La promotion militaire fulgurante du fils de Museveni ne cesse d’alimenter les débats en Ouganda
Un officier ougandais, le capitaine Moses Asiimwe, ayant évolué au sein du contingent ougandais de maintien de paix dans le 11ème Grupement de Bataillon dans le sud de la capitale somalienne, Mogadiscio, a été placé en détention pour s’être permis d’interroger le Général de brigade Muhoozi Kainerugaba, fils aîné du président ougandais Youweri Museveni et commandant des forces spéciales chargées notamment de la protection présidentielle sur les promotions à une «vitesse supersonique» de certains officiers de l’armée ougandaise, UPDF. C’était au cours d’une visite du Général de brigade Muhoozi Kainerugaba en Somalie. Il y séjournait depuis deux semaines pour effectuer l’inspection des troupes ougandaises.
Selon le Capitaine Moses Asiimwe, beaucoup de soldats sont restés au même grade pendant une longue période en dépit de posséder les qualifications nécessaires pour être promus alors que d’autres ont connu une ascension fulgurante. Il l’a posé cette question directement au fils de Museveni.
Cela n’a pas plu à la hiérarchie militaire qui a décidé de la détention du le capitaine Moses Asiimwe. Des sources proches de sa famille expliquent que le Capt Asiimwe a été mis dans l’avion le lendemain et emmené à la caserne militaire de Makindye où il est détenu. On ne sait pas quelles accusations seront portées contre le capitaine Asiimwe mais des sources ont dit non déclaration avait été prise de lui une semaine après son arrestation.
Capitaine Moses a été enrôlé dans les années 1990, bien avant le Général de brigade. Muhoozi Kainerugaba qui possède actuellement cinq grades militaires au-dessus de Muhoozi et prétend que son expérience et son expertise dans l’armée lui valent également une élévation en grade.
Le porte-parole de l’UPDF, le lieutenant-colonel Paddy Ankunda, a confirmé l’arrestation de Asiimwe en précisant que l’armée menait des investigations au sujet des déclarations du capitaine. Pour l’instant, nous ne pouvons pas le juger avant d’avoir terminé les « investigations », a déclaré le lieutenant-colonel Ankunda.
Le capitaine Moïse Asiimwe entrée dans l’armée en début des années 1990, il a effectué un stage à l’école des cadets à Jinja en 1997 et a été promu au grade de lieutenant, mais a stagné à ce grade pour être promu au grade de capitaine après 12 ans. D’où son incompréhension.
Selon le fils de Museveni, le Général de brigade Muhoozi, Asiimwe aurait utilisé la mauvaise voie hiérarchique pour se renseigner sur les promotions. Il convient de noter que le capitaine Asiimwe a été invité à poser cette question après que le Général de brigade ait demandé aux militaires de lui poser des questions qui les préoccupent.
L’ascension du Général de brigade Muhoozi dans l’armée ougandaise est devenue le sujet phare des débats sociétaux en Ouganda où la majorité de la population est de plus en plus persuadée que son ascension rapide préfigure le remplacement de son père à la présidence de ce pays.
Déjà en avril dernier, un autre Général David Sejusa, coordinateur des services de renseignement de l’Ouganda dans le bureau du président, a déclenché une tempête au sein de la direction de l’armée ougandaise lorsqu’il a écrit une lettre destinée au chef des renseignements militaires pour enquêter sur les allégations d’un complot présumé visant à liquider officiers de l’armée et des hommes politiques opposés à la soi-disant «Projet Muhoozi». Il a été contraint à l’exil forcé et s’était défendu en ces termes : « Comment pouvez-vous blâmer quelqu’un qui exerce ses fonctions et exige que l’on enquête sur les allégations spécifiques? Quelle est cette logique? Je ne comprends pas que ce soient des allégations sauvages qui ne devraient pas être examinées « . L’armée a rejeté les allégations de Sejusa et l’a accusé d’avoir violé le code de conduite officiel. Les hauts responsables gouvernementaux ont accusé Sejusa de nourrir des ambitions présidentielles et répandre des rumeurs pour créer la division au sein de l’armée. Ils lui ont également reproché d’avoir transmis sciemment cette demande d’enquête à la presse qui en a fait depuis ses choux gras. Ce que rejette l’intéressé qui a nié avoir organisé les fuites de sa requête à la presse après qu’un journal ai publié le contenu de la lettre exigeant l’enquête. «Ce fut une correspondance interne entre les chefs d’intelligence. Le fait qu’il a été divulgué a rien à voir avec moi », dit Sejusa.
Dans un récent communiqué de presse, le porte-parole des forces spéciales ougandaises, Edson Kwesiga, a nié l’existence d’un plan de succession de Museveni visant à installer son fils aîné, le Général de brigade Muhoozi, comme prochain chef de l’Etat du pays : « L’Ouganda n’est pas une monarchie où le leadership est transmis de père en fils. Ce soi-disant projet (Muhoozi) est la création d’un peuple « , a déclaré Kwesiga. » Quant au porte-parole de l’Armée ougandaise, Felix Kulaigye : « Muhoozi n’a commis aucun crime en étant le fils du président. C’est un ougandais et il a tous les droits y compris postuler à la présidence s’il le souhaite », rapporte l’agence Reuters.
Selon l’AFP, le Gen Bde Muhoozi, 36 ans, a été nommé chef de l’unité des forces spéciales en 2008. Il a reçu une formation militaire au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
Plusieurs membres de la famille du président Museveni occupent déjà des positions stratégiques dans son régime:
- Le Général Caleb Akandwanaho – le frère de M. Museveni – Conseiller présidentiel chargé de la défense
- Sam Kutesa – beau-frère – ministre des Affaires étrangères
- Janet Museveni – épouse de Museveni – Ministre de la région de Karamoja
- L e Gen-Bde Kainerugaba Muhoozi – fils du président- Commandant des forces spéciales
- Natasha Karugire – fille – secrétaire privé du président
- Hope Nyakairu – parent de la première dame – Sous-secrétaire d’État aux finances.
- Son Neveu Justus Karuhanga Sécrétaire pour les affaires juridiques (Son épouse femme a été nommée au cabinet de l’année dernière).
Voilà une saga politico-militaire à sensation qui nous promet des surprises dans ce pays frontalier du Congo d’ici à 2016, année de vérité en Ouganda. Un sujet qui doit sans doute avoir un écho et passionner le Congo voisin confronté au problème de succession ou de prolongation de manadt de Kabila en 2016, mais aussi pour d’autres enjeux géo-ethno-stratégiques régionaux.
A suivre…
Jean-Jacques Wondo