La nouvelle posture diplomatique et militaire régionale de l’Angola au 3è Congrès international d’études angolaises à Lisbonne par JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

En juin 2022, Jean-Jacques Wondo, analyste et expert des questions géopolitiques et de sécurité de l’Afrique médiane, a été invité à Lisbonne au Deuxième Congrès international d’études pour décrypter les enjeux et les perspectives des relations entre l’Angola et la RDC. Deux pays voisins qui entretiennent des relations diplomatiques et sécuritaires en dents de scie depuis plus de quatre décennies[1].

A la suite d’un feedback positif de son exposé, les organisateurs l’invitent encore cette année pour aborder la thématique de la nouvelle posture diplomatique et militaire régionale de l’Angola au IIIème Congrès international d’études sur l’Angola, le 23 juin 2023.

La présentation abordera la question de l’émergence de l’Angola comme puissance régionale en Afrique centrale et de sa nouvelle doctrine diplomatique et militaire.

La fin de la guerre froide, la recomposition des dynamiques régionales africaines au tournant des années 1990 et 2000 et la fin de la guerre civile en Angola ont consacré l’émergence de nouveaux pôles de puissance régionale. Ainsi, l’Angola, à travers ses participations plurielles aux organisations régionales (CEEAC, SADC, CPLP, CIRGL, etc.), la multiplicité de ses partenariats et alliances, s’affirme progressivement comme un acteur diplomatique et militaire incontournable sur la scène africaine. Longtemps reclus sur les questions de politique interne, La politique extérieure angolaise, sous le long règne du président Eduardo Dos Santos, était éminemment tributaire du contexte idéologique de la Guerre froide et celui de la décolonisation et des luttes contre les régimes ségrégationnistes en Afrique du Sud et en Rhodésie/Zimbabwe, avec le non-alignement est le principe de base de la doctrine diplomatique de de l’Angola.

L’effort principal diplomatique durant les trois décennies qui ont suivi l’indépendance visait à mettre fin au conflit interne, pour unifier le pays en neutralisant l’UNITA et la mise sur pied d’une armée de type révolutionnaire issue de la guerre d’indépendance contre les Portugais.

Depuis deux décennies, l’Angola semble sortir de sa doctrine diplomatique isolationniste et de sa neutralité axée sur la « défense de la nation » par la pacification et la sécurisation des frontières du pays.

L’exposé tentera de démontrer comment l’Angola, depuis les années 1990, se propulse, s’affirme et s’impose incontestablement comme une puissance diplomatique et militaire régulatrice des crises qui secouent certains États d’Afrique centrale (zones CEEAC et Grands Lacs). Depuis 2010, l’Angola s’inscrit dans un nouveau paradigme stratégique dans sa doctrine d’emploi de ses forces armées suivant la logique : solution africaine aux problèmes africains.

Depuis son accession au pouvoir en novembre 2017, João Lourenço tente d’imprimer une nouvelle dynamique diplomatique d’influence régionale et continentale dans son pays. Le président angolais tente de combler le vide laissé par son prédécesseur, José Eduardo Dos Santos, qui s’est très peu investi dans les organisations multilatérales et régionales africaines. Il devient un interlocuteur incontournable des questions sécuritaires de l’Afrique des Grands-Lacs. João Lourenço multiplie les contacts sur la scène internationale et se montre beaucoup plus ouvert que son prédécesseur. Il est omniprésent dans toutes les grandes conférences du continent.

Depuis 2018, Lourenço est devenu un interlocuteur incontournable sur les questions de sécurité dans la région des Grands Lacs africains. Il prend la tête de la médiation régionale de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Dans le même temps, il renforce les capacités militaires des Forces armées angolaises et augmente leur capacité de projection à l’extérieur dans le cadre des opérations de paix.

Thématiques du Congrès

En 2023, l’Angola Research Network, organisateur de la conférence, convoque des angolanistes de tous les domaines scientifiques et de toutes les latitudes géographiques sur le thème « What is new in Angola ». La réunion reflétera les derniers développements en angolanistique, en particulier dans les domaines suivants : – les mouvements sociaux et démographiques ; – l’immigration et l’apport de la diaspora ; – la politique et le droit, la citoyenneté participative ; – les découvertes historiques, le patrimoine et la conservation ; – le rôle de la jeunesse et les questions éducatives ; – les dialogues mondiaux facilités par les nouvelles technologies ; – les réalignements extérieurs face à la guerre européenne ; – les perspectives d’une nouvelle constitution et la reformulation du système juridique ; – un Etat et une administration publique adaptés à la contemporanéité. Les travaux du Congrès seront complétés par une table ronde d’actualité sur le thème « Qu’est-ce qui est vraiment nouveau en Angola ? »

Organisateurs

Réseau de recherche angolais (Angola Research Network : ARN) – CEDESA

L’Angola Research Network (ARN) est un forum de débat qui vise à construire un réseau efficace entre universitaires et chercheurs, affiliés à des institutions ou indépendants, qui développent leurs travaux sur l’Angola dans une perspective internationale. L’ARN a ses origines dans un groupe de chercheurs de l’Université d’Oxford et de l’Universidade Nova de Lisboa. Il rassemble actuellement des chercheurs, universitaires et indépendants, du Royaume-Uni et du Portugal, mais aussi d’Angola, du Brésil et des États-Unis, entre autres pays, et est ouvert à l’accueil de nouveaux membres de toutes provenances.

Pour plus d’nformations : https://www.angolaresearchnetwork.org/.