Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 16-05-2020 17:12
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La stratégie Kabila-Kagame de reconquête militaire du Kivu-Ituri par les RDF et de brouillage sémantique – B. Musavuli

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Comment réaliser l’invasion militaire d’un pays sans éveiller le droit international ?

Agresser un Etat souverain, le piller et massacrer ses habitants constituent des crimes internationaux gravissimes à l’origine de la création de l’ONU, en 1945, après l’occupation meurtrière des pays européens par les forces du IIIè Reich allemand, Adolf Hitler. Depuis, des instruments internationaux ont été adoptés pour consacrer les principes de souveraineté des Etats et de respect de l’intégrité de leurs territoires. Des principes habilement bafoués par le modèle des crises sécuritaires dans l’est du Congo impliquant des acteurs géopolitiques insaisissables.

Pour la plupart des gens peu familiers aux dynamiques des violences dans l’est du Congo, les tueries de masse sont le fait des groupes armés aux acronymes aussi mystérieux que variés. On se limite trop souvent aux FDLR et aux Maï-Maï, les premiers présentés comme une rébellion hutu en lutte contre le régime tutsi de Paul Kagame au Rwanda et, les seconds étant des résistants des tribus autochtones congolaises en lutte contre l’occupation de leur pays par des forces étrangères, rwandaises notamment. Entre les deux, les FARDC, l’armée du gouvernement congolais, et la MONUSCO, la force de l’ONU déployée au Congo. De l’autre côté de la frontière, les RDF, l’armée du gouvernement rwandais. Posée en des termes aussi clairs, la crise du Congo devrait se régler en quelques semaines, quelques mois tout au plus, les protagonistes étant connus, de même que leurs revendications légitimes. Mais les choses ne sont pas aussi simples. En effet, derrière les acteurs apparents, se dissimule une dynamique géostratégique pilotée par les pouvoirs de Kigali et de Kinshasa utilisant des stratégies rondement menées de brouillage des pistes pour mettre l’opinion nationale et internationale dans l’impossibilité de comprendre ce qui se passe vraiment, à savoir une invasion militaire massive de la RDC et l’occupation de ses territoires sur le scénario de la guerre de l’AFDL (1996-1997), mais derrière une multitude de noms de groupes armés dont la propagation des violences ne trouve pas d’explication rationnelle, à première vue.

Dans cette analyse, nous allons tenter de nous focaliser sur trois groupes armés qui servent de masque à l’offensive de réoccupation meurtrière de l’est du Congo par l’armée rwandaise[1] avec la bénédiction du pouvoir de Kinshasa[2] : 1/ Les « FDLR », 2/ les « présumés ADF », 3/ la « CODECO » (en Ituri).

Des combattants FDLR utilisés par les FARDC. L’armée rwandaise renvoie aussi des FDLR rapatriés au Rwanda pour combattre en RDC

1/ Des FDLR « kagamisés » et des opérations false flag

Les FDLR[3] peuvent être considérés comme la couverture idéale à l’opération de déploiement en cours des forces rwandaises au Congo. Tout d’abord, ils peuvent servir de justification légitime au déploiement de l’armée rwandaise sur le sol congolais, comme cela est apparu dans un document de planification des opérations interarmées fuité en octobre 2019[4]. Les FDLR peuvent aussi servir de coupable idéal de toutes sortes de crimes atroces que les deux régimes commettent sur les populations congolaises, dans le cadre des opérations false flag. Une opération false flag  est une attaque contre la population civile menée par les agents d’un État en faisant croire que l’action est le fait d’une organisation criminelle ou d’un mouvement politique utilement diabolisé. Une communication appuyée, voire agressive, s’ensuit généralement pour imposer une version officielle, et interdire, de fait, toute remise en question, et même toute enquête judiciaire crédible. Les enjeux derrière les opérations false flag sont divers et variés. Il s’agit, en général, de briser une population jugée hostile au pouvoir ou d’imposer un ordre politique et social qui n’avait aucune chance d’être accepté si la population avait été amenée à se prononcer librement pour ou contre[5].

Le phénomène des « faux-FDLR » et des faux Interahamwe remonte à la Deuxième Guerre du Congo (1998-2003), comme nous l’avons rappelé dans notre ouvrage « Les Génocides des Congolais »[6]. Kigali avait entrepris de fabriquer des faux Interahamwe, un phénomène que l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO) avait déjà décrit dans son rapport annuel de 2000, deux ans avant que les experts de l’ONU ne révèlent la supercherie derrière les motifs officiels des interventions rwandaises au Congo. « Il s’agit d’assaillants hutu rwandais, et parfois congolais, opérant directement sous le commandement d’officiers tutsi, qui ont été plusieurs fois identifiés comme tels par de nombreuses victimes »[7]. Le quotidien belge Le Soir avait mentionné pour sa part la certitude, selon laquelle les militaires rwandais injectaient de faux Interahamwe au Congo, afin de terroriser la population et l’obliger à fuir, « afin aussi d’utiliser ces attaques pour justifier la pérennité de la présence rwandaise au Kivu »[8], vider les zones de leurs habitants et y installer des populations en surnombre au Rwanda. Ce qui faisait du phénomène FDLR/Interahamwe un allié stratégique et même économique du pouvoir de Kigali[9]. Depuis, le phénomène perdure et s’amplifie 20 ans plus tard.

Pour rappel, les FDLR ont été créées en 1999 par d’anciens officiers militaires et des dirigeants politiques du gouvernement de l’ancien président Juvénal Habyarimana, dans l’est du Congo occupé. Mais le mouvement a été, depuis, infiltré et éclaté en plusieurs factions antagonistes dont une petite minorité seulement est aujourd’hui réellement hostile au pouvoir de Kigali[10]. Une grande partie des FDLR, renvoyés au Rwanda, sont « recyclés » dans des centres de formation puis renvoyés au Congo pour soutenir la guerre de conquête des territoires et d’occupation. Dans son rapport de décembre 2014, Réseau Paix pour le Congo (ONG basée en Italie), révèle que tout au long de l’année 2013, des ex-combattants des FDLR ont été recrutés dans le Centre de démobilisation de Mutobo, au Rwanda, et renvoyés au Congo pour combattre dans les rangs du M23[11].

Ce déploiement des FDLR kagamisés est assuré par des officiers « rwandais » des FARDC et des officiers congolais liés au Rwanda par leur passé dans les « rébellions tutsi » (RCD-Goma, CNDP, M23). Ils passent ainsi sans être inquiétés en tant que soldats FARDC ou « Hutu du Masisi » à la recherche des terres, bizarrement à Beni et en Ituri, des régions en proie aux carnages et dont les autochtones sont en train d’être chassés de leurs terres. Une stratégie de tromperie qui permet à Kigali de disposer de plusieurs milliers de combattants en Ituri, depuis 2014, et pouvoir mener des opérations sous l’identité des groupes armés locaux infiltrés, noyautés et servant de couverture à la propagation des violences dont la virulence meurtrière étonne de plus en plus les membres des communautés locales, bien qu’en crise.

2/ Le phénomène ADF et le mensonge d’Etat

La crise de Beni, qui a frappé les esprits par un flot d’images particulièrement cruelles, déclenchée en octobre 2014, a fini par trahir la présence dans le territoire d’une concentration des forces rwandaises opérant sous masque ADF, du nom d’une ancienne rébellion ougandaise vaincue en avril 2014. L’acronyme « ADF » va servir de couverture parfaite à la reconquête génocidaire du territoire congolais par les forces rwandaises protégées par un réseau d’officiers fidèles à Joseph Kabila et liés au régime de Kigali par leur passé dans les « rébellions » parrainées par le Rwanda (RCD-Goma, CNDP, M23), et même dans la rébellion tutsi du FPR (Front patriotique rwandais). Accuser des « rebelles islamistes ougandais alliés à l’Etat islamique » fut une idée de génie sur le plan stratégique. Un ennemi fantôme, qui ne parle pas, qui n’a pas de porte-parole pour revendiquer les attaques ni nier les massacres qui vont être commis et lui être attribués.

Cette capacité phénoménale des pouvoirs de Kabila et de Kigali à tromper l’opinion internationale est sûrement le degré le plus abouti dans la stratégie des false flag  : organiser des tueries des populations civiles et amener les gens à orienter leurs indignations vers des ennemis imaginaires et insaisissables[12] perdus aux quatre coins du monde : la secte Tabligh dans le sous-continent indien, la mosquée de Kampala (Ouganda), l’Etat islamique à Raqqa (Syrie), Al-Qaïda en Afghanistan, Al Shebab en Somalie, AQMI dans le Maghreb et même Boko Haram au Nigéria… Alors que les tueries sont commises dans un petit territoire de Beni (7.484 km²) enclavé dans une lointaine contrée au centre de l’Afrique et quadrillé par 21.000 soldats FARDC[13] et plusieurs centaines de casques bleus de la MONUSCO ; et systématiquement à proximité des positions de l’armée et de la MONUSCO (100 m, 200 m, 300 m) par des hommes habillés en uniformes FARDC,  décrits comme des soldats FARDC, nombreux ayant même été formellement reconnus par les survivants des massacres et leurs noms cités dans les rapports des enquêteurs de l’ONU[14].

Les crimes de Beni ont fini par trahir leurs auteurs dont la signature renvoyait au mode opératoire des Inkotanyi du Front patriotique rwandais (FPR)[15], comme cela a été rappelé par l’écrivaine canadienne Judi Rever dans son exposé au colloque de Paris du 9 mars 2020[16].

Un camp des réfugiés à Bunia

3. La CODECO en Ituri ou l’arbre qui cache la forêt

La province de l’Ituri, voisine de Beni, subit des vagues de violences depuis décembre 2017. Ces violences, qui se déroulent dans le territoire de Djugu[17], se sont transformées en massacres à répétition visant principalement la communauté hema et provoquant des exodes massifs, notamment de l’autre côté du lac Albert, en Ouganda. Selon le récit officiel, ces massacres sont le fait d’un groupe armé lendu présenté comme politico-religieux, la CODECO. La CODECO, initialement nommée CODEZA[18] était à l’origine une coopérative agricole de solidarité paysanne dans la chefferie des Walendu-Bindi, fondée par Bernard Kakado[19] avant la guerre d’Ituri de 1999-2003[20].

Lorsqu’éclate le conflit en décembre 2017, aucune allusion n’est faite à cette organisation. Les attaques durent quelques jours seulement, et sont marquées par un degré d’organisation limité, ce qui est classique dans les violences intercommunautaires qui se produisent dans cette province. Le 29 décembre 2017, à l’initiative du gouverneur de la province, et avec l’appui de la MONUSCO, les chefs des deux communautés concluent un accord de paix et de sensibilisation. Le calme revient dans le territoire et les populations déplacées regagnent leurs foyers.

Mais en février 2018, une unité de la 31e Brigade[21] dite « Voltigeurs », le 312e  Bataillon commando, est déployée dans les zones de Djiba et Loko, sous le commandement du général Mundos, homme de main de Joseph Kabila, ancien commandant de l’Opération Sukola1[22], et cité dans plusieurs rapport de l’ONU pour son rôle dans les massacres de Beni. Le même mois de février 2018, une vingtaine de personnes sont tuées à Blukwa et à Drodro, non loin des positions de l’unité commandée par Mundos. S’ensuivent une série de représailles et une propagation des violences dans plusieurs collectivités. Les attaques sont coordonnées et menées de façon simultanée, avec utilisation de radios Motorola, d’indicatifs d’appel radio, et, à partir de septembre 2018[23], de tactiques militaires coordonnées, ce qui trahit l’existence au moins d’une structure de commandement, une capacité de mener des opérations planifiées, une organisation logistique et un certain niveau de discipline[24]. Elles frappent indistinctement les membres de toutes les communautés, hema comme lendu, ce qui étonne les notables des deux communautés, provoque un climat de paranoïa et de méfiance généralisée.

A partir du 4 mars 2018, l’unité de la 31ème Brigade était passée sous le commandement du général David Rugayi Senga. Cet officier FARDC avait été décrit dans un rapport du Groupe d’experts de l’ONU comme étant un important soutien aux FDLR et un pourvoyeur d’armes aux combattants hutu rwandais[25]. Rugayi est un Hutu de Masisi. Il était le garde du corps de Jules Mutebusi, un des chefs de la rébellion CNDP. Des sources des FARDC le décrivent comme un tueur froid, responsable de plusieurs violations graves des droits humains partout où les troupes sous son commandement ont opéré.

Une invasion militaire sous couvert de migrations des populations

Au moment où éclate la crise, l’Ituri fait face à un flot anecdotique des migrations des populations en provenance du Rwanda. Ces populations se présentent comme des « Banyabwisha », du nom de la collectivité chefferie de Bwisha, dans le territoire de Rutshuru[26]. Mais leur nombre est trop important pour qu’ils puissent être originaires d’une collectivité de taille aussi réduite, alors qu’aucune source locale, ni du Masisi ni du Bwisha,  dont ils prétendaient être originaires, ne fait état des villes et villages désertés par leurs habitants à destination de l’Ituri. Ces populations, que l’ancien gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku, qualifia de « populations d’origine inconnue », avaient fini par alarmer les parlementaires du Caucus de l’Ituri[27]. Dans une déclaration publiée à Kinshasa, le 22 mai 2017, ces élus s’opposaient fermement, non seulement à l’arrivée massive de ces populations, mais aussi à « l’exécution du plan machiavélique de la balkanisation de la République Démocratique du Congo en se servant de la province de l’Ituri comme élément déclencheur »[28].

D’après nos recherches, ces migrations dissimulent un déploiement massif des forces rwandaises composées d’anciens sujets rwandais expulsés de la Tanzanie et des FDLR recyclés dans des camps de formation militaires au Rwanda puis renvoyés au Congo. L’identité « banyabwisha » sert de tromperie stratégique dans un remake de la supercherie « banyamulenge » utilisée en 1996 par le Rwanda pour masquer l’agression et l’occupation militaire du Congo/Zaïre. Les élus de l’Ituri estimaient leur nombre à 70.000 à 100.000 installés principalement dans les secteurs de Boga et de Tchabi, en territoire d’Irumu[29].

Pour revenir aux attaques contre les civils menées à Djugu par des assaillants non autrement identifiés que comme « milices lendu », il faudra attendre le mois de juin 2019, plus d’un an après le début des violences, pour que les autorités attribuent formellement les attaques à une organisation identifiable : la CODECO, et désignent le nom de son leader présumé, Ngudjolo Mapa[30]. Mais cette version n’est pas du tout crédible, comme cela apparaît dans les rapports du groupe d’experts de l’ONU[31] et du BCNUDH[32]. La CODECO, qui existait longtemps avant le début des attaques, et qui n’avait pas été mise en cause, va devenir tout d’un coup le nom générique pour désigner tous les acteurs des violences dans le territoire de Djugu visant en particulier les populations hema. Tout portait à croire que les autorités avaient décidé de mettre les atrocités sur le dos d’un coupable facile à désigner dans ce chaos sécuritaire impliquant, de toute évidence, plusieurs acteurs de coulisse.

Alors qu’il était en négociation avec les autorités congolaises en vue de la reddition de son groupe, curieusement Ngudjolo a été tué par les FARDC le 25 mars 2020 à Mokpa dans le secteur de Walendu-Pitsi, mais les attaques contre les civils se sont poursuivies, ce qui nécessite d’analyser la crise au-delà des antagonismes locaux hema-lendu. A l’instar des « ADF » à Beni, la « CODECO » apparaît au fil des mois comme l’étiquette utilisée pour masquer une guerre aux enjeux géopolitiques qui dépassent le cadre conflictuel de la crise de Djugu. Des informations font état des éléments du M23 infiltrés dans les zones de violences et opérant sous masque « CODECO »[33] pour prendre la ville de Bunia en étau par le nord.

Selon des informations recoupées de plusieurs sources civiles et militaires en Ituri recueillies par Jean-Jacques Wondo : « Derrière les conflits en Ituri, se cache un projet concocté par le Rwanda et Kabila de création d’une base militaire rwandaise des RDF en Ituri sous contrôle des troupes FARDC loyales au Rwanda. Outre l’occupation de la région, l’autre objectif est de déstabiliser le régime ougandais de Yoweri Museveni à partir de la RDC ». L’hypothèse de livrer la province de l’Ituri aux batailles militaires similaires à celles qui ont eu lieu en juin à Kisangani en 2000 n’est pas à exclure, nous indiquent nos sources. « Mais pour l’instant, le Rwanda tient à contrôler Ituri en implantant dans les territoires de Djugu et d’Irumu les ex-FDLR rapatriés au Rwanda sous de fausses identités des Banyabwisha. Ce sont ces Hutu rwandais qui ont déclenché les massacres à grande échelle contre la population de la communauté Hema vers 2017 pour créer une tension interethnique entre les communautés Hema et Lendu. La deuxième stratégie est d’utiliser la milice lendu FPRI (Force de résistance patriotique de l’Ituri) de Bernard Kakado, à s’allier aux tueurs rwandais installés dans les localités de Chabi, Boga et Mitego pour intensifier les attaques contre les Hema tout en élargissant leurs attaques sur tous les Nilotiques et autres Bantous qui ont accueilli les Hema dans leurs entités. C’est pourquoi les Codeco n’ont pas hésité à massacrer les Alurs, les Mambisa, les Banyalis et les Ndoo, respéctivement dans les territoires de Djugu, Mahagi et Aru ; mais aussi au nord d’Irumu vers Mwanga, avec la complicité des unités des FARDC. Ces massacres se déroulent sous la supervision de plusieurs anciens rebelles du CNDP et du M23 réintégrés dans les FARDC. Il s’agit notamment du colonel Innocent Zimurinda, cité dans un rapport de 2010 du groupe d’experts de l’ONU[34], des majors Jimmy, Bill et Maseva, ansi que d’une vingtaine d’officiers ex-CNDP et ex-M23 envoyés par le colonel ex-M23 Innocent Kaina alias India Queen ».

Conclusion

Balkanisation de la RDC : à Beni, l'armée et les autorités ...Derrière la crise de Djugu se profile une main noire sous forme de dynamique de chaos sécuritaire et de reconquête militaire de l’axe Rutshuru-Ituri sur le flanc ouest de la frontière ougando-congolaise par des forces fidèles au régime de Kigali qui noyautent les FARDC. Le territoire d’Irumu, par ses secteurs de Boga et Tchabi, devient le centre névralgique de la stratégie Kabila-Kagame pour prendre en étau les territoires contestataires de Beni et Lubero au sud, en contrôlant la route stratégique qui les relie à la ville commerciale de Bunia, afin de pouvoir les asphyxier économiquement, en cas de besoin. Irumu devient aussi la base-arrière pour les opérations de reconquête militaire vers le nord devant aboutir à une propagation stratégique des chaos sécuritaires jusque dans la province du Haut-Uélé/Isiro où sévissent de mystérieux éleveurs Mbororo. L’implantation accélérée de plus de 100 mille sujets rwandais sous la fausse identité de « Banyabwisha » et l’activisme des officiers de l’armée rwandaise[35] donnent à penser que derrière l’horreur des massacres à répétition se dessine en réalité une nouvelle carte géopolitique qui devrait consacrer une extension territoriale du Rwanda et consolider son emprise politico-militaire sur les provinces du Nord-Kivu, de l’Ituri et, in fine, du Haut-Uélé par jonction explosive avec les Mbororo[36].

Toute la question est de savoir si le pouvoir de Kinshasa, en particulier le président Félix Tshisekedi, prépare une stratégie de contre-attaque pour contrer les ambitions expansionnistes meurtrières du Rwanda sur ces territoires de l’est du Congo. En tout cas, les soldats congolais sur terrain semblent avoir pris conscience de la gravité de la situation et des menées machiavéliques de ce difficile voisin de l’est. En janvier 2020, à Beni, une mobilisation patriotique impliquant des civils et des militaires fut lancée pour vilipender la politique de compromission et des trahisons du pouvoir de Kinshasa. On pouvait lire à travers les artères de la ville des slogans et des calicots en lingala :

« COOP NA BANGO EKOSIMBA TE ! »

( LEUR COMPLOT N’ABOUTIRA PAS !)

Boniface MUSAVULI
Analyste politique, auteur et Coordinateur de DESC
Texte relu et complété par Jean-Jacques Wondo

Ouvrages :

– B. Musavuli, LES ÉLECTIONS AU CONGO – Carnages, martyrs et impunité, amazon, avril 2020, https://www.amazon.fr/%C3%89LECTIONS-AU-CONGO-Carnages-impunit%C3%A9/dp/B087SCJ5HG

– B. Musavuli, LES MASSACRES DE BENI – Kabila, le Rwanda et les faux islamistes, amazon, juillet 2017, https://www.amazon.fr/MASSACRES-BENI-Kabila-Rwanda-islamistes/dp/152170399X

– B. Musavuli, LES GÉNOCIDES DES CONGOLAIS – De Léopold II à Paul Kagame, amazon, août 2017, https://www.amazon.fr/G%C3%89NOCIDES-CONGOLAIS-crime-lhumanit%C3%A9-Congo/dp/1549574213.

Références

[1] Le 16 décembre 2019, DESC a fait état de la présence de plusieurs bataillons rwandais estimés à environ 4.000 militaires en opérations en RDC. CF. Jean-Jacques Wondo, « L’armée rwandaise en cours de réoccupation de l’Est de la RDC ? », desc-wondo, 16 décembre 2019, http://afridesk.org/larmee-rwandaise-en-cours-de-reoccupation-de-lest-de-la-rdc-jean-jacques-wondo/. En avril 2020, la présence – non officielle – de l’armée rwandaise sur le sol congolais a été confirmée par RFI. Cf. « L’armée rwandaise en RDC «constitue une violation de l’embargo sur les armes» (GEC) », rfi.fr, 15 avril 2020, http://www.rfi.fr/fr/afrique/20200415-arm%C3%A9e-rwandaise-en-rdc-cette-pr%C3%A9sence-constitue-une-violation-lembargo-les-armes-ge.

[2] Tshisekedi est en duo avec Kabila sur les questions sécuritaires. Un pacte Tshisekedi-Kagame a été trahi par la fuite, en octobre 2019, d’un document signé général Mbala Musense, chef d’Etat-major des FARDC faisant état d’un déploiement des armées des pays voisins pour lutter contre les groupes armées sur le sol congolais. Tous les pays cités dans le document ont renoncé à envoyer leurs troupes au Congo sauf un, le Rwanda dont les troupes ont été déployées sur le sol congolais sous uniformes FARDC.

[3] Forces Démocratiques de Libération du Rwanda. Les FDLR ont été créées en 1999 par d’anciens officiers militaires et des dirigeants politiques du gouvernement de l’ancien président Juvénal Habyarimana, durant leur exil dans l’est du Congo occupé.

[4] https://twitter.com/JJPWondo/status/1183392721677049862

[5] Le développement des médias alternatifs et le dévouement des chercheurs indépendants a permis, au fil des années, de démystifier ces pratiques qui relèvent du terrorisme d’État.  Enfin, les FDLR peuvent aussi servir de combattants au service du régime de Kigali, ce que bien des gens ont du mal à saisir.

[6] B. Musavuli, Les Génocides des Congolais – De léopold II à Paul Kagame, amazon, août 2017, https://www.amazon.fr/dp/1549574213?ref_=pe_870760_150889320

[7] ASADHO, Rapport annuel, 2000, p. 42.

[8] Le Soir, 8 septembre 2000.

[9] Lorsque le Rwanda est devenu premier exportateur mondial de tantale, qu’il n’a pas en quantité dans son sous-sol, ce sont les FDLR qui occupaient les zones minières dans l’est du Congo. Autrement dit, les Hutu FDLR, supposés être les ennemis jurés des Tutsi au pouvoir à Kigali, faisaient de bonnes affaires avec le coltan congolais pour la prospérité de leur pays commun : le Rwanda.

[10] Les FDLR-FOCA (Forces Combattants Abacunguzi), qui comptent un petit effectif de combattants seulement (plus ou moins 500) sont aujourd’hui considérés comme étant les seuls ouvertement en lutte contre le régime de Paul Kagame. Plusieurs de leurs chefs militaires ont été capturés ou tués au cours des derniers mois, dont le général Sylvestre Mudacumura, tué le 18 septembre 2019 dans le Bwito, territoire de Rutshuru, au cours d’une attaque menée par une unité des forces spéciales rwandaises habillée en uniformes FARDC. Les autres factions FDLR sont en lien plus ou moins assumé avec le pouvoir de Kigali.

[11] FDLR: PASSÉ, PRÉSENT ET POSSIBLES STRATÉGIES, http://www.paceperilcongo.it/fr/2014/12/fdlr-passe-present-et-possibles-strategies/

[12] B. Musavuli, « Les massacres de Beni et le mensonge d’Etat », https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/rd-congo-les-crimes-de-beni-et-le-220118

[13] En novembre 2019, les chiffres officiels étaient que 21.000 soldats FARDC avaient été déployés à Beni, pour combattre une poignée de maquisards qui n’avaient ni base-arrière connues, ni commandement militaire, ni porte-parole pour revendiquer ou démentir les attaques contre la population que les autorités lui attribuaient. Des recherches vont ensuite permettre de localiser un déploiement massif des forces rwandaises le long de la frontière du Congo avec l’Ouganda ; voir carte de la concentration des forces rwandaises dans l’article de JJ Wondo, « L’armée rwandaise en cours de réoccupation de l’Est de la RDC ? », afridesk.org, 16 décembre 2019, http://afridesk.org/larmee-rwandaise-en-cours-de-reoccupation-de-lest-de-la-rdc-jean-jacques-wondo/.

[14] B. Musavuli, Les Massacres de Beni – Kabila, le Rwanda et les faux islamistes, amazon, juillet 2017, https://www.amazon.fr/MASSACRES-BENI-Kabila-Rwanda-islamistes/dp/152170399X.

[15] Les images des victimes de Beni portent la signature de deux procédés favoris des Inkotanyi (FPR) : l’« agafuni » (vieille houe avec laquelle on frappe le crâne de la victime) et l’« akandooya » (les bras et les jambes de la victime sont liées derrière le dos jusqu’à ce qu’elle meurt par éclatement après des douleurs atroces). L’écrivain Charles Onana en fait mention dans ses ouvrages. Lire aussi « Le vrai visage du FPR, ‘l’Armée Sans Frontières’ de Paul Kagame », afridesk.org, 21 février 2020, http://afridesk.org/le-vrai-visage-du-fpr-l-armee-sans-frontieres-de-kagame-desc/?fbclid=IwAR16K7vJPzHkdlQozyXuZJabxAzLc5hsZFj2u57HKwyJt4Gl0DACmY12mJM

[16] La main du Rwanda dans les massacres de Beni a été rappelée par l’écrivaine canadienne Judi Rever au cours de son exposé au colloque de Paris du 9 mars 2020 sur les Grands Lacs. Cf. https://www.youtube.com/watch?v=NTURZx8xPgI&feature=youtu.be. Judi Rever est l’auteure du livre In Praise of Blood: The Crimes of the Rwandan Patriotic Front dans lequel elle documente les crimes du FPR de Paul Kagame.

[17] Le territoire de Djugu (8.730 km²) est l’un des cinq territoires de la province de l’Ituri en plus d’Aru, Mahagi, Irumu et Mambasa. Il est situé dans le nord immédiat de la ville de Bunia, chef-lieu de la province.

[18] « Coopérative de développement économique du Zaïre ».

[19] Kakado est ensuite devenu membre du groupe armé FRPI connu pour avoir été dirigée par Germain Katanga en 2002-2006 (voir dossier CPI ), puis Baudouin Adirodo et Justin Banaloki alias « Cobra Matata » en 2012. Le FRPI est une milice ngiti. Les Ngiti sont des populations d’Ituri apparentées aux Lendu. Ils sont établis dans le sud du territoire de Djugu et dans le territoire voisin d’Irumu.

[20] Entre 1999 et 2003, la province de l’Ituri, avait été l’épicentre d’affrontements violents et de massacres entre les communautés hema et lendu. Communément désigné comme « le conflit de l’Ituri » ou « la guerre de l’Ituri », ce conflit initialement foncier, s’est vite transformé en guerre ethnique, qui n’a pu être stoppée qu’en septembre 2003 après 3 mois d’une opération des troupes européennes (Opération Artémis) menée par l’armée française.

[21] La 31ème Brigade est une unité des FARDC dont les membres sont connus pour obéir à un commandement parallèle et refusent d’obéir à la hiérarchie officielle.

[22] BUREAU CONJOINT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L’HOMME HCDH – MONUSCO, Rapport public sur les conflits en territoire de Djugu, province de l’Ituri, Décembre 2017 à septembre 2019, Janvier 2020, p. 17.

[23] C’est ce que l’ONU a appelé « la première phase ». Dans son rapport de janvier 2020, le BCNUDH  distingue trois phases dans la crise de l’Ituri dont la première, consistant essentiellement en affrontements sans tactique militaire particulière, a débuté le 17 décembre 2017 au lendemain d’une banale bagarre entre un jeune lendu et un groupe de jeunes hema à l’entrée du marché de Uzi, dans la collectivité des Walendu-Djatsi. Cf. Rapport S/2018/531 du Groupe d’experts de l’ONU du 4 juin 2018, p. 31, § 159. Les trois phases de la crise d’Ituri : – Première vague de violences : affrontements intercommunautaires (décembre 2017 – mai 2018), – Deuxième vague de violences : Attaques contre les forces gouvernementales (septembre 2018 – mai 2019), – Troisième vague de violences (à partir de juin 2019). Cf. BUREAU CONJOINT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L’HOMME HCDH – MONUSCO, op. cit., pp. 7-14.

[24] Courant 2019, des informations m’ont fait état de livraisons d’armes aux milices lendu par des officiers FARDC. La militarisation de ces milices et les crimes contre les Hema viserait au final à diaboliser les Lendu pour légitimer un déploiement plus ou moins officiel de l’armée rwandaise dans la province au nom de la lutte contre le génocide des Hema, dans le même scénario que les invasions du Congo en 1996 et 1998 au motif officiel de protection de la minorité tutsi au Kivu. Je suis resté dubitatif jusqu’au jour où j’ai été intrigué en lisant le mot « génocide » dans le rapport du BCNUDH de janvier 2020 sur la crise en Ituri.

[25] Rapport S/2009/603 du Groupe d’experts de l’ONU du 23 novembre 2009, pp. 13-14, §§ 36-39.

[26] Les deux collectivités qui composent le territoire de Rutshuru (5.289 km²) sont Bwito à l’ouest et Bwisha à l’est, avec sept groupements chacune.

[27] https://actualite.cd/2017/05/22/les-deputes-de-lituri-sopposent-la-migration-des-hutus-vers-leur-province

[28] https://www.youtube.com/watch?v=gx_cbnLRDYc

[29] Une zone stratégique d’où partent des escadrons de la mort vers Beni, au sud, et Djugu, au nord sous diverses étiquettes (ADF, CODECO, milices lendu,…)

[30] Ngudjolo était plutôt à la tête d’un mouvement dénommé « Union des révolutionnaires pour la défense du peuple congolais (URDPC).

[31] Rapport S/2019/974 du Groupe d’expert de l’ONU du 20 décembre 2019, pp. 20-21.

[32] BUREAU CONJOINT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L’HOMME HCDH – MONUSCO, op. cit., pp. 15, §46.

[33] Le M23 est à l’origine une milice tutsi, mais son chef militaire, Sultani Makenga, est lié au courant des FDLR que le Rwanda utilise pour déstabiliser l’est du Congo. Bras armé du Rwanda au Congo en 2012-2013, le M23 n’a pas livré de bataille contre les FDLR alors qu’une des bases des FDLR se situait à Katemba,  dans la localité voisine de Kiwanja que contrôlait le M23. Lors des affrontements entre les factions Makenga et Bosco Ntaganda en février 2013, le groupe de Makenga, proche du régime de Kigali, s’était coalisé avec les FDLR pour combattre le groupe de Bosco Ntaganda et obliger ce dernier à fuir et à se réfugier à l’ambassade des Etats-Unis à Kigali, d’où il a été remis aux officiels de la Cour pénale internationale (voir dossier CPI) le 22 mars 2013.

[34] https://www.un.org/securitycouncil/fr/sanctions/1533/materials/summaries/individual/innocent-zimurinda/

[35] implantations militaires rwandaises dans le territoire d’Irumu est assurée par le colonel RDF Bernard Ngozi Kasumbu, proche de Paul Kagame et officier des forces spéciales de l’armée rwandaise. La piste de Zunguluke, au sud d’Irumu, sert de point de livraison d’armes. Entre le 11 et le 14 décembre 2019, le président rwandais a discrètement envoyé à Bunia et à Beni son ministre de la Sécurité intérieure, le général Patrick Nyamvumba, qui est ensuite apparu à Kampala dans le cadre des différents entre le Rwanda et l’Ouganda, ce qui a permis de masquer sa mission secrète dans les zones de massacres de Beni et d’Ituri.

[36] Les Mbororo sont des populations d’éleveurs qui envahissent le nord-est de la RDC à partir des pays du Sahel.

 

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11 Comments on “La stratégie Kabila-Kagame de reconquête militaire du Kivu-Ituri par les RDF et de brouillage sémantique – B. Musavuli”

  • GHOST

    says:

    COMPARAISON N´EST PAS RAISON ?
    La stratégie de Kagame á l´est de la RDC est (presque) comparable á la stratégie de la Russie en Ukraine 2014.
    En effet, depuis 2014, la Russie combine habilement des opérations militaires « sous le seuil » et en plus est capable de nier qu´elle est en train de les réaliser. ( https://lavoiedelepee.blogspot.com/2020/02/comment-neutraliser-un-pays-sans-le.html). C´est ainsi que l´on parvient en un an et sans l´avouer á imposer sa volonté á un État de 45 millions d´habitants.
    >Au Kivu, les congolais sont en guerre, une guerre que le Rwanda ne peut ni déclarer et surtout pas avouer.

    L´OPERATION DE SAISIE
    Dans l´article « Comment neutraliser un pays sans le dire – Ukraine 2014 » on retrouve pratiquement la même approche et la même stratégie militaire.
    Selon l´auteur de l´article, « Dans un contexte de dissuasion mutuelle où aucun des adversaires ne veur réellement combattre l´autre, l´opération de saisie consiste á s´emparer d´un point, ou de s´y positionner , pendant ce délai de réaction de l´adversaire où son insu. Lorsque ce dernier peut enfin prendre une décision, il est trop trad et il se retrouve dans la position initiale. C est un pari risqué qui ne réussit pas toujours, comme á Cuba en 1962, mais parfois fonctionne parfaitement comme en Crimée ». La Russie lance l´opération avec l´infiltrattion d´éléments légers depuis la base de Sébastopol, qui les 27 et les 28 février occupent ou investissent les points clés du territoire dont le siège du Parlement, les points d´entrée et les principales bases militaires. * Cette première force légère est alors renforcée de miliciens locaux et de moyens plus lourds. ..Avec cette opération, on a pratiquement atteint l´idéal opératif russe de saisie simultanée de l´espace de bataille dans tous ces champs de profondeur.
    Le Kivu est pratiquement « saisie » par Kagame depuis la premiére invasion lors de la chute de Mobutu.. La lecture de cet article apporte une meilleure comprehension de la stratégie de Kagame dont l´ambition de « neutraliser » la RDC sans déclarer la guerre continue en ce moment precis.
    (Á suivre)

  • GHOST

    says:

    2. L´OPERATION D´APPUI À L´INSURRECTION

    Dans l´article « Comment neutraliser un pays sans le dire », les congolais peuvent apprendre comment Kagame continue á non destabiliser le territoire congolais, mais pire « neutralise » la RDC comme État depuis des années.
    « …pour le reste, la Russie agit en appui des mouvements de protestation qui se développent dès le mois de mars dans les provinces russophones de l´est de l´Ukraine, dans l´espoir de diviser encore plus le pays par un fédéralisme paralysant. Là encore, il s´agit d´obtenir des effets stratégiques sans dépasser un seuil de provocation. La ligne suivie est de rendre impossible la victoire du gouvernement de Kiev sur les séparatistes en répondant en permance á l´escalade locale, tout en conservant toujours la possibilité de nier son implication ».

    > Kagame a toujours eu des groupes armés, des milices armées á son service. FDLR, ADF,M23 ect.. ne sont que la mise en pratique d´une opération permanente d´appui á l´insurrection.

    COMBATTRE KAGAME ? L´EMG DES FARDC ET L`ISR.
    Si la première decision du président Felix a été de transferer l´état major général des FARDC au Kivu, cette option ne semble pas avoir un impact sur les performances des troupes á l´est.
    Le seul facteur positif dans cette « prépositionement » des généraux de l´EMG sur le terrain est l´IRS (renseignement, survellance et reconnaissance).
    En effet, l´ISR constitue la pierre angulaire de toute opération militaire. Les généraux de l´EMG des FARDC peuvent faire une analyse lucide des capacités militaires congolais et cela depuis bientôt un an.
    Ils disposent des renseignements fiables non seulement sur le déficit capacitaire des FARDC dans le domaine de la planification ou de la logistique, mais surtout des procedures de « l´opération d´appui á l´insurrection » de Kagame.
    L´ISR apporte des informations importantes qui devraient servir á « instruire les FARDC autrement pour vaincre »
    Dans l´article « Ils s´instruisent autrement pour vaincre » publié dans le blog « La voie de l´épée » (https://lavoiedeleppee.blogspot.com jeudi 7 novembre 2019), on apprend que « les compétences sont beaucoup moins visibles que des équipements lourds. On se méfie quand un adversaire potentiel double d´un coup le nombre de ses engins blindés ou de ses avions de combat. On remarque beaucoup moins en revanche lorsqu´il double son capital de compétences. C´est pourtant probablement beaucoup plus dangereux et souvent á l´orgine de mauvaise surprises. On peut surprendre parce que l´on attaque par des endroits inattendus, parce qu´on emploie des équipements inédits ou des procédés nouveaux, mais on peut surprendre aussi parce qu´on est simplement d´un seul coup meilleur qu´avant. On pourra même parler á cet égard de surprise par l´intruction ».
    >Remettre en cause la formation ou l´instruction des FARDC devrait-être le premier enseignement que les généraux de l´EMG doivent intégrer.
    ( Á suivre )

  • GHOST

    says:

    COMBATTRE KAGAME AU CONGO ?
    Faire la guerre á l´est du Congo signifie combattre tous les groupes armés d´orgines congolaises ou des mercenaires de Kagame.
    Les généraux de l´EMG qui possedent un savoir academique acquis pendant la Guerre Froide sont entrain de découvrir les FARDC doivent impérativement s´adapter pour vaincre ces milices.

    OUTSOURCING?
    Sur la page du blog « La Voie de l´Epée » https://lavoiedelepee.blogspot.com/2020/03/le-sahel-comme-laboratoire-des-guerres-longues l´auteur apporte une affirmation qui devrait attirer l´attention des chercheurs congolais en matière de défense.
    « … Pour la structure des forces, on sait depuis longtemps á quoi elle doit ressembler une armée de contre-insurrection en milieux complexe. > Il faut d´abord une force qui ressemble á celle de l´ennemi, donc une force *nomade et bien intégrée dans le milieu physique et humain. > Cette force sert d´abord exercer une pression sur l´ennemi, le traquer et le fixer, en coordination avec des forces de sécurité permanentes et des forces d´intervention aéroterrestres locales ou extérieures. > > L´armée mauritaninne a adopté ce modèle avec succès avec ** un effort particulier pour payer correctement et réellement les soldats et les accompagner socialement, sans quoi tout le reste serait **inutile. Tout cela s´est fait avec l´aide des Américains et des Francais, par le biais de la présence permanente de coopération, les détachements d´instruction opérationnelle (DIC) de la base francaise de Dakar qui vient assurer des formations temporaires et des Forces spéciales.. »

    L´un des enseignements le plus utile pour les généraux de l´EMG des FARDC est cette conviction que « notre modèle de forces » tel qu´il est concu, tel qu´il est employé n est pas complètement adapté aux conflits longs et de faible intensité qui semble être la norme de Kagame.. Notre manière de faire la guerre face á Kagame est depassée.

  • Nsumbu

    says:

    À B Musavuli et à la Rédaction de DESC WONDO,

    En profane, j’ai été surpris et surtout ravi que vous ayez autant mis en lumière ce qui est pour moi une des clés essentielle de la conquête et de l’occupation durable du Congo par le Rwanda accompagné de ses chevaux de Troie locaux : LA RUSE, LA DISSIMULATION contre lesquelles hélas une inconscience et une impuissance certaines des Congolais n’ont jusqu’ici pu et su opposer une resistance réfléchie et courageuse. En effet pour moi la présence durable du Rwanda de Kagame au Congo tient à trois facteurs essentiels :
    1- la volonté mafieuse du Rwanda de Kagame de se payer la reconstruction de son pays sur le dos du Congo et au besoin le déstabiliser et le balkaniser ;
    2- un Congo malade de son histoire et de ses hommes au sortir du mobutisme et convoité à l’extrême pour ses richesses insolentes ;
    3- et enfin une CI, en l’occurrence les Usa, coupable de sa mauvaise conscience lors du génocide et dès lors indifférente aux crimes du Rwanda post-génocide et surtout tournée vers la (re)conquête juteuse et géostratégique de l’Afrique des Grands Lacs et du Congo ; cela se voit même dans le comportement ambigu de la Monusco structurellement et politiquement inefficace dans sa mission.

    Le modus operandi du Rwanda passe ainsi par leur capacité à noyer leurs graves crimes à travers un réseau planifié d’opérations « pas vues pas prises » en face d’un Congo officiel distrait et complice et d’une CI volontiers indifférente.
    C’est ce qui se passe avec la dernière séquence des actions du Rwanda que vous avez décryptées : LA STRATÉGIE KABILA-KAGAME DE RECONQUÊTE MILITAIRE DU KIVU-ITURI PAR LES RDF ET DE BROUILLAGE SEMANTIQUE– B. MUSAVULI ou COMMENT RÉALISER L’INVASION MILITAIRE D’UN PAYS SANS ÉVEILLER LE DROIT INTENATIONAL ?

    J’étais tombé dans mes lectures sur une analyse militaire avec néanmoins des arrière politiques analogue traitant de la prise de la Crimee (Ukraine) par la Russie : « COMMENT NEUTRALISER UN PAYS SANS LE DIRE – UKRAINE 2014 ? »
    https://lavoiedelepee.blogspot.com/2020/02/comment-neutraliser-un-pays-sans-le.html?m=1
    Je suis profane en la matière mais me demande si sur le plan théorique dans les domaines de la défense et du droit international, on ne peut tirer de ces deux cas une actualisation théorique. Et de notre part quelles leçons pratiques pouvons-nous en tirer ?

    Depuis la fameuse libération/occupation de 1996-97 avec l’AFDL, les suites du Congo sont celles d’un pays « occupé » à travers mixages, brassages, processus politiques et administratifs successifs (élections) consacrant le partage forcé du pays avec les États pourvoyeurs des groupes armés étrangers et qui avaient initié des guerres successives de l’Est et aujourd’hui avec ceux qui continuent à endeuiller Beni et Ituri. Et la conduite du pays nous échappe alors…
    Vous dites qu’aujourd’hui les soldats congolais sur le terrain semblent avoir pris conscience de la gravité de la situation et des menées machiavéliques de ce difficile voisin de l’Est et rappelez qu’en janvier 2020 une mobilition politique impliquant civils et militaires à ete lancée à Beni contre la politique de compromission et des trahisons du pouvoir de Kinshasa. Au-delà vous posez la question capitale pour le pays de savoir si notre pouvoir, en particulier le président Tshisekedi, prépare une stratégie de contre-attaque pour contrer les ambitions expansionnistes meurtrières du Rwanda sur les territoires de l’Est du Congo. Mais encore, quelle est votre reponse, comment lui conseilleriez-vous de faire pour venir enfin à bout à cette occupation rwandaise qui nous a causé et continue de nous causer cet immense génocide trop oublié par la planète ? Quel est ce President , quel est ce Congolais qui ne conviendront que notre défi vital c’est de nous constituer en État fort et souverain qui repousse définitivement un Rwanda qui continue de jouer en patron dans notre pays comme si nous étions ataviquement impuissants à nous défendre. Si non qu’attendons-nous pour jouer debout ?

    Je reviendrai sans doute pour parler du détail de vos constats…

    • Nsumbu

      says:

      PS
      Je dois des excuses aux lecteurs d’avoir fait cas comme notre ami Ghost de l’analyse analogue sur le cas de l’Ukraine (Crimée) vs Russie, non seulement je n’avais pas alors lu ses interventions mais aussi si lui développe l’aspect purement militaire, technique moi en profane je me suis davantage préoccupé de son coté politique général. Au-delà, je suis en fait le premier à lui avoir fait découvrir ce texte ailleurs. Passons…

  • GHOST

    says:

    1885
    Depuis l´EIC où Stanley avait usé de la force militaire pour contraindre les rois et empereurs de l´espace qu´est devenue la RDC de nos jours, la négociation et le droit internantional n´ont jamais été des « armes » de la paix au Congo. La conciliation, l´arbitrage, la diplomatie ou pire ëtre membre de l´Union Africaine ou de l´ONU ne sont pas des facteurs qui apportent la paix au Congo.
    Les congolais doivent comprendre que la sécurité et la survie du Congo comme État reposent sur nos capacités militaires et notre ambition en matière de défense.

    UN PRESIDENT IMPUISSANT?
    Felix semble de plus en plus démontrer qu´il est « impuissant » en matière de défense. Plus d´un an après, les congolais découvrent que l´actuel président « commandant suprême » des forces de sécurité ne possede pas un programme militaire, ni un minimum de volonté politique pour organiser la défense du Congo. Quel est le bilan de la « diplomatie » qui semble être l´option de Felix depuis qu´il est président ?
    Au Parlement, on a l´impression qu´il existe une sorte de « pacifisme » où on fait en sorte que les parlementaires ne souhaitent pas discuter de la crédibilité de l´outil de la défense.
    Quand on constate une absence d´effort budgétaire en faveur de l´armée, les militaires congolais sont en train de suivre le procès du directeur du cabinet du président de la République en apprenant que la « présidence » avait un programme dite de 100 jours avec un budget de plus de 400 millions de dollars.
    Et pourtant, rien qu´avec plus ou moins 300 millions de dollars, la RDC pouvait financer la construction d´une base militaire moderne á l´est afin de constructuire une politique de défense de proximité face aux ambitions de Kagame.
    Même si la RDC ne dispose pas des ressources, plus d´un an après, le gouvernement n´a pas encore imaginé un accord de défense avec les USA/UE afin d´accéder á un financement de la défense du Congo.
    1885
    Comme en 1885, les congolais doivent se dire que notre peuple ne peut pas vivre en paix sans une capacité militaire crédible. Nous devons nous dire plus que jamais que l´armée est une priorité vitale au Congo.
    Faire la guerre contre Kagame ne peut commencer que le jour où nous allons faire usage de la force militaire contre les milices et les généraux traitres sans oublier les mercenaires de Kagame á l´est.

  • Nsumbu

    says:

    QUE POUVONS-NOUS, QUE DEVRONS-NOUS FAIRE POUR EN FINIR AVEC LE DANGER RWANDAIS ? UN ENJEU POLITIQUE, DIPLOMATIQUE, MILITAIRE, SOCIAL…, UN DÉFI STRATÉGIQUE FORT POUR LE PAYS !
    Notre malheur c’est en effet que l’insécurité à l’Est de notre pays est devenu une crise quasi oubliée, trainante depuis un quart de siècle, un immense génocide non-reconnu ; nous nous devons donc de poursuivre nos efforts afin d’y mettre fin. Comment ? Je ne suis ni un spécialiste militaire ni un politique actif mais me permets de croire au bon sens patriotique, à une volonté politique lucide et courageuse qui doivent rendre possible son éradication.
    QUE POUVONS-NOUS EN DÉDUIRE À PARTIR DE VOS CONSTATS ?

    1. Vous débutez votre analyse en postulant que dans les crises sécuritaires en cours à l’Est de notre pays, des acteurs géopolitiques insaisissables se passent des principes fondamentaux de droit international en matière de souveraineté et d’intégrité des États comme en matière des droits de l’Homme en général, tels qu’ils ont été édictés consensuellement après les guerres avec la création de l’ONU. DES CRIMES GRAVISSIMES SONT  COMMIS PAR CES INSAISISSABLES ACTEURS A L’EST DE NOTRE PAYS QUASIMENT AU SU ET AU VU DE TOUTE LA PLANÈTE, ET PLUS GRAVE, AU SU ET AU VU DES INSTANCES INTERNATIONALES ET DES DIRIGEANTS DU MONDE (CS !) CENSÉS FAIRE RESPECTER LES LOIS ET FAIRE PRÉSERVER LA PAIX MONDIALE.
    Vous pointez à juste titre les acteurs locaux et régionaux, nationaux et étrangers qui sont aux premières loges et leurs commanditaires qui sont moins apparents. Mais même si vous faites allusion à la Monusco VOUS SUGGEREZ MOINS LE RÔLE DES ACTEURS LOINTAINS TAPIS DANS LA FAMEUSE CI QUI À MON AVIS NE PEUT ÊTRE TOTALEMENT NÉGLIGÉ. Ne croyez-vous pas que si ces puissances collaboraient davantage au décryptage des faits et à la solution des problèmes, le brouillage de l’opinion nationale et internationale serait moindre et les solutions plus à la portée ? Ou avez-vous opté de moins vous fonder sur leur action car décidément elles auraient choisi le camp de l’indifférence ou de la ‘collaboration’ pour des dividendes géostratégiques et économiques ?

    Ne me dites pas en effet que toutes ces grandes puissances sont si naÏves à ne pas voir le scénario habituel de la ruse du Rwanda, incapables de comprendre l’invasion militaire massive de la RDC et l’occupation de ses territoires sur le schéma de ce qui se passe au gré des opportunités depuis la guerre de l’AFDL qu’elles ont initiée et accompagnée ? L’ONU est préoccupée, semble-t-il par le regain des attaques de groupes armés dans l’est du pays mais que fait-elle vraiment de plus depuis? On peine à le voir ! Qu’importe les circonstances, la Monusco a mission à poursuivre ses actions de protection des civils et d’appui aux forces de sécurité congolaises et les autorités du Congo ont plus que jamais besoin du soutien de tous les partenaires.<

    J'en parle ici aussi en me demandant si les Congolais ne ratent pas depuis ce long temps UN FRONT DÉCISIF OÙ ILS AURAIENT DÛ S'ADRESSER DIRECTEMENT ET VIGOUREUSEMENT À CETTE CI, LUI SIGNIFIER SON ABANDON COUPABLE AU PROFIT DES RWANDAIS PAR EXEMPLE ? Ce qui avec l'éloignement structurel actuel de 'JK' l'ami des Rwandais, deviendrait plus abordable ?
    Le Congo et les Congolais doivent apprendre à parler à et à prendre à temoin la CI sans crainte, d'un Rwanda bourreau et fossoyeur du Congo. QU'EN ATTENDRE DE TSHISEKEDI ?

    À cette occasion, je reviens au TRIBUNAL PÉNAL INTERNATIONAL POUR LE CONGO que Dr Mukwege et d'autres continuent de réclamer en se référant au besoin au fameux Mapping de 2010 de l'ONU. Si il devient plus difficile à l'obtenir avec le temps qui passe, il restera toujours acquis que les crimes graves sont imprescriptibles. Malgré la gravité de son conflit le Congo n'a pu obtenir un TPI comme d'autres pays plongés dans des conflits parce que son État national qui devrait en prendre l'initiative, a en fait été complice des bourreaux. Tshisekedi a vaguement évoqué un Tribunal local du passé, qu'en est-il encore et exactement ?

    À SUIVRE…

  • GHOST

    says:

    Mr Nsumbu@

    ITURI, VERS ARTEMIS 2 ?
    https://www.politico.cd/encontinu/2020/05/21/insecurite-en-ituri-lunion-europeenne-nexclut-pas-des-poursuites-contre-les-auteurs-des-violations-de-droit-de-lhomme-html/61337/
    La dernière fois c´était en 2003.. Cette attitude des congolais qui pensent qu´il suffit de « protester » á l´ONU, d´accuser Kagame ou Museveni pour instaurer la paix et la stabilité á l´est du Congo ne correpond pas á la brutale réalité sur le terrain où des milliers des congolais sont chassés de chez eux, d´autres sont massacrés…

    Si l´UE doit intervenir militairement une seconde fois c´est á cause de notre naiveté où on continue á se faire l´illusion que face á une agression militaire, la loi internationale, l´ONU ou l´UA seraient la solution.
    Felix a le choix de negocier une assistance militaire massive de la part de l´UE ou continuer son approche « diplomatique » impotente et sterile pendant que les congolais sont massacrés et deplacés en masse !

    • Nsumbu

      says:

      @Ghost
      Désolé de plaider autant le malentendu sur mes propos que le desaccord sur un l’analyse d’un pan de la situation du pays !
      Où m’avez-vous prôner le seul recours à la CI pour nous sortir du piège rwandais et en même temps où avez vous vu le Congo et les Congolais confier leur salut à l’ONU ? Dans tous les cas ce n’est pas ce que j’ai dit et vu ou plus exactement pas que ça. La réalité là-dessus est que non seulement pendant leurs 18 ans de règne, ‘JK’ et ses équipes ont progressivement sécher puis complètement deserter les puissances occidentales pour ne se fier qu’aux puissances alternatives comme la Chine. Et que pour moi cette stratégie d’evitement et de peur nous a privé d’une négociation franche indispensable où nous avions à interpeller directement et fortement la CI de son abandon au profit d’un Rwanda maffieux et bourreau. Nous avons lâchement et bêtement perdu une occasion de faire valoir plus haut nos justes revendications. Et l’explication, des hommes venus d’ailleurs étaient à la tête du pays et ne parlaient pas en notre nom.

      Plus généralement mon avis est qu’une parade se voulant efficace contre le Rwanda ne peut être que plurielle ne négligeant aucun domaine, politico-diplomatique autant que militaire même si seulement à titre dissuasif. Convoquer un Congo qui depuis 1885 aurait marché de telle ou telle façon comme s’il en avait obtenu des dividendes est une histoire qui ne nous apporte aucune leçon de plus , partout et dans l’histoire, les frontières des États modernes se sont construites à la fois par la force et par la diplomatie.

      Enfin merci de remarquer que j’ai terminé ma précédente intervention par un A SUIVRE, c’est dire que j’ai prévu de compléter ce deuxième volet par d’autres…

  • GHOST

    says:

    Mr Musavuli pose une question capitale: Felix a-t-il l´intention et la volonté de contrer l´ambition de Kagame en Ituri?

    1. L´ITURI « ORPHELIN » DE KAMERHE
    Ironiquement, Kamerhe a toujours été en faveur d´une opération militaire Artémis bis en faveur du Kivu. Pendant son sejour á Makala, Kamerhe doit se dire que son souhait de voir l´UE intervenir militairement au Congo pour la seconde fois peut se réaliser sans lui.

    2. ARTEMIS LE PLUS GRAND ENSEIGNEMENT STRATEGIQUE.
    Première mission « autonome » de l´UE, Artémis a été une sorte de laboratoire technique pour la politique de la défense commune en Europe.
    Les chercheurs congolais vont sans doute convenir avec nous que la RDC n´a pas eu l´intelligence stratégique pour tirer profit de cette opération militaire.
    Ironiquement, l´Ouganda pays agresseur de l´Ituri avait été la base logistique d´Artémis (sic !). Le pire est que les congolais devaient faire en sorte d´obtenir la construction des infrastructures militaires en Ituri pour mettre en place une « défense de proximité ».
    Comme en 2003 lors de l´opération Artémis, Bunia ne possede pas un aéroport viable capable de faire de cette ville la base opérationnelle d´une action militaire internationale.
    > Le pire au Congo est que nous nous contentons de la configuration des infrastructures militaires héritée du Congo-Belge. Nous continuons á croire qu´il est possible de défendre l´est de notre pays avec la base de Kamina ou de Kitona.
    Quand la question d´une seconde intervention militaire de l´UE se pose, soyons plus intelligents cette fois ici, essayons d´obtenir la construction d´une base militaire moderne á Bunia afin de mettre en place une défense de proximité, parade militaire efficace contre l´ambition predatrice de Kagame.

  • Nsumbu

    says:

    2. DES FDLR « KAGAMISÉS » ET DES OPÉRATIONS « FALSE FLAG »

    Les miliciens Hutu des FDLR de principe opposés au régime de Kagame utilisés à l’usure à travers maints stratagèmes comme des allies strategiques et même économiques du pouvoir de Kigali. Des stratégies successives de tromperie qui ont permis à Kigali de disposer de milliers de combattants en Ituri, au Nord Kivu, au Sud Kivu et de pouvoir mener des opérations sous l’identité des groupes armés locaux infiltrés, noyautés et servant de couverture à la propagation des violences de plus en plus virulentes dans la Région.
    Pour comprendre et tenter d’agir face à tant de génie maléfique du Rwanda de Kagame, il importe de retenir les permanences ( le plan rwandais de se servir du riche Congo rendu faible pour sa survie) mais aussi de pointer les récentes nouveautés qui ont redonné le ‘beau rôle’ aux FDLR !

    Il s’agit de l’avènement d’un nouveau Chef au Congo, Tshisekedi, qui a choisi des liens étroits avec le Rwanda par ailleurs en pleines tensions avec les voisins ougandais et burundais en meme temps qu’il est bousculé de l’intérieur par une fronde venant de ses anciens collaborateurs du FPR exilés. Ces derniers se sont liés aux FDLR au Congo via les Ougandais et les Burundais fortement opposés à Kagame. Les FDLR avaient enfin un ennemi commun avec les anciens du FPR, Kagame. Alors qu’ils ne servaient plus que de routine inoffensive, ils ont de nouveau attiré l’attention de Kagame qui a utilisé son nouvel ami Tshisekedi pour éliminer physiquement ou extrader les FDLR au Rwanda et surtout d’atteindre et de neitraliser les anciens du RPR devenus ses grands ennemis. On en a vu des assassinats ou arrestrations dans les rangs des cadres des FDLR qui vivaient depuis deux décennies au Congo.

    Qu’en retenir ? D’abord encore la ruse diabolique de Kagame à laquelle devra répondre une plus puissante ruse… Que fait de visible pour le moment notre Tshisekedi donne grassement tout à Kagame mais qu’en obtient-il en retour ? Rien pour le moment à part un vague statut de médiateur régional qui peut parler tant bien que mal aux voisins de l’Est et de l’Ouest (Angola) mais jusque-là cela ne lui pas encore apporté la paix, les tueries continuent en Ituri et à Beni. La fameuse opération militaire conjointe à l’Est du pays avec les armées voisines a fait long feu et le plan actuel n’est-il pas son recyclage par Kagame et ceux qui le suivent ?

    Au final, c’est hélas un Kagame plus fort, toujours gagnant maître des agendas face à des FDLR quasiment laminés mais est-ce pour le profit des Congolais dont ils ont longtemps squatté le territoire. Rien n’est moins sûr. Que nous reste-il encore à faire contre les FDLR sinon acter sur leur terrain leur anéantissement s’il faut militairement et s’il le faut avec les Rwandais mais pourvu que ce soit officiellement et publiquement sans autres secrets comme avant. Notre
    nouvelle administration a-t-elle suffisamment pris conscience de ces priorités ? En effet au stade où nous en sommes quelle autre solution politique valable sinon finaliser le retour des FDLR dans leur pays le Rwanda, y’a-t-il encore nécessité d’une solution militaire avec mois d’un millier de FDLR face à 140.000 FARDC. Si l’entente Tshisekedi-Kagame ne servait qu’à cela les Congolais l’admettraient aisément…

    3. LE PHÉNOMÈNE ADF ET LE  MENSONGE D’ÉTAT

    ‘La crise de Beni combien cruelle et insupportable déclenchée en octobre 2014, a dévoilé la présence dans le territoire d’une concentration des forces rwandaises opérant sous masque ADF, du nom d’une ancienne rébellion ougandaise vaincue en avril 2014 et ecôté une fois va servir de couverture parfaite à la reconquête génocidaire du territoire congolais par les forces rwandaises protégées par un réseau d’officiers fidèles à Joseph Kabila et liés au régime de Kigali par leur passé dans les « rébellions » parrainées par le Rwanda (RCD-Goma, CNDP, M23), et même dans la rébellion tutsi du FPR (Front patriotique rwandais). Accuser des « rebelles islamistes ougandais alliés à l’Etat islamique » c’est creer un ennemi fantôme, qui ne parle pas, qui n’a pas de porte-parole pour revendiquer les attaques ni nier les massacres qui vont être commis et lui être attribués.’
    ADF, assurément mensonge de ce qui a pris place de notre État ; ADF pose ainsi la question de ceux qui nous ont représentés et particulièrement de la place de Tshisekedi aujourd’hui : qu’a-t-il fait depuis qu’il est au pouvoir face à ces rebelles appelés ADF qui se révèlent etre en fait des gens autrement connus par leurs habitudes, des miliciens puis les soldats tutsi du FPR.

    Le président, son gouvernement et l’Etat-major de notre armée ont entrepris une ‘opération de grande envergure’ contre les groupes armés. Depuis près de 9 mois qù’elle est en route les résultats n’en sont nulle part. Explications : les hommes, la stratégie, la logistique… sont hors saison pour nous apporter un résultat. Le comble est qu’en détaillant sur les hommes on n’aurait pas tort d’y inclure le Président lui-même.
    Bref, il y’a donc plus à faire pour que ces opérations militaires servent le pays, e radiquent les groupes armés.

    4. LA CODECO EN ITURI OU L’ARBRE QUI CACHE LA FORÊT

    La province de l’Ituri, voisine de Beni, subit des vagues de violences depuis décembre 2017. Ces violences, qui se déroulent dans le territoire de Djugu se sont transformées en massacres à répétition visant principalement la communauté hema et provoquant des exodes massifs, notamment de l’autre côté du lac Albert, en Ouganda. Selon le récit officiel, ces massacres sont le fait d’un groupe armé lendu présenté comme politico-religieux, la CODECO, à l’origine une coopérative agricole de solidarité paysanne dans la chefferie des Walendu-Bindi.
    Le conflit qui a éclaté en décembre 2017 s’est rapidement réglé grâce à la médiation de l’administration provinciale et la Monusco et la participation des chefs des deux communautés (Lendu vs Hema) pour voir reprendre les massacres après l’installation dans le coin d’un bataillon sous le commandement du général Mundos, homme de main de Joseph Kabila, ancien commandant de l’Opération Sukola1et cité dans plusieurs rapport de l’ONU pour son rôle dans les massacres de Beni.
    Puis est venu le général Rugayi, Hutu de Masisi décrit lui comme un important soutien des FDLR et leur pourvoyeur d’armes, responsable de plusieurs violations graves des droits humains partout où les troupes sous son commandement ont opéré.

    Très vite la crise de l’Ituri va devenir une invasion militaire sous couvert de migrations des populations en provenance du Rwanda qui se présentent comme des « Banyabwisha », (Bwisha chefferie du territoire de Rutshuru) mais leur nombre est trop important pour qu’ils puissent être originaires d’une collectivité de taille aussi réduite, jusque-là relativement stable. En fait ’ces migrations dissimuleraient donc un déploiement massif des forces rwandaises composées d’anciens sujets rwandais expulsés de la Tanzanie et des FDLR recyclés dans des camps de formation militaires au Rwanda puis renvoyés au Congo. « Banyabwisha » comme une énième  tromperie stratégique à la manière de la supercherie « banyamulenge » de 1996 dont usa le Rwanda pour masquer leur agression et leur occupation militaire du Congo/Zaïre.
    Entre-temps le cours de leurs attaques en Ituri va se préciser et s’organiser jusqu’à aujourd’hui. La CODECO devenue le nom générique pour désigner tous les acteurs des violences dans le territoire de Djugu visant en particulier les populations hema comme si il était décidé quelque part de mettre les atrocités sur le dos d’un coupable facile à désigner pour un chaos sécuritaire impliquant, de toute évidence, plusieurs acteurs de coulisse.’

    A l’instar des « ADF » à Beni, la « CODECO » apparaît au fil des mois comme l’étiquette utilisée pour masquer une guerre aux enjeux géopolitiques qui dépassent le cadre conflictuel de la crise de Djugu.
    Que veut-on faire de l’!turi, Kagame et ces correspondants Congolais ne lui veulent-t-ils pas un destin caché inconnu de nous ? Est-ce que tous ces attendus sont nos élucubrations des Congolais soumis à la botte des Rwandais ou toute la vérité rien que la vérité ? L’affaire Djugu avec cette CODECO est bien curieuse et nous rappelle bien des autres esclandres antérieures. Comment une fois de plus en venir à bout ? On y reviendra….

    À SUIVRE…

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