La synthèse de l’hebdo commenté par DESC
Semaine du 26 au 31 mai 2014
Trois sujets majeurs ont émergé de l’actualité hebdomadaire de la dernière semaine du mois de mai 2014. A savoir : La publication du calendrier des élections urbaines, municipales et locales ainsi que les différentes réactions de la classe politique qui s’en sont suivies. La réaction écrite d’Albert Moleka à la lettre du Secrétaire général de l’UDPS sur son limogeage de ses fonctions de directeur de cabinet et de porte-parole d’Etienne Tshisekedi. Enfin, la suite de l’affaire de l’expulsion des ressortissants de la RD Congo du Congo-Brazzaville.
Le ballon d’essai du calendrier électoral du téméraire Malu-Malu
Le quotidien kinois La Prospérité annonce les couleurs : Le calendrier des élections locales est là : en 2015, Malu-Malu invite les congolais aux urnes ! Finies les spéculations… note ce quotidien. Les dates de la tenue des élections urbaines, municipales et locales sont désormais connues. En effet, explique le tabloïd, devant un parterre de journalistes, le Président de la CENI a dévoilé la Décision portant publication du calendrier des élections à la base lundi dernier…
Ce qu’atteste le Forum des As en relevant qu’avec la publication du calendrier des élections urbaines, municipales et locales…Malu-Malu tient parole… Le prochain cycle électorale se déroulera du 14 juin 2015 au 15 octobre 2015. La balle est maintenant dans le camp de la classe politique…estime ce journal !
Une façon pour DESC de penser que tout porte à croire que cette sortie pour le moins inattendu de Malu-Malu ressemble à un ballon d’essai jeté aux pieds de la classe politique et des électeur Ce, dans le seul but de connaitre l’opinion du public et de voir si la pilule sera avalée sans trop de difficulté, particulièrement dans les rangs de l’opposition. D’autant que Malu-Malu, une des éminences grises pré-carré présidentiel et un fin stratège, a reçu pour mission d’assurer à tout prix le maintien de Kabila au pouvoir au-delà de 2016, avec Kengo et Minaku aidants.
Mais la réponse du berger à la bergère ne se fit pas attendre. Ainsi, dans sa manchette, Le Phare écrit “Elections 2014-2016 : «Sauvons la RDC», l’UNC et l’UDPS disent non à Malu-Malu”. Dans une déclaration commune remise à la presse et signée Martin Fayulu (Sauvons la RDC), Bruno Mavungu (UDPS) et Vital Kamerhe (UNC), l’Opposition «radicale» dit non à l’abbé Apollinaire Malu-Malu et au calendrier électoral rendu public le lundi 26 mai dernier par la CENI. Selon les signataires de ce document, le préalable de recensement avant l’organisation des élections législatives, provinciales et sénatoriales constitue une manœuvre de prolongation automatique du mandat du Chef de l’Etat, des députés provinciaux et des sénateurs. Le journal ajoute qu’ils accusent la CENI d’avoir fait de l’amalgame entre les arriérés électoraux de 2006 (élections urbaines, municipales et locales) et les scrutins des députés provinciaux, des gouverneurs de province et des sénateurs, qui relèvent d’un autre cycle électoral, celui de 2011. Le Phare rapporte en outre que la MONUSCO salue la publication du calendrier électoral.
Pour L’Avenir, un quotidien propagandiste affidé au pouvoir : « Calendrier électoral. Pius Muabilu et le CNC 100% d’accord. La CENI invitée à veiller sur son indépendance ». Dans une déclaration politique faite à Kinshasa, l’honorable Pius Muabilu, président du Congrès national congolais (CNC) et du groupe parlementaire “Terre d’Avenir”, salue la publication du calendrier des élections urbaines, municipales et locales. Par la même occasion, il rappelle aux partis politiques que la conquête du pouvoir en RD Congo passe par les voies démocratiques que sont notamment les élections crédibles, libres et transparentes. Tout en encourageant la CENI dans ses efforts de contribuer à l’enracinement de la démocratie en marche en RDC, le Congrès national congolais invite la CENI à ne pas brader son indépendance et à travailler avec professionnalisme.
La Référence rapporte la divergence de vues suscitée par le calendrier électoral et attestant, comme c’est souvent le cas ne RDC, l’interprétation politicienne traditionnelle que le pouvoir et la majorité font respectivement chacun à chaque situation politique particulière de la RDC. Ainsi, son éditorialiste renseigne que cet échéancier que la CENI a publié le lundi 26 mai 2014 ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique congolaise. Le MSR (Ndlr : un parti de la majorité présidentielle dirigé par le conseiller spéciale en sécurité, Pierre Lumbi) estime que c’est une occasion pour le peuple de “voter ses dirigeants de proximité”. Mais une partie de l’opposition pense que ce calendrier vise à maintenir le président Kabila au-delà de son mandat constitutionnel qui expire en 2016.
Comme on peut donc le constater dans les différentes réactions de la classe politique après la publication du calendrier pour les élections locales, les avis sont partagés. La majorité présidentielle salue naturellement (de gré ou de force) ce calendrier et estime qu’il faut d’ abord mettre fin aux arriérés électoraux avant de penser aux élections générales. C’est qui serait à leur avantage comme diraient certains analystes, pour conserver le pouvoir au-delà de 2016.
Mais ce que les élus de la majorité oublient, est qu’en analysant les processus électoraux de 2006 et de 2011, à chaque fois qu’ils ont soutenu des projets électoraux politiquement non éthiques en vue de la personnification des élections autour de Joseph Kabila, ce sont eux au finish qui finissent par être les grands perdants de la turpitude qu’ils créent pour satisfaire les caprices présidentiels. Il suffit pour cela de réaliser que plus de 75% des députés de 2006 n’ont pas été réélus en 2011 pendant que leur « raïs » a été grossièrement maintenu à la tête du régime à la suite des élections éhontées houspillées de toutes parts !
Du côté de l’opposition, on estime par contre que ce calendrier n’est pas réaliste si on veut organiser les élections présidentielles en 2016. Elle accuse le CENI de vouloir maintenir Joseph Kabila au pouvoir et surtout qu’un recensement doit se faire avant la tenue de ces élections. Ce qui ferait croire que tout a déjà été bien préparé pour mettre le peuple congolais et la communauté internationale devant un fait accompli.
Tant qu’un consensus ne sera trouvé au sein de la classe politique par rapport à ce calendrier, on peut se dire que c’est parti pour un bon tour de turbulences, pas seulement pour ces élections locales qui s’étalent sur 18 mois ; mais aussi pour celles de 2016 que tout le monde attend avec impatience et spéculations.
L’Affaire Moleka et l’amateurisme cacophonique de l’UDPS
Le quotidien La Prospérité renseigne qu’à l’UDPS : Albert Moleka s’incline devant Tshisekedi !… et relève que les hommes qui forment la vraie ceinture de Tshisekedi se font et se défont, au gré du vent, du temps et des enjeux et intempéries politiques. Albert Moleka prend acte de sa destitution des fonctions de Directeur de Cabinet et Porte-parole d’Etienne Tshisekedi. Mais, il attendrait encore que son successeur soit désigné, pour procéder à la remise-reprise. Tout compte fait, explique le tabloïd, l’homme avait appris cette nouvelle, comme tout le monde, par voie de presse. Ahuri et cœur contrit, il désapprouve, cependant, la forme ‘’épistolaire’’ de cette grande décision, sous la signature de Bruno Mavungu, secrétaire général du parti
Quelle lecture faire de cette attitude d’Albert Moleka qui, malgré la manière ubuesque dont il a été notifié sur sa destitution, renouvelle sa loyauté au président Etienne Tshisekedi ?
DESC note tout d’abord dans cette personnalité une grandeur d’esprit. Il ne milite pas dans ce parti pour bénéficier des postes mais pour y défendre les idéaux prêchés par ce parti politique dont les actes ne reflètent peu ou prou. Secundo, c’est une grande leçon de professionnalisme que Moleka dispense subtilement à la haute autorité et aux cadres du parti qui pensent que le seul fait de scander démocratie et Etat de droit à la longueur des meetings ou matinées politiques suffit pour transformer cet immense pays qui a été dirigé d’une main de fer, de manière quasi discontinue, depuis 1885 jusqu’à ce jour en une démocratie par le fait de la déclarer comme une profession de foi sans les actes.
La démocratie et ses attributs doivent être un état d’esprit et un mode de vie qui doivent se refléter également dans les actes posés au-delà des discours de bonne intention. Ce qui est loin d’être le cas dans le fonctionnement monarchique monolithique et autocratique de l’UDPS. Enfin, par son acte de se mettre à disposition de son président, alors que chassé et humilié comme un brigand de ses fonctions, Albert Moleka assène aux politiques congolais une brillante leçon d’ouverture, d’humilité, de loyauté désintéressée et d’homme d’Etat. Dans un pays où l’engagement politique est synonyme de rétribution et non de conviction idéologique, combien de politiciens n’a-t-on pas vu, un jour prêt à mourir pour son président mais qui, une fois mis à l’écart le lendemain, même pour cause de ses propres manquements ou incompétence, se mettent à charrier, insulter, invectiver celui qui, la veille, était encore son dieu sur terre ou encore quittent carrément le parti. Sur ce, DESC dit chapeau bas pour cet homme qui par la hauteur et la grandeur de sa réaction, montre qu’il existe encore une certaine élite congolaise capable de rendre au Congo toute sa grandeur.
Le feuilleton de l’expulsion des ressortissants de la RD Congo de Brazzaville
Au sujet de cette affaire qui a traversé tout le mois de mai 2014 et qui été largement commenté dans les hebdos précédents de DESC, la grande surprise ‘attendue’ vient du gouvernement congolais qui déclare dit qu’il n’y aura pas d’enquête car il n’y a eu aucune violation des droits de l’homme dans le refoulement des Rd-Congolais », renseigne Forum des As. Mardi dernier, l’ONU par le biais de Martin Kobler, chef de la MONUSCO, a tapé du poing sur la table exprimant son mécontentement pour de graves violations des droits de l’homme dont ont été victimes presque tous les expulsés Rd-congolais du Congo-Bazzaville. Le journal ajoute qu’avec la réponse au vitriol du gouvernement Sassou Nguesso. Celui-ci par le biais de son porte-parole a réagi par le truchement de RFI, dans ses émissions captées à Kinshasa à 6h30. Il annonce que son gouvernement n’a aucune enquête à mener à ce sujet.
La Prospérité à quant à elle a titré : Viol des RD. Congolaises expulsées de Brazzaville : La Plate-forme des femmes pour la paix saisit la Communauté internationale.
Toutefois, une réunion est prévue cette semaine à Kinshasa entre les autorités de deux pays pour enfin trouver une solution à ce problème d’expulsion. Attendons voir ce que cette rencontre donnera ! On espère seulement que cette fois ci sera la meilleure.
Joseph Kabila va-t-en guerre contre l’ONU et les occidentaux ?
Enfin, au moment où nous bouclons cette revue de presse, nous apprenons que le chef de l’Etat congolais a réuni les ambassadeurs accrédités en RDC samedi dans la soirée. Plusieurs points étaient à l’ordre du jour de cette réunion. Mais ce qu’on peut retenir de cette rencontre, selon certaines indiscrétions parvenues à DESC, des sources qui y ont pris part, le président Kabila a rappelé les ambassadeurs à l’ordre. Il ne supporte plus l’ingérence des diplomates étrangers dans les affaires internes de son pays.
Une communication atypique mais aussi du « déjà vu sous Mobutu » qui laisse transparaître une certaine nervosité d’un régime congolais aux abois. Alors que ‘on croyait « boutefliké », reclus à Kingakati-Buene ou dans sa nouvelle résidence de l’ex-domaine présidentiel de a N’sele, fleuron du mobutisme dont il suit désormais les traces, si pas peut-être le destin, Joseph Kabila, incapable de mettre en place son fameux Gouvernement de cohésion nationale (qui pourrait être rebaptisé Gouvernement de combat) promis solennellement pour bientôt depuis plus de sept mois, sort enfin de son mutisme et s’exprime là où on l’attend le moins, en se préoccupant plus du sort réservé en Occident par les « Combattants Congolais » à ses « griots, laudateurs et flagorneurs qui l’entourent dans les institutions qu’il s’est taillées sur mesure » que du sort des centaines de milliers des RD Congolais refoulés sans ménagement du Congo-Brazzaville, entassés dans les camps de fortune insalubres à Kinshasa, laissant cette symbolique tâche présidentielle de consoler ses soi-disant concitoyens à Martin Kobler.
Ce dernier qui, en plus d’être le véritable patron de l’armée ayant accompagné et motivé les troupes coalisées FARDC-MONUSCO à la débâcle militaire (pas politique) du M23 en plus d’être la première haute autorité vivant en RDC à fouler ses pieds dans les zones déguerpies par les criminels du M23 que Kabila s’est empressé à réhabiliter politiquement en les amnistiant (aussi bien la pléthore des rwandais qui remplissaient les rangs du M23 selon le ministre tanzanien des affaires étrangères dans u débat parlementaire), assume de fait les fonctions du chef de l’Etat qu’abandonne en réalité Kabila, préoccupé par sa sécurité et évitant plus que jamais les contacts humains directs et les communications avec les congolais.
DESC reviendra, à coup sûr dans son prochain hebdo, sur les retombées presse ou média qui découleront de cette passe d’armes diplomatique qui n’est pas la première du genre et qui ne manquera pas de faire les choux gras des tabloïds et de susciter de moult commentaires en tout genre des politiciens, analystes et autres observateurs de la scène politique congolaise !
Au pouvoir depuis 13 ans, Kabila, après avoir incarné en vain le mirage démocratique en RDC, n’est plus aujourd’hui qu’un autocrate mal dans sa peau. Souffrant d’un profond déficit irréversible de leadership et de légitimité, l’homme ne dispose plus de contrat social devant lui permettre de bénéficier de la confiance populaire pour lui permettre de gérer convenablement la RDC. Avec une situation socio-économique au bord de l’implosion sociale, même les troupes envoyées en Centrafrique alignent quatre mois de salaires impayés alors que plus de 500.000 katangais sont maintenus en survie grâce à l’aide du Programme alimentaire mondial (PAM), malgré les réalisations macro-économiques conjoncturelles qui profitent aux investisseurs néolibéraux prédateurs des ressources minières du Congo, il ne lui reste que la répression pour exercer son pouvoir. Ce qu’il réussit encore à faire en RDC en espérant obtenir la même chose de la part des Occidentaux envers les Combattants, sans réellement se poser la question de savoir les causes et les raisons profondes et réelles de cette radicalisation crescendo des combattants qui viennent là de signer une victoire psychologique d’étape brillante contre lui.
En reconnaissant diplomatiquement l’action des combattants, Kabila les motive davantage à persister dans leurs stratégies et à durcir leurs actions à l’encontre de son régime plutôt que les dissuader ! Une façon pour lui de se creuser sa propre tombe politique, selon les premiers commentaires des combattants lus dans leurs différents réseaux sociaux ! Kabila et ses conseillers stratèges oublient que les combattants ont bien exploité les limites acceptables des droits et libertés fondamentaux d’expression, d’opinion… dans les pays dites de vieille démocratie où ils vivent. Une réalité qui semble bien éloignée, à des années lumières, de la para-démocratie instaurée en RDC et incomprise par ceux qui sont censés la rendre effective sous les tropiques!
NSK/JJW Exclusivité DESC