LA VICTOIRE DE PIERRE NKURUNZIZA ANNONCE
LA DEFAITE DE LA DEMOCRATIE AU CONGO-KINSHASA.
Dans la région des grands lacs, il serait contreproductif d’évaluer d’une manière isolée les événements qui se produisent dans l’un de trois pays constitutifs. Raison de plus pour traiter la réélection du président Pierre Nkurunziza le 21 juillet dernier à la magistrature suprême burundaise comme une onde de choc qui en commençant à Bujumbura finira par toucher Kinshasa et Kigali telle une vague qui ondule sur des milliers de kilomètres secouant sur son passage toutes les eaux de cette région interlacustre. Dans ces conditions, nous pourrons alors comprendre dans quelle mesure la réélection de Nkurunziza est un très mauvais avertissement pour les présidentielles congolaises de 2016, sinon un présage du moins un signe avant-coureur de leur échec programmé.
Les très fausses dénonciations de la communauté internationale
Lorsque Pierre-Claver Ndayicariye, le président honoraire de la commission électorale nationale indépendante (CENI) a fini de proclamer le verdict des urnes annonçant Pierre Nkurunziza vainqueur de la présidentielle burundaise du 21 juillet 2015 avec un taux de 69, 41% (soit 1.961.510 de choix du corps électoral), les voix se sont levées un peu partout dans le monde pour dénoncer la mascarade de cette élection présidentielle.
Agathon Rwasa, président de la coalition des Indépendants « Amizero y’Aburundi » qui a pourtant raflé 18% de voix quoiqu’ayant retiré sa candidature, rejette avec véhémence les résultats de la Ceni qu’ils qualifient de « préfabriqués »[1] et avoue ne pas reconnaitre la Légitimité de ce scrutin obsolète. La communauté internationale quant à elle a jugé les élections de non-crédibles, dénonçant le climat d’intimidation et de violences politiques dans lesquelles elles se sont déroulées ainsi que l’absence des médias privés au Burundi.
L’Union européenne par la bouche de Federica Mogherini, sa chef de diplomatie, dénonce l’impasse politique au Burundi et menace des sanctions ciblées, les responsables d’actes de violence et de répression ou ceux qui entraveraient la recherche d’une solution politique[2]. Sans déterminer la nature de ces sanctions, l’UE appelle tous les acteurs burundais à reprendre le dialogue sur toutes les questions faisant objet de divergences entre les parties.
Même son de cloche du côté du Département d’Etat américain qui juge non crédible le scrutin burundais et appelle au dialogue. A l’instar des déclarations que le président Barack Obama fera à l’issue d’une séance de travail avec son homologue kenyan, le porte-parole du Département d’Etat américain abondera dans le même sens en affirmant clairement que : « Les tentatives du gouvernement du Burundi de refuser aux citoyens la possibilité de choisir librement leurs dirigeants, sans intimidation et la menace de la violence, va forcer les Etats-Unis à revoir tous les aspects de notre partenariat, pas encore suspendus, y compris l’imposition de restriction sur les visas pour les responsables (…) qui favorisent l’instabilité au Burundi par la violence »[3].
En langage diplomatique, ce manque de ton dur et des sanctions fortes et concrètes pour isoler diplomatiquement le régime « putschiste » burundais qui vient de réaliser un hold-up électoral est un signe manifeste de reconnaissance de facto d’un régime qu’ils ont souhaité voir rester en place au nom des intérêts inavoués, comme nous le verrons plus loin. Cette hypocrisie de la communauté internationale se verra confirmée dans la position officielle de Ban Ki-Moon, le Secrétaire général de l’ONU, qui prendra acte de la manière jugée par lui de largement pacifique (sic !) dont s’est déroulée la présidentielle burundaise.
Tout analyste sait pertinemment bien qu’en matière de politique internationale sur des questions fort sensibles, le Secrétaire général de l’ONU défend rarement une ligne politique à l’encontre des positions de ses grands bailleurs de fond que sont les USA et l’UE. Lorsque Ban Ki-Moon se félicite du déroulement pacifique du scrutin présidentiel burundais, il s’emploie à un exercice délicat de déplacer le problème politique burundais du terrain de droit vers celui de la realpolitik. Il s’emploie à guérir la crise burundaise en s’attelant plus sur les symptômes que sur ses causes profondes. Il garde ainsi sous silence la question de fond qu’est l’inconstitutionnalité d’un scrutin présidentiel fait en dehors des règles de jeu dictées par les Accords d’Arusha et par la Constitution burundaise. Il participe ce faisant au délitement des institutions démocratique burundaises et à la désunion de tout un peuple comme l’avait si bien prédit Malka Malkovich[4].
Les carottes sont désormais cuites et pour l’opposition burundaise et pour l’ensemble de la région des grands lacs qui croyait puiser dans le modèle démocratique de Bujumbura l’exemple d’un nouvel envol de respect des institutions républicaines et de bonne gouvernance. Les dés sont aussi pipés pour le peuple congolais, l’éternel dindon de la farce de cette Communauté des Pays des Grands Lacs (CPGL) qui brille par son incapacité de garantir à ses peuples respectifs le bien-être vital minimal et par sa triste propension à torpiller toute tentative des congolais à vouloir redresser la barre.
Rappelons-nous les visées du triumvirat Kagame-Kabila-Nkurunziza
« Comment pouvez-vous dire je reste que vous vouliez de moi ou non ! C’est un problème très sérieux »[5]. C’est en ces termes que, le vendredi 8 mai 2015, Paul Kagame, dans sa réponse à une question lui posée sur la situation du Burundi, lors d’un symposium organisé par l’université de Saint-Gall, en Suisse, s’était mis à critiquer publiquement l’entêtement de Pierre Nkurunziza à se présenter à un troisième mandat en dépit d’un mouvement de protestation à Bujumbura et des pressions internationales.
Je suis et je serai quant à moi le dernier à croire sur parole ce leader rwandais. Paul Kagame n’a aucune leçon de démocratie à donner à son homologue burundais quand l’on sait tous les efforts qu’il déploie présentement pour tordre le cou à la loi fondamentale rwandaise en vue d’accéder au troisième mandat. A titre illustratif, le mardi 21 juillet, le jour même de la réélection controversée de Nkurunziza, le parlement rwandais a pris date avec l’histoire en ouvrant la voie au maintien au pouvoir du président Paul Kagame au-delà de 2017, en soutenant une pétition de quelques 4 millions de signatures pour faire sauter le verrou de deux mandats autorisés par la Constitution.
Quelque part, ses méthodes rejoignent parfaitement celles de Pierre Nkurunziza et de Joseph Kabila. Dans une étude précédente, j’avais judicieusement formulé que « Paul Kagame, Pierre Nkurunzinza et Joseph Kabila sont tous trois des frères siamois quand bien même le premier, quoique dépendant lui-même des ordres yankee, détiendrait en réalité le monopole du pouvoir de commandement sur les deux autres pour la simple raison qu’ils sont ses propres créatures politiques. Ils forment un triumvirat politique qui ne lésine pas sur ses moyens pour imposer en Afrique des Grands Lacs un nouvel ordre politique ou plutôt « un nouveau désordre politique » qu’ils vont instrumentaliser pour conserver et renforcer leur pouvoir »[6]. Cette similitude de natures et de méthodes gouvernementales entre ces trois politiciens atypiques est en passe de redessiner en mal, bien sûr, le destin de millions d’individus d’une sous-région soumise désormais à leurs humeurs et à leurs caprices pour conduire les affaires de l’Etat.
Tous trois derrière l’objectif de prendre l’avenir du Congo en otage
En effet, Kagame, Nkurunziza et Kabila sont liés par un contrat de travail dont l’empire américain est le parrain. Le sale job consiste à yougoslaviser le grand Congo en vue de le morceler via le concours des puissances voisines du Congo-Kinshasa mais alliées au « supermente »[7], au grand échiquier qui dicte en coulisse les règles de jeu. La taille gigantesque de l’ambassade américaine à Bujumbura et l’implication de cette même première puissance mondiale dans l’armement, la formation et l’équipement des Armées Patriotiques Rwandaises (APR), le tout ajouté à la fidélité tous azimuts de leur lieutenant Joseph Kabila en place à Kinshasa pour sauvegarder les intérêts étrangers, constituent autant de preuves qui contredisent Paul Kagame de prétendre critiquer les dérives totalitaires de l’homme fort burundais ou de prétendre réellement chasser ce dernier du pouvoir.
En toute réalité, tous ces facteurs masquent plutôt la nécessité pour tous les trois autocrates de se soutenir mutuellement pour leur pérennisation individuelle et pour le maintien du statu quo politique dans lequel se trouve plongé le peuple congolais qui n’exerce plus aucun contrôle ni sur son destin ni sur l’intégralité de son territoire national.
Ce puissant dispositif militaro-politique entre les régimes rwandais, congolais et burundais sert de fer de lance à la puissance impériale dans sa stratégie de conquête et d’exploitation de sol et sous-sol congolais. Dans ce sens, il ne faudra prendre au sérieux ni les déclarations de Barack Obama ni celles du porte-parole du Département d’Etat américain d’appeler le gouvernement burundais et ses opposants à dialoguer. Ce sont toutes des déclarations d’intention pour endormir l’opinion publique et en sourdine donner bénédiction à un régime dont ils ont énormément besoin pour l’exécution de la sale besogne.
Faudra-t-il en revanche comprendre la crise politique burundaise et la réélection de Pierre Nkurunziza comme un puzzle dont les pièces du conflit sont disséminées dans une stratégie de ruse, qui mêle apparence et réalité pour fixer la force ennemie sur un leurre et pour concentrer ses forces sur son lieu de dispersion ? Ne faut-il pas lire derrière la crise burundaise l’existence de grandes manœuvres politiques qui annoncent une redistribution des cartes suite aux échéances électorales à venir qui devraient se dérouler en Rd Congo (2016) et au Rwanda (2017) ?
Mon analyse géopolitique va dans cette direction d’autant plus que l’acharnement de Pierre Nkurunzinza au trône burundais et sa victoire truquée aux récentes présidentielles du 21 juillet 2015 sont une véritable aubaine pour les présidents Joseph Kabila et Paul Kagame qui nourrissent le même projet de rempiler contre la volonté constitutionnelle nonobstant l’opposition farouche de leur peuple et de quelques défenseurs internationaux de l’ordre juridique. Le fait que Nkurunziza ait réussi à porter une entorse à la Loi fondamentale sans une réaction vigoureuse de la communauté internationale qui se serait organisée pour le contraindre de renoncer à la course, conforte l’un et l’autre dans l’hypothèse toujours plus probable de réussir leur prochain coup de force.
Cette réélection illégale du président burundais est par conséquent un test importantissime pour le prochain scrutin en Rd Congo en 2016 et au Rwanda en 2017 où les deux présidents en exercice se trouvent pratiquement au terme de leur mandat constitutionnel. Importantissime moins pour les triumvirs que pour leurs maitres à penser dont le dessein fondamental reste de se servir de cette triple alliance Rwanda-Congo-Burundi pour parvenir à créer convenablement un Etat minéral au service des puissances occidentales, tous membres de l’Organisation des Nations Unies.
Tellement des points communs entre ces trois acteurs politiques : tous trois des ex-rebelles incapables de se reconvertir en démocrates ; des politiciens travaillant à la solde des parrains extérieurs qui les ont portés au pouvoir et les y maintiennent tant qu’ils travaillent à la sauvegarde de leurs intérêts ; des loups vêtus en peaux d’agneau avec leur fausse simplicité qui masque à peine leur cruauté démesurée et prédatrice vis-à-vis de leurs peuples respectifs ; des assoiffés du pouvoir doublés d’une boulimie excessive de régner[8]. Bref, des autocrates qui comptent se pérenniser aussi longtemps que possible au pouvoir par la force de la violence, exerçant répressions et assassinats sur les politiciens de leur opposition et sur les membres de la société civile qui refusent de se plier pas à leurs méthodes totalitaires.
Que personne ne se trompe au stade actuel! Kagame, Nkurunziza et Kabila sont des guerriers, des hommes de maquis qui ne cèdent devant rien, encore moins devant la Loi, tant qu’ils pensent contrôler le territoire et asseoir leur pouvoir. Tous trois, ils ne comprennent que le rapport de force. Cette manière de gouverner est leur véritable vivier. C’est leur terrain d’inspiration et de conception de politique nationale et régionale. Il faille prendre acte de leur sordide méthode d’exercice du pouvoir pour réussir à les combattre et pour prétendre détruire les fondations sur lesquelles repose leur gouvernance autocratique.
Une autre fenêtre pour lever le voile épais du mystère qui plane sur le climat politique dans la région des grands lacs, ce sont les qualités de footballeur[9] de Pierre Nkurunziza qui alimentent en même temps sa tactique politique. C’est Maria Malagardis qui nous éclaire la lanterne : « Pendant toute une partie d’un match, il semble passif, absent. Puis, tout d’un coup, il se saisit de la balle et tire au but avec une force incroyable »[10].
C’est de cette manière que se déroule le jeu politique dans la région des Grands Lacs. Le président burundais, derrière ses airs faussement innocents et bon enfant, a fait jouer toute la campagne électorale sur une dramaturgie cohérente avec l’unité de temps, de lieu et d’action, en démontrant tout ce qu’il peut y avoir comme tension du récit dans un match tel que les marches de protestation du peuple burundais opposé à la modification de sa constitution, la police burundaise tirant à balles réelles sur des citoyens ayant commis le grave péché de réclamer la pratique démocratique, la peur bleue des électeurs provoquée par les milices Imbonerakure prêtes à enlever et à tuer quiconque fait obstruction aux ambitions du dictateur burundais, le coup d’état avorté du général Godefroid Niyombare, le retour de Nkurunziza aux affaires et en fin de compte sa réélection pour un troisième mandat.
Sa méthode politique est la métaphore du mode de gouvernance qui depuis deux décennies maintenant tend à transformer in extenso le champ politique des sociétés burundaise, congolaise et rwandaise en des stades de football, comme la représentation marginale des nations éclatées, comme ces sociétés où les citoyens se sont habitués à voir leurs dirigeants transgresser les lois, à croire plus à leur mensonge qu’à la vérité, à préférer l’opaque à la transparence avec la complicité silencieuse du même souverain primaire. On laisse et, fort probablement demain encore, on laissera faire les trois fossoyeurs de la démocratie dans les grands lacs sur ce stade de la politique où les matches n’ont pas encore eu lieu qu’on les joue déjà.
Quelquefois, les citoyens de ces trois pays, déjà dépourvus de leur souveraineté, vont se contenter de commenter les prochains matches quand ils auront lieu, puis ils chercheront à les rejouer alors qu’ils ne peuvent plus rien y faire… En attendant, déjà pour Pierre Nkurunziza, et bientôt pour les deux autres triumvirs Joseph Kabila en 2016 et Paul Kagame en 2017, le match continue, mais cette fois-ci il se jouera à balles réelles… On l’aura désormais compris, la victoire du président burundais et les méthodes usées pour y parvenir constituent un très mauvais présage pour les présidentielles congolaises en 2016, à moins que le peuple congolais instruit par ce qui s’est passé à l’Est redouble de vigilance. A bon entendeur, salut !
Germain Nzinga Makitu
[1] D. HAKIZIMANA, Les résultats des présidentielles controversées du 25 juillet 2015 dans http://www.iwacu-burundi.org
[2] A. MBAZUMUTIMA, Il faut revenir au dialogue du 25 juillet 2015 dans http://www.iwacu-burundi.org
[3] J. KIRBY, Elections will lack credibility du 21 juillet 2015 dans http://www.state.gov
[4] M. MARKOVICH, Les Nations Désunies : comment l’ONU enterre les Droits de l’Homme, Paris, Ed. Jacob Duvernet, 2008, 186p.
[5] Burundi : Kagame critique l’entêtement de Nkurunziza dans http://www.coaci:com
[6] G. NZINGA MAKITU, La crise burundaise à la lumière du 6è stratagème chinois. Faire beaucoup de bruit à l’Est pour attaquer à l’Ouest du 14 mai 2015 dans http://afridesk.org et dans http://www.nzingagermain.com
[7] M. MUHINDO, L’albero che nasconde la foresta : i segreti della (nuova) crisi nella Repubblica Democratica del Congo, Torino, L’Harmattan Italia, 2009, p. 41
[8] D. MAKIENI, Kagame et Nkurunziza, deux attardés démocratiques dans http://www.lepays.bf.
[9] Hugo WILLIAMS lui reconnait les qualités d’avant-centre dans son équipe Allelluyah FC. Cfr H : WILLIAM, Burundi’s president Pierre Nkurunziza Profile dans http://www.bbc.com.
[10] M. MALAGARDIS, Pierre Nkurunziza : au Burundi, la naissance d’un dictateur du 31 mai 2015 dans http://www.liberation.fr (C’est nous qui soulignons)
4 Comments on “La victoire de Pierre Nkurunziza présage l’assassinat de la Démocratie au Congo-Kinshasa – G. Nzinga”
Kandolo
says:Il y a certes des éléments cohérents dans cette analyse ô combien intéressante mais il sied de signaler que les relations entre États sont basées sur les intérêts. aussi siamois puissent paraître ces trois sieurs, il faut relever que depuis un certain temps où un temps certain ce ménage à trois ne fait plus bon ménage car les destins de chacuns semble l’orienter vers d’autres préoccupations plutôt individuelles que collectives comme par le passé.
La politique surtout extérieure étant très dynamique en fonction des intérêts et des intentions des ceux qui tirent les ficelles notamment les USA pour ce cas présent, il y vues éléments tangibles qui poussent à croire par exemple que entre Kigali et Bujumbura c’est le desamour presque total et pour cause d’une part le rapprochement de Bujumbura avec la Tanzanie (ah tiens la Tanzanie qui est le nouvel épicentre de la politique us en Afrique centrale ) et d’autres part la tentative hégémonique de Kagame de faire virer Nkurunziza du palais de Bujumbura. Réactions: les attaques de Goma étaient en partie la représaille de Kigali à Kinshasa pour avoir envoyé les éléments de la Gr aider Nkurunziza contre le coup d’état qui selon eux était soutenu par Kigali qui a d’ailleurs commencé à activer son réseau de victimisation contre un éventuel massacre contre les tutsi burundais mais la sauce génocide ne prend plus …
En plus de cela ik faut garder à l’esprit que les enjeux pour les trois pays ne sont pas pareils pour les usa. Sans oublier que malgré tout Nkurunziza est quand même aimé par une large partie de sa population vers la quelle il peut encore aller en vélo et parler ce qui n’est pas le cas pour kabila qui na aucune base populaire.
Observez avec attention le langage diplomatique et vous verrez que pour kabila rien a changé de la part des usa. … au lieu d’une onde de choc moi je vois un retour du boomerang. ..vers … Kinshasa
Germain nzinga
says:BIen cher Kandolo, merci infiniment pour ces éclairages qui nous convainquent davantage que la situation politique dans les grands Lacs est un véritable labyrinthe. Deux observations cependant : primo, la place d’épicentre qu’occupe la Tanzanie dans la politique US de l’Afrique centrale ne va de pair avec la dépréciation du rôle joué par le Rwanda. A mon avis, dans la politique US leading behing ( diriger via des puissances sous-régionales interposées), le Pentagone utilise deux bras : le bras diplomatique (Tanzanie) et le bras armé/militaire (Rwanda). Les deux bras concourent au même projet politique US brillamment décrit dans les publications de nos estimés compatriotes Honoré Ngbanda et Patrick Mbeko. L’ un n’exclut pas l’autre, loin s’en faut! La Tanzanie, quoique donnant le bon modèle de démocratie, ne pourra jamais être de grande utilité pour résoudre la crise congolaise. Depuis Mwalimu, ce pays vit en esprit de concurrence avec le Zaïre de Mobutu. Et l’accès à la magistrature suprême congolaise de Mzee Kabila et de Josph Kabila tous deux hôtes de ce pays où ils ont fourbi leurs premières armes de rébellion, est le signe éclatant de la VICTOIRE tanzanienne dont Dar-es-Salam tire de nombreux avantages en termes de marchés économiques et d’hégémonie politique sur le grand COngo devenu l’ombre de lui-même. L’apparente innocence tanzanienne au Congo est liée à son absence sur les nombreuses opérations militaires parce qu’elle utilise quant à elle l’arme diplomatique pour parvenir à ses fins politiques et économique pendant que le Rwanda use de sa puissance militaire pour tirer profit de la crise congolaise. Retiens que la forte nuisance contre le destin congolais est présente de part et d’autre, en Tanzanie comme au Rwanda. Seuls les moyens pour y parvenir diffèrent…
Quant au conflit entre Kigali et Bujumbura, nous sommes en plein dans la politique de la ruse dont les politiciens de l’Afrique Orientale détiennent le secret… Ils peuvent bien se battre comme Kagame et Museveni à Kisangani et s’appeler le soir au téléphone comme de bons vieux amis. Le ressort de ce THÉÂTRE politique (bombardement de Goma, interview musclée contre Nkurunziza à Saint Gall en Suisse,etc.) n’interdit pas aux deux protagonistes de se soutenir dans leur projet de perdurer au pouvoir et de tirer le maximum de profit d’un Congo malade de sa souveraineté…Il importe aux analystes de prendre de la hauteur pour ne pas tomber dans le piège de ce qui est indiqué sur la scène des médias et prendre la précaution d’aller voir ce qui se trame derrière le rideau. Il s’agit d’entrer par effraction intellectuelle dans le SECRET de leur stratégie faite de ruse et de calcul à long terme pour anticiper l’action de l’adversaire… Sans cela, nous serons pris au dépourvu. L’ennemi fera beaucoup de bruit à l’Est (crise burundaise ou attaque de Goma) et nous surprendra par une attaque-éclair à l’Ouest ( contrôle du scrutin à Congo-Kinshasa en 2016)…
Germain nzinga
says:Leading behind au lieu leading behing. Petit correctif à une coquille!!!
Kandolo
says:Monsieur l’abbé,
Le simple fait qu j’évoque le dynamisme du monde politique surtout en politique étrangère devrait faire évoluer votre point de vue concernant ce sujet qui nous tiens tous à cœurs et d’ailleurs en politique(surtout étrangère); l’ami de mon ami n’est pas forcément mon ami!!! D’ailleurs Kagame est ce que Mobutu était et que demain ce sera d’autres car les USA ne signent aucun contrat éternel avec leurs hommes de service qui passent! Ce qui compte c’est l’intérêt des USA.
Quant au sieur Ngbanda, cet individu de mauvaise augure, personnellement je ne m’attarde pas à écouter ses gesticulations car c’est un menteur manipulateur professionnel! En lisant sa contribution dans le livre de Patrick Mbeko et surtout en lisant entre les lignes, tout lecteur averti peut constater par exemple qu’il essaye de manière insidieuses(ce qu’il fait à merveille d’ailleurs) à dédouaner mobutu du chao qui a suivi son discours de 1990 et son « depart « du MPR… et il y a tant d’exemples pareils dans ses propos donc c’est n’est vraiment pas une reference et loin de mois l’idée de l’accuser de tous les maux de la deuxième republique mais avec ma petite experience, tous ceux qui ont manger avec mobutu devraient soit aller continuer à detruire le pays comme le font certains ou la « mettre en veuilleuse » car tout ce que nous vivons actuellement est de leur faute.