vous aider à les arranger, mais j’ai vu ces enfants: il n’y a aucune lueur d’ espoir dans leurs yeux en ce moment j’ai écouté les mamans de ces enfants, elles sont tristes à l’idée que leurs enfants n’auront pas de travail ni d’avenir; ceci est l’occasion pour le gouvernement de Kabila (the Kabila administration)de penser à l’héritage qu’il va laisser, voulez-vous laisser en héritage la situation présente avec des conflits, de l’oppression et des excuses ou voulez-vous un pays qui montre ce que c’est de faire face, d’ assume ses responsabilités et qui finalement écoute les voix de la population du Congo ? Ils le méritent !
(Remerciements….)
Nous continuerons à observer la situation de près ; je dis à la CENI que tous les yeux du monde les observent ; j‘ai dit à la RDC vous avez de nombreux amis qui veulent vous voir réussir et je dis à la population congolaise que nous ne vous abandonnerons pas tant que vous n’aurez pas d’élections libres et honnêtes. Je vous demande à tous, après cette longue réunion de ne pas considérer que nous avons fini et chaque mois nous procéderons à une évaluation au regard des étapes prévues.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Références
[1] Déclaration originelle de Trump : “I want to thank Ambassador Nikki Haley for her outstanding leadership and for acting as my personal envoy on the Security Council. She is doing a good job. Now, does everybody like Nikki?” Trump said. “Otherwise she could be easily replaced, right? No, we won’t do that. I promise you we won’t do that. She’s doing a fantastic job.” http://nymag.com/daily/intelligencer/2017/04/state-department-moves-to-rein-in-high-flying-nikki-haley.html.
[2] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, Le retour aux affaires du général John Numbi consacre la dictature militaire du régime de Kabila. DESC, 14 février 2018. http://afridesk.org/fr/rehabilitation-general-john-numbi-consacre-dictature-militaire-regime-de-kabila-jj-wondo/.
2 Comments on “L’action diplomatique mensongère du régime Kabila mise à nu par Nikki Haley – JJ Wondo”
Makutu Lidjo
says:Une sorte de mise sous tutelle de la Rdc a été décidée au conseil de sécurité des nations unies comme on le fait dans la vie civile pour un prisonnier à qui l’on met en œuvre un accompagnement avant une sortie éventuelle. Obligation de suivre la feuille de route sinon sanction.
GHOST
says:.. »Sanction » ?
Quelle est la sanction contre Kabila qui a roulé le Vatican et le Pape…et serait capable de rouler l´admnistration Trump si les USA ne font pas une pression « constante » et intelligente?